INFECTION A VIH ET SIDA

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INFECTION A VIH ET SIDA
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Auteur(s) : P. MASSIP (mail : )
Objectifs :
Le SIDA ou syndrome d’immunodéficience acquise, révélé en 1981 représente le terme de l’infection par le virus de
l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] . (Lien vers : http://www.unaids.org/barcelona/presskit/french/barcelona%20report/contents_html.html)
1 RAPPEL DE VIROLOGIE
Le virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] appartient au sous-groupe des lentivirus.
Deux sérotypes sont actuellement connus :
- virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] 1 de répartition mondiale,
- virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] 2, surtout présent en Afrique de l’Ouest.
Le VIH 1 est constitué de 3 groupes différents : M ou majoritaire, N, O. Le groupe N est proche du virus SIV. Au sein de ces
trois groupes, on détermine des sous-types définis par une lettre A, B, C, D, E, F, G, H, I, J ; le sous-type européen et
américain est le sous-type B.
On définit également des recombinaisons dans des pays [ Précision : Afrique, Asie ] ou plusieurs sous-types sont présents AC, AE,
etc.…
1.1 Structure du virus
Comme pour les autres rétrovirus, on détermine 3 gènes principaux qui constituent la molécule d’ARN des VIH :
-
le gène gag code pour les protéines de la capside et du core (p13, p18, p24),
le gène pol code pour les enzymes : transcriptase inverse, intégrase et protéase,
le gène env code pour les protéines d’enveloppe (gp 41, gp 120, gp 160).
Il existe également d’autres gènes :
tat, rev ayant un rôle révélateur,
vif, nef, vpr et vpx
dont les rôles sont moins connus ; le gène nef paraît tout de même le plus intéressant [ Précision : negatif factor ] .
Le gène vpx n’est retrouvé que dans le VIH2.
Au cours de l’évolution, on observe une variabilité génétique des virus, liée en partie aux erreurs que commet la transcriptase
reverse au décours de la transcription ARN-ADN. Cette variabilité est également induite par la réponse immune qui peut
sélectionner certains types de virus.
1.2 Cellules cibles du VIH
Pour l’essentiel, les cellules infectées par le VIH doivent exprimer à leur surface la molécule CD4. Le récepteur CD4, en effet,
présente une haute affinité pour la molécule gp120.
Outre les lymphocytes T CD4, les monocytes-macrophages, les cellules folliculaires dendritiques, les cellules de Langerhans
cutanées et les cellules de la microglie cérébrale qui expriment ce récepteur, peuvent être contaminées.
1.3 Cycle de réplication du VIH
Les différentes étapes de ce cycle sont essentielles pour comprendre à la fois la physiopathologie et les traitements que l’ont
peut opposer à l’infection à virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] .
-
Dans un premier temps, le virus doit s’absorber à la surface de cellules portant le récepteur CD4.
-
Dans un deuxième temps , la fusion virus-cellule cible, puis une pénétration du virus dans la cellule.
Après pénétration, la transcriptase réverse permet la réplication de l’ARN en ADN proviral, qui s’intègrera au génome de
la cellule hôte, grâce à l’endonucléase virale. La formation du virus est réalisée par la transcription de l’ADN proviral en ARN
génomique par l’ARN polymérase de la cellule hôte ; cette synthèse est contrôlée par les gènes tat et rev. L’ARN migre du
noyaux vers le cytoplasme.
On observe ensuite une synthèse des protéines virales et enfin un assemblage des protéines virales grâce à des protéases
et à une encapsidation de l’ARN conduisant à la formation de nouvelles particules virales infectieuses.
La meilleure connaissance de toutes ces étapes permet la mise au point progressive de médicaments susceptibles de bloquer
l’une ou l’autre des phases de cette réplication.
1.4 Immunologie – Physiopathologie
L’infection à virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] , si elle détermine à terme une immunodépression,
induit initialement une réponse immunitaire qui peut, transitoirement chez certains sujets, contrôler l’infection au moins
pendant un certain temps. Cette réponse immunitaire est :
humorale et elle est dépistée par l’apparition d’anticorps qui va permettre le diagnostic biologique et sérologique de
l’infection à VIH [ Précision : test Elisa et test Western Blot ] .
cellulaire ; représentée par les lymphocytes T CD4 d’une part et surtout par les lymphocytes T cytotoxiques [ Précision : CD8,
CTL ] qui représente l’un des mécanismes principaux de la lutte antivirale.
Une fois installé, le réservoir principal du virus VIH est constitué par les lymphocytes T CD4 qui réalisent l’essentiel de la
production virale. Après un certain temps, variable selon les individus, cette production virale devient incontrôlée et conduit à
la destruction progressive du système immunitaire [ Précision : lymphocytes T CD4 ] . Cette perte des CD4 est en moyenne d’environ
100 cellules par an. Cette perte peut être liée :
à un effet cytopathogène direct du virus
à un effet cytotoxique induit par les lymphocytes CD8,
à des phénomènes d’apoptose
ou à un phénomène de défaut de régénération puisqu’il existe en permanence une destruction des CD4 initialement
compensée par un surplus de production.
Outre la perte de CD4, il existe un déficit fonctionnel de ces lymphocytes lié à des troubles du réseau cytokinique.
L’évolution est variable chez les individus :
certains vont voir leurs CD4 disparaître en quelques années : 3 à 5 [ Précision : progresseurs rapides ] ,
d’autres patients vont voir leur infection évoluer de façon extrêmement chronique, sur plus de 15 ans [ Précision : non
progresseurs à long terme et infection par le VIH 2 ] .
2 EPIDEMIOLOGIE – TRANSMISSION
L’infection à VIH touche actuellement tous les pays du monde ; personne n’est bien sûr à l’abri, compte tenu notamment des
moyens de communications et des activités humaines.
Le mode de transmission le plus répandu est la transmission hétérosexuelle.
2.1 Epidémiologie
En Décembre 2000, l’OMS estimait à 36,1 millions le nombre des personnes vivantes avec le VIH, dont 1,4 million d’enfants.
Le nombre de décès liés au sida depuis le début de l’épidémie est estimé à 21,8 millions, portant à près de 58 millions le
nombre de personnes atteintes depuis le début de l’épidémie. 2,5 millions d’adultes et 500 000 enfants sont morts du sida en
l’an 2000. Le nombre de nouveaux cas d’infection en 2000 est estimé à 5,3 millions à l’échelle mondiale, dont 600 000
enfants. Cela représente 14 500 contaminations par jour, dont 1 600 enfants.
Dans les pays en voie de développement l’expansion est très forte, en particulier en Afrique et en Asie, mais également dans
l’ancienne URSS et maintenant en Chine, pays qui commencent seulement à communiquer des données épidémiologiques.
