près de 10 % sont associés à un diabète ou un ensoleillement
plus élevé) ; près de 5 à 10 % des sujets de plus de 75 ans
sont susceptibles d’être opérés [15] : 560 000 interventions
sont réalisées chaque année en France [16] ; 85 % des inter-
ventions concernent des personnes de plus de 75 ans (fem-
mes en majorité du fait d’une plus forte mortalité masculine
avant 70 ans) ; le recours au traitement chirurgical, surtout
pour les tranches d’âge les plus élevées, a augmenté de ma-
nière significative depuis 1996 [16]. Le généraliste peut sur-
tout informer le patient sur la technique d’intervention pour la
cataracte (le plus souvent par phakoémulsification), mais
aussi sur les complications possibles (0,3 % des cas) [15].
L'hypermétropie
L’inadéquation entre le pouvoir de réfraction, et la longueur
axiale du globe explique que les rayons incidents parallèles
convergent en un point situé en arrière de la rétine [5]. Sa
prévalence dans notre étude est relativement élevée chez les
patients de moins de 30 ans (18,7 % pour le praticien A et
30 % pour le praticien B). L’hypermétropie est fréquente chez
l’enfant (9 % en France vers 6 ans [17]. Avec l’âge, ce trouble
tend à évoluer vers une myopie en raison de la sclérose du
noyau du cristallin. Il induit souvent une gêne lors de la lecture
ou de l’écriture. Dans de nombreuses situations, l’enfant se
plaint de tiraillements oculaires, ou de vision de près perturbée.
Près de 20 % des sujets de 20 à 30 ans ont une réfraction
qui dépasse + 1 dioptrie [12].
Dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA)
Elle correspond à un vieillissement trop rapide (chez les plus de
50 ans) de la zone centrale de la rétine : la macula [11]. Elle est
peu fréquente dans notre étude, où elle atteint toutefois des
patients ne présentant en apparence aucun trouble ophtalmo-
logique (3,5 % pour le praticien A et 4,3 % pour le praticien B).
La DMLA est fréquente en France (plus de 2 millions de per-
sonnes en sont atteintes et entre 150 000 et 200 000 ont des
formes sévères) [18]. C’est dans les pays industrialisés la pre-
mière cause de cécité. Elle présente deux variantes : une
forme « sèche », la plus fréquente, et une forme « humide »
avec présence de petits vaisseaux au niveau de la macula,
moins fréquente (mais elle induit une perte de vision très ra-
pide et est accessible à certains traitements locaux qui permet-
tent une stabilisation de la vue). Le dépistage est donc impor-
tant chez les personnes de plus de 50 ans et peut se faire
rapidement au cabinet (test de la grille d’Amsler).
Conclusion
Cette étude met en évidence la prépondérance des patholo-
gies ophtalmologiques chroniques chez nos patients de méde-
cine générale (plus de 75 % des patients vus en consultation
présentent des pathologies ophtalmologiques chroniques :
78,1 % pour le praticien A, et 89,7 % pour le praticien B).
Dans ce contexte, le rôle du médecin généraliste, à titre pré-
ventif, est important, pour plusieurs raisons :
– Pour dépister les sujets presbytes qui s’ignorent (tous les
sujets de plus de 45 ans devraient bénéficier d’une consul-
tation ophtalmologique), les personnes âgées susceptibles
d’être porteuses d’une DMLA, ou une cataracte.
– Pour informer des risques que peuvent encourir les sujets
myopes (décollement de la rétine).
– Pour donner des recommandations aux jeunes générations
qui utilisent les nouveaux moyens de communications (por-
tables, I-phones...), et ce afin d’éviter qu’une utilisation pro-
longée n’entraîne des problèmes de myopie.
Le praticien généraliste reste également la pierre angulaire
dans la prise en charge du patient.
