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Ainsi, il est incontestable que l’économie américaine est plus ouverte qu’auparavant (le
degré d’ouverture en 1967 était de 0,85% et en 2001 de 9,51%3). La vigoureuse croissance
économique américaine exerce un pouvoir d’attraction sur les importations plus élevé que
celle du reste du monde sur les exportations américaines. Depuis 1991, aux Etats-Unis, la
croissance des exportations n’a jamais surpassé de façon systématique celle des importations.
Il faudrait donc que les exportations augmentent plus afin de se rapprocher du niveau des
importations et stabiliser ainsi le déficit. De nombreuses études ont suggéré d’exploiter
différentes stratégies pour résorber le déficit commercial, allant de la manipulation du taux de
change du dollar dans le sens de la dépréciation, au ralentissement de la croissance en passant
par des mesures d’incitations à l’épargne. Pourtant, depuis 2001 le dollar s’est déprécié, mais
cette dépréciation ne semble pas avoir eu d’impact sur le redressement de la compétitivité-
prix des exportations à moins que la baisse de la parité du billet vert n’atteigne des
proportions gigantesques, de l’ordre de 20 voire 50%. Si la dépréciation de la devise
américaine reste la voie la plus envisageable pour faire revenir le déficit américain à des
niveaux acceptables, l’impact reste pour certains auteurs limité en raison de la forte rigidité
qui caractérise les structures de dépenses et les comportements des consommateurs.
L’ampleur du déficit commercial américain, souvent associée à celle du déficit budgétaire
fédéral, a suscité une abondante littérature. Cette littérature cherche à comprendre les
mécanismes qui ont installé durablement l’économie américaine dans un déficit commercial
chronique, et les solutions envisageables pour financer dans un premier temps ces deux
déficits, et revenir dans les limites du soutenable, dans un second temps. De telles analyses en
restent le plus souvent à des considérations globales, macroéconomiques, ce qui empêche de
dresser un panorama des points forts et des points faibles de l’appareil d’exportation
américain. En quoi la dégradation des comptes extérieurs de la première puissance
économique mondiale se reflète-t-elle dans les moindres performances des secteurs d’activité
sur les marchés mondiaux ? Dit autrement, peut-on prendre la mesure des pertes d’avantages
comparatifs enregistrées par les États-Unis ? La spécialisation de l’économie américaine s’est-
elle dégradée au fil du temps ? Par ailleurs, la lecture que l’on peut faire des résultats du
commerce extérieur américain indique que, loin de se désintéresser du devenir de leurs
secteurs, il y en aurait au moins un qui revêtirait une importance stratégique,
3 Le degré d’ouverture d’une économie se calcule de la façon suivante : Dg = ½(X+M)/PIB*100, avec X
exportations et M importations. Dans la suite de l’article, les calculs relatifs au taux de couverture sont établis
par le ratio traditionnel : TC = (X/M)*100.