IRM du Cancer du Rectum

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IRM du Cancer du Rectum
quels CHOIX TECHNIQUES pour
quels OBJECTIFS THERAPEUTIQUES ?
Frank Boudghène, T. Andre, A. Stivalet, I. Frey,
L. Paslaru, V. Ganthier, M. Tassart
Hopital Tenon - Université Paris 6
Le Cancer du Rectum
Ce cancer atteint presque 10.000 Nouveaux CAS
chaque année en France.
Il existe un risque non négligeable de RECIDIVE en
cas de résection tumorale incomplète.
Le succès de la RESECTION Tumorale dépend d’un
STAGING correct.
Le Cancer du Rectum
La prise en charge THERAPEUTIQUE dépend du stade
de la maladie et associe chirurgie et radio-chimiotherapie
Le STAGING initial est essentiel car il conditionne
• le choix de la technique chirurgicale appropriée
(mesorectum, sphincter)
• la radio +/- chimiothérapie pré-opératoire éventuellement
associées (pour réduire ce risque de récidives)
Le Cancer du Rectum
L’imagerie a comme OBJECTIF principal
d’orienter la prise en charge thérapeutique
en identifiant parmi les patients
• ceux qui ont une extension extra rectale : car ils
auront une radiothérapie pré-opératoire (+/- chimio)
• ceux qui n’ont pas d’extension sphinctérienne : car ils
auront une chirurgie de conservation sphinctérienne
La Place de l’IMAGERIE
Le PLAN thérapeutique dépend donc
de la CARTOGRAPHIE des lésions
qui est fournie par l’IRM initiale
C’est elle qui détermine
>>>> si une radio (chimio) thérapie
complémentaire est nécessaire ?
>>>> si une conservation sphinctérienne
peut être envisagée (type) ?
La Place de l’IMAGERIE
L’EXTENSION des lésions est au mieux appréciée
par une IRM haute résolution répondant à un
certain nombre de conditions techniques
¾ Type d’antenne
¾ Préparation des patients
¾ Positionnement des coupes
¾ Type de séquences……
Quel Protocole IRM ?
Type d’antenne
externe
endorectale
¾ signal/bruit et résolution spatiale
++
+++
¾ extension pariétale (T1-T2)
++
+++
¾ appareil sphinctérien
++
+++
¾ analyse mésorectum (CRM)
++
+
¾ étude pelvis (ganglions)
++
-
¾ séquence dynamique
++
+/-
+++
-
¾ confort du patient (cout)
Le PROTOCOLE IRM
L’antenne EXTERNE
bien qu’elle fournisse moins de détails morphologiques
est globalement PLUS EFFICACE, moins pénible et moins couteuse
que l’antenne ENDORECTALE et doit donc lui être préférée
Une amélioration de la résolution des images peut être apportée :
- en utilisant une IRM à haut champ (3 Tesla)
- en utilisant des séquences T2 longues
Le meilleur rapport signal/bruit permet en effet de réaliser des
coupes plus fines et par là d’augmenter la résolution spatiale
Pour la préparation des patients nous ne faisons
PAS de REMPLISSAGE Rectal
•
les patients sont installés ampoule rectale vide
(Dulcolax® 2h avant)
•
et le tube digestif est mis au repos
(Spasfon lyoc® 10 min avant)
Le but du non remplissage est double :
- d’une part éviter des manœuvres douloureuses par
insertion d’une canule rectale dans un rectum tumoral
- et d’autre part éviter toute déformation pouvant modifier les
rapports des tissus par distension de l’ampoule rectale
L’Etude MORPHOLOGIQUE
Après une séquence de repérage dans les 3 plans pour
positionner les coupes on réalise des séquences :
T2 FSE haute résolution (4 mm; 8 Ex; Fov 24; 512²)
•
sagittale, axiale et coronale +/- obliques
T1 axiales
•
•
SE « tumorale » : avec des coupes fines (4 mm) sagittale, axiale
et coronale +/- obliques après injection Gado
FSE « ganglions » : avec des coupes épaisses (8 mm) jusqu'aux
reins
Les repères anatomiques du Rectum sont
•
•
•
l’appareil sphinctérien
le muscle pubo-rectal
les muscles releveurs de l’anus
Releveurs
Appareil Sphinctérien
L’aspect du Rectum en T2
permet d’identifier plusieurs éléments anatomiques
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
(1) couche interne hyper intense (sous-muqueuse)
(2) couche externe hypo intense (musculaire)
(3) mésorectum hyper intense (graisse + vaisseaux + ganglions)
(4) fascia recti (hypo intense) postéro-latéral bien visible
(5) Denonvilliers (chez l’homme) antérieur et moins net
(5)
(5)
(4)
(4)
(3)
(3)
(1)
(2)
Iafrate F, Radiographics 2006;26:701-714
La CARTOGRAPHIE tumorale
permet de délimiter la tumeur rectale
Il s’agit d’un adénocarcinome dans 98% cas
•
cette tumeur est une formation tissulaire de signal intermédiaire
(entre l’hyposignal de la paroi et l’hypersignal de la graisse)
•
il n’est pas possible de distinguer les
stades T1 des stades T2
•
on peut en revanche distinguer les
stades T2 des stades T3 devant une
rupture de la musculeuse (marges
rompues dans la graisse périrectale)
