Couverture: accompagnant un plan ancien de la ville, enfermée dans son système fortifié qui sub-
sistera jusqu’au milieu du XIXesiècle, et une vue aérienne, le dessin de Jean Dubois
illustre le débarquement des troupes suisses le 1er juin 1814, premier pas vers l’admis-
sion de la Suisse dans la Confédération helvétique. Le contingent formé de
Fribourgeois et de Soleurois mit pied à terre au débouché de la rampe qui descend de
Cologny. Pour leur rendre honneur, à côté des soldats genevois sont alignés, à droite,
des enfants habillés en militaires. La scène se passe au moment où le chef du déta-
chement suisse serre la main du commandant genevois.
L’auteur de cette composition, le graphiste Alain Julliard, a eu le souci de mettre le lac
en évidence, cet élément fondamental qui imprégna si puissament la vie et la menta-
lité des Genevois. Assomption symbolique de l’élément liquide, le jet d’eau élève sa
colonne à 130 m. Il succédait à un premier jet de 30 m, simple trop plein de l’usine
des forces motrices à la Coulouvrenière qui avait plu et qui fut déplacé dans la rade
en 1891 pour y trouver son épanouissement.
Brève Histoires de Genève par Louis Binz
Copyright ©2000 Chancellerie d'Etat de Genève
(Un PDF du site egeneve.ch)
Qui voudra développer ses connaissances sur le passé de Genève pourra recourir aux travaux signalés dans l’excellent Guide
bibliographique de l’histoire de Genève de Françoise Dubosson, Georg Editeur, Genève, 1998 (voir en particulier les histoires géné-
rales citées pp. 21-22). La particularité de ce catalogue est d’accompagner les références bibliographiques d’un bref, mais très utile
commentaire. Notre texte a profité de l’amicale relecture de Barbara Roth et de Micheline Tripet.
Source des illustrations
Celles qui n’ont pas été reprises de notre brochure Genève et les Suisses (1964) proviennent des collections suivantes: Archives
d’Etat, pp. 28, 39, 44, 78; Archives fédérales à Berne, p. 71; Bibliothèque publique et universitaire, département des Estampes,
couverture et p. 42; Gad BOREL-BOISSONNAS, pp. 38, 54; PIERRE GEORGE, p. 10; Musée d’art et d’histoire, pp. 1, 2, 4, 6; Musée de
l’horlogerie, p. 37; Musée du Vieux-Genève, pp. 3, 4, 12, 15, 33, 57, 59, 61, 62, 65, 67, 75; Tribune de Genève, pp. 77, 79, 80;
Communauté israélite de Genève, p. 64; Département de l’instruction publique, p. 80; Daniel Winteregg, pp. 72, 73.
2
Louis Binz
professeur à l’Université de Genève
Brève histoire
de
Genève
Troisième édition
Chancellerie d’Etat
Genève 2000
3
«...toute histoire est choix. Elle l’est, du fait même du
hasard qui a détruit ici, et là sauvegardé les vestiges du
passé. Elle l’est du fait de l’homme, dès que les documents
abondent, il abrège, simplifie, met l’accent sur ceci, passe
l’éponge sur cela.»
Lucien FEBVRE
Combats pour l’histoire, p. 7
1
Douze ou dix mille ans avant Jésus-Christ, des hommes vécu-
rent près de Veyrier, sous des roches éboulées du Salève.
Leurs ossements, les objets de pierre qu’ils utilisaient sont les
traces humaines les plus anciennes découvertes dans la région
de Genève. Ignorant l’agriculture, ces premiers habitants se
procuraient leur nourriture au moyen de la chasse ou de la
cueillette.
Il faut attendre plusieurs milliers d’années pour rencontrer
de nouveau des indices d’occupation humaine, ceux laissés à
partir de 4000 à 3500 avant Jésus-Christ sur les rives du Léman
par des peuplades à qui on a donné le nom traditionnel de
Lacustres. Pendant longtemps, on a cru que ces populations
demeuraient dans des villages élevés sur des pilotis au-dessus
des lacs. On pense plutôt maintenant que la plupart de ces vil-
lages se dressaient sur le rivage et que les pilotis plantés dans
le sol supportaient un plancher servant à protéger les cabanes
de l’humidité.
Le choix des rives comme lieu d’habitation s’explique par la
difficulté de trouver des espaces libres à une époque où les forêts
s’étendaient partout. Or ces nouveaux habitants apportèrent une
innovation immense, l’agriculture. Sans avoir à défricher, ils dis-
posaient, au bord des lacs, des terrains dont ils avaient besoin.
Ils pratiquaient aussi l’élevage, la poterie, le tissage.
La rade de Genève et plusieurs autres endroits au bord du
lac ont livré de nombreux restes de leur habitat et de leur pro-
duction. Au début, leur outillage reste de pierre. Après 2000,
commence à se répandre l’usage du bronze, précédant de plus
de mille cinq cents ans celui du fer.
Les premiers
habitants
Art paléolithique à Veyrier. – Ce bouque-
tin, vigoureusement dessiné, orne un os
percé d’un trou qu’on prenait autrefois
pour un bâton de chef, mais qui est
plutôt un outil. Quant à la signification
de la figure, est-ce de l’art pour l’art,
l’illustration d’une croyance religieuse ou
bien un acte magique, représenter un
animal donnant prise sur lui et facilitant
sa chasse? (Collection Musée d’art et
d’histoire)
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