En France ainsi que dans les pays développés, la fréquence des nouveaux cas de sida et la mortalité attribuable à cette
infection sont en diminution depuis 1996, grâce aux traitements anti-rétroviraux actifs. 53 424 cas de sida ont été déclarés
depuis 1988, dont 31 630 sont décédés [ Précision : Chiffres du Ministère de la Santé, 31 Mars 2001 ] . Parce que la mortalité a diminué, alors
que les contaminations restent trop fréquentes, le nombre de personnes vivants avec le VIH augmente chaque année dans
notre pays.
Actuellement en France 44,2 % des nouveaux cas de sida sont attribués à une contamination hétérosexuelle, 28,2% à des
rapports homosexuels entre hommes et 14,6 % à l’usage de drogues par voie veineuse. Parallèlement la proportion de
femmes concernées par la maladie augmente, elles représentent actuellement 1 cas sur 3.
2.2 Transmission
La transmission du VIH dépend de 2 facteurs :
-
d’une part de la charge ou de la quantité de virus présente dans le milieu contaminant,
de l’impact de la profondeur ou de l’intimité de la contamination.
Ainsi, une ulcération et une plaie sont des facteurs qui facilitent la transmission sexuelle. La profondeur de l’inoculation est le
facteur déterminant dans le cadre d’une contamination par piqûre ou blessure.
Le VIH est bien sûr contenu dans le sang, mais également dans le sperme et les sécrétions cervico-vaginales. Dans les autres
liquides biologiques [ Précision : larmes, salive ] , la quantité de virus est beaucoup plus faible.
Les modes de contamination VIH sont bien connus ; il s’agit de la contamination sexuelle, sanguine et materno-fœtale.
2.2.1 Contamination sexuelle
La transmission sexuelle est le mode de contamination le plus fréquent ; elle est effectuée lors de rapports hétérosexuels ou
homosexuels.
Un
-
seul contact peut être suffisant ; certains facteurs ont été identifiés comme augmentant le risque de transmission :
pénétration anale,
ulcération ou maladie sexuellement transmissible en évolution,
rapport sexuel sanglant ou durant les règles.
Le contact oro-génital est considéré comme un risque moindre mais peut-être à l’origine de contamination sans aucun doute.
Enfin, il semble que la contamination de l’homme par la femme soit moins fréquente que celle de la femme par l’homme.
2.2.2 Transmission par le sang et ses dérivés
La transfusion sanguine, la transfusion de produits dérivés du sang [ Précision : plasma, fractions anti-hémophiliques ] a représenté un
mode de contamination avant 1985.
Depuis, tout don de sang est obligatoirement testé et certains produits sont décontaminés ou inactivés [ Précision : fractions antiprépares par génie génétique [ Précision : fraction antihémophilique ] .
En raison de la fenêtre sérologique, il existe un risque résiduel estimé autour de 1/600 000 à 1/1 000 000 ; ce risque tend à
être réduit, par la détermination dans le produit du don, de l’ARN viral.
hémophiliques ] voire
Le risque donc de transmission par le sang ou ses dérivés est actuellement extrêmement faible. A l’opposé, la transmission
par le partage du matériel d’injection contaminé explique l’extension rapide chez les usagers de drogues par voie
intraveineuse qui partagent le matériel d’injection.
Il en est de même lors de soins médicaux réutilisant le même matériel.
Le personnel soignant peut être contaminé à l’occasion soins médicaux ; le risque est évalué à 1/250 piqûres, ce risque
dépendant de la charge contaminante, de la quantité de sang potentiellement transmis, de la profondeur de la contamination,
de l’interposition de gants ou de tissus.
2.2.3 Transmission maternofoetale
La transmission du virus de la mère à l’enfant se fait essentiellement dans la période terminale de la grossesse, voire
essentiellement au moment de l’accouchement. Ce risque est variable en fonction des conditions d’accouchement et en
fonction du traitement susceptible d’être administré à proximité de l’accouchement [ Précision : entre 3 mois et au moment même de
l’accouchement ] .
Ce risque initialement autour de 20 à 40 % a été réduit actuellement à moins de 3 % dans les pays développés bénéficiant
d’un traitement antirétroviral et d’une prise en charge de qualité.
La transmission dépend du statut immunovirologique de la mère.
L’allaitement maternel est contre-indiqué, lorsque cela est possible, puisqu’une contamination par le lait maternel est
formellement établie.
3 DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
3.1 Séroconversion
Entre 2 et 12 semaines après une exposition au risque VIH, on peut détecter des anticorps vis à vis du virus de
l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] .
3.2 Tests diagnostiques sérologiques
Le test de dépistage essentiel est le test Elisa, méthode immuno-enzymatique. Ce test utilise différents types
d’antigènes, correspondant au VIH 1 (Lien vers : http://www.cnrs.fr/cw/fr/pres/compress/ScienceDefense/Page15.html) et au VIH 2. La composition
antigénique de ces tests est, de façon permanente, réactualisée en fonction des nouvelles connaissances et de la dérive
génétique des virus.
Ces tests sont extrêmement sensibles mais peuvent manquer de spécificité ; c’est la raison pour laquelle un test de
confirmation doit être effectué par la méthode de Western blot.
Le Western blot dépiste en effet les anticorps produits contre chaque fraction antigénique du virus. Le Western blot est
considéré comme positif lorsqu’il existe au moins un anticorps dirigé contre la protéine interne du virus (p24), au moins un
anticorps dirigé contre une protéine d’enveloppe (gp 41, gp 110 ou gp 160).
Le diagnostic biologique d’infection à virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] doit être confirmé par un
deuxième prélèvement permettant de s’assurer de l’identité du patient et de la réalité de la contamination.
Compte tenu du délai entre la contamination et la production d’anticorps, deux techniques complémentaires peuvent être
utilisées :
d’une part la recherche d’antigène p24 par technique Elisa qui précède de quelques jours l’apparition des anticorps ; la
présence de cet antigène est retrouvé chez 50 à 70 % des personnes au stade de primo-infection. La recherche d’antigène
p24 est couplée, dans certains tests, avec la recherche des anticorps.
La quantification ou la recherche d’ARN viral par technique PCR est plus sensible lors des phases de primo-infection.
La quantité de virus [ Précision : ARN dépisté par une mesure d’ARN quantitatif ] présente un intérêt pronostique ; en effet, le taux de charge
virale est corrélé chez la majorité des individus avec la rapidité évolutive. Schématiquement, plus la charge virale est
élevée [ Précision : supérieure à 30 000 copies, plus la vitesse de chute des CD4 est importante, et inversement ] . Cette valeur pronostique est toutefois surtout
vraie à l’échelle collective et peut ne pas être vérifiée chez un individu particulier.
