Les 23 et 24 février dans le cadre de l’accueil du
spectacle Hold On de la compagnie Le Laabo !
STAGE ANNE ASTOLFE
DU MOUVEMENT AU JEU : LE CORPS EN SCENE
Contact
Elise Deloince
Relation avec les publics et communication
Ligne directe 04 75 64 93 44
Jérôme André
Professeur-relai DAAC
LUNDI 23 FEVRIER
A. LE CORPS EN SCENE
Le stage est inauguré par une courte introduction de Dominique Lardenois, directeur
du théâtre, qui rappelle sa rencontre et ses diverses collaborations avec Anne Astolfe et son
court passage à l'école Lecoq (se souvenant avec humour de devoir improviser sur la couleur
jaune), tout en reconnaissant qu'il "a remis le corps au centre de la création théâtrale", avec
d'autres metteurs en scène tels que Giorgio Strehler ou Ariane Mnouchkine. Il évoque les
difficultés que représente la création d'un spectacle, notamment sur la thématique du travail,
et souligne le fait que durant deux étés, la compagnie du LAABO a été accueillie au théâtre
de Privas. Le spectacle Hold on est un succès, fort de 70 représentations (ce qui est beaucoup
pour un premier spectacle), et annonce que la deuxième création d'Anne Astolfe (toujours sur
le thème du travail) sera sans doute représentée au théâtre.
Anne Astolfe commence par dire qu'un stage à destination des enseignants est une
nouveauté pour elle (souvent les stagiaires sont des formateurs ou des animateurs de centre),
et s'enquiert des attentes du stage, en rappelant les enjeux du stage qui sont évidemment
reliés par la dimension pédagogique: l'école Lecoq, l'écriture collective sur plateau et la
démarche artistique.
Elle dresse les grandes étapes de son parcours : issue du monde du sport -elle a commencé
par les STAPS-, elle découvre lors d'ateliers proposés par la formation sportive le théâtre et le
plaisir du jeu. De là, elle décide de changer de voie et intervient très tôt dans des ateliers de
théâtre à Feyzin, avant de rejoindre l'école Lecoq. Sa formation première trouve là une sorte
d'aboutissement, et le passage du mouvement sportif au mouvement théâtral se fait
naturellement. Elle anime ensuite des ateliers à Privas en direction des enfants (Les P'tits
mômes) et des adolescents. En 2007 et 2008, elle poursuit sa formation chez Lecoq, fondée
cette fois sur l'observation. Sans intervenir (ce qui n'est pas sans frustration), elle doit regarder
comment fonctionnent les élèves, qui s'approprient les techniques du mouvement.
Suite à cette expérience, elle décide de créer un laboratoire de recherches, qui devient
le LAABO, fondé sur la recherche, l'erreur et l'expérimentation du mouvement et du jeu.
L'équipe entière (metteur en scène, comédiens, techniciens) se réfère aux principes de
l'OULIPO, et notamment de la contrainte, observant ainsi comment transposer sur le plateau
les contraintes d'écriture à travers le jeu, le rythme, le geste, afin d'arriver à une "phrase
gestuelle".
L'aspect mécanique du geste les entraîne vers le monde du travail, et ils décident
d'orienter leur travail vers le monde du travail et ses conséquences : perte ou déstructuration
de l'identité (d'le choix du prénom unisexe Dominique) et/ou de la vie privée. L'équipe
commence par se documenter sur le sujet, notamment l'ouvrage de Christophe Dejours, La
Souffrance au travail, et travaille en collaboration avec le CNAM.
Les improvisations ne les satisfaisant pas, du fait d'un manque d'expérience dans le
domaine de la plateforme téléphonique, ils décident de s'immerger dans cet univers en
rédigeant de faux-CV et en cherchant à être embauchés (ce qui n'est pas immédiat!). Le but
est de ramener de "la matière vécue pendant l'immersion" et de l'intégrer dans la création,
sous forme d'improvisation, par exemple autour de l'infantilisation ou du principe d'auto-
évaluation, en amenant le décalage nécessaire ou la transposition sur la scène du théâtre. A
partir de là, le fait de connaître la réalité a permis de gagner en justesse et de transposer cet
univers dans le spectacle de la compagnie, intitulé Hold on (Ne raccrochez pas).
Le premier échange concerne la notion de jeu avant la parole, qui est différent du mime
ou du jeu silencieux. Le corps parle, et il s'agit d'être curieux du corps, en regardant ce qui se
passe en soi et autour : par exemple, comment entrer dans un lieu, sous le regard des autres
et en les regardant, est une manière intéressante d'appréhender ce que dit ou fait le corps
(posture rentrée ou non ; tête en avant ou non, idem pour les épaules, le bassin, etc.). Plus on
est juste (comment on observe la vie), plus on peut avancer (en jeu). Ce qui intéresse Anne
Astolfe sur un plateau, c'est de reconnaître la vie, l'humanité, et son travail va en ce sens : je
joue, mais sur quoi m'appuyé-je? Le corps se souvient, et cette recherche du sensible
demande juste d'être là.
