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Mauvaise Nouvelle - Occam l’initiateur ep.6
débats autour des relations entre l’essence et l’existence : ces questions de spécialistes touchent à l’analogie de
l’être. Non pas qu’il s’agisse de questions secondaires, mais nous proposons ici quelques portes d’entrée pour
saisir les oppositions sur la première opération, de laquelle découlent toutes les autres problématiques.
Ce qui ressort de son refus d’accepter l’induction comme le mode naturel de connaître ici-bas, c’est évidemment le
refus ses principes communs de la philosophie de la nature.
Et ici encore, Thomas d’Aquin n’a ressenti aucune gêne à suivre Aristote dans sa définition de la nature comme
mouvement d’une matière privée vers sa forme seconde.
Tout être naturel, en effet, tend à actualiser, réaliser pleinement, la perfection de son essence. Nous assistons
donc à un passage progressif de l’acte premier à l’acte second, sauf si des obstacles2 viennent empêcher ou
altérer cette actualisation. A l’intérieur même des individus existants, une nature supra-singulière gouverne leur
orientation de vie. Il va de soi que l’humanité est un cas particulier : l’actualisation de son essence n’est pas
spontanée : des résistances, en elle, autour d’elle, parasitent son mouvement vers sa fin.
Occam aura du mal à réfuter ces principes réalistes constatables par tous. Il va jouer sur les mots. Il accepte ces
composés mais dit qu’ils sont des « res positae » (Summulae, I, 8), des réalités positives et rompt leur fusion, ce
qui rend opaque le sens de la nature.
Occam refuse les essences universelles : chaque individu a son essence singulière (ce qui revient à dire que les
hommes sont des anges…) et on peut au mieux apercevoir des ressemblances. Toutes les dispositions d’une
personne humaine sont donc individuelles pour Occam.
Intégrer la définition de la nature est pour Occam une atteinte à la liberté de Dieu. Car si Occam vient bien
accepter le mouvement, il ne supporte pas la stabilité des finalités. Aujourd’hui, certes, nous constatons cette
finalité. Subsistera-t-elle demain ? Nous n’en pouvons être certains. Nous retrouvons là les arguments que va
réactualiser Hume quelques quatre siècles plus tard… Les existants en face de nous ne nous indiquent aucune loi
naturelle nécessaire, en tout cas exprimée par des mots généraux.
Mais la certitude est sauve grâce à la foi ! Admettre l’autonomie de la nature, sa stabilité intrinsèque, c’est faire
injure à la Toute-Puissance de Dieu. Car c’est installer des bornes à son action directe. Or, la théologie selon
Occam tient à garder la possibilité d’une force divine en continuelle liberté absolue quant à ses directions : Dieu
reste capable de modifier l’universalité et la nécessité des êtres qui restent ses créatures.
Occam va donc refuser la distinction entre ordre de génération et ordre de perfection. Cette différenciation n’est
pourtant pas une subtilité logique : c’est un constat du réel. Thomas d’Aquin l’explicite, notamment dans Somme
Théologique, Ia, qu. 77, 4, ad Respo. Et De Anima, qu. Un., art. 13, ad 10me).
Les étapes de l’ordre de génération précèdent la finalité ultime dans le temps mais sont gouvernées par la nature :
car la nature d’une chose, c’est sa fin « puisque ce qu’est chaque chose une fois qu’elle a atteint son complet
développement, nous disons que c’est là la nature de la chose3 » (Politique, I, 2, 1252b 30).
Occam refuse le passage progressif de la puissance à l’acte : le dynamisme autonome de la nature qui incarne à
intention générale. Chez Occam, l’essence des êtres est d’être absolument individuelle4… « Il n’existe pas de
chose réellement distincte des êtres singuliers et intrinsèque à leur substance, qui soit universelle et commune à
plusieurs êtres » (In Sent., I, disti. II, qu. 4, D).
XI. Vers une nouvelle définition de la science
Chez Aristote, nous avons vu qu’il n’y a de science que du nécessaire (Seconds Analytiques, I, 2). L’induction nous
livre que les êtres naturels sont mus « d’une façon continue par un principe intérieur » (Physique, II, 8, 199b 14)
pour parvenir à « une fin » (idem). Or, « ce terme est constant pour chaque chose à moins d’empêchements »
(idem), « soit toujours, soit fréquemment » (198b 24). Pour les aristotéliciens, les aléas de cette actualisation sont
dus à la potentialité infinie de la Matière Première.
Et par conséquent une science naturelle est possible, car cette science constate des redondances d’événements à