La mesure de l’ADN cellulaire proviral n’est pas encore de pratique courante mais peut être un marqueur prédictif plus
intéressant que l’ARN et n’est pratiquée que dans le cadre d’essais thérapeutiques ou d’études particulières.
Le séquençage du virus virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] consiste à déterminer la constitution
génétique du virus. On connaît en effet un certain nombre de mutations associées à la résistance. Ces tests génotypiques sont
utilisés en cas d’échec ou dans le cadre épidémiologique pour apprécier la sensibilité des virus récemment transmis aux
antirétroviraux.
Des tests phénotypiques qui explorent la sensibilité du virus aux médicaments antirétroviraux sont également en cours de
développement et ils sont, pour le moment, réservés à la recherche, compte tenu de leurs difficultés techniques et de leur
coût.
3.3 Suivi biologique
Le suivi biologique vient compléter l’interrogatoire et l’examen clinique.
Le bilan initial comportera :
·
·
·
·
·
·
·
de
·
·
outre la confirmation de la sérologie VIH par deux prélèvements, avec 2 Elisa et 1 Western blot,
un hémogramme [ Précision : recherche de thrombopénie ] ,
une numération des lymphocytes CD4 pour apprécier l’état immunitaire,
un bilan hépatique [ Précision : TGO, TGP, gamma GT ] ,
des sérologies des infections transmises par le sang ou par voie sexuelle : syphilis, hépatite B, hépatite C,
des sérologies des infections opportunistes les plus fréquentes : toxoplasmose, cytomegalovirus
une intradermoréaction à la tuberculine qui permet d’explorer l’exposition au risque tuberculeux et qui permet également
tester l’immunité cellulaire,
une radiographie du thorax,
une charge virale.
Par la suite, on réalisera tous les trois mois ou tous les six mois un contrôle de l’hémogramme, des lymphocytes T CD4, de la
charge virale, et des sérologies syphilis, hépatite B, hépatite C, toxoplasmose, cytomegalovirus en fonction du statut, du bilan
initial et du mode de vie.
La pente des lymphocytes CD4 est un élément important dans la décision thérapeutique, d’où l’intérêt d’un suivi régulier en
moyenne effectué au minimum 2 fois par an, chez les sujets non traités, en pratique tous les 3 mois.
4 ASPECTS CLINIQUES
La maladie virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] est une infection virale lentement évolutive. (Lien vers :
http://www.sante.gouv.fr/pdf/dossiers/sidahop/ch18.pdf)
Le délai moyen de survenue du SIDA maladie en l’absence de toute thérapeutique est de l’ordre de 7 à 10 ans, avec des
évolutions accélérées [ Précision : progresseurs rapides ] et des évolutions lentes [ Précision : non progresseurs ] .
4.1 Primo-infection
La primo-infection n’est symptomatique que dans 30 à 70 % des cas. Elle survient, le plus souvent, entre 15 et 30 jours après
la contamination.
Sa durée et l’importance des symptômes conditionnent le diagnostic.
Les
·
·
·
·
·
·
symptômes les plus fréquents sont :
fièvre,
courbatures,
fatigue,
adénopathies disséminées,
éruption cutanée de type morbiliforme,
angine avec dysphagie pouvant simuler une MNI.
Des manifestations neurologiques peuvent être également décrites :
·
syndrome méningé,
·
méningite,
·
encéphalite,
·
paralysie faciale,
·
méningoradiculite.
Dans tous les cas, les manifestations de cette primo-infection qui durent entre quelques jours et quelques semaines, vont
disparaître et guérir.
Au
·
·
·
plan biologique, on observe :
une leucopénie, avec syndrome mononucléosique,
une tendance à la thrombopénie.
des altérations du bilan hépatique sont également détectées dans 50 % des cas environ.
Les tests sérologiques sont de plus en plus précocément positifs. En cas d’orientation clinique, la recherche de l’antigène p24
ou de l’ARN viral peut permettre de confirmer le diagnostic clinique avant l’apparition des anticorps.
Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de consensus sur les modalités thérapeutiques de cette primo-infection. Toutefois, les
formes sévères et prolongées seront traitées par des antirétroviraux ; dans les autres cas, le patient peut être inclus dans un
essai théapeutique.
4.2 Phase asymptomatique
Dans les suites de la primo-infection symptomatique ou non, s’installe une phase cliniquement latente d’infection chronique au
décours de laquelle l’infection à virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] se poursuit à un rythme variable en
fonction des individus.
Au plan clinique, l’individu peut être parfaitement asymptomatique avec un examen clinique qui peut être normal. Toutefois,
chez la majorité des patients, il existe des adénopathies généralisées, notamment au niveau des régions cervicales et
axillaires. La biopsie de ces adénopathies montre une hyperplasie folliculaire, non spécifique. Progressivement, en l’absence de
toute thérapeutique, ces ganglions vont diminuer, cette diminution étant parallèle à la déplétion lymphocytaire.
4.3 Formes mineures de l’infection à VIH
Les manifestations enregistrées au décours de cette période sont le reflet d’une altération du système immunitaire, le patient
devient symptomatique. Les manifestations les plus fréquentes sont :
4.3.1 Infections cutanées ou muqueuses non spécifiques
-
Dermite séborrhéique, touchant préférentiellement la face, le cuir chevelu
Candidose linguale, orale, génitale ou péri-anale
Prurigo ou prurit en relation avec une peau sèche [ Précision : xerodermie ]
Folliculite
Zona dont la fréquence peut atteindre 30 % des cas, zona volontiers multimétamérique,
Proliférations de verrues, condylomes, Molluscum contagiosum.
Au niveau de la langue, on peut observer une leucoplasie chevelue, qui touche les bords latéraux et qui doit être différenciée
d’une candidose.
4.3.2 Symptômes constitutionnels
-
Sueurs nocturnes,
Fièvre modérée mais persistante,
Altération de l’état général avec amaigrissement.
Ils amènent le patient à consulter, peuvent faire découvrir une infection à VIH, peuvent faire découvrir une étiologie
infectieuse : tuberculose, infection opportuniste ou autre..
A ce stade, on peut également observer les atteintes hématologiques notamment de thrombopénie dont le mécanisme est
double (central et périphérique) ; cette thrombopénie est sensible aux antirétroviraux.
Plus rarement on peut rencontrer des neuropathies périphériques.
Sur le plan gynécologique, salpingite, dysplasie du col modérée ou grave ou carcinome in situ sont également rencontrés au
décours de cette phase.
Ces manifestations sont classées en stade B dans la classification de la maladie définie en 1993 reproduite dans le tableau cijoint.
