D’APRÈS
LE DERNIER TESTAMENT DE BEN ZION AVROHOM
DE JAMES FREY
MISE EN SCÈNE MÉLANIE LAURENT
ARTISTE ASSOCIÉE – CRÉATION 2016
2
TEXTE d’après Le Dernier
Testament de Ben Zion
Avrohom de James Frey
ADAPTATION Mélanie Laurent
ET Charlotte Farcet
MISE EN SCÈNElanie Laurent
ASSISTÉE DE Amélie Wendling
DRAMATURGIE Charlotte Farcet
SCÉNOGRAPHIE Marc Lainé et
Stephan Zimmerli
CRÉATION LUMIÈRES
Philippe Berthomé
CHORÉGRAPHIE
Arthur Perole
MUSIQUES ORIGINALES
Marc Chouarain
en collaboration avec
Mélanie Laurent
COSTUMES
Béatrice Rion
MAQUILLAGE ET COIFFURE
Heidi Baumberger
VIDÉO
Renaud Vercey
RÉALISATION ET RÉGIE SON
Maxime Imbert
ACCESSOIRISTE
Lionel Screve
RÉGIE GÉNÉRALE
Karl Gobyn
RÉGIE LUMIÈRE
Pauline Mouchel
ARRANGEMENT CHŒUR
Jérôme Billy
ÉQUIPE DE TOURNAGE
CHEF OPÉRATEUR
Alexandre Léglise
ASSISTANT CAMÉRA
Raphaël Dougé
CHEF ÉLECTRO
Antoine Roux
CASCADEUR
Grégory Loffredo
AVEC
Olindo Bolzan Adam/Matthew
Stéphane Facco Charles/Jérémie
Gaël Kamilindi Gaël Mutangana
Lou de Laâge Esther/Judith
Jocelyn Lagarrigue Ben Zion
Avrohom
Nancy Nkusi Mariaangeles
Morgan Perez Jacob/John
PRODUCTION THÉÂTRE
GYMNASE-BERNARDINES
– MARSEILLE
COPRODUCTION THÉÂTRE
NATIONAL DE CHAILLOT,
THÉÂTRE GYMNASE-
BERNARDINES – MARSEILLE,
LA COMÉDIE DE CLERMONT-
FERRAND – SCÈNE NATIONALE,
LA FILATURE – SCÈNE NATIONALE
DE MULHOUSE, ESPACE
MALRAUX – SCÈNE NATIONALE
DE CHAMBÉRY ET DE SAVOIE,
THÉÂTRE DE LIÈGE – BELGIQUE,
MELYPROD, THÉÂTRE ANNE DE
BRETAGNE – VANNES
MÉCÈNES
REMERCIEMENTS
Aigle, American Vintage, Atelier
Sakina M’sa, Bleu de Paname,
The Kooples, Maxime Simoens,
Petit Bateau, Repetto, Veja
DURÉE 2 HEURES
SPECTACLE CRÉÉ AU THÉÂTRE
DU GYMNASE LE 20 SEPTEMBRE
2016 – MARSEILLE
CRÉDITS
ILLUSTRATION DE COUVERTURE
© antoine+manuel
PHOTOGRAPHIES
© Jean-Louis Fernandez,
photographe associé
à la Comédie
MERCI
à Caroline A. pour son accueil
lors de la résidence d’écriture
de Mélanie Laurent et
Charlotte Farcet en février 2015
ET Genti Bahja, Ludivine
Barbosa, Alison Barrier, Adeline
Bergeron, Sandrine Bezon,
Antonin Boutinaud, Florence
Cantrelle, Georges Cardenas,
Sandra Chateau, Marie-
Françoise Chevalier, Jennifer
Cohade-Marsy, Milena Comte,
Andréa Constantin, Yoanna
Crison, Christophe Crozatier,
Viviane Durand, Lydia Ferreira,
Alain George, Marie Goguely,
Véronique Guienne, Alexandre
Lafforgue, Pierre Loechleiter,
Sylvie Marambert-Vinas,
Marie Monnet, Frédéric Phelut,
Sandrine Pradier, Laurie
Repiennik, Matthieu Ribailly,
Sonia Robert, Geneviève
Sauvadet, Yann Surzur, Laurence
Surzur, Jean-Yves Touratier,
Jasna Uzunovic, Carole Vedrine,
Marcos Vinas, Cyrille Vouillot
TOURNÉE 2016-2017
20-24 SEPTEMBRE Théâtre du Gymnase, Marseille (création)
29-30 SEPTEMBRE Théâtre Liberté, Toulon
12-14 OCTOBRE La Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale
18-19 OCTOBRE Espace Malraux, Chambéry
23-29 OCTOBRE Théâtre de Liège
15 NOVEMBRE Théâtre Anne de Bretagne, Vannes
23-24 NOVEMBRE CDN de Haute Normandie, Rouen
6 JANVIER Anthéa, Théâtre Antipolis d’Antibes
13-14 JANVIER Bonlieu, scène nationale d‘Annecy
25-3 FÉVRIER Théâtre National de Chaillot, Paris
9-10 FÉVRIER La Filature, scène nationale de Mulhouse
3
Ce projet naît de la rencontre d’un livre, Le Dernier Testament
de Ben Zion Avrohom de James Frey, une rencontre comme un
choc qui fait naître un espoir et en même temps éveille. Comme
s’il recentrait et rappelait l’essentiel, une évidence trop souvent
oubliée, parfois dénigrée parce qu’associée à une forme de
naïveté, posée dans ces pages presque comme un objet : la
puissance de l’amour.
