#Loisirs #Collaborateur #Théâtre #Acteur amateur
Le caméléon
Michael Gsell se glisse chaque année dans la
peau d’un nouveau personnage. Répartiteur du
personnel le jour, il rejoint sa troupe de théâtre
amateur le soir. Un vrai comédien dans l’âme.
FranziskaFrey https://dima.sbb.ch/enroute/article/50253/le24.05.2017
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Une voix s’élève: «Où est l’inspecteur?» Michael Gsell, 34 ans, saute de sa chaise et se précipite vers le devant de la
scène. Le jeu de la troupe de théâtre amateur «Spielleute von Seldwyla» (Les gens de Seldwyla), dont Michael Gsell est le
président, manque encore un peu de fluidité. Rien d’étonnant à cela: la troupe répète pour la première fois sur la scène
où auront lieu les représentations. Jusqu’à présent, elle devait se contenter d’une petite salle étroite. Laissons-lui le
temps de s’habituer à ce nouvel espace. Mais attention: il faudra être prêt le 5 mai, jour de la première de «Mord im
Pfarrhaus» («L’Affaire Protheroe», en français). Michael Gsell n’appréhende pas vraiment ce moment important, au
contraire: «Après tout ce travail de mémorisation et de répétition, monter sur les planches est libérateur. Bien sûr, je
ressens une certaine tension, mais j’ai la chance de ne pas être trop sujet au trac.»
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Le déclencheur: un verre de vin et une grappa
Quand il parle de théâtre, Michael Gsell a les yeux qui brillent. Pas de doute: il y met tout son cœur et toute son âme.
Comment en est-il venu à pratiquer l’art dramatique? «Le père de ma compagne de l’époque avait insisté pour que je
remplace au pied levé un acteur malade», se souvient-il. Le verre de vin et la grappa qu’il venait d’ingurgiter avaient fait
fondre ses dernières résistances. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé sur les planches. S’il en fut le premier surpris, il n’en a pas
moins attrapé le virus du théâtre. Aujourd’hui, Michael Gsell entame sa onzième saison de comédien amateur.
Démarche assurée sur talons hauts
Ce qui le fascine dans le théâtre? Dans la vie, Michael Gsell, qui travaille à Oberwinterthur comme répartiteur du
personnel au centre de maintenance de la flotte régionale (Suisse orientale), affirme être une personne plutôt discrète,
qui n’apprécie guère d’être au centre de l’attention. «Le théâtre me permet d’incarner des personnages totalement
différents.» On peut d’ailleurs le prendre au pied de la lettre: dans la pièce «Certains l’aiment chaud», s’il n’a pas campé
le personnage de Marilyn Monroe, il a tout de même dû maîtriser la marche sur talons hauts. Vous l’avez devinez, il
jouait le rôle de l’un des deux musiciens qui se travestissent pour pouvoir intégrer un orchestre de femmes. «On m’a dit
que ma démarche était plus élégante que certaines femmes», lance-t-il d’un air facétieux.
Mais c’est un autre rôle qui lui a donné le plus de fil à retordre: celui d’un enfant d’une famille de paysans pauvres dans
la pièce «Peeshow dans les Alpes». Un rôle qui l’a amené à se confronter à ses limites, mais aussi à tisser des liens
solides avec ses partenaires: «Nous étions une petite équipe de quatre. Avec le temps, nous étions presque devenus une
vraie famille. Nous étions très liés, même en dehors des répétitions. C’était une expérience inoubliable.»
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Le théâtre, une école de la vie
Reste la grande question: comment se prépare-t-on à ces rôles? Est-ce qu’il suffit de se dire «Ah, c’est ce personnage
que je vais incarner» pour que le tour soit joué? Évidemment, ce n’est pas si simple. «Il me faut du temps pour entrer
dans mon personnage», confirme Michael Gsell. Heureusement, il peut toujours compter sur l’aide de la personne qui
assure la mise en scène. «Pour ‘Peepshow dans les Alpes’, la metteuse en scène m’a fait déplacer un tas de bois, bûche
après bûche, d’un bout à l’autre de la scène avant de me demander de le replacer à l’endroit initial.» Et même si cet
exercice ne suffit pas pour appréhender pleinement les difficiles conditions de vie de cette famille, il permet de s’en
faire une vague idée: «Cela aide à se glisser dans la peau du personnage.»
Pour Michael Gsell, le théâtre est aussi une école de la vie: «Les différents aspects de mon personnage me font réfléchir.
Est-ce que je réagirais différemment si j’étais à sa place? Pourquoi?» L’acteur amateur aura encore de nombreuses
occasions de se livrer à ces réflexions. Car une chose est déjà certaine pour ce passionné de théâtre: c’est avec un
enthousiasme sans cesse renouvelé qu’il continuera de monter sur les planches et d’oublier, pour quelques jours, le
reste du monde.
Sur les planches, plus rien d’autre ne compte: l’acteur amateur Michael Gsell travaille la pièce actuelle avec sa
troupe. Clichés volés de répétitions partiellement costumées.
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