Iafrate F, Radiographics 2006;26:701-714
La séquence TSE T2 Axial
permet de préciser l’extension latérale dans le mesorectum
Extension de la tumeur
dans le mesorectum
Mesorectum
Muscle releveur et
fascia recti
à 3 Tesla
Cliché en courtoisie du Pr B Kastler
Les CRITERES diagnostiques à retenir sont
La DISTANCE entre le pole inférieur de la tumeur et
•
•
le sphincter interne (coupes coronales T2 + T1 gado)
la marge anale (avec angulations)
L’EXTENSION de la tumeur, en mesurant (mm)
•
•
la plus grande épaisseur / la plus grande longueur
l’extension de la musculeuse vers le mésorectum (T3)
Ces 2 mesures déterminent les marges de sécurité
•
•
sur les cotés (circonférentielle) = 5 mm
vers le bas (inférieure) = 20 mm
La DISTANCE de la tumeur, doit être précisée par rapport à
la marge anale et à l’appareil sphinctérien : le plan SAGITTAL
est le plus approprié
Tumeur à 8 cm de la marge anale
DSS
CA
Le siège de la tumeur, doit être précisé sur le staging INITIAL
car il devient impossible de le définir après radio chimiothérapie
Pole inférieur de la tumeur
DSS
Pubo rectal
Canal
Anal
Marge anale
PRE
POST
La CHIRURGIE du Cancer du Rectum
est planifiée en fonction du compartiment atteint
Haut rectum = 11 cm du sphincter anal (péritonéal)
¾ résection antérieure
Moyen rectum = 2 – 7 cm du sphincter anal
¾ exérèse totale du mésorectum
Bas rectum = 0 – 2 cm du sphincter anal
¾ +/- amputation abdomino-périnéale (si sphincter atteint)
¾ +/- colo-anale ou résection inter-sphinctérienne (sinon)
La Résection inter sphinctérienne
permet de conserver la continuité et donc assure un meilleur
confort de vie mais expose à plus de risques de récidive
Tumeur bas située
avec infiltration inféro latérale
de l’appareil sphinctérien
non accessible à une RIS
L’EXTENSION de la tumeur, dans le méso rectum
doit être précisée par rapport au Fascia Recti :
le plan TRANSVERSAL est le plus approprié
La Marge circonférentielle (CRM) est la distance
séparant la limite externe de l’extension tumorale radiaire
du Fascia Recti (qu’il s’agisse de la tumeur ou d’un nodule tumoral)
¾ il y a invasion si cette marge est inférieure à 5 mm
(ce qui correspond histologiquement à moins d’un mm)
Tumeur antéro latérale droite
avec infiltration de la graisse du mésorectum mais
dont la limite externe reste à distance du Fascia Recti
Tumeur Stade 3B (> 5mm)
CRM
L’EXTENSION de la tumeur, dans le meso rectum
précise également la présence d’autres éléments :
le plan TRANSVERSAL est le plus approprié
Il s’agit de rechercher
¾ des nodules tumoraux
¾ des fuseaux le long des veines péri-rectales
¾ des ganglions qui peuvent être
- N- (homogènes, bien limités, < 4 mm)
- N+ (hétérogènes, contours flous, > 8 mm)
en sachant que des gros ganglions peuvent être inflammatoires
et qu’il existe des micrométastases dans des petits ganglions….
La séquence TSE T2 Axial
permet de préciser l’extension latérale dans le mesorectum
Nodule tumoral
Mésorectum
Muscle releveur
et fascia recti
à 3 Tesla
Cliché en courtoisie du Pr B Kastler
La séquence TSE T2 Axial
permet de préciser l’extension latérale dans le mesorectum
Mésorectum
Métastase
ganglionnaire
à 3 Tesla
Cliché en courtoisie du Pr B Kastler
La prise en charge thérapeutique
dépend du staging IRM initial
Une radiothérapie pré-opératoire est indiquée
afin de limiter les récidives post-opératoires pour les
cancers du moyen et bas rectum T3 T4 et/ou N+
¾ un traitement néoadjuvant par chimiothérapie
préopératoire est nécessaire si CRM < 5 mm
¾ les patients ont une exérèse en bloc d’emblée
si CRM > 5 mm
L’évaluation de l’EXTENSION lors du staging
IRM du cancer du Rectum peut être difficile
Pour préciser l’atteinte des ZONES CHARNIERES
• vers le bas au niveau de l’extension sphinctérienne
• vers l’avant pour l’extension antérieure
et c’est problématique car il peut y avoir
une incidence thérapeutique
L’évaluation du STADE tumoral lors du staging
IRM du cancer du Rectum peut être difficile
Pour définir le stade tumoral précis
• T1 ou T2 ? : on sait que l’IRM est moins performante
que l’échographie endorectale
• T2 ou T3 ? : c’est moins problématique que l’atteinte
du fascia recti
car il n’y a pas d’incidence thérapeutique
( « l’IRM évalue plutôt la CRM que le stade tumoral »)
La présence d’une réaction DESMOPLASTIQUE
lors du staging IRM du cancer du Rectum peut
entrainer un OVERSTAGING tumoral
Il s’agit en règle de SPICULES présentes dans la graisse périrectale
qui peuvent être dues à des cellules malignes, des emboles
vasculaires ou de la fibrose non tumorale…..
