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De tous les modèles suggérés dans les années 1950-1960 pour rendre compte du processus de
croissance, c’est celui de Solow [1956] qui a reçu les plus grandes lettres de noblesse. Il constitue le
point de départ de presque toutes les analyses car la plupart des modèles se comprennent bien par lui,
même ceux qui semblent s’en écarter considérablement1.
Le principal reproche adressé au modèle de Solow est celui de traiter le progrès technique comme une
grandeur exogène. C’est ainsi que les nouvelles théories de la croissance qui se proposent de remettre
en cause l'idée d'un progrès technique exogène ont vu le jour dans les années 1980. A dire le vrai, les
tentatives d’endogéneisation du progrès technique ne remontent pas aux années 1980, car Kaldor
[1957] et Arrow [1962] s'étaient déjà intéressés à cette avancée théorique.
Un des aspects essentiels des théories de la croissance endogène est l'hypothèse de rendement
constant du capital. La première démarche théorique fut d'abandonner définitivement l'hypothèse
des rendements décroissants du capital retenue par Solow. Le capital est alors perçu comme
"l'ensemble exhaustif des facteurs de production susceptibles d'être accumulés", aussi bien le capital
humain que le stock de connaissances. De plus, le renouveau des théories de la croissance repose sur
une nouvelle façon de considérer l'origine et le rôle du progrès technique, qui n'est plus exogène, mais
bien au contraire une variable qui renvoie à des comportements et des grandeurs macroéconomiques.
Les premiers travaux sur la croissance endogène sont ceux de Paul Romer et de Robert Lucas.
L'ambition de leurs recherches était de rendre compte du caractère auto-entretenu de la croissance et
du progrès technologique qui, dans les théories traditionnelles, était considéré comme une grandeur
exogène ou une manne qui tombait du ciel.
A la suite de Romer [1986], certains analystes ont cherché le moteur de la croissance dans le
phénomène d'apprentissage par la pratique (learning by doing). Une deuxième voie de recherche a
été ouverte par Lucas [1988], et a privilégié le processus d'accumulation de capital humain au sein du
système éducatif des pays. Romer [1990] et Aghion-Howitt [1992] ont – par la suite – fait du progrès
technique un stock d'innovations, produit d'une activité volontaire de recherche et développement
(R&D). Barro [1990] a ouvert la voie à une autre piste de recherche : il a fait des dépenses publiques un
déterminant de la productivité de l’économie.
La question des facteurs explicatifs de la croissance économique a toujours occupé une place centrale
dans le débat. Les modèles de croissance endogène ont assez largement contribué à impulser le
phénomène. Les travaux, tant théoriques qu'empiriques, se sont ainsi multipliés, occasionnant dans le
même temps, une expansion sans précédent des variables mises en relation avec le taux de croissance
de long terme. Capital humain, dépenses publiques, et R&D comptent parmi les explications les plus
fréquemment rencontrées.
Sous la mouvance de la globalisation économique, une littérature abondante est aujourd’hui
consacrée aux relations qui existent entre la croissance et la libéralisation, l’ouverture sur l’extérieur,
le système financier, le poids de la dette extérieure, le climat des affaires, la bonne gouvernance et les
guerres. D’autres travaux se proposent d’analyser avec plus de profondeur la contribution de la
femme dans le processus de croissance et de développement en insistant sur sa contribution en tant
que facteur de production et agent de reproduction de la race humaine.
1 Romer, D., 1997, Macroéconomie approfondie, éd. Ediscience, Paris.