B. EXERCICES SUR PLATEAU
(intéressant pour un début d'échauffement, mais pas sur une heure, car relativement
fatigant)
MARCHES
1 - MARCHE EN OCCUPANT L'ESPACE, AVEC LE REGARD EN TENSION (tenir le regard
de l'autre comme un élastique ; sans affect ; quand l'accord tacite est clair, lâcher le regard)
2 - MARCHE AVEC L'INTENTION D'UN REGARD DE PRES : décider ou non de se regarder,
de s'arrêter, de continuer le regard même en continuant de marcher)
3 - MARCHE AVEC UN REGARD DE LOIN, EN OBLIQUE OU NON (se créer son histoire, un
contact visuel qui va plus loin)
OBSTRUCTION
1 - DEUX PERSONNES SE REGARDENT ET S'EMPECHENT DE PASSER (comme au
handball ou au basket ; passage en force mais sans contact ; veiller à utiliser tout le corps, y
compris les bras -pas de bras décédés- avec dynamisme)
VARIANTE 2: DURANT LA MARCHE, DEUX PERSONNES, TENTENT DE PASSER, PUIS
D'UN COMMUN ACCORD, ELLES PRENNENT LEUR ELAN (on prend son élan avec les
deux bras en arrière) ET SAUTENT POUR SE FRAPPER LES MAINS EN HAUTEUR AVANT
DE REPARTIR
VARIANTE 3 : S'EMPECHER DE PASSER, SAUTER ET FRAPPER LES MAINS, PUIS
REGARD VERS L'EXTERIEUR ET PARTIR CHACUN D'UN COTE DIFFERENT
VARIANTE 4 : S'EMPECHER DE PASSER, S'ATTRAPER LES DEUX AVANT-BRAS,
S'EQUILIBRER EN SE PENCHANT VERS L'ARRIERE, DESCENDRE VERS LE SOL, PUIS
REMONTER ENSEMBLE ET EN EQUILIBRE
VARIANTE 5 : S'EMPECHER DE PASSER, SE TOURNER PUIS SE COLLER DOS A DOS,
S'APPUYER SUR SON PARTENAIRE, DESCENDRE PUIS REMONTER ; REGARD A
GAUCHE ET PRENDRE UN AUTRE PARTENAIRE
VARIANTE 6 : S'EMPECHER DE PASSER, PUIS UNE PERSONNE ECARTE LES JAMBES;
L'AUTRE PASSE DESSOUS, SE RELEVE, REGARDE L'AUTRE QUI SE RETOURNE ET
POUSSE UN CRI (OU SEULEMENT L'EXPRESSION MUETTE) DE FRAYEUR
VARIANTE 7 : MARCHER, PUIS S'ARRETER EN FACE DE L'AUTRE ; PROPOSITION
D'UNE DES VARIANTES, A LAQUELLE L'AUTRE DOIT REPONDRE (intérêt de s'adapter à
la proposition de l'autre ; si erreur ou décision différente, comment réagir ?)
EXERCICE DE RYTHME
1 - DEUX PERSONNES FACE A FACE : CHACUN DIT 1, 2, 3 A SON TOUR (veiller au rythme
adopté et à ne pas se tromper sur les chiffres)
VARIANTE 1 : SUR LE CHIFFRE 1, CLAQUEMENT DE MAINS, DIRE 2 ET 3 POUR LE
RESTE
VARIANTE 2 : EN QUADRILLE, DEUX PERSONNES FAISANT FACE A DEUX AUTRES ;
PREMIER BINOME (face à face) QUI DIT 1 ET 2, PUIS LE BINOME SUIVANT DIT 3 ET 1
(les chiffres alternent et une grande concentration est nécessaire)
VARIANTE 3 : DEUX LIGNES DE QUATRE OU CINQ PERSONNES PAR LIGNES ET SE
FAISANT FACE ; PASSAGE DU 1 2 3 SUR LE MEME MODELE
C. CONSTRUCTION D'UNE SEANCE EN GROUPE
Anne Astolfe propose aux participants de constituer des groupes de six personnes, et
d'élaborer ensemble une séance d'une heure. L'âge et le nombre des personnes ciblées
peuvent également être donnés.
