En cause, une déconnection entre les populations et le système de santé : moins de la moitié
de la population consulte un médecin en cas de maladie. Pour des raisons financières et
culturelles, les malades privilégient la médecine traditionnelle et l’automédication. Elles ne
recourent aux médecins que quand la maladie a atteint un stade avancé, et que le risque de
décès est alors grand et le coût de traitement élevé.
Le financement constitue une barrière importante à l’accès aux soins. En moyenne, les
dépenses pour la santé sont de 30$ par an et par tête, l’équivalent d’un mois de salaire d’un
malien, et sont consacrées à des traitements d’urgence complexes. En effet, le coût des
consultations et des traitements étant trop élevés, les familles n’ont souvent pas la liquidité
nécessaire pour se rendre spontanément chez le médecin quand la maladie survient.
Quant au système d’assurance de santé publique, il est très peu développé puisqu’il est lié au
travail salarié, et que celui-ci ne représente que 5 à 10% de l’économie des pays africains
comme le Mali. En conséquence, seuls 0,09% des dépenses de santé sont actuellement
couvertes par une assurance, et ne concernent presque pas les populations aux revenus bas et
instables.
Dans ce contexte, les dispositifs de santé se concentrent sur le curatif, et la prévention est
relayée au second plan. Les centres de santé n’ont pas assez de ressources pour assurer du
curatif et du préventif, ils se concentrent donc sur le traitement des malades. Il en est de même
pour les familles qui couvrent directement 70% des dépenses de santé et sont réticentes à
payer en plus pour de la prévention dont elles ne voient l’intérêt immédiat.
En termes de ressources et d’équipement, si des structures de soins primaires existent
et sont équipées en personnel médical, elles sont sous-utilisées et souvent dans des situations
financières précaires. Leur taux de fréquentation n’étant que de 30%, elles ne génèrent pas
assez de revenus des consultations et de la vente de médicaments. Pire, lorsqu’un patient se
présente, elles le renvoient le plus souvent aux structures d’un niveau supérieur, comme
l’hôpital, car il est déjà dans une situation critique et elles ne disposent d’équipements
techniques suffisants. Ainsi, l’inexistence d’une médecine de proximité, pourtant promue par
le gouvernement, capable de prévenir et traiter les maladies bénignes, créé de profonds
déséquilibres dans le système de santé
LA STRATEGIE
Avec Pesinet, 70% des causes de mortalité sont ciblées. Un suivi médical régulier est
assuré auprès des familles (enfants & femmes enceintes) par des agents de pesée. Chaque
semaine, au moment de leur visite, ces derniers collectent les données sanitaires des enfants et
femmes enceintes suivies et les entrent, via leur téléphone portable, sur un logiciel conçu
spécialement à cet effet. Les informations sont alors envoyées sur une base de donnée
centralisée et sécurisée. Quand une urgence est identifiée, le médecin du centre de santé local
partenaire en est automatiquement informé par l’interface web et un « bon d’urgence » est
donné au patient pour qu’il vienne le consulter gratuitement dans la journée. Son éventuel
traitement médicamenteux sera alors pris en charge à 50%.
Avec ce système simple et unique, Pesinet offre un service complet impactant toute la
chaîne sanitaire, depuis la prévention jusqu’au traitement. Une première évaluation de
l’impact menée sur le pilote de Bamako a permis de mettre en avant des résultats probants :
réduction de la mortalité de 55% pour les enfants, et de 47% de pour les mères.