l’aspect histologique et le gène muté [44]. Les formes
infantiles précoces (CLN1) se manifestent par un arrêt puis
une régression du développement psychomoteur après un
intervalle libre de 6 mois à 2 ans avec une microcéphalie,
des myoclonies, une atrophie optique et un appauvrisse-
ment rapide de l’EEG (vanishing EEG). Les formes infanti-
les tardives (CLN2, CLN5 et CLN6) débutent entre 2 et
4 ans. Les formes juvéniles (CLN3) débutent souvent par
une baisse rapide de la vision, entre 5 et 10 ans, avant le
déclin cognitif et moteur. Les âges de début et l’évolution
clinique de ces différentes formes génétiques peuvent se
chevaucher et il existe plusieurs variants cliniques. L’IRM
cérébrale montre une atrophie cérébrale et cérébelleuse
d’autant plus sévère que la maladie commence tôt. Les
patients présentent des dépôts de lipopigments fluores-
cents dans tous les tissus et les aspects particuliers en
microscopie électronique peuvent orienter vers un type
donné. Pour les formes CLN1 et CLN2, liées à un déficit
enzymatique, un dosage de l’activité peur être effectué
dans les leucocytes, les fibroblastes ainsi que les amnio-
cytes dans le cadre du diagnostic prénatal. Dans le type
CLN3, une délétion de 1 kilobase est présente chez une
grande partie des patients. Pour les autres formes, la
biologie moléculaire peut être orientée par les lésions
histologique.
Le syndrome MERRF (Myoclonus Epilepsy
and Ragged-Red Fibers)
Débutant à un âge variable, il comprend des myoclo-
nies, une épilepsie généralisée, une ataxie, une surdité et
une myopathie [45]. D’autres atteintes peuvent êtres asso-
ciées comme une démence, une petite taille, une atrophie
optique, une neuropathie périphérique, une acidose lac-
tique. L’histologie musculaire objective un aspect de fi-
bres rouges déchiquetées (ragged-red fibers) correspon-
dant à une prolifération mitochondriale sous-
sarcolemnique. Cette maladie de transmission maternelle
est causée par trois mutations différentes de l’ARN de
transfert de la lysine (tRNA
Lys
), codé par le génome mito-
chondrial [46]. Récemment, une mutation de l’ARN de
transfert de la phénylalanine (tRNA
Phe
) a été rapportée
ainsi qu’une mutation de l’ARN de transfert de l’histidine
(tRNA
His
) dans une forme atypique [47, 48]. Le génome
mitochondrial est transmis par une patiente à l’ensemble
de ses enfants qui seront porteurs de populations de mito-
chondries mutées et non mutées dans des proportions très
variables d’un tissu à l’autre (hétéroplasmie). L’identifica-
tion de la mutation maternelle chez un enfant apporte peu
d’indication sur son évolution future. Le diagnostic préna-
tal est délicat car il est difficile d’extrapoler le degré
d’hétéroplasmie du fœtus à partir de celui des cellules
prélevées. Enfin, une mutation du gène de la gamma
polymérase mitochondriale (POGL), codée par le génome
nucléaire, a été rapportée à l’état homozygote chez un
patient présentant un tableau clinique proche mais asso-
cié à des délétions multiples de l’ADN mitochondrial [49].
L’atrophie dentatorubro-pallidoluysienne
(DRPLA, dentatorubral-pallidoluysian atrophy)
Cette maladie autosomique dominante, surtout fré-
quente au Japon, se manifeste sous trois formes cliniques :
i) ataxo-choréo-athétosique, ii) pseudo-Huntington et iii)
épilepsie myoclonique progressive, cette dernière forme
débutant dans l’enfance. La maladie est causée par une
expansion anormale d’une répétition de triplets CAG,
codants pour des glutamines [50]. Ces répétitions sont
instables, surtout lors de la méiose paternelle et on ob-
serve une anticipation au niveau familial (i.e. un âge de
début plus précoce par rapport aux générations précéden-
tes). Un test présymptomatique est techniquement réalisa-
ble chez les apparentés d’un patient mais ne peut être
effectué chez les mineurs du fait de l’absence de bénéfice
thérapeutique (loi du 27 juin 2000) [51].
Deux syndromes épileptiques sévères
du nourrisson : le syndrome de Dravet
et le syndrome de West
Les travaux de ces dernières années ont montré que
ces deux syndromes étaient génétiquement déterminés
malgré leur caractère habituellement sporadique.
L’épilepsie myoclonique sévère du nourrisson ou syndrome
de Dravet (SMEI, severe myoclonic epilepsy of infancy)
Il s’agit d’une épilepsie pharmaco-résistante débutant
dans la première année par des états de mal hémicorporels
tonicocloniques, initialement déclenchées par l’hyper-
thermie, et fortement aggravés par certains antiépilepti-
ques (carbamazepine, lamotrigine). Les myoclonies n’ap-
paraissent que secondairement. Les EEG et le
développement psychomoteur sont normaux pendant
plusieurs mois puis se dégradent en fin de deuxième
année avec révélation progressive d’une déficience men-
tale le plus souvent sévère et une ataxie. L’IRM cérébrale
est normale. Chez la majorité des patients on retrouve une
mutation germinale du gène SCN1A, codant pour un
canal chlore qui survient de novo et est associée à un
risque de récurrence très faible [52]. D’autres mutations
de ce gène sont responsables du « syndrome » GEFS+
(generalized epilespsy with febrile seizures plus) de trans-
mission autosomique dominante et associant des convul-
sions fébriles puis des crises afébriles après l’âge de 5 ans
[53]. Il s’avère que ce gène est associé à un spectre
clinique dont le SMEI représente la forme la plus sévère
[54, 55]. De plus, quelques patients présentant un SMEI
ont été rapportés dans des familles de GEFS+ [56]. Il existe
par ailleurs une hétérogénéité génétique puisque des mu-
tations de deux autres gènes, SCN2A et GABRG2, codant
respectivement pour un canal chlore et une sous-unité du
récepteur au GABA, ont été identifiées chez quelques
enfants présentant un phénotype proche [57, 58].
Le syndrome de West cryptogénique
Ce syndrome épileptique de nourrisson est caractérisé
par des spasmes infantiles, un arrêt du développement
mt pédiatrie, vol. 9, n° 5-6, septembre-décembre 2006 297
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