prise en charge psychothérapeutique, associée ou non au traitement médical (voir ci-après). Des
programmes de prise en charge des parents, individuels ou en groupe, ont été élaborés dans le
département que dirige le Dr Dafonseca, qui souligne l’importance d’apprendre aux parents
certaines techniques pour gérer leur enfant. Enfin, des conseils à l’intention des enseignants ont
été particulièrement appréciés par les quelques enseignants présents dans la salle.
L’intervenant suivant fut le Dr Robert Nguyen, neuropédiatre marseillais bien connu pour son
implication dans ce type de pathologie. Le traitement médicamenteux du TDAH a été une
véritable révolution pour la prise en charge de ces enfants, en raison d’une efficacité indubitable.
Pourtant l’histoire de la Ritaline a été particulièrement agitée, déclenchant alternativement
passion et rejet, oscillations à la mesure de son efficacité. Rappelant que la molécule est connue
depuis les années 1930, le Dr Nguyen remarque que ce n’est qu’en 1995 qu’elle a reçu
l’autorisation de mise sur le marché en France, ce qui déjà en soi peut paraître étrange. Mais on
comprend beaucoup mieux ce délai lorsqu’on apprend que cette molécule a fait l’objet de
violentes attaques médiatiques, que l’orateur attribue à des excès de prescription outre-atlantique,
eux-mêmes sans doute à rapprocher d’une plus grande importance de la conformité
comportementale aux modèles dominants en Amérique qu’en Europe (du moins du Sud). Quoi
qu’il en soit, comme le dit le Dr Nguyen « ça marche, et ça marche remarquablement » : 75% des
enfants sont significativement améliorés par le traitement. Diverses autres molécules peuvent être
utilisées, mais la Ritaline (Méthylphénidate) est de loin la prescription la plus répandue.
« Comment ça marche » s’interroge ensuite l’orateur. Un schéma très clair nous rappelle le
parcours intracérébral des voies dopaminergiques, précisément celles sur lesquelles agissent les
molécules stimulantes, par inhibition, pense-t-on, du recaptage présynaptique de la substance
naturelle, donc en augmentant leur densité dans la fente synaptique, lieu d’efficacité de cette
dernière. Un élément capital de l’action de la Ritaline est le parallélisme entre les taux sanguins et
son efficacité clinique au cours de la journée, justifiant 2 à 3 prises par jour, lorsque le produit est
choisi sous sa forme habituelle. En fait, depuis très récemment, deux formes à libération
prolongée sont disponibles, avec une efficacité sur toute la journée grâce à une seule prise
matinale, ce qui est particulièrement précieux pour éviter les difficultés de délivrance aux enfants
déjeunant à la cantine. Parmi les très nombreuses questions suscitées par ce brûlant sujet
d’actualité, nous en retiendrons deux : celle de la continuité et de l’arrêt du traitement (il apparaît
aujourd’hui préférable de ne pas stopper le traitement chaque week-end et pendant les vacances
scolaires, autres que les grandes vacances, comme cela se fait souvent en France, car cela semble
en réduire l’efficacité) et celle de l’évolution des enfants sous traitement : quand arrêter. D’après
le Dr Nguyen, les adolescents demandent eux-mêmes à suspendre le traitement quand ils sentent
pouvoir s’en passer, et quid d’une éventuelle dépendance : de l’avis général le risque de
toxicomanie, connu pour être plus élevé chez les adolescents hyperactifs que dans la population
générale, est plus fort chez ceux non traités que chez ceux sous traitement (médicamenteux ou
non). Donc il n’y a PAS d’accoutumance ni de risque de toxicomanie liée à la Ritaline. Pour
terminer, le Dr Nguyen a présenté ses données personnelles sur les quinze dernières années; sans
réaliser de véritable statistique, ces données sont très instructives, montrant sur un total de 180
consultations pour diagnostic ou suspicion d’hyperactivité, 50 patients traités médicalement, dont
la majorité au cours de ces 5 dernières années, ce qui semble s’expliquer par une meilleure
connaissance du problème par les praticiens référents.
Après une collation offerte par les Laboratoires Janssen, la journée reprend par la présentation du
Dr Michel Habib, neurologue, sur « cerveau et hyperactivité ». Le Dr Habib indique que cette
présentation est une revue de l’importante littérature sur le sujet, en croissance considérable
depuis l’utilisation des méthodes d’imagerie cérébrale, en particulier fonctionnelle. Cette revue
nécessite dans un premier temps une mise en place des structures cérébrales concernées, avant
d’aborder d’une part les travaux en imagerie morphologique (IRM) et ceux en imagerie
fonctionnelle. Enfin, une synthèse de ces données permettra de proposer un modèle
neuroanatomique de l’hyperactivité à la lumière des connaissances actuelles. Évitant d’entrer
dans des détails techniques qui risquent de rebuter l’assistance, le Dr Habib présente néanmoins
les 5 structures cibles qui sont le plus souvent citées comme siège d’anomalies sur le cerveau
d’hyperactifs : le cortex cingulaire (dont le rôle est réputé important dans les mécanismes
cognitifs de gestion d’informations conflictuelles), le cortex frontal dorso-latéral, siège des
fonctions exécutives et de la mémoire de travail si souvent en défaut chez les hyperactifs, le
cervelet, dont l’altération apparaît comme non spécifique, et surtout deux structures qui s’avèrent
de plus en plus déterminantes : le noyau caudé, en particulier sa partie ventrale, le noyau
accumbens, qui serait le siège de l’appréciation du caractère récompensant ou punitif d’un
stimulus ou d’une action, et le cortex orbito-frontal, siège de la mise en mémoire conjointe entre