Catégories cliniques selon les nouvelles classifications et définitions du sida, 1993
Stade A
Un ou plusieurs des critères listés ci-dessous chez un adulte ou un adolescent infecté par le VIH, s’il n’existe aucun des
critères des catégories B et C :
·
Infection VIH asymptomatique
·
Lymphadénopathie généralisée persistante
·
Primo-infection symptomatique.
Stade B [ Précision : Cette catégorie est hiérarchique, c’est-à-dire qu’un sujet classé dans la catégorie B ne peut passer dans la catégorie A lorsque les signes cliniques ont
disparu ]
Manifestations cliniques chez un adulte ou un adolescent infecté par le VIH ne faisant pas partie de la catégorie C et
qui répondent au moins à l’une des conditions suivantes :
·
Elles sont liées au VIH ou indicatives d’un déficit immunitaire
·
Elles ont une évolution cliniques ou une prise en charge thérapeutique compliquée par l’infection VIH.
Les pathologies suivantes font partie de la catégorie B, la liste n’est pas limitative :
·
Angiomatose bacillaire,
·
Candidose oro-pharyngée
·
Candidose vaginale, persistante, fréquente ou qui répond mal au traitement,
·
Dysplasie du col (modérée ou grave), carcinome in situ
·
Syndrome constitutionnel : fièvre (³ 38,5°C) ou diarrhée supérieure à un mois
·
Leucoplasie chevelue de la langue
·
Zona récurrent ou envahissant plus d’un dermatome
·
Purpura thrombocytopénique idiopathique
·
Salpingite, en particulier lors de complications par des abcès tubo-ovariens
·
Neuropathie périphérique.
Stade C
Cette catégorie correspond à la définition du sida chez l’adulte. Lorsqu’un sujet a présenté une des pathologies de
cette liste, il est classé définitivement dans la catégorie C :
·
Candidose bronchique, trachéale ou pulmonaire
·
Candidose de l’œsophage
·
Cancer invasif du col [ Précision : Nouvelles pathologies ajoutées en 1993 ]
·
Coccidioïdomycose, disséminée ou extrapulmonaire
·
Cryptococcose extrapulmonaire
·
Cryptosporidiose intestinale supérieure à un mois
·
Infection à CMV [ Précision : autre que foie, rate ou ganglions ]
·
Rétinite à CMV [ Précision : avec altération de la vision ]
·
Encéphalopathie due au VIH
·
Infection herpétique, ulcères chroniques supérieurs à un mois ou bronchique, pulmonaire, ou oesophagienne
·
Histoplasmose disséminée ou extrapulmonaire
·
Isosporidiose intestinale chronique [ Précision : supérieure à 1 mois ]
·
Sarcome de Kaposi
·
Lymphome de Burkitt
·
Lymphome immunoblastique
·
Lymphome cérébral primitif
·
Infection à Mycobacterium avium ou kansasii, disséminée ou extrapulmonaire
·
Infection à Mycobacterium tuberculosis, quel que soit le site [ Précision : pulmonaire ** ou extrapulmonaire ]
·
Infection à mycobactérie, identifiée ou non, disséminée ou extrapulmonaire
·
Pneumopathie bactérienne récurrente
·
Leuco-encéphalopathie multifocale progressive
·
Septicémie à Salmonella non typhi récurrente
·
Toxoplasmose cérébrale
·
Syndrome cachectique dû au VIH.
Révision 1993 du système de classification de l’infection VIH pour les adultes et les adolescents
4.4 SIDA
En l’absence de traitement antirétroviral ou si ce traitement est inefficace, de façon brutale ou progressivement après avoir
présenté des symptômes dits mineurs [ Précision : catégorie B ] , le patient infecté par le VIH développe une pathologie
caractéristique de l’immunodépression et définissant le sida maladie.
Les pathologies opportunistes définissant le sida sont définies dans la catégorie C de la classification. De façon générale, les
patients présentant un sida maladie ont un taux de CD4 inférieur à 200 ; c’est d’ailleurs ce taux qui définit le passage dans le
stade sida aux Etats-Unis.
Les manifestations cliniques du sida peuvent être classées selon :
·
-
L’organe touché :
poumons,
système nerveux central,
tube digestif,
peau,
système hématopoïétique
néoplasie sexuellement transmissible.
·
-
Le type d’agent opportuniste :
Virus : herpès, CMV, Papovavirus JC.
Bactéries : pyogène, BK, mycobactérie.
Champignon : Candida, cryptocoque, histoplasme, coccidie,
Parasites : Pneumocystis, toxoplasme, cryptosporidie, Isospora, microsporidie.
4.4.1 Les manifestations respiratoires
Celles-ci sont les plus fréquentes, notamment en l’absence de traitement antirétroviral. Il peut s’agir de :
4.4.1.1 Une pneumopathie bactérienne
Une pneumopathie bactérienne récurrente, à pneumocoque ou à Haemophilus influenzae.
La présentation clinique est habituelle plutôt plus sévère, avec bactériémie et extension rapide.
La prise en charge est celle des pneumopathies habituelles, la répétition ou la gravité de ces pneumopathies doit faire
rechercher un état d’immunodépression.
4.4.1.2 La pneumocystose
La pneumocystose est de loin la maladie la plus fréquente et la plus caractéristique de l’immunodépression du virus de
l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] .
Elle se manifeste de façon le plus souvent progressive par une toux sèche, des sueurs nocturnes, une fièvre qui
s’accompagnent rapidement d’une dyspnée croissante. Le cliché thoracique effectué met en évidence une pneumopathie
interstitielle ou alvéolo-interstitielle diffuse, à prédominance péri-hilaire.
Au plan biologique, absence d’hyperleucocytose, absence de syndrome inflammatoire dans la majorité des cas, augmentation
des LDH.
Le diagnostic repose sur la mise en évidence du Pneumocystis carinii dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire ou dans
l’expectoration induite.
En l’absence de traitement, la pneumocystose évolue vers l’asphyxie par aggravation du syndrome interstitiel et poumon blanc
bilatéral.
Le traitement de première intention repose sur le Bactrim par voie intra-veineuse à la dose de 12 ampoules/jour,
éventuellement associé à une corticothérapie si la PO2 est inférieur à 50 mm de mercure.
Des allergies cutanées sont fréquentes au décours des 10 premiers jours et nécessitent des traitements alternatifs par
atovaquone [ Précision : 750 mg x 3/jour per os ] ou pentamidine [ Précision : 2 à 3 mg/kg/jour par voie parentérale ] ou dans les formes modérées en
aérosol quotidien [ Précision : 300 mg/jour ] .