L'exercice vise à faire prendre conscience de la nécessité d'avoir une visée claire dans
le choix des exercices et leur intérêt, ce à quoi ils vont mener, qu'il s'agisse d'une impro ou
d'un travail sur textes, d'un moment de création collective, etc. Il importe d'équilibrer le
technique, l'exercice, mais aussi de laisser des moments de création plus libres ou ouverts.
Il a été vraiment intéressant de travailler en équipe, avec des enseignants ayant des
pratiques très diverses, et une expérience différente de l'enseignement du théâtre (option
facultative ou classe à PAC) et dans un esprit d'observation qu'a vécu Anne Astolfe au sein
de l'école Lecoq. Le but n'a pas été de juger la conceptualisation de la séance, mais d'en
observer la faisabilité ou de proposer quelques ajustements.
Exemple de proposition d'un groupe :
1 heure ; une quinzaine d'élèves, niveau troisième ; fin du premier trimestre
Objectif : la rencontre, provoquer et assumer une rencontre ; séance muette
Echauffement 5 minutes
- les élèves sont en cercle ; respiration commune ; puis toilette taoïste (tapoter le corps) et
étirements
- deux exercices : le killer et le samouraï
[RAPPEL : LE SAMOURAI]
Partir de la position neutre, le groupe est en cercle
- position du "sabre : mains jointes à plat au dessus de la tête
1) envoi : le sabre coupe la personne visée en deux, avec un cri sonore : "Ah!"
2) réception : la personne joint ses mains au niveau des jambes et remonte ses bras au-dessus
de la tête en criant : "Oh!"
3) les deux personnes sises à gauche et à droite de celui qui reçoit coupent le ventre (sans le
toucher évidemment) avec les deux mains jointes (geste en oblique) en criant ensemble : "Hi!"
Travail sur l'espace 25 minutes :
- marche simple, puis accélérée ; si on tape dans ses mains, position figée
- voyage imaginaire : un meneur raconte une histoire, et les élèves avancent en prenant
compte des indications de marche (sur des feuilles qui crissent, avec des chaussures à talon,
etc.) ; travail collectif ou seul : par exemple, trouver une source et tout le monde s'y précipite
pour étancher sa soif…
- exercice de la plume : chacun souffle sur une plume imaginaire et la fait avancer
- exercice d'équilibre sur plateau : image d'un radeau en mer ; il s'agit de trouver l'équilibre
pour éviter que le radeau penche trop d'un côté ou de l'autre
Travail des émotions 15 minutes :
- cercle : exercice du stylo rouge
[RAPPEL LE STYLO ROUGE]
Les comédiens sont assis en cercle. Le premier fait passer un stylo, en reprenant le dialogue
suivant :
- Tiens!
- Qu'est-ce que c'est?
- Un stylo rouge
- Un quoi?
- Un stylo rouge
On commence par une intonation neutre, puis on fait évoluer le dialogue en exprimant la
tristesse la colère, la joie, etc. VAR : on peut également laisser à chaque comédien le choix
de l'émotion exprimée.
Improvisation : 15 minutes
- entrée, démarche à trouver, humeur, rencontre puis séparation, le tout sans parole
DEBRIEFING (évaluation post-événementielle…)
Suite à cette présentation, on convient que la séance comporte beaucoup d'exercices
-il serait difficile de tout faire en une heure seulement, sans doute prévoir deux heures-, et que
le choix de bâtir toute la séance sans parole pourrait être repensé.
Il n'est pas nécessaire de prévoir une suture très forte entre les exercices, et il est bon
de varier les pratiques au cours de l'heure, d'aller voir quelque chose de différent pour aérer,
relancer,… Il ne faut pas oublier que les résultats ne sont pas toujours immédiats, et qu'il faut
accepter de ne pas avoir le contrôle (objectif non atteint), car les moments de bascule,
d'appropriation peuvent surgir plus tard, n'importe quand. L'essentiel, c'est de ne pas perdre
de vue le côté ludique ("qu'ils s'éclatent"). Si l'on choisit un angle trop technique, il faut le
contrebalancer avec une création à eux, quitte à ce que ce soit mauvais, mais la discussion
qui s'ensuivra permettra d'y réfléchir et de percevoir pourquoi cela ne fonctionne pas.
Un débat s'ensuit sur le fait d'intégrer ou non des paroles dans le jeu. Il est intéressant
de prouver aux élèves que le jeu ne passe pas obligatoirement par les mots. Pour eux, ce
choix permet de casser certaines représentations (sans texte, ce n'est pas du théâtre) ou
d'éviter les grosses ficelles du jeu : violence ou colère, "vannes" faciles, etc.; et de les amener
à jouer autrement. Anne Astolfe indique que parfois, les enjeux ou sens du texte -y compris
pour les enseignants- ne sont pas toujours clairs ou compris, ce qui fait que le comédien parle,
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