40 le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 21 - printemps 2008
Résumés des conférences
L’auteur débute son propos par des dénitions qui
marquent la distinction entre communication, lan-
gage et parole. Les gens communiquent lorsqu’ils
interagissent socialement, en utilisant des signaux ver-
baux et non verbaux. La connaissance des règles d’utili-
sation du langage se nomme la pragmatique. Le langage
suppose l’acquisition d’un vocabulaire (sémantique) et
d’une grammaire (morphologie et syntaxe).
Chez la personne avec autisme, on observe une atteinte
systématique des domaines de la communication et de
la pragmatique ; le langage est altéré de façon variable :
il existe un continuum qui va de l’absence de langage
à un langage élaboré. En résumé, l’auteur afrme qu’il
existe une hétérogénéité linguistique caractéristique en-
tre les individus. Par la suite, elle s’intéresse au trouble
du langage chez la personne verbale avec autisme de bas
niveau (V-ABN) : ce trouble, qui est spécique à l’acqui-
sition du langage en lui-même, est dit « amodal » car il
touche de manière égale le langage parlé, écrit et signé ;
la compréhension se trouve plus atteinte que l’expression
et la sémantique est particulièrement altérée. Le discours
de la personne présentant de l’autisme peut être ponctué
d’énoncés écholaliques (immédiats ou différés), de néo-
logismes, de formules idiosyncrasiques et d’erreurs dans
l’utilisation des pronoms.
Partant de ces observations, l’auteur s’interroge sur trois
points : (i) pourquoi les difcultés langagières varient-
elles au sein du groupe des enfants avec autisme de bas
niveau ? (ii) Pourquoi la compétence langagière covarie-
t-elle avec le QI chez ces mêmes enfants ? (iii) Existe-
t-il une cause commune aux troubles du langage et des
apprentissages ?
Pour répondre à ces questions, l’auteur formule trois hy-
pothèses.
1) Le décit en théorie de l’esprit aurait certainement un
rôle dans le trouble du langage, sans pouvoir expli-
quer à lui seul ce trouble.
2) La capacité décitaire pour symboliser serait aussi,
en partie, responsable du retard dans l’acquisition du
langage.
3) Une comorbidité avec un trouble spécique du lan-
gage pourrait aggraver les difcultés verbales chez
l’enfant V-ABN.
Pour conclure son propos sur les théories causales,
l’auteur précise qu’aucune de ces hypothèses n’offre
une explication sufsante du trouble du langage chez la
personne V-ABN et ouvre sur une autre hypothèse qui
s’appuie sur les notions de mémoire déclarative et de
mémoire procédurale. La mémoire déclarative se com-
pose de la mémoire épisodique (événements vécus) et de
la mémoire sémantique (information factuelle). L’accès
au contenu de la mémoire déclarative se fait de maniè-
re explicite. La connaissance procédurale concerne les
comportements moteurs, les traitements automatiques
de l’information, et son contenu n’est pas explicitement
accessible. L’hypothèse développée par Jill Boucher sup-
pose un décit de la mémoire déclarative. Elle se base sur
le modèle d’acquisition du langage formulé par Ullman
(2001). L’acquisition du vocabulaire (les mots et leur si-
gnication) serait dépendante de la mémoire déclarative,
alors que l’acquisition de la grammaire dépendrait de la
mémoire procédurale. Selon Boucher et al. (2008), on ob-
serve une altération spécique de la mémoire déclarative
chez l’enfant V-ABN (mémoires épisodique et sémanti-
que altérées), alors que la mémoire procédurale est intac-
te. Cette altération est mise en évidence par des épreuves
sur les connaissances générales (subtest « Information »
de Weschler) et sur le vocabulaire.
Partant de ces constats, la personne V-ABN pourrait ac-
quérir une connaissance implicite de la grammaire et de
la phonologie (mémoire procédurale), ainsi qu’une con-
naissance catégorielle implicite du monde ; en revanche,
du fait du décit de la mémoire déclarative, elle aurait
des difcultés à associer cette connaissance catégorielle
Troubles du langage
Le langage chez la personne autiste,
caractéristiques et causes
résumé de la conférence de Jill Boucher1
1 Orthophoniste et psychologue, Université de Warwick, Royaume Uni
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