Théâtrorama

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Théâtrorama un article de Ange Lise Lapied
http://www.theatrorama.com/theatre-marseille/theatre-du-gymnase/melanie-laurent-le-derniertestament/
Mélanie Laurent récidive…
Projet après projet, Mélanie Laurent trace son sillon. On serait tenté de dire qu’elle imprime son
empreinte artistique (en allégeant consciencieusement son empreinte écologique) un peu plus
dans le paysage culturel. Une trajectoire cohérente qui prend du sens et offre une vue d’ensemble
lumineuse. Touche à tout de talent, elle continue son engagement avec sa première mise en scène
au théâtre, Le Dernier Testament, adapté du livre de James Frey, Le Dernier Testament de Ben Zion
Avrohom. Tentative réussie qui s’inscrit en toute logique dans la continuité du documentaire
Demain.
Après Demain…
De la réalisation à la mise en scène, il n’y a qu’un pas que Mélanie Laurent n’a pas hésité à franchir
pour s’atteler à l’adaptation du roman de James Frey. « L’adapter a été une évidence. Et l’envie de
l’adapter au théâtre plutôt qu’au cinéma une intuition : le cinéma contraint à une forme de
réalisme, de représentation exhaustive et, dans ce cas, prolifique, tandis que le théâtre offre
l’économie et la métaphore, le pouvoir de l’évocation. », explique l’actrice. La pièce devient un
conte moderne, une histoire épique où l’on retrouve l’esprit des créations d’Alexis Michalik, et
qui nous rappelle également la très intelligente mise en scène de Matthieu Hornuss dans Les
Prométhéens.
Quand on n’a que l’amour
Le Dernier Testament possède le même souffle que Demain. L’intrigue se transforme en légende qui
capte l’attention du spectateur aux premiers mots. Les personnages deviennent les acteurs et les
témoins d’un scénario proche du réalisme magique. Un tourbillon d’aventures en évangiles autour
d’un personnage central et solaire. Ben, messie contemporain sans autre religion que celle de
relier les hommes entre eux par l’amour. Anti-héros du quotidien, un peu paumé, un brin looser,
fan de jeux vidéo, de pizzas et d’alcool, Ben croupit dans un quartier du Bronx et assure sa
subsistance avec un boulot de vigile où il brille par sa bonne humeur et son application. Un
Américain sans le rêve qui va avec, mais avec un lourd passé qui lui plombe l’horizon. Né dans
une famille juive orthodoxe convertie à l’évangélisme, il fait partie des enfants battus par son
père, maltraité par son frère, pour être chassé à quatorze ans de chez lui.
De l’errance à la transcendance… Victime d’un accident au travail qui aurait dû le tuer sur le
coup, Ben survit miraculeusement et se réveille d’un coma comme un ressuscité. Mais le cerveau,
sévèrement atteint, a ses mystères, et les crises d’épilepsie extatique qu’il enchaîne deviennent des
révélations qui le muent en un être omniscient. Une clairvoyance qu’il partage avec ses semblables
dans le but de changer les choses, non pas par de longs discours, mais par des actes simples à la
portée de tous. Une persuasion sereine qui bouleverse la vie de ceux qui le côtoient et inquiète
ceux qui croient détenir une vérité immuable.
Good spirit
Le texte de James Frey trouve un nouvel écho avec l’interprétation plein d’allant des comédiens.
Une fabuleuse énergie positive entretenue par un rythme soutenu, qui préserve le suspens tout en
créant une attente, comme un lien qui unit le public à la scène. Les intermèdes musicaux
deviennent des pauses en harmonie, de véritables moments de grâce qui enchantent un peu plus
le spectateur qui se rallie à cette église sans étiquette de la fraternité. Quand vous sortiez du
documentaire Demain, vous aviez envie d’aller planter des fleurs. Le Dernier Testament crée un peu
le même effet secondaire d’aller semer, non pas la bonne parole, mais les bonnes idées qui ne
sont pas forcément les plus compliquées, pour recréer un Nouveau monde à la portée de tous.
En écoutant les commentaires positifs à la sortie de la pièce, il est fort à parier que Le Dernier
Testament prendra le même chemin que Demain.
Le Dernier Testament
D’après Le dernier testament de Ben Zion Avrohom de James Frey
Mise en scène Mélanie Laurent
Assistante à la mise en scène Amélie Wendling
Adaptation Mélanie Laurent, Charlotte Farcet
Avec Olindo Bolzan, Stéphane Facco, Gaël Kamilindi, Lou de Laâge, Jocelyn Lagarrigue, Nancy Nkusi, Morgan
Perez
Dramaturgie Charlotte Farcet
Création lumières Philippe Berthomé
Scénographie Marc Lainé
assisté de Stephan Zimmerli
Chorégraphie Arthur Perole
Musiques Marc Chouarain
Costumes Béatrice Rion, Rachida Bengherbi
Crédit photo : Jean-Louis Fernandez
Au théâtre du Gymnase jusqu’au 24 septembre puis en tournée
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