Un traitement d’entretien est indispensable pour prévenir les rechutes qui sont rencontrées tant que persiste
l’immunodépression. Il repose sur le Bactrim à la dose de 1 comprimé/jour, également actif contre la toxoplasmose.
4.4.1.3 La tuberculose pulmonaire
La tuberculose est beaucoup plus fréquente chez le sujet séropositif que chez le sujet normal.
Toutes les formes de tuberculose peuvent être rencontrées : infiltrat, miliaire, plus rarement caverne, pleurésie ; des atteintes
extrapulmonaires ou ganglionnaires sont également possibles.
L’aspect radiologique parfois évocateur, parfois atypique et la recherche de BK dans l’expectoration permettent de porter un
diagnostic et de procéder aux mesures d’isolement indispensables.
Le traitement est habituel, reposant sur une quadri ou une trithérapie antituberculeuse.
Les interactions médicamenteuses avec la trithérapie [ Précision : inhibiteurs de protéase ] peuvent justifier des adaptations.
4.4.1.4 D’autres pathologies peuvent être éventuellement décrites
Cryptococcose pulmonaire dans le cadre d’une cryptococcose disséminée,
Histoplasmose en région d’endémie [ Précision : Etats-Unis, Amérique du Sud ]
Aspergillose lorsqu’une neutropénie est associée,
Toxoplasmose prenant volontiers l’aspect radiologique d’une pneumocystose et dont le diagnostic est effectué par le
lavage broncho-alvéolaire,
Atteinte pulmonaire de la maladie de Kaposi.
4.4.2 Les manifestations neurologiques
Elles sont essentiellement centrales et se manifestent par des signes classiques associant, à des degrés divers :
-
Un déficit moteur,
Des troubles de la vigilance
Et des symptômes irritatifs à type de comitialité.
Plus rarement, on observera une atteinte médullaire se manifestant par une parésie ou une paraplégie.
4.4.2.1 La toxoplasmose cérébrale
La toxoplasmose cérébrale est l’infection la plus fréquente. Elle est prévenue par la prise d’une prophylaxie par Bactrim®
lorsque le taux de CD4 est inférieure à 200.
En l’absence de prophylaxie ou de traitement antirétroviral, le patient va développer dans un contexte de céphalées
progressivement aggravées des troubles du comportement, une crise comitiale ou un déficit moteur.
Le diagnostic suspecté sur la clinique, notamment si la séropositivité est connue, sera à confirmer par l’examen
tomodensitométrique qui permet de mettre en évidence, dans la majorité des cas, une ou plusieurs images d’abcès cérébral
avec une image en cocarde, avec un halo hypodense d’œdème.
L’aspect radiologique suffisamment évocateur justifie la mise en oeuvre d’un traitement d’épreuve qui entraîne une
amélioration clinique, décelable en quelques jours [ Précision : 4 à 7 jours ] , sous couvert d’une brève corticothérapie initiale, si le
tableau est sévère.
En l’absence d’amélioration, une biopsie cérébrale peut être discutée pour redresser le diagnostic : autre abcès à pyogène,
lymphome.
Le traitement repose sur l’association Adiazine [ Précision : 4 à 6 grammes/jour ] ® , Malocide [ Précision : 50 mg/jour ] ® ; le Malocide® doit
être systématiquement associé à de l’acide folinique à la dose de 25 mg/jour pour palier les effets toxiques [ Précision : effet
hématotoxique ] du
traitement.
En cas d’allergie ou d’intolérance, l’Adiazine® sera remplacée par de la Dalacine [ Précision : clindamycine, à la dose de 40 mg/kg ] ® soit
pour un adulte moyen 2.4 grammes. Le Bactrim® à forte dose est également efficace.
4.4.2.2 Leuco-encéphalopthie multifocale progressive (LEMP)
La LEMP est caractérisée par l’apparition progressive de troubles neurologiques très divers : déficit moteur, troubles du
comportement, cécité corticale, syndrome cérébelleux.
Les céphalées sont souvent absentes ; l’examen tomodensitométrique peut être normal ou mettre en évidence une
hypodensité sans effet de masse ou d’œdème. C’est l’IRM qui est l’examen le plus intéressant pour cette affection, qui montre
des lésions d’hyposignal dans la substance blanche.
La présence de virus JC [ Précision : Papovavirus JC ] dans le LCR est un élément important du diagnostic ; en cas de doute, une
biopsie cérébrale pourra être effectuée.
Il n’existe aucun traitement actuel de la leuco-encéphalite multifocale progressive en dehors du traitement de
l’immunodépression.
4.4.2.3 La cryptococcose
La dissémination méningée du cryptocoque est peu fréquente en France, beaucoup plus fréquente dans les pays tropicaux [
Précision : 20 % en Afrique ] .
La symptomatologie associe à des degrés divers une fièvre et des céphalées progressivement croissantes.
La normalité habituelle de l’examen tomodenstiométrique crânien autorise une ponction lombaire qui permet de mettre en
évidence le cryptocoque à l’examen direct ou l’antigène cryptococcique [ Précision : cryptotest ] .
La culture permet de déterminer la sensibilité.
Le traitement repose sur l’administration d’amphotéricine B éventuellement associée à de la 5 fluorocytosine. Après 2 à 4
semaines de traitement parentéral toxique [ Précision : néphrotoxicité de l’amphotéricine, surveillée ] un relais oral est entrepris par
fluconazole ou Triflucan [ Précision : 400 mg/jour ] ®.
4.4.2.4 Le lymphome cérébral
Le diagnostic de lymphome cérébral est évoqué sur une symptomatologie clinique et radiologique proche de celle de la
toxoplasmose. L’absence d’amélioration sous traitement conduit à remettre en cause le diagnostic et à effectuer une biopsie
cérébrale.
La radiothérapie et le traitement de l’immunodépression peuvent amener une stabilisation voire une guérison de ce type de
pathologie.
4.4.2.5 Le CMV : Encéphalite, ventriculite, myéloradiculite
Le diagnostic repose sur la mise en évidence du Cytomegalovirus dans le sang ou dans le liquide céphalo-rachidien.
4.4.2.6 L’encéphalopathie VIH
En l’absence de traitement antirétroviral, on peut observer au décours de la maladie VIH une altération progressive des
capacités intellectuelles des patients, en rapport avec une atteinte spécifique du VIH, responsable d’un syndrome démentiel
progressif par une atteinte sous-corticale.
L’examen tomodensitométrique permet de mettre en évidence une dilatation ventriculaire avec une atrophie cortico-souscorticale.
Une amélioration spectaculaire peut être habituellement observée sous traitement spécifique.
4.4.3 Les manifestations digestives
4.4.3.1 La diarrhée
Représente le symptôme principal rencontré au décours du sida.
