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un documentaire sur al jazeera revient sur les circonstances du tournage du film “Errissala”
Mustapha El Akkad a été tué alors qu’il préparait
un grand film sur Saladin
Le film revient pour la première fois sur le parcours du réalisateur arabe qui a osé faire un film sur l’islam,
Errissala (le message), détrônant au passage l’épique les Dix Commandements.
Qui est derrière l’assassinat de Mustapha Akkad ? La question est restée sans réponse à l’issue de la vision du
documentaire Errissala (le message), diffusé au début de l’année 2008 sur la chaîne documentaire Al Jazeera.
Ce documentaire de 70 mn de très grande qualité a été réalisé par Mohamed Belhadj, un réalisateur marocain,
qui est en même temps directeur de la production à Al Jazeera documentaire.
Ce dernier revient pour la première fois sur le parcours du réalisateur arabe qui a osé faire un film sur l’islam
(Errissala), détrônant au passage l’épique les Dix Commandements.
Le réalisateur, qui traverse toute la vie de ce réalisateur inclassable à travers les interviews de ses proches, a
préféré garder le cachet documentaire de mémoire et n’a pas voulu aborder les circonstances douteuses de la
mort de Mustapha Akkad et de sa fille dans les attentats d’Amman pendant qu’ils assistaient à une célébration
de mariage au Radisson SAS. Sa fille, Rima Akkad, 34 ans, est morte sur le coup, alors que Mustapha El Akkad,
qui a été touché au cou, a succombé à ses blessures dans un hôpital d’Amman.
L’auteur du film sur l’épopée de l’islam est mort avant d'achever le tournage de l'une des gigantesques œuvres
cinématographiques sur les croisades de Saladin. Un ultime film qui relancerait l’image de l’islam dans le
monde, d’où la question : pourquoi a-t-on visé un symbole de la réussite arabe en Occident ?
À travers un style éloquent, un traitement soigné du texte et une forte esthétique de l’image, le documentaire
d’Al Jazeera est une merveille. Il commence par évoquer la jeunesse de Mustapha Akkad, né à Alep, ville de la
poésie et du cinéma au pays d’El Cham. “En partant étudier aux États-Unis, mon père m’a donné dans une main
200 dollars et dans l’autre le Coran”, se rappelait le jeune Mustapha en quittant son pays pour faire des études
de cinéma à la célèbre université Ucla de Los Angeles, là où ont étudié Spielberg, Lucas, Coppola et De Palma.
Après avoir terminé ses études, Mustapha Akkad, qui avait énormément d’admiration pour le président égyptien
Nacer, avait refusé, malgré les insistances de quelques-uns des ses amis américains, d’être comédien ou de
faire des films qui ne représentaient pas sa culture d’Arabe et de musulman dans un environnement
cinématographique américain dominé par le lobby juif. Il fait la rencontre de Sam Peckinpah qui devient son
mentor et l'aide à trouver un emploi de producteur à CBS. C’est comme cela qu’il s’est trouvé à produire des
films d’horreur. Il est surtout connu pour avoir produit la série Halloween dans les années 1970. Mais le projet
qui lui tenait à cœur demeurait un film qui raconterait l’épopée de l’islam. Depuis son bureau de sa compagnie
Filmco à Beyrouth, il a réussi à faire un montage financier avec les contributions des Marocains, des Koweïtiens
et des Libyens. Avant de commencer le tournage prévu au Maroc, Mustapha Akkad souhaitait valider le scénario
par les hautes autorités religieuses et un certain nombre de disciples d'Al-Azhar, dont cheikh Muhammad
Mutwalli Al-Sharawy. Curieusement, et au grand étonnement du réalisateur, ce sont les gardiens des lieux saints
de l’islam, les Saoudiens, qui ont refusé le film, prétextant que l’image et la musique étaient interdites en islam.
Ce refus a provoqué le retrait des subventions koweïtiennes qui étaient très importantes. C’est le roi Hassan II,
commandeur des croyants et descendant de la famille du Prophète, qui s’est dit disposé à prendre en charge la
production du film d’Akkad, à la seule condition que cela ne soit pas médiatisé. Bénéficiant de tous les moyens
matériels, humains et artistiques, le réalisateur a reconstruit en grandeur nature La Mecque dans la ville de
Ouarzazate, qui sera plus tard le terrain privilégié des grandes productions américaines. Mais après quelques
mois de tournage, l’Arabie saoudite a protesté officiellement auprès du roi Hassan II, indiquant qu’il ne pouvait