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Le monde que nous qualifions désormais de « globalisé »
recèle des tensions fondamentales entre l’ouvert et le barri-
cadé, la fusion et la partition, l’effacement et la réinscrip-
tion – des tensions qui, concrètement, prennent la forme
de frontières toujours davantage libéralisées, mais qui,
d’un autre côté, impliquent un déploiement sans précédent
d’argent, d’énergies et de technologies destinés à fortifier
ces frontières. La globalisation est en outre parcourue
par une multitude de tensions connexes à celles que nous
venons d’évoquer : tensions entre réseaux mondiaux et
nationalismes locaux, entre pouvoir virtuel et pouvoir
physique, entre appropriation privée et open source, entre
secret et transparence, entre territorialisation et déterri-
torialisation, auxquelles il faut ajouter les tensions entre
nation et marché, donc entre nation et État, mais aussi
entre sécurité du sujet et mouvements de capitaux.
Ces tensions vont notamment se nicher dans les
nouveaux murs qui strient aujourd’hui la planète, ces murs
frénétiquement construits au moment même où le monde
entier célèbre la chute des vieilles bastilles qui avaient
marqué l’Europe de la Guerre froide et l’Afrique du Sud de
l’apartheid. On connaît surtout la barrière monumentale
que les États-Unis édifient le long de leur frontière sud, ou
encore le mur israélien qui s’enfonce profondément dans
les terres de Cisjordanie, deux entreprises qui se partagent
technologies et sous-traitants, et qui cherchent à se légi-