Depuis la mise en place du parcours de soins coordonné, le
recours au médecin traitant est indispensable : il est le seul à
même de faire la synthèse des problèmes médicaux du pa-
tient qu’il a en charge et de recourir éventuellement à un avis
spécialisé (sous peine d’être financièrement pénalisé). En
ophtalmologie, l’accès direct est autorisé dans le cas de pres-
cription ou de renouvellement de lunettes, et dans le cadre
d’un dépistage ou d’un suivi de glaucome [19]. Cette liberté
dans l’accès direct peut-elle expliquer à elle seule le recours
coordonné pour uniquement 4 % des patients, ou cache-
t-elle la désaffection de cette spécialité par les médecins gé-
néralistes ? Nous devons combattre cette idée, car en
connaissant un patient, le généraliste peut lever certaines
craintes vis-à-vis de certains traitements chirurgicaux ou mé-
dicaux. En effet, souvent les ophtalmologues pressés (du fait
d’une charge de travail excessive), n’ont pas le temps d’expo-
ser tous les aspects des traitements qu’ils recommandent.
Aussi, il est important que le généraliste s’implique plus dans la
prévention, et ce d’autant plus que nous devons faire face à un
important déficit en ophtalmologues dont le surcroît de travail
explique parfois l’absence de courrier à destination du généraliste.
Liens d’intérêts : les auteurs déclarent n’avoir aucun lien
d’intérêt en rapport avec l’article.
Références :
1. Bour T, Corre C. L’ophtalmologie et la filière visuelle en France. Perspectives et solutions à l’horizon 2025-2030. Rapport du SNOF de 2006. http://www.lestroiso.org
2. Ticomb L. Laser surgery for refractive errors. The pharmaceutical journal. 2006;276:511-4.
3. Organisation Mondiale de la santé. What are refractive errors? 2006. http://www.who.int/features/qa/en/index.html.
4. Syndicat National des Ophtalmologistes de France. http://www.snof.org/accueil/epidemio.html.
5. Troubles de la réfraction. http://www.quantel-medical.com
6. Patel I, West SK. Presbytie : prévalence, impact et interventions. Revue de santé oculaire et communautaire. 2008;5:4-5.
7. Morgan IG, Ohno-Matsui K, Saw S-M. Myopia. Lancet. 2012;379(9824):1739-48.
8. Timsit M. Myopie. http://www.ophtalmologie.fr
9. Ibay G, Doan B, Reider L, et al. Candidate high myopia loci chromosomeI 8p and I 2q do not play a major role in susceptibility to common myopia. BMC Medical Genetics. 2004:5-20.
10. Lai T. Retinal complications of high myopia. The Hong Kong Medical Diary. 2007;12:18-20.
11. Lang GK. Atlas de poche en couleurs. Ophtalmologie. Paris: Maloine; 2002.
12. Kleinstein RN, Jones LA, Hullett S, Kwon S, Lee RJ, Friedman NE, Manny RE, Mutti DO, et al. Refractive error and ethnicity in children. Arch Ophtalmology. 121(8):1141-7.
13. Garcia C, De Amorim A, Oréfice F, Nobre G, et al. Prevalence of refractive errors in students in Northeastern Brazil. Arquivos Brasileiros de Oftalmologia. 2004;68(3):321-5.
14. Harle DE, Evas BJW. The correlation between migraine headache and refractive errors. Optometry and Vision Science. 2006;83(2):82-7.
15. Assurance Maladie La chirurgie de la cataracte en France. CNAMTS. 2008.
16. DREES. Le traitement chirurgical de la cataracte en France. Études et Résultats. 2001;101.
17. Expertise collective. Santé de l’enfant. Paris: INSERM; 2009.
18. Cohen SY, Desmettre T. La DLMA est-elle une maladie fréquente ? Dans : DMLA. Bash: 2008 (p. 44).
19. L’accès direct à l’ophtalmologiste. http://www.cocnet.org
80 MÉDECINE février 2015
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