L`addictologie est-elle soluble dans les institutions

Le Courrier des addictions (9) n° 3 juillet-août-septembre 2007
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FEJUPSJBM
L’addictologie est-elle
soluble dans les institu-
tions hospitalières
et médico-sociales ?
D. Touzeau*
Tout le monde est bien d’accord : la proposition du nouveau Plan Addiction 2007-2011
est largement saluée par tous les professionnels, il complète (ou se substitue ?) au plan
MILDT 2004-2008 qui avait, lui, une ambition interministérielle et envisageait l’ensem-
ble du champ. Il vise à combler des manques importants de santé publique en tabacologie, al-
coologie, en ce qui concerne le milieu carcéral et conforte certains secteurs qui ont déjà obtenu
des résultats prometteurs (réduction des risques, traitement de substitution). Mais comment le
mettre en musique ? Avec quels musiciens ? Quels en seront les chefs d’orchestre ?
me si des corations ont été cernées dans la fièvre électorale à certains de ses auteurs,
avant me sa mise en œuvre (comme s’il s’agissait de conjurer les mauvais sorts ou signer les
futurs chefs d’orchestre), on peut légitimement s’interroger sur la volon de nos institutions po-
litiques et médico-administratives de coordonner les différents “talents” de ce nouveau secteur.
Le “livretretenu est classique, l’air est connu et pas très original. C’est celui d’un opéra en trois
“actes”. Un modèle de “facture” hospitalière, hrarchisé en trois “niveaux”. Gare aux couacs !
On peut, en effet, s’interroger sur la pertinence de cette graduation qui peut être contre-pro-
ductive et générer une opposition entre les modalités de prises en charge : le dispositif hos-
pitalier qui s’institue “de recours” risque de ne proposer que le sevrage (facilement quantifia-
ble) comme modalité de soins privilégiée. Sauf si une articulation étroite est prévue avec les
réseaux de soins et la prise en charge ambulatoire médicosociale, cessairement construite
dans la durée, beaucoup plus complexe et qui devrait donc bénéficier des compétences les plus
pointues... Sinon, à l’issue d’un savant écrémage, les patients les plus lourds seront maintenus
à distance des lieux les mieux dotés pour les traiter... D’autant que l’accompagnement au long
cours risque aussi de souffrir d’un manque de moyens, étant plus difficilement évaluable (la
réflexion entreprise sur la qualité de vie dans ce numéro prend ici toute son acuité).
Les personnels chargés de son application sont enfermés dans des statuts bien codifiés
laissant peu de place à l’innovation ou à la collaboration de nouveaux acteurs (ex-addicts,
counselors, bénévoles...) qui auraient pu contribuer à la une prise en considération des be-
soins des patients et anticiper les dérives corporatistes.
Rapidement, les débats de la Commission nationale addictions** se sont focalisés sur les pré-
rogatives des différentes structures de soins et sur les tarifications. Ces discussions élémen-
taires étaient probablement inévitables dans un contexte budgétaire restrictif. Un consensus
de façade a prévalu à cause de la nécessité de maintenir une unité devant la persistance des
résistances moralisatrices (le site “drogue danger débat” nous éclaire sur ces visions obscuran-
tistes) de ceux qui doutent toujours du bien-fonde l’offre de traitements : Jean Harbonnier l’a
parfaitement expliqué dans Le Courrier des addictions de décembre 2006.
Reste maintenant aux acteurs du Plan à choisir des chefs d’orchestres ouverts aux autres
disciplines capables de prévenir les tentations corporatistes, avatar de la “maladie infantile
de l’addictologie”. Il ne faudrait pas que les efforts louables, pour faire de l’addictologie
une discipline médicale, nous empêchent de construire une patient based addictologie s’ap-
puyant sur des institutions accessibles, innovantes. Et, en définitive qui se gardent surtout
de faire écran aux spécificités de cette clinique originale.
n
Huile sur toile. Anne de Colbert Christophorov.
Le Courrier des addictions
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* Rédacteur en chef du Courrier des addictions.
** Créée et désignée par Xavier Bertrand alors ministre de la Santé en novembre 2006, elle a “une res-
ponsabilité majeure pour évaluer la mise en œuvre du plan et son efficacité” et se réunit chaque trimestre
en plénière. Elle comprend 42 membres qui animent différents groupes de travail ouverts à l’ensemble des
intervenants : 29 personnalités qualifiées, dans les domaines de la toxicomanie, de l’alcool, du tabac et de
l’addiction et 13 représentants institutionnels (DGS, Dhos, MILDT, assurance maladie, AFSSAPS, INPES, Ob-
servatoire français des drogues et des toxicomanies [OFDT], Institut national du cancer [INCA], Haute autorité
de santé [HAS], ordres des pharmaciens et des médecins, et des médecins inspecteurs régionaux).
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