res et équipes n’ont encore mené à rien en suivant la piste entérovirale. Il faudra
pour conclure de nouvelles techniques, de nouvelles enquêtes prospectives, de
nouvelles façons de poser la question. A l’inverse d’une infection causant la mal-
adie, la raréfaction des infections de la petite enfance a été considérée par cer-
tains comme une cause possible de diabète autoimmun. Selon cette hypothèse,
le système immunitaire, moins sollicité par les maladies infectieuses de la petite
enfance, deviendrait plus porté à développer des maladies autoimmunes dont
le diabète. Cette hypothèse que défendent de nombreux immunologistes n’a pas
de fondement épidémiologique chez le jeune nourrisson européen. En effet si
la tuberculose, le rhumatisme articulaire ou d’autres maladies sont à peu près
éteintes, ainsi que les graves infections bactériennes, en revanche la vie en crè-
che, maternelle, milieu urbain expose énormément de jeunes enfants aux infec-
tions virales communautaires et dire que les infections ont diminué à cet âge
n’est donc que partiellement vrai. Même il y a 40 ans, ni la tuberculose, ni les
staphylocoques, ni les streptocoques ne faisaient partie du quotidien de nom-
breux enfants de moins de 3 ans. Or c’est avant cet âge, le plus souvent que se
déclenche l’attaque autoimmune comme l’a révélé l’étude de jeunes frères ou
sœurs ou enfants de patients diabétiques. Les autoanticorps anti-cellules à insu-
line apparaissent souvent dans les toutes premières années. Continuons donc
à évoquer des facteurs d’environnement auxquels les enfants sont exposés tôt
dans la vie… ce n’est pas facile. Assez vite les hypothèses sur X, Y ou Z se sont
trouvées limitées. Les chercheurs n’y ont plus consacré d’énergie et de curio-
sité concrète. De plus, on ne peut pas reconstituer de conditions environne-
mentales humaines au laboratoire, pour tester si elles rendraient diabétiques
des souris! Alors que les manipulations génétiques de ces animaux continuent
d’enchanter les expérimentateurs, mettant en lumière excessivement la part de
génétique dans la maladie…
Le projet de recherche
Que proposer? Grâce au soutien du Programme Hospitalier de Recherche Cli-
nique (PHRC 2008), de l’INSERM, de NovoNordisk France, de l’Association de
Recherche sur le Diabète (ARD), les équipes des professeurs Bougnères et Val-
leron se sont lancées dans une étude “à l’aveugle” de l’environnement des enfants
diabétiques, en relevant des données dans les mois et années qui précèdent le
diagnostic de la maladie. Une étude “à l’aveugle” veut dire une étude sans idée
préconçue, sans hypothèse sur tel ou tel facteur suspecté de favoriser la mal-
adie. La méthode est simple en apparence: elle revient à identifier des centaines
de caractéristiques de l’environnement dans lequel a vécu le futur diabétique,
en remontant à la grossesse de sa mère, et jusqu’à la déclaration du diabète.
Vivait-il près d’une rivière, d’un champ de maïs, était-il allé au bord de la mer
en vacances, y avait-il un chien à la maison, etc.?
Même si beaucoup de paramètres environnemen-
taux échappent, plusieurs centaines/milliers
peuvent être déterminés chez un
individu donné grâce à deux
approches
parallèles : la
première
consiste, grâce à
la géo-localisation
(type GoogleMap)
de l’adresse du diabé-
tique à différents moments
de sa vie (la grossesse de sa
mère, sa naissance, le diagnostic
de son diabète), à attribuer auto-
matiquement à chaque individu
des données environnementales
relatives à la faune, à la flore, aux
pollutions chimiques et phy-
siques, à la biodiversité etc.
recensées dans des bases de
données publiques ou privées.
La seconde utilise un question-
naire d’environ 800 questions per-
mettant d’explorer l’histoire personnelle du patient diabétique suivant 5 grands
axes : 1) avant la naissance du futur diabétique ; 2) lorsque le futur diabétique était
un bébé ; 3) la vie médicale du futur diabétique ; 4) les habitudes de vie et l’envi-
ronnement du futur diabétique ; 5) les parents et proches du futur diabétique.
Résumé
Notre vision des causes du diabète peut se résumer à : être avec les “mauvais”
gènes au mauvais endroit au mauvais moment. Ni les gènes ni l’endroit ni le
moment ne suffisent à donner le diabète, il faut la conjonction des trois catégo-
ries de facteurs.
Grâce à l’analyse génétique (voir numéro précédent du journal en 2007), nous
avons caractérisé plus de 2000 enfants diabétiques. Nous allons bientôt pou-
voir regarder si les enfants porteurs des variations génétiques a, b, c, d ont déve-
loppé leur maladie en étant dans les environnements x,y, z… Une aventure nou-
velle va commencer: l’étude en parallèle des gènes et de l’environnement. ■
Suite de la page 1
Une nouvelle approche scientifique :
interroger l’environnement
a la recherche de causes de diabete de l’enfant
Répartition des
2300 premiers patients géolocalisés
sur la carte de l’occupation des sols
Pour obtenir plus d’informations sur le Programme « Etude Génétique et Environnementale du Diabète de l’Enfant », contactez : Sophie Le Fur
INSERM U561 - Hôpital Saint-Vincent de Paul- 82, avenue Denfert Rochereau - 75014 PARIS - Téléphone : 0140488246 Email : sophie.le-fur@ inserm.fr
Histogramme du recrutement
par centre participant :
Bulletin-6V3 12/10/09 14:00 Page 2