Iafrate F. Radiographics 2006;26:701-714
Les limites du STAGING
Il est difficile devant des
spicules de préciser leur
nature exacte …..
Cellules malignes ?
Emboles vasculaires ?
Fibrose non tumorale ?
1,5 Tesla
TSE T2 Axial
L’évaluation du status GANGLIONNAIRE lors du
staging IRM du cancer du Rectum est très difficile
L’atteinte ganglionnaire est plus souvent
suspectée qu’affirmée ou infirmée
Des ganglions peuvent être envahis si
–
–
–
–
leur petit axe dépasse 8 mm (25%+ si > 5mm) …..
le rapport petit axe / grand axe est supérieur à 1,5
leurs bords sont irréguliers ou flous
leur contenu est hétérogène ou hyperT2
Des Micrométastases sont possibles dans des petits
ganglions et exposent au risque de récidive
La séquence post injection
confirme l’extension latérale dans le mesorectum
Axial TSE T2
Gadolinium
CRM = 0 mm
La séquence post injection
confirme l’atteinte ganglionnaire sans la caractériser
TSE T2
Gadolinium
L’injection de Gadolinium semble surtout utile
pour le suivi sous traitement
GG
Pre
Post
L’utilisation de la Haute Résolution semble
fournir une meilleure résolution spatiale
Haute Résolution
Basse Résolution
L’utilisation de séquences 3D post injection
semble fournir une meilleure résolution spatiale
2D
3D
Les séquences T2 aident à l’évaluation de la
réponse thérapeutique
Pre
Post
Réduction de la masse tumorale après traitement
L’imagerie de DIFFUSION peut être utile à
l’évaluation de la réponse thérapeutique
b500
b1000
Pre
Post
Réduction de l’intensité du signal après traitement
L’association de l’imagerie T2 et de l’imagerie de DIFFUSION
peut être utile à l’évaluation de la réponse thérapeutique
Gado
b600
Pre
Post
Réduction de la tumeur et de l’intensité du signal
L’imagerie de PERFUSION pourrait-elle être utile
à l’évaluation de la réponse thérapeutique ?
Les Questions en suspens….
L’imagerie de PERFUSION pourrait-elle être utile
à l’évaluation de l’agressivité tumorale ?
Les Questions en suspens….
En Résumé
L’IRM haute résolution est indispensabe au
bilan pré-thérapeutique pour préciser
¾ la cartographie des lésions
¾ l’extension péri et extra rectale (CRM, TNM)
Le staging par IRM haute résolution a pour but
d’orienter la prise en charge thérapeutique
>>>> vers une radio (chimio) thérapie complémentaire ?
>>>> vers une conservation sphinctérienne (type) ?
L’IRM en haute résolution (3 plans/3T) a un fort impact
clinique en aidant à optimiser le traitement
¾ car elle identifie l’extension au fascia recti transformant
les T3 en T4 ce qui impose de compléter la radiothérapie
pré-opératoire par une chimiothérapie complémentaire
¾ et elle identifie l’absence d’extension sphinctérienne des
tumeurs du bas rectum ce qui permet d’envisager une
conservation sphinctérienne
Les LIMITES de l’IRM sont actuellement surtout
l’atteinte ganglionnaire et la réaction desmoplastique
La fiabilité de l’IRM dans le staging initial et le
suivi des patients atteints de cancer du Rectum
repose sur des critères précis qui dépendent
• de l’antenne de surface sans remplissage rectal
• de séquences optimisées (haut champ)
- en haute résolution
- avec injection de Gadolinium
- avec imagerie de Diffusion et en 3D
CONCLUSION
L’IRM a désormais un rôle essentiel dans l’imagerie
des CANCERS du Rectum où elle précise
ƒ l’extension pariétale : 86%………PROFONDEUR
ƒ l’extension sphinctérienne : 76%......... HAUTEUR
qui permettent de définir la meilleure STRATEGIE
Thérapeutique
Il est possible qu’elle devienne aussi à terme utile à
l’évaluation des traitements adjuvants
Echo endoscopie
T3-T4 et/ou N+
T1-T2 N0
CRM > 5 mm
Radiothérapie
pre-opératoire
IRM => CRM
Chirurgie
CRM < 5 mm
Radio chimiothérapie
pre-opératoire
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