LES RELATIONS ENTRE LA MEDECINE TRADITIONNELLE ET LA MEDECINE OFFICIELLE AU NORD DU SENEGAL
732
Santé Publique donnée par l’OMS en 1946: “La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne
consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité” [1] et la Déclaration d’Alma-Ata issue de la
Conférence sur les Soins de Santé primaires en 1978 [2]. Pour la première fois dans le monde la Déclaration permet
l’utilisation de méthodes de guérison traditionnelles dans le but d’atteindre des standard de santé adéquats pour tous et
reconnaît le rôle du thérapeute traditionnel qui, si correctement préparé d’un point de vue professionnel et technique, est
capable de répondre aux besoins de santé des populations au même niveau que les docteurs conventionnels.
La MT fait donc pleinement son entrée dans le débat international et l’OMS, et les agences qui lui sont reliées,
ainsi que plusieurs organisations internationales (régionales et locales), commencent à planifier des stratégies
diversifiées et à mettre en œuvre des politiques spécifiques. C’est le défi d’un mouvement en faveur d’une santé
publique renouvelée, qui réitère l’importance de la justice et de l’égalité comme conditions préalables pour un état de
santé décente et qui souhaite la mise en place de nouveaux partenariats à différents niveaux [3].
L’idée de base est que la MT puisse contribuer de façon substantielle, même si pas exclusivement, à la santé des
citoyens, car il est certainement nécessaire que pour son intégration avec la médecine conventionnelle, elle doit se doter
de normes de qualité et d’instruments de fiabilité typiques des autres prestations sanitaires.
Avec le début du XXI siècle, les interventions dans le champ sont de plus en plus intensives et possèdent plus
d’information sur les spécificités territoriales.
Les objectifs se font plus vastes, pour inclure la garantie de qualité et de sécurité des pratiques de guérison
traditionnelles; l’échange d’informations et de bonnes pratiques se propage et la recherche appliquée et la formation des
acteurs sur le terrain se développent.
Néanmoins, de nombreux obstacles se posent dans le processus de réglementation et par conséquent dans le
processus de collaboration formelle entre les deux domaines. Les différents aspects critiques du processus de mise en
œuvre varient en fonction de l’échelle régionale que l’on prend en considération : problèmes d’ordre politique et
économique à côtés d’autres d’origine socio-culturelle.
Les obstacles au processus de réglementation et de législation dans le domaine de la MT sont donc différents [4].
Obstacles d’ordre épistemologique: une Médecine d’emprunte holistique est en conflit avec le modelé
biomédicale réductionniste de la médecine conventionnelle.
Obstacles d’ordre scientifique: la recherche dans le domaine de la MT complémentaire/alternative est
encore trop faible et hétérogène.
Obstacle d’ordre politique et culturel: opinion leader d’excellence s’opposent forcement à toute tentative de
réglementer la lois du cas, et surtout s’opposent à tout projet de financement
voué à la recherche ou aux services à la population.
D’après un premier examen des opinions dominantes en littérature, comme par exemple les études de Christophe
Bouramoué, Amidou Sekou, Charles Katy Diouf et Piero Coppo, on montre que même les partisans les plus ardents de
cet échange de connaissances, conscients des grandes différences entre les la médecine moderne et les pratiques
traditionnelles de guérison, ne recherchent pas une véritable synthèse entre les deux. Ce que l’on veut obtenir c’est
plutôt un consensus collaboratif qui puisse assurer le mieux la santé et le bien-être de la population, devenue enfin libre
de choisir le type de thérapie préférée [5].
Seydou Nourou Faye en Médecine Traditionnelle et Dynamiques Interculturelle: Les implications socio-
anthropologiques de la formalisation de la Traditeraphie à l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, identifie comme but
ultime une collaboration basée sur le respect mutuel, la non-ingérence et une volonté d’auto-amélioration [6]. Sa
position se reflet dans celle d’autres nombreux auteurs, dont Charles Katy Diouf qui, dans Les médecines moderne et
traditionnelle: Deux écoles complémentaires sur le continent, décrit la médecine moderne et traditionnelle comme les
“sciences du jour et de la nuit”. Celles-ci, selon l’auteur, ne diffèrent pas pour leurs fonctions, mais plutôt pour le
contexte social et historique qui les caractérisent: les connaissances traditionnelles thérapeutique sont une véritable
culture, où connaissances et savoir-faire du guérisseur deviennent une véritable discipline loin de la simple observation
empirique des phénomènes [7]. Ça devient nécessaire, par conséquent, mener une critique des deux, au cour de laquelle
les limites de chacune soient en évidence pour comprendre comment l’autre discipline peut être plus utile, sans écouler
dans une lutte exclusive à la maladie [8]. Une légitimation de la MT au niveau international devient urgent, afin d’en
permettre la proximité avec les pouvoirs publiques et à la médecine moderne dans la mise en œuvre des différentes
actions politiques sur la santé.
Ce modèle d’intégration reflète pleinement la volonté de la majorité des organismes, qui poussent les pays
membres à procéder à un recensement des guérisseurs présents sur le territoire nationale depuis plusieurs décennies,
mais aussi des associations de guérisseurs traditionnels, comme le témoigne l’interview soumise à Mamodou Ba,
Président des guérisseurs traditionnels ouest-africains. La littérature toutefois, pour ce qui concerne la MC, partage
l’idée qu’il faut travailler sur l’aspect social du rapport avec le patient, surtout sur la réception. Comme Yannick Jaffré
et Olivier de Sardan ont déclaré dans Une médecine inhospitalière: Les Difficiles relations entre et soignants et soignés
dans cinq capitales de l’Afrique de l’Ouest, l’expérience de la maladie est déjà choquante au départ, et le froid
détachement qui signe la relation entre le médecin et le patient dans un établissement moderne empire encore plus la
situation [9].