Cette lecture a surgi comme un miroir, au cœur de mes propres
inquiétudes, celles du devenir du monde, de la planète, dans un
avenir déjà proche. L’apocalypse, dont parle Ben, est reprise et
formulée à leur manière par les sociologues de notre époque. Au
cœur de cette inquiétude donc, ce livre a fait paraître une fenêtre,
par un biais inattendu, presque fou, une fenêtre pleine d’espoir,
tissant un lien au monde qui échapperait au seul matérialisme et
donnant à la foi un autre visage : une foi dans l’autre, défaite de
dogme, une foi dans l’acte individuel et dans sa puissance.
L’adapter a été une évidence. Et l’envie de l’adapter au théâtre
plutôt qu’au cinéma une intuition : le cinéma contraint à une
forme de réalisme, de représentation exhaustive et, dans ce cas,
prolique, tandis que le théâtre ore l’économie et la métaphore,
le pouvoir de l’évocation. Il se fonde sur un acte de foi tout à fait
singulier, un accord tacite entre la salle et la scène : cette chaise
est un arbre, j’y crois. Le théâtre aussi parce qu’au fond il s’agit
de cela : un homme qui parle à d’autres hommes. Parce qu’il a
été, déjà, le lieu de la représentation de la passion, mystère et
miracle. Le théâtre parce que, vivants jouant devant des vivants,
il reste encore un espace de communauté, et même de commu-
nion, et que l’œuvre de James Frey ne porte rien d’autre que
l’espoir de cela.
MÉLANIE LAURENT
4
Qu’est-ce qu’un
messie pour vous ?
C’est une figure qui
nous rassure, qu’on
espérerait voir arriver ;
un messie c’est
quelqu’un en qui on
a envie de croire,
selon moi, quand on
a peur et qu’on est
désespéré. C’est ce
que raconte cette
pièce qui rassemble
des âmes esseulées prêtes à croire en
quelques secondes.
Les frontières peuvent être fragiles entre
le messie, le prédicateur, le gourou, le faux
prophète…
Par « messie », j’entends un sage, un être
généreux qui donnerait de l’amour sans rien
attendre en retour. Il répond à notre envie
d’être pris en compte tout le temps. Il est celui
qui donne tout, simplement pour faire du bien.
C’est ce que dit le personnage de Ben à la fin
de la pièce : s’il lui restait encore un miracle à
accomplir, il ne le ferait pas pour lui.
Quelle forme prendrait le messie s’il devait
s’incarner ?
Pour moi, ce serait la Nature. Elle nous offre
tout sans se faire remercier, c’est un état
vivant qui existe en soi, qui ne demande rien
en retour de l’amour qu’il apporte. Le divin
se révèle dans la beauté de n’importe quelle
plante, de n’importe quel arbre.
Et nous serions ses jardiniers ?
Si nous étions ne serait-ce que des observateurs
humbles face à cette puissance-là, ce serait
déjà beaucoup.
Au-delà du personnage de Ben, de quelles
ressources disposons-nous aujourd’hui pour
refonder un humanisme ?
Le personnage de Ben peut être partout, si on
décide qu’il est symbolique. Le monde irait
mieux si déjà nous nous réconcilions avec nos
voisins, notre famille
et nos amis. Aller
mieux c’est arrêter
de se juger. Nous
supposons beaucoup,
nous passons notre
temps à nous inventer
des histoires, sur
nos origines, sur nos
noms, parce que
nous sommes terrifiés
par l’idée de ne pas
avoir d’explication,
d’échapper au sens. Refermés sur notre seul
point de vue, nous nous laissons dévorer par
les suspicions et nous sommes à ce point
encagés dans nos histoires qu’on en devient
paranoïaques. Ben arrive précisément au
moment où les gens sont le plus désespérés,
où ils ne peuvent que reconnaître qu’ils ont
besoin de lui. Ils sont touchés et bouleversés
parce que personne ne croit en eux. Et eux
l’attendent justement parce qu’on ne les
regarde pas. Ainsi, ces personnages nous
renvoient en creux la première manifestation
de notre absence d’humanité, celle que nous
ne savons pas vivre ensemble.
Pour votre adaptation du roman de James
Frey, vous avez épuré le roman de son
contexte géopolitique (James Frey fait en
effet une critique virulente des conséquences
de l’ultralibéralisme américain en particulier
dans les communautarismes religieux) pour
vous rapprocher de la forme du conte et ne
garder que l’essence poétique de la parabole.
Oui. Pour cela, on a dû étoffer un personnage,
celui de l’avocat qui n’apparaît qu’à la fin du
roman pour en faire un personnage de conteur.
