Le mécanisme d'autorisation des médicaments : le point de vue communautaire
Notre analyse du mécanisme présentement en vigueur à la DGPS révèle que celui-ci est
encore en proie à la lenteur, à l'inefficacité et au manque de transparence. En moyenne, il
faut à la DGPS plus deux fois plus de temps pour autoriser un médicament anti-VIH qu'il en
faut à la Federal Drug Administration (FDA) des États-Unis, et beaucoup plus de temps qu'il
en faut aux organismes réglementaires de l'Union européenne, de l'Australie et d'autres pays.
Jusqu'à tout dernièrement, le Canada n'avait approuvé aucun nouveau médicament anti-VIH
depuis l'automne de 1996. Il en est résulté un engorgement du système qui compromis
l'accès de nombreux Canadiens à des médicaments qui sont disponibles dans d'autres pays
depuis des mois, voire des années. Le personnel de la DGPS n'arrive pas à respecter les
délais qu'il se fixe lui-même pour l'examen des PDN.
Aucun médicament anti-VIH n'a fait l'objet d'un examen prioritaire depuis l'automne de
1996 et, vu les critères restrictifs de la politique actuelle en la matière, il est improbable que
les médicaments anti-VIH seront admissibles à ce type d'examen. La politique de la FDA en
matière d'examen prioritaire, par exemple, exige simplement que le médicament « ait le
potentiel de combler les lacunes médicales dans le traitement d'affections ou de maladies »,
tandis que la politique canadienne exige que le médicament « soit beaucoup plus efficace ou
comporte beaucoup moins de risques que les traitements disponibles [...] pour une affection
ou une maladie que les médicaments commercialisés au Canada ne suffisent pas à gérer ». Il
s'agit là d'une définition beaucoup moins large. La politique canadienne reflète un manque de
compréhension des questions entourant le traitement de l'infection à VIH et contribue à la
lenteur du mécanisme d'autorisation.
Notre analyse a aussi révélé le manque de transparence et d'imputabilité à la DGPS. Une fois
la PDN remise à la DGPS, il devient presque impossible d'obtenir du personnel de la
Direction générale quelque renseignement que ce soit, y compris une estimation de la date à
laquelle l'examen sera terminé. Le personnel de la Direction générale explique le secret qui
entoure le mécanisme par son devoir de protéger l'information exclusive contenue dans les
PDN. Cependant, même les compagnies pharmaceutiques se plaignent de ne pas savoir où
en est l'examen de leurs propres PDN. La FDA, au contraire, effectue un examen public des
PDN, l'opinion des experts étant du domaine public. Il est clair que la transparence du
mécanisme de la FDA ne compromet pas la confidentialité des renseignements exclusifs.
La DGPS n'a pris aucun des moyens qui pourraient améliorer l'efficacité du mécanisme,
notamment les examens graduels permettant aux compagnies de présenter les données
scientifiques avant la date officielle du dépôt d'une PDN, les examens conjoints avec d'autres
organismes de réglementation et l'examen simultané plutôt que séquentiel de différents
volets de la même PDN.
Dans le cadre d'une réunion avec le personnel de la DGPS et les dépositaires d'enjeux, tenue
le 12 août 1998, les participants ont vite compris que plusieurs des problèmes étaient causés
par un manque de ressources au SRPT. Les importantes compressions budgétaires des
dernières années ont compromis la capacité du personnel de la DGPS de respecter ses
propres délais d'examen des PDN et de prendre les moyens nécessaires pour rehausser
l'efficacité du mécanisme. Le programme de recouvrement des coûts, qui devait compenser
pour la pénurie de ressources, n'a pas réussi à fournir les ressources nécessaires en présence
d'une charge de travail accrue et de la diminution des crédits publics. De plus, des
procédures comptables désuètes font en sorte que les fonds non dépensés provenant du