Cette diarrhée a pour corollaires une altération de l’état général et une fatigue conséquentes.
Les causes de cette diarrhée sont multiples :
-
il peut s’agir de bactéries habituelles type salmonelle, mises en évidence par la coproculture, associées à une fièvre.
Il peut s’agir d’amibes,
mais le plus souvent, il s’agit de protozoaires inhabituels : cryptosporidie, microsporidie, Isospora.
Ces parasites sont responsables d’une diarrhée très importante, liquide, sans colique.
Le diagnostic est effectué par l’examen parasitologique des selles, orienté compte tenu des techniques particulières pour la
mise en évidence de ces différents parasites.
Les traitements spécifiques sont peu efficaces : albendazole pour la microsporidiose, le Bactrim® est actif sur Isospora belli et
rend compte de sa faible fréquence en France.
Les manifestations digestives cèdent le plus souvent lors de la reconstitution immune.
Outre parasites et virus, le Cytomegalovirus est responsable d’une atteinte digestive se traduisant par une diarrhée et des
douleurs abdominales à type de coliques.
La coloscopie et les biopsies permettent de mettre en évidence des lésions caractéristiques et de mettre en évidence le virus.
4.4.3.2 La dysphagie
D’apparition progressive est le plus souvent en rapport avec une candidose oesophagienne.
Dans ce cas, un traitement de 2 à 3 jours de flucocanozole [ Précision : 200 mg/jour ] entraîne une résolution des symptômes.
-
Une atteinte par du CMV est moins fréquente : ulcérations vues à l’endoscopie, histologie caractéristique
Plus rarement des ulcérations aphtoïdes non spécifiques sont rencontrées.
4.4.3.3 Douleurs abdominales
Des douleurs abdominales sont fréquentes, liées aux troubles digestifs [ Précision : diarrhée ] .
4.4.4 Les atteintes cutanées
4.4.4.1 Infection herpétique chronique
Une infection herpétique chronique, supérieure à 1 mois, est un indicateur de sida.
Cet herpès peut être cutanéo-muqueux ; il peut résister au traitement anti-herpétique habituel.
4.4.4.2 Cryptococcose
On peut observer également des manifestations cutanées se traduisant par des ulcérations ou des papules.
4.4.4.3 Maladie de Kaposi
La maladie de Kaposi, liée au virus HHV8 débute souvent pas des lésions cutanées, violacées, indurées, extensives, qui
devront faire rechercher des localisations viscérales, digestives, respiratoires ou autres…
4.4.5 Les atteintes oculaires
L’apparition de troubles visuels chez un patient séropositif doit faire redouter une infection opportuniste à ce niveau.
Un trouble au niveau du champ visuel doit faire rechercher une choriorétinite à CMV, imposant un traitement urgent, pour
éviter une extension et des lésions définitives au niveau de la rétine.
Comme pour les autres localisations, le CMV sera traité par le Cymevan [ Précision : myélotoxique ] ®, ou par le Foscavir [ Précision :
néphrotoxique ] ®.
Les localisations toxoplasmiques au niveau de la rétine ou au niveau de la chambre antérieure peuvent également être
recontrées chez un patient sans prophylaxie.
Enfin, une nécrose rétinienne aiguë peut être observée au décours d’une infection herpétique ou d’un zona.
4.4.6 Affections du système hématopoïétique
Des lymphomes malins hodgkiniens ou surtout non hodgkiniens peuvent être rencontrés au décours de la maladie virus de
l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] , ils semblent plus fréquents avec la prolongation de la survie.
Les manifestations sont habituelles : altération de l’état général, fièvre, et surtout adénopathies qui permettent d’effectuer
une biopsie et d’obtenir un diagnostic susceptible d’orienter le traitement.
Depuis les traitements antirétroviraux, le pronostic de ces affections qui restent graves s’est considérablement amélioré et
rejoint le pronostic du sujet non séropositif.
4.4.7 Néoplasies sexuellement transmissibles
La femme séropositive doit être soumise à une surveillance gynécologique bi-annuelle à la recherche de dysplasie du col, ou
de cancer du col invasif.
De même, chez le patient homosexuel, on s’attachera à la symptomatologie rectale pour dépister condylomes pouvant évoluer
vers une néoplasie du canal anal.
4.4.8 Infections à Mycobactéries atypiques
Une altération de l’état général avec amaigrissement, une fièvre prolongée, une diarrhée doivent faire évoquer une infection à
mycobactérie atypique notamment si le taux de CD4 est inférieur à 50.
Contrairement aux mycobactéries tuberculeuses, les infections à mycobactéries atypiques ont souvent une porte d’entrée
digestive et se manifestent sous la forme d’une bactériémie chronique.
Les hémocultures sur milieux spéciaux, les biopsies de moëlle ou de foie permettent de faire le diagnostic. Le plus souvent, il
s’agit d’une mycobactérie du complexe aviaire [ Abréviation : MAC ] .
Le traitement repose sur la clarythromycine associée à la rifabutine, l’éthambutol et éventuellement aux aminosides.
5 TRAITEMENT DE L’INFECTION A VIH
Le traitement de l’infection au virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] comporte 3 volets :
-
le traitement spécifique anti-VIH
la prévention des infections opportunistes primaires ou secondaires
le traitement curatif des infections opportunistes.
5.1 Le traitement antirétroviral
Les modalités de traitement antirétroviral sont changeantes et sont définies tous les ans ou tous les deux ans par un groupe
d’experts. Le dernier rapport a été publié en 2000 sous la direction du Professeur Jean François Delfraissy. Les
recommandations actuelles sont les suivantes :
lorsque le patient est symptomatique et lorsque ces symptômes peuvent être en rapport avec l’infection par le VIH,
un traitement est recommandé.
chez les personnes dont le taux de lymphocytes CD4 est inférieur à 350, l’instauration d’un traitement est
recommandée.
chez les patients ayant un nombre de CD4 compris entre 350 et 500, l’indication du traitement dépendra de
l’aspect évolutif de l’infection mesurée sur la pente des CD4 et la charge virale plasmatique. Une surveillance trimestrielle est
recommandée.
chez les sujets ayant un nombre de CD4 supérieurs à 500,
si la charge virale plasmatique est stable et inférieure à 50 000 copies, le traitement antirétroviral n’est pas justifié et une
surveillance tous les 3 mois est nécessaire.
Chez les personnes ayant un nombre de lymphocytes CD4 supérieurs 500 CD4 et une charge virale élevée [ Précision : supérieure à
50 000 copies ] , le traitement peut être indiqué.
Ces indications techniques ne doivent pas faire oublier la contrainte que représente le traitement antirétroviral et la
nécessaire adhésion du patient à son traitement.
