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En France, le Distilbène® a été largement utilisé jusqu’en 1977 pour traiter les
femmes enceintes afin de prévenir les fausses couches. Le Distilbène® a été le premier
exemple de carcinogène transplacentaire. En effet, ce médicament était pris par les mères
mais les cancers sont principalement apparus chez la descendance. De nombreuses décennies
après les premiers cas recensés, il a été montré que ce médicament peut altérer l’expression de
certains gènes et que cette altération se transmet jusqu’aux petites filles des femmes exposées.
Dans ce rapport, nous avons cherché à comprendre comment un médicament génotoxique et
reprotoxique tel que le Distilbène® a pu être commercialisé. Aujourd’hui, si ce médicament
était testé toxicologiquement, obtiendrait-il l’AMM? De plus, les expérimentations animales
doivent être interdites d’ici quelques années. Dans ce cas, les méthodes alternatives pourront-
elles remplacer l’expérimentation animale?
Pour répondre à ces questions, nous avons étudié le rôle et les effets du Distilbène®.
Le diéthylstilboestrol est un œstrogène de synthèse et un perturbateur endocrinien. Il exerce
son action en se liant au récepteur ER-α du 17--œstradiol. Les mécanismes à l’origine des
effets sur le développement du tractus reproductif sont encore mal connus mais s’appuieraient
sur les altérations de l’expression des gènes HOX et WNT.
Les risques pour les femmes exposées au DES in utero sont principalement des
adénocarcinomes du vagin à cellules claires et des anomalies structurales du tractus génital
qui peuvent prédisposer à des problèmes de la reproduction. Pour les hommes les anomalies
sont notamment une hypotrophie testiculaire, cryptorchidie, induration capsulaire et
hypospadias. En 1948, quand ce médicament a été commercialisé, aucun test toxicologique
n’a été effectué car les connaissances scientifiques étaient peu avancées. En réalité, on ne
pensait pas qu’une substance pouvait passer à travers le placenta et atteindre le fœtus. Par
conséquent, la loi n’avait pas prévu de réglementation pour les médicaments administrés
pendant la grossesse. La toxicité de la substance a été prouvée après la commercialisation
grâce à des études in vivo.
Les erreurs du Distilbène® ont cependant fait changer la réglementation. De nos jours,
les tests toxicologiques sont en effet beaucoup mieux encadrés. Cependant, les tests in vivo
doivent être supprimés, et, même si les tests de génotoxicité in vitro sont aujourd’hui fiables,
les tests de reprotoxicité n’ont à ce jour pas montré leur efficacité.