«On a vraiment marché sur la Lune ou c’est une manigance?» Sensibilisation Dans le cadre du Festival Histoire et Cité, des élèves ont visionné un «documenteur» pour les sensibiliser à la manipulation. Par Aurélie Toninato 31.03.2017 «Les images des premiers pas sur la lune ont-elles été tournées dans un studio?» se sont demandés des élèves du cycle. Image: DR «On a marché sur la Lune ou pas?» «Les images des premiers pas ont-elles été tournées dans un studio?» Ces questions sont celles d’élèves du Cycle âgés de 12 à 15 ans. Dans le cadre du Festival Histoire et Cité – qui se tient jusqu’à samedi – 200 adolescents ont assisté vendredi au Grütli à la projection de «Opération Lune», du réalisateur français William Karel. Et ils en sont ressortis «trop embrouillés!» «Documenteur» Le 20 juillet 1969, on assiste dans la liesse aux premiers pas de l’homme sur la Lune. Mais rapidement, on déchante, les Etats-Unis sont soupçonnés d’avoir créé ces images en studio. En 2002, William Karel produit un film sur ce complot. Mais son documentaire est en réalité un «documenteur»… Il reprend des archives et des photos truquées, détourne des interviews de collaborateurs du président Nixon parlant du Watergate, ajoute des entretiens avec des acteurs. Et construit un film qui peut laisser croire que les images des premiers pas sur la Lune ont été tournées en studio par Stanley Kubrick et que ceux qui étaient dans la confidence ont été éliminés sur ordre du président! Son but: «Montrer le pouvoir des images et qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on nous raconte qu’on peut faire mentir les témoins, falsifier les archives, détourner n’importe un sujet par un faux sous-titrage», explique-t-il aux élèves genevois. PUBLICITÉ «J’ai rien compris» La projection démarre. Les élèves ne sont pas informés que le film est un faux. A la pause, les commentaires vont bon train, on entend beaucoup de «J’ai rien compris…» «On n’a pas marché sur la Lune alors?» Une autre se pose moins de questions: «J’ai trop bien dormi, on est trop bien calé dans ces sièges.» Crédules ou méfiants Place ensuite à la discussion, en présence du réalisateur William Karell. Une première main se lève timidement. «En fait, cette histoire de marcher sur la Lune, c’est une grande manigance? On s’est fait douiller?» Une autre: «Ce documentaire est faux. Les personnes qui témoignent, elles n’auraient pas affirmé un truc aussi gros face caméra si c’était vraiment vrai, c’est pas crédible. Et elles se seraient fait éliminer.» Le réalisateur lève enfin un peu le voile sur le processus de son «documenteur». Les questions continuent: «C’est légal, vous n’avez pas eu de procès?» «C’est juste pour faire une blague ou bien y’a un objectif pédagogique derrière votre film?» Démêler le vrai du faux La séance se termine. Alors, verdict? «Je suis complètement perdue!» s’exclame Manon, en 11e année. «Tout semble tellement réaliste, ça met vraiment le doute», relève Marcel. Pablo, Judith et Mariam aussi ont «l’esprit embrouillé». S’ils indiquent avoir trouvé l’exercice intéressant – «ça nous rappelle qu’il ne faut pas croire tout ce que disent les médias et les politiciens, et ça nous montre qu’on peut très facilement être manipulés» –, ils repartent avec des questions sur les bras. «Au final on n’arrive plus distinguer le vrai du faux. Les images sur la Lune sont-elles vraies? Des gens ont-ils vraiment été éliminés parce qu’ils avaient participé au tournage en studio des premiers pas sur la Lune?» Que vont-ils faire maintenant, chercher des réponses sur Internet? «Ah non, là on va manger!» Les explications attendront le retour en classe. (TDG) Créé: 31.03.2017, 19h03