En effet, un traitement mal suivi, irrégulier, est à l’origine de mauvais résultats thérapeutiques caractérisés par une
progression, sous traitement, de la charge virale, une chute des CD4 et l’apparition de résistances au niveau des virus
hébergés par le patient.
Outre les indications thérapeutiques définies, il conviendra de préparer le patient et de s’assurer qu’il est en mesure de suivre
correctement le traitement antirétroviral.
Le traitement antirétroviral repose à l’heure actuelle sur une trithérapie associant généralement :
·
2 inhibiteurs nucléosidiques :
AZT – ddI
AZT – 3TC
d4T – ddI
d4T – 3TC.
·
1 inhibiteur non nucléosidique
·
1 inhibiteur de protéase seul :
Indinavir
Nelfinavir
Saquinvavir
Ritonavir
Amprénavir.
·
ou association avec Ritonavir.
·
enfin l’association de 3 nucléosidiques : AZT – 3TC, Abacavir est éventuellement possible.
5.1.1 Evolution sous traitement, sous surveillance
-
Sous traitement, la charge virale doit chuter franchement au moins d’un facteur 103 après un mois de traitement.
-
Elle doit également devenir inférieure au seuil de détection de la charge virale après 3 mois.
Une charge virale inférieure au seuil [ Précision : indétectable ] est associée à un traitement efficace de façon indéfinie, tant
que le traitement est suivi.
-
D’une façon générale, la chute de la charge virale s’accompagne d’une remontée significative des CD4.
Les mauvais résultats sont, le plus souvent, dûs à :
des erreurs de prise,
des oublis de prise,
plus globalement une mauvaise observance du traitement.
-
Un traitement insuffisant sélectionne des virus résistants qui deviendront plus difficiles à traiter.
En effet, il existe une résistance croisée de classes et même s’il existe in vitro des différences de sensibilité, le sucès d’un
traitement de 2ème intention est moindre que le succès d’un traitement de 1ère intention bien suivi. D’où une fois de plus,
l’importance de l’observance et de l’éducation thérapeutique du patient.
Une fois instauré et bien suivi, le traitement doit être surveillé quant à son efficacité [ Précision : CD4 et charge virale ] et quant à sa
toxicité éventuelle clinique et biologique [ Précision : environ tous les 3 mois ] .
5.1.2 Effets secondaires
Des effets secondaires immédiats sont en effet souvent rencontrés. Certains troubles sont transitoires et cèdent sous
traitement :
- céphalées, douleurs abdominales,
- diarrhée,
- sensation de fatigue
D’autres troubles vont persister tout au long du traitement :
- diarrhée,
- douleurs abdominales
- nausées.
Des allergies cutanées peuvent se rencontrer essentiellement avec les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase
inverse (Viramune® surtout, Sustiva®) mais tous les médicaments inclus dans la trithérapie sont susceptibles d’entraîner des
réactions allergiques.
Secondairement , après plusieurs semaines ou plusieurs mois, peuvent apparaître des effets secondaires gênants,
susceptibles d’entraîner une modification ou une interruption du traitement ; il peut s’agir :
-
d’anémie sous AZT, sévère
de neuropathie périphérique avec douleurs musculaires sous Hivid® (ddC), Zérit® (d4T), ddI (Videx®),
douleurs abdominales avec pancréatite (Videx®, Zérit®, Hivid®),
des anomalies biologiques :
hyperglycémie et tendance au diabète,
hyperlipidémie
5.1.2.1 Acidose lactique
L’acidose lactique va se manifester par une asthénie, des douleurs abdominales, un amaigrissement et, au plan biologique par
une acidose métabolique. Cette acidose lactique est liée à une probable toxicité mitochondriale des inhibiteurs nucléosidiques,
et peut être extrêmement grave. Elle nécessite l’interruption au moins transitoire du traitement antirétroviral et une prise en
charge spécialisée.
5.1.2.2 Lipodystrophie
La lipodystrophie apparaît chez les patients virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] traités depuis 3 mois à 3
ans.
Elle se caractérise par des anomalies de répartition du tissu adipeux. Elle associe à des degrés divers :
une lipoatrophie qui existe au niveau du visage [ Précision : boules de Bichat, fosse temporale ] , au niveau des membres inférieurs [
Précision : fesses, cuisses ] , des membres supérieurs
une hypertrophie se manifestant par une augmentation du volume abdominal par augmentation de la graisse intraabdominale, par apposition graisseuse au niveau du cou [ Précision : Buffalo-neck ] .
Ces lipodystrophies sont souvent associées, mais pas toujours, à des troubles métaboliques.
Leur origine précise n’est pas connue. Il semble malgré tout que les inhibiteurs nucléosidiques type Zérit® partcipent aux
phémonènes atrophiques et que les inhibiteurs de protéase pourraient participer aux phénomènes hypertrophiques. Toutefois,
à ce jour, le responsabilité précise d’aucun agent n’a pu être mise en évidence ; tous les médicaments antirétroviraux sont
susceptibles d’entraîner ces manifestations gênantes sur le plan social.
5.1.2.3 Gynécomastie
Une gynécomastie peut être également dépistée notamment chez les patients sous Sustiva®.
Tous ces effets secondaires sont donc susceptibles d’entraîner des difficultés d’observance ; en fonction des effets
secondaires, des substitutions médicamenteuses sont éventuellement possibles [ Précision : substitution de classe ] .
Pour réduire la toxicité à terme des traitements et les effets secondaires, des essais de traitements intermittents sont
actuellement programmés.
Le traitement antirétroviral est donc un traitement de longue haleine ; les effets bénéfiques sont indiscutables et se
manifestent par la réduction drastique de la mortalité depuis la mise en route de la trithérapie. Par contre, avec le temps,
apparaissent des manifestations de toxicité, certaines sont mineures ; d’autres [ Précision : acidose lactique ] peuvent être graves et
entraîner la mort, d’autres enfin sont invalidantes sur le plan social [ Précision : lipodystrophies ] .
5.1.3 Stimulations immunes
Dans certaines situations, l’efficacité antirétrovirale est spectaculaire : le malade présente une charge virale indétectable, mais
l’augmentation des CD4 ne se produit pas.
Dans ce contexte, un traitement par Interleukine 2 sous-cutané, matin et soir pendant 5 jours, toutes les 5 semaines peut
être prescrit (Macrolin®). Ce traitement est responsable d’effets secondaires :
fièvre,
douleurs abdominales, etc..
et est souvent initié en milieu hospitalier.
A terme, d’autres thérapeutiques à visée immunitaire seront probablement associées au traitement antirétroviral :
vaccins curatifs, stimulant l’immunité et permettant de réduire l’impact de la toxicité des antirétroviraux.
