Le Courrier des addictions D. Touzeau* Directeur de la publication : Claudie Damour Terrasson Rédacteur en chef : Dr Didier Touzeau (Bagneux) Rédacteur en chef adjoint : Florence Arnold-Richez (Chatou) T Comité de rédaction F. Arnold-Richez (Chatou) - Dr M. Auriacombe (Bordeaux) I. Berlin (Paris) - Dr R. Berthelier (Arpajon) Pr B. Christophorov (Paris) - Dr F. Cohen (Créteil) Dr P. Courty (Clermont-Ferrand) - Dr A. Dervaux (Paris) E. Fellinger (Strasbourg) - Dr L. Gibier (Tours) - F. Noble (Paris) - Dr D. Touzeau (Bagneux) - Dr J. Vignau (Lille). Comité scientifique Pr J. Adès (Colombes) - Pr D. Bailly (Lille) - Dr D. Barrucand (Limeil-Brévannes) - Pr G. Brücker (Paris) - Pr A. CharlesNicolas (Fort-de-France) - Pr A. Féline (Le Kremlin-Bicêtre) - Pr C. Jacquot (Paris) - Pr Ph. Jeammet (Paris) - Pr G. Lagrue (Créteil) - Pr C. Lejeune (Colombes) - Pr H. Lôo (Paris) Dr M. Mallaret (Grenoble) - Pr D. Marcelli (Poitiers) Pr R. Molimard (Villejuif) - V. Nahoum-Grappe (Paris) Dr C. 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Société éditrice : DaTeBe S.A.S Président-directeur général : Claudie Damour-Terrasson Commercial Directeur du développement commercial : Sophia Huleux-Netchevitch Directeur des ventes : Chantal Géribi Directeur d’unité : Béatrice Tisserand Régie publicitaire et annonces professionnelles : Valérie Glatin Tél. : 01 46 67 62 77 – Fax : 01 46 67 63 10 Abonnements : Florence Lebreton (01 46 67 62 87) 2, rue Sainte-Marie, 92418 Courbevoie. Tél. : 01 46 67 62 00 – Fax : 01 46 67 63 10 E-mail : [email protected] Site Internet : http://www.edimark.fr ISSN : 1294-2561 Trimestriel - Prix du numéro : 22 € Huile sur toile. Anne de Colbert Christophorov. Rédaction Secrétaire générale de la rédaction : Magali Pelleau Secrétaire de rédaction : Brigitte Hulin Rédactrices-réviseuses : Cécile Clerc, Sylvie Duverger, Muriel Lejeune, Odile Prébin Premier rédacteur graphiste : Didier Arnoult Rédactrices graphistes : Mathilde Aimée, Christine Brianchon Dessinateurs d’exécution : Stéphanie Dairain, Christelle Ochin Responsable technique : Virginie Malicot FEJUPSJBM L’addictologie est-elle soluble dans les institutions hospitalières et médico-sociales ? out le monde est bien d’accord : la proposition du nouveau Plan Addiction 2007-2011 est largement saluée par tous les professionnels, il complète (ou se substitue ?) au plan MILDT 2004-2008 qui avait, lui, une ambition interministérielle et envisageait l’ensemble du champ. Il vise à combler des manques importants de santé publique en tabacologie, alcoologie, en ce qui concerne le milieu carcéral et conforte certains secteurs qui ont déjà obtenu des résultats prometteurs (réduction des risques, traitement de substitution). Mais comment le mettre en musique ? Avec quels musiciens ? Quels en seront les chefs d’orchestre ? Même si des décorations ont déjà été décernées dans la fièvre électorale à certains de ses auteurs, avant même sa mise en œuvre (comme s’il s’agissait de conjurer les mauvais sorts ou désigner les futurs chefs d’orchestre), on peut légitimement s’interroger sur la volonté de nos institutions politiques et médico-administratives de coordonner les différents “talents” de ce nouveau secteur. Le “livret” retenu est classique, l’air est connu et pas très original. C’est celui d’un opéra en trois “actes”. Un modèle de “facture” hospitalière, hiérarchisé en trois “niveaux”. Gare aux couacs ! On peut, en effet, s’interroger sur la pertinence de cette graduation qui peut être contre-productive et générer une opposition entre les modalités de prises en charge : le dispositif hospitalier qui s’institue “de recours” risque de ne proposer que le sevrage (facilement quantifiable) comme modalité de soins privilégiée. Sauf si une articulation étroite est prévue avec les réseaux de soins et la prise en charge ambulatoire médicosociale, nécessairement construite dans la durée, beaucoup plus complexe et qui devrait donc bénéficier des compétences les plus pointues... Sinon, à l’issue d’un savant écrémage, les patients les plus lourds seront maintenus à distance des lieux les mieux dotés pour les traiter... D’autant que l’accompagnement au long cours risque aussi de souffrir d’un manque de moyens, étant plus difficilement évaluable (la réflexion entreprise sur la qualité de vie dans ce numéro prend ici toute son acuité). Les personnels chargés de son application sont enfermés dans des statuts bien codifiés laissant peu de place à l’innovation ou à la collaboration de nouveaux acteurs (ex-addicts, counselors, bénévoles...) qui auraient pu contribuer à la une prise en considération des besoins des patients et anticiper les dérives corporatistes. Rapidement, les débats de la Commission nationale addictions** se sont focalisés sur les prérogatives des différentes structures de soins et sur les tarifications. Ces discussions élémentaires étaient probablement inévitables dans un contexte budgétaire restrictif. Un consensus de façade a prévalu à cause de la nécessité de maintenir une unité devant la persistance des résistances moralisatrices (le site “drogue danger débat” nous éclaire sur ces visions obscurantistes) de ceux qui doutent toujours du bien-fondé de l’offre de traitements : Jean Harbonnier l’a parfaitement expliqué dans Le Courrier des addictions de décembre 2006. Reste maintenant aux acteurs du Plan à choisir des chefs d’orchestres ouverts aux autres disciplines capables de prévenir les tentations corporatistes, avatar de la “maladie infantile de l’addictologie”. Il ne faudrait pas que les efforts louables, pour faire de l’addictologie une discipline médicale, nous empêchent de construire une patient based addictologie s’appuyant sur des institutions accessibles, innovantes. Et, en définitive qui se gardent surtout n de faire écran aux spécificités de cette clinique originale. * Rédacteur en chef du Courrier des addictions. ** Créée et désignée par Xavier Bertrand alors ministre de la Santé en novembre 2006, elle a “une responsabilité majeure pour évaluer la mise en œuvre du plan et son efficacité” et se réunit chaque trimestre en plénière. Elle comprend 42 membres qui animent différents groupes de travail ouverts à l’ensemble des intervenants : 29 personnalités qualifiées, dans les domaines de la toxicomanie, de l’alcool, du tabac et de l’addiction et 13 représentants institutionnels (DGS, Dhos, MILDT, assurance maladie, AFSSAPS, INPES, Observatoire français des drogues et des toxicomanies [OFDT], Institut national du cancer [INCA], Haute autorité de santé [HAS], ordres des pharmaciens et des médecins, et des médecins inspecteurs régionaux). 75 Le Courrier des addictions (9) ­– n° 3 – juillet-août-septembre 2007