Dossier thématique
Dossier thématique
134
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007
conjonctivales. La guérison intervient 8 à 10 jours après le début
des symptômes, tandis qu’une évolution défavorable se manifeste
par un choc hypovolémique secondaire à des épanchements
viscéraux majeurs. Le diagnostic s’eff ectue par sérologie ELISA.
Un traitement par ribavirine associé à des mesures symptoma-
tiques diminue la mortalité attribuable à la fi èvre de Lassa. La
grande transmissibilité du virus par contact avec les sécrétions
des malades implique l’isolement de ces derniers et l’application
de mesures d’hygiène très strictes. Très peu de cas ont été décrits
chez les voyageurs, le dernier remontant à l’été 2006 chez un
touriste allemand revenant de Sierra Leone. En l’absence de
vaccin, la prévention de la contamination passe par l’évitement
des zones où sévissent les poussées épidémiques.
Les èvres hémorragiques des virus Machupo, Junin,
Guanarito
Ces trois virus sont endémiques en Amérique du Sud (le
Machupo en Bolivie, le Junin en Argentine et le Guanarito au
Venezuela), en zone rurale (12), où la transmission s’eff ectue
par contact direct avec les rongeurs infectés, par absorption de
nourriture contaminée par l’urine ou par voie aérienne (aéro-
solisation de l’urine infectée). Le tableau clinique est similaire
dans les trois cas : syndrome pseudo-grippal sévère avec éruption
pétéchiale et énanthème généralisé. L’évolution peut être fatale
dans un tableau de choc hémorragique. La nécrose hépatique est
toutefois moins sévère que dans la fi èvre de Lassa. Le traitement
est uniquement symptomatique et les mesures de prévention
reposent sur l’application de mesures d’hygiène strictes en zone
d’endémie. Il existe un vaccin contre le virus Junin, mais qui n’est
jamais proposé au voyageur à cause de la quasi-inexistence de
cas rapportés chez les touristes.
LES HÉPATITES À FILOVIRIDAE
Bien que très peu fréquentes, les fi èvres hémorragiques dites
Ebola ou Marburg, dont les agents viraux appartiennent à la
famille des Filoviridae, ont un impact majeur en termes de santé
publique à cause de leur fort taux de mortalité (de 25 à 80 %). Ces
deux virus sont responsables d’épidémies sporadiques, princi-
palement en République démocratique du Congo et au Gabon
pour Ebola, au Kenya et en Ouganda pour Marburg (13). Aucun
réservoir viral animal certain n’a été identifi é, mais les chauves-
souris semblent être un des vecteurs du virus de la fi èvre Ebola.
Les singes sont fréquemment contaminés et développent des
formes mortelles semblables aux formes humaines. La transmis-
sion à l’homme s’eff ectue par contact rapproché avec des liquides
ou tissus contaminés. Le risque de transmission interhumaine à
l’occasion des soins apportés aux malades est très élevé et néces-
site une mise en quarantaine stricte des patients contaminés. La
période d’incubation de 2 à 20 jours est suivie de l’installation
d’un syndrome pseudo-grippal intense avec diarrhée aqueuse,
puis syndrome hémorragique diff us au 5
e
jour avec éruption
maculopapuleuse (14). L’atteinte hépatique reste au second plan,
avec une nécrose hépatique focale et une cytolyse modérée. Le
décès survient dans un tableau d’encéphalite avec défaillance
multiviscérale, et le seul traitement possible est symptomatique.
Il n’existe pas à ce jour de moyens préventifs effi caces, à part,
pour le voyageur, d’éviter les zones épidémiques.
LES HÉPATITES À BUNYAVIRIDAE
Certains virus de la famille des Bunyaviridae, qui comprend aussi
les hantavirus, sont responsables de fi èvres hémorragiques. Le
réservoir en est inconnu (bovins, ovins, caprins peuvent être
infectés et servent de maillon de transmission par contact direct
avec les hommes). La contamination peut aussi s’eff ectuer par
piqûre de moustique (Aedes, Culex) pour la fi èvre de la vallée
du Rift (15), ou par piqûre de tique pour la fi èvre de Crimée/
Congo (10, 16). Le tableau clinique est celui d’un syndrome
pseudo-grippal suivi de diarrhée. Dans 5 % des cas, l’évolution
est plus sévère, avec une méningo-encéphalite, un syndrome
hémorragique et une insuffi sance hépatique secondaire à hépatite
aiguë ictérique. Le diagnostic est sérologique et la ribavirine
semble avoir démontré une certaine effi cacité dans le traitement
de ces fi èvres hémorragiques virales. Il n’existe pas de vaccin
humain à l’heure actuelle (un vaccin animal a été développé
pour la fi èvre de la vallée du Rift). ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Isaacson M. Viral hemorrhagic fever hazards for travelers in Africa. Clin
Infect Dis 2001;33:1707-12.
2. Van Herck K, Van Damme P, Castelli F et al. Knowledge, attitudes and prac-
tices in travel-related infectious diseases: the European airport survey. J Travel
Med 2004;11:3-8.
3. Freedman DO, Weld LH, Kozarsky PE et al. Spectrum of disease and relation
to place of exposure among ill returned travelers. N Engl J Med 2006;354:119-30.
4. Martin A, Lemon S. Hepatitis A virus: from discovery to vaccines. Hepatology
2006;43(2, Suppl.1):S164-S172.
5. Acharya S, Panda S. Hepatitis E virus: epidemiology, diagnosis, pathology
and prevention. Trop Gastroenterol 2006;27:63-8.
6. Maynard JE. Hepatitis B: global importance and need for control. Vaccine
1990;8(Suppl.):S18-S20; discussion S21-S23.
7. InVS. Estimation des taux de prévalence des anticorps anti-VHC et des
marqueurs du virus de l’hépatite B chez les assurés sociaux du régime général de
France métropolitaine, 2003-2004. BEH, 2005.
8. Barnett E. Yellow fever: Epidemiology and prevention. Clin Infect Dis
2007;44:850-6.
9. Pattnaik P. Kyasanur forest disease: an epidemiological view in India. Rev
Med Virol 2006;16:151-65.
10. Charrel RN, Attori H, Butenko AM et al. Tick-borne virus diseases of human
interest in Europe. Clin Microbiol Infect 2004;10:1040-55.
11. Richmond JK, Baglole DJ. Lassa fever: epidemiology, clinical features, and
social consequences. Br Med J 2003;327:1271-5.
12. Vainrub B, Salas R. Latin American hemorrhagic fever. Infect Dis Clin
North Am 1994;8:47-59.
13. Peterson AT, Bauer JT, Mills JN. Ecologic and geographic distribution of fi lo-
virus disease. Emerg Infect Dis 2004;10:40-7.
14. Mahanty S, Bray M. Pathogenesis of fi loviral haemorrhagic fevers. Lancet
Infect Dis 2004;4:487-98.
15. Flick R, Bouloy M. Rift Valley fever virus. Curr Mol Med 2005;5:827-34.
16. Flick R, Whitehouse CA. Crimean-Congo hemorrhagic fever virus. Curr Mol
Med 2005;5:753-60.