5.2 Prophylaxie des infections opportunistes
5.2.1 Prophylaxie primaire
Cette prophylaxie des infections opportunistes doit être réalisée lorsque le taux de CD4 est inférieur à 200 ou le
pourcentage inférieur à 15 %. On prescrit alors du Bactrim® à la dose de 1 comprimé de Bactrim simple® par jour ou 1
comprimé de Bactrim Forte® 3 fois par semaine.
En cas d’allergie ou d’intolérance, plusieurs alternatives sont possibles :
- aérosol de Pentacarinat®
- Disulone®
Dans ces deux dernières situations, la prophylaxie de la toxoplasmose que réalise le Bactrim® à côté de celle de la
pneumocystose, n’est pas prise en compte et on doit associer du Malocide® à la dose de 25 mg, 3 fois par semaine, et de la
Lederfoline [ Précision : acide folinique ] ®.
Lorsque les CD4 sont inférieurs à 50, en raison du risque d’infection à mycobactéries atypiques, un traitement par
azithromcycine (Azadose®) : 1200 mg une fois par semaine est prescrit.
Il n’y a pas lieu d’envisager de prophylaxie primaire de la cryptococcose, de la candidose ou du cytomegalovirus compte-tenu
soit de la rareté, soit de la toxicité éventuelle et du coût cumulé des médicaments.
5.2.2 Prophylaxie secondaire
Après la guérison clinico-biologique d’une affection opportuniste, cette prophylaxie secondaire sera poursuivie 3 à 6 mois
après la restauration immune induite par le traitement antirétroviral si celle-ci est obtenue.
On considère en effet que lorsque le taux de CD4 a dépassé 200/mm3 depuis plus de trois mois, l’état immunitaire du patient
est suffisant pour pouvoir interrompre la prophylaxie secondaire des infections opportunistes.
Cette prophylaxie secondaire est réalisée par
Bactrim® à la dose de 1 comprimé par jour pour Pneumocystis carinii
Pour la toxoplasmose et pour le cytomegalovirus, traitement d’attaque à demi-dose.
Pour les infections à mycobactéries, le traitement est poursuivi à dose normale, compte-tenu des risques de résistance,
ainsi que la cryptococcose.
Le traitement est, bien sûr, arrêté lorsque la restauration immune est obtenue.
5.3 Traitement curatif des infections opportunistes
5.4 Cas particuliers
5.4.1 Traitement post-exposition
Lorsqu’il existe un risque de contamination, très probable ou certaine [ Précision : contamination par voie sexuelle ou sanguine ] , il est
possible de prescrire le plus tôt possible, après cette exposition au risque, au plus tard dans les 48 heures, un traitement postexposition.
Ce traitement est, en général, une bi ou une trithérapie. Il est prescrit en urgence dans les services d’urgence ou dans les
services spécialisés. Un avis « d’expert » est secondairement obtenu dans les 48 heures, qui permet de confirmer l’indication
du traitement et qui organise le suivi : contrôle clinico-biologique à J15, J30, J45, J60, J90.
La prescription de cette thérapeutique est susceptible de réduire de façon significative semble-t-il l’incidence des
contaminations.
Sa prescription et son indication sont toujours délicates, car toutes les données ne sont pas toujours disponibles, le statut du
patient source n’est pas toujours connu et la situation émotionnelle du patient est souvent difficile à gérer.
5.4.2 Restauration immune
Chez un patient séropositif évolué avec des CD4 inférieurs à 200, voire à 300, la mise en route d’un traitement antirétroviral
puissant peut entraîner une restauration immunitaire puissante et rapide. A l’occasion de cette restauration immunitaire se
traduisant par une augmentation conséquente des CD4, on peut observer une flambée d’infection opportuniste [ Précision :
cryptococcose, mycobactériose, maladie de Kaposi, etc… ] d’où l’intérêt de la surveillance rapprochée lors de la mise en route d’un traitement
pour dépister et traiter une infection opportuniste et prescrire chez les patients les plus immunodéprimés une prophylaxie
primaire.
5.4.3 Infections associées
Le bon contrôle habituel de l’infection à VIH rend indispensable la prise en charge des infections associées, notamment de
l’hépatite C, susceptibles d’entraîner le décès du patient avant la maladie VIH.
Un traitement associant le traitement antirétroviral [ Précision : trithérapie ] et une bithérapie (Interféron® - Ribavirine®) majore
la toxicité du traitement et les manifestations d’intolérance mais peut permettre la guérison de l’hépatite C .
Un statut immunologique satisfaisant est un facteur de succès d’un traitement par Interféron® - Ribavirine®.
Il en est de même pour l’hépatite B.
5.4.4 Interférences médicamenteuses
Les risques d’interférence médicamenteuse de surdosage ou de sous-dosage sont importants chez les patients sous
trithérapie, notamment si la trithérapie comporte un inhibiteur de protéase, qui bloque ou modifie le métabolisme du
cytochrome p450.
Certains médicaments sont particulièrement à surveiller :
psychotropes,
rifampicine,
traitements antituberculeux
clarythromycine
antifungiques.
6 CONCLUSION
En conclusion, l’infection au virus de l’immunodéficience humaine [ Abréviation : VIH ] a bénéficié de considérables progrès [
Précision : instauration de la trithérapie ] depuis 1996. Ces progrès se poursuivent par des traitements plus simples, plus faciles à suivre.
Il s’agit de toute façon d’un traitement fastidieux avec des difficultés quant à l’observance, la mauvaise observance étant
responsable de phénomènes de résistance et d’échappement.
De même, la longueur du traitement et la toxicité cumulée des médicaments sont responsables de :
manifestations de toxicité gênantes [ Précision : lipodystrophie ] ,
inquiétantes à terme [ Précision : toxicité mitochondriale ] ,
ou complications métaboliques [ Précision : diabète, hyperlipidémie ] responsables de complications cardiovasculaires.
d’où l’importance d’un suivi régulier de l’efficacité thérapeutique et des complications éventuelles.
On peut raisonnablement espérer que, dans les années qui viennent, des traitements à visée immunologique, essentiellement
des vaccins, rendront l’accès aux traitements beaucoup plus facile et réduiront la toxicité.
En dépit des efforts des Associations Humanitaires, près de 90 % des patients contaminés dans le monde n’ont pas accès aux
traitements. Le prix moyen d’une trithérapie est de l’ordre de 1000 euros. L’inégalité d’accès au traitement, si elle n’existe pas
en France où le traitement est remboursé à 100 % quelle que soit la couverture sociale de l’individu, n’est pas acceptable pour
la majorité des autres pays.
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