Il fallait aussi épurer la masse du contenu
romanesque pour trouver un fil conducteur
dramatique structurant : le personnage de Gaël
joue ce rôle. Mais il y a aussi ce qui est propre
à ma manière de faire de la mise en scène :
chaque tableau, chaque image créée doit
évoquer et éclairer le sens sans avoir recours
à l’explication. Si le texte devient redondant
avec l’image, je garde l’image et supprime le
CONVERSATION AVEC MÉLANIE LAURENT
5
texte parce que l’image créée fait travailler
l’imaginaire du spectateur et l’atteint moins
de manière intellectuelle qu’émotionnelle. Ce
travail d’épure est une recherche d’équilibre
au cœur de ce dilemme : il faut offrir assez de
texte pour nourrir l’intellect tout en donnant
des images qui, elles, vont droit au cœur.
Quelle est la différence pour vous entre la
création d’une image cinématographique
et la création d’une image théâtrale ? Par
exemple, comment pensez-vous la notion de
cadre ?
Les deux conceptions ne sont pas étrangères.
La manière de travailler, de construire est
très éloignée, mon rôle est très différent,
mais l’image se fabrique toujours à partir
d’êtres vivants, qui bougent, qui proposent
des déplacements. De même, la caméra s’est
déplacée dans le regard du spectateur. Au
cinéma, j’ai l’habitude de devoir créer dès le
tournage une sorte de rythme et de montage.
Au théâtre, je dois accepter l’idée d’un cadre,
que le mouvement des caméras soit créé par
celui des acteurs. Mon cadre, c’est la lumière.
Par exemple, la scène de la danse d’Esther
est un moment très significatif : nous avons
travaillé d’abord la lumière en utilisant un
éclairage en douche qui ne montrait que son
visage. C’était très beau, on était pleinement
avec le personnage. Puis on a essayé un
éclairage plus large en clair-obscur, l’œil était
attiré par un ensemble et l’effet se perdait. La
lumière me permet de faire des gros plans.
Quand vous dirigez les acteurs, même à
propos des textes, vous utilisez très souvent
le terme « chorégraphie ». Qu’entendez-vous
par là ?
C’est une réponse au rapport parfois
compliqué que j’entretiens avec le théâtre en
tant que spectatrice. J’ai besoin de fluidité,
de déplacements qui amènent d’autres
déplacements pour donner l’impression qu’il
n’y a jamais de temps mort. C’est comme si
pour chaque scène, on amenait de la danse,
petit à petit. J’ai envie d’être précise et fluide.
Pour ce spectacle, je suis très heureuse d’être
accompagnée par un chorégraphe et des
acteurs capables de le suivre. J’ai toujours dit
que je voulais que ce spectacle soit un ballet.
Entre cinéma et théâtre, qu’est-ce qui change
votre manière de diriger les acteurs ?
C’est très déroutant. Chaque acteur a un temps
d’évolution qui lui est propre. C’est difficile
pour moi de projeter ce que j’ai dans la tête et
de le vérifier dans son ensemble avec la réalité
de chacun. On m’a dit que le théâtre et la mise
en scène demandaient de la patience, ce qui
n’est pas ma spécialité ! J’ai appris en très
peu de temps qu’il fallait ne pas chercher à
obtenir ce que j’attends de manière immédiate
et qu’il existe un lien puissant entre patience
et confiance.
Pourtant, à vous observer, vous semblez
diriger les acteurs avec douceur et souplesse,
par exemple en interrompant le fil des
répétitions pour leur proposer un exercice…
J’ai travaillé très jeune au cinéma, avec des
metteurs en scène qui étaient autoritaires
pour ne pas dire de vrais dictateurs, j’en ai
beaucoup souffert. Je me suis toujours dit
que si je faisais de la mise en scène, j’aurais
la conduite inverse. Puis j’ai rencontré des
metteurs en scène qui ne travaillaient que dans
l’amour et la confiance ; j’y ai puisé des repères
pour que les acteurs qui travaillent avec moi
puissent dire qu’ils ont été heureux. Je ne sais
pas travailler dans la douleur, je ne comprends
pas la cruauté. Si certains obtiennent par la
peur, moi j’en suis incapable. Le « jeu » théâtral
comprend cette idée d’un « jouer ensemble ». Il
me fallait construire une équipe qui au départ
ne se connaissait pas, pour qu’elle réussisse à
vivre la concorde et à trouver l’être qui anime
l’esprit de la pièce. Avant d’entrer dans le
travail, j’ai rassemblé tout le monde dans une
grande maison à la campagne, nous avons
mangé ensemble, partagé une sieste à l’ombre
d’un cerisier. Favoriser les connexions et le
lâcher prise était la condition première pour
entrer dans le vrai travail.
Vous abordez souvent cette thématique de
l’amour…
Pour moi l’amour, c’est la famille. J’ai une
famille aimante. Je n’ai pas eu besoin de m’en
recréer une, j’ai juste eu besoin de prolonger
mon enfance. Quand je travaille, je cherche à
recréer une famille. J’ai besoin qu’autour de
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