Odontologie-Stomatologie
© Les entretiens de Bichat 2014 - 3
Une fois les différentes options énoncées, le
rôle de chirurgien-dentiste devient celui d’un
conseiller, qui écoute et guide le patient dans
le cadre d’une « alliance thérapeutique » [18].
Le chirurgien-dentiste reconnaît l’autonomie
du patient et prend conscience de ses valeurs
individuelles pour lui conseiller l'option la
plus adaptée. Le patient n’est plus « com-
pliant » à un traitement dicté par le prati-
cien, mais devient un participant actif à un
traitement auquel il peut adhérer de façon
réaliste [2]. Cette implication du patient dans
la prise de décision l’aide également à mieux
tolérer l’incertitude du traitement [19], inhé-
rente à toute procédure thérapeutique.
À ce stade, il est clair que des éléments de
contexte (politiques de santé publique, cou-
verture de santé, normes culturelles ou pro-
fessionnelles, expérience clinique et même
niveau d’équipement du praticien) [18]
influencent les diagnostics et les plans de trai-
tement. Ceci doit être reconnu et, si néces-
saire, expliqué au patient. En particulier,
l’aspect financier doit être discuté de manière
ouverte directement avec le patient [20].
Enfin, le consentement éclairé ne se résume
pas à la signature d’un document, mais
constitue un processus inhérent à la prise de
décision. La prise de décision partagée
requiert de façon implicite la bonne compré-
hension des responsabilités respectives, des
risques et des bénéfices attendus lors de
l’étape suivante : l’intervention.
Intervention
En odontologie, de nombreuses interven-
tions nécessitent à la fois une action du den-
tiste et une modification des habitudes
quotidiennes du patient. En effet, la majorité
des affections bucco-dentaires étant de
nature chronique [21], les modifications des
habitudes de vie (alimentation, hygiène
bucco-dentaire) sont souvent déterminantes
pour le pronostic des traitements envisagés.
Ainsi le niveau d’implication du participant
peut influencer le calendrier des soins ainsi
que la nature du traitement choisi. Pour que
le soin soit efficace, l’exploration de la situa-
tion personnelle du patient est importante :
comprendre son ressenti, respecte son expé-
rience de vécu, et ses attentes. Il s'agit aussi
de comprendre et respecter les craintes du
patient, en adoptant une attitude empa-
thique, dans un environnement adapté à la
confidence (local, personnes présentes). Ce
temps de parole laissé au patient, crucial pour
le diagnostic et pour le plan de traitement,
dépasse exceptionnellement deux minutes.
La suite de l'exploration comprend l'étape de
l'anamnèse clinique, au moyen de questions
précises focalisées sur la recherche d'un dia-
gnostic. L'examen clinique, les tests para-cli-
niques et les examens complémentaires
permettent de poser tous les diagnostics utiles
à l'accompagnement global du patient [2].
Au final, tout l'enjeu de cette première phase
est d'explorer de manière distincte la cavité
buccale et la personne, avec ses dimensions
émotionnelles, professionnelles, sociales,
intellectuelles, spirituelles, physiques, finan-
cières, créatives et environnementales [15].
Lorsque ce double processus est réalisé avec
succès commence la suite de la consulta-
tion : la prise de décision.
Prise de décision
Les situations pour lesquelles il existe plu-
sieurs options thérapeutiques représentent
une part importante de l’activité clinique du
chirurgien-dentiste. La « prise de décision
partagée » [16] débute par une phase d’expli-
cation neutre sur les diagnostics posés dans
la phase précédente. Puis, les différentes
options thérapeutiques sont expliquées,
encore de manière neutre, afin d’aider le
patient à comprendre et peser les diffé-
rentes options possibles [17]. La notion de
« supériorité » d’une option par rapport à
une autre, éventuellement démontrée par la
littérature scientifique, doit être reconnue et
expliquée au patient, sans que cela
empêche la possibilité d’envisager d’autres
traitements. En effet, les critères choisis
dans les études ne correspondent pas forcé-
ment à ceux considérés comme les plus
importants par le patient. L'abstention thé-
rapeutique doit être évoquée, avec les
risques éventuels associés.