en perspective complexe des phénomènes et à l'approche systémique en découlant
!
C'est cette complexification de nos problématiques qu'on voudrait explorer à propos
de la notion de « culture » imposée par ce champ d'observation et surtout
d'intervention, l'« interculturel ». L'interculturel n'est pas la rencontre d'autres
cultures ou, plutôt, de ressortissants d'autres ensembles socioculturels. Les
anthropologues se sont fait précisément une spécialité de pareilles démarches.
Celles-ci jusqu'à récemment consistaient à pénétrer dans le contexte des autres...
en restant appuyé sur le sien propre et en gardant à toutes fins utiles le pouvoir de
mesurer l'intensité et la durée de l'engagement. Avec l'interculturel, c'est-à-dire avec
les situations créées désormais à peu près partout en Occident par les immigrations
et surtout avec les immigrants de ce « monde » qu'on appelait « tiers » il y a peu
encore... ! Nos « communautés clientes » désormais ont perdu leur naïveté et « [...]
ont appris à s'organiser et à contre-attaquer » (Tremblay, 1983 : 379). Il ne s'agit
plus, en effet, du flirt d'un soir, mais d'une vie commune et d'une vie commune à
laquelle les nouveaux venus entendent participer pleinement... sans, pour autant,
perdre leurs identités spécifiques. La complexité n'est plus seulement celle qui est
inhérente à tout processus culturel, mais encore celle qui résulte des emboîtements
plus ou moins imaginables et effectifs, heureux ou non, de systèmes culturels
différents, voire incompatibles.
La culture : un construit
Ces précautions épistémologiques prises et quoi qu'il en soit des heurs et malheurs
de la recherche et de l'intervention anthropologiques, la culture s'impose comme un
fait certain et essentiel à la compréhension comme à l'action dès qu'il s'agit de
groupes humains. Ce n'est plus, officiellement du moins, une manière, mise en
valeur dans la philosophie d'un Spengler, par exemple, de désigner l'« esprit » qui
sépare ceux qui le possèdent du commun de leur propre société et davantage
encore des sauvages et barbares extérieurs. Telle qu'elle est conçue de manière
générale par l'anthropologie, la réalité culturelle concerne tout groupe humain et a à
voir avec tout ce que vit l'individu et le groupe puisqu'elle les constitue précisément
comme... humains en suppléant ainsi aux dynamismes instinctuels devenus
déficients dans notre espèce. Ce serait pour le groupe et ses membres la manière
de construire dans l'imaginaire toute réalité les concernant à partir de l'expérience
historique concrète et en mettant en relations tous les niveaux de réalités
constituant cette expérience dans leurs contextes propres. Dans le même
mouvement prennent cohérence, et donc sens, l'ensemble de ces réalités de tous
niveaux intéressant la collectivité en cause à la suite de son histoire et au moment
où elle se perçoit. En ce sens on pourrait encore concevoir la culture comme
l'organisation de la complexité des relations aux réalités qui affectent les individus et
les groupes par sélections, classifications, accentuations et hiérarchisations. Enfin,
et d'un point de vue délibérément subjectif, les processus culturels ont comme objet
et comme effet essentiels de nous construire tout simplement nos identités
collectives et singulières. Dans toute cette élaboration, et pour reprendre une
perspective d'A. Wilden, si le singulier est en dépendance du collectif qui, de fait, lui