MÉDITERRANÉE. L'économie sociale et solidaire (ESS) peut être le nouvel atout de la Méditerranée.
Coopératives, associations, mutuelles et fondations s'évertuent à prôner ce modèle économique dont
le but est de créer de l'emploi et du lien social. L'ESS ne doit pas pour autant être considérée comme
"une économie d'assistanat", précise Jean-Louis Bancel, président du Crédit Coopératif. Au contraire,
elle représente une démarche qui valorise le travail des hommes et compense les capitaux souvent
coûteux.
Samedi 8 novembre 2014 à Marseille, l'ESS se trouvait à l'honneur des 10e Rendez-vous économiques
de la Méditerranée en clôture de la 8e Semaine économique de la Méditerranée (5 au 8 novembre
2014). Organisée par le Cercle des économistes et le Femise (Forum euroméditerranéen des instituts
de sciences économiques), avec comme thème "quelle contribution l'économie sociale et solidaire
peut-elle apporter au développement en Méditerranée ?", cette manifestation a fait le point sur ce
mode économique émergent dans le bassin méditerranéen, qui doit intégrer, au Sud, la nouvelle
donne née des printemps arabes. Une véritable opportunité pour le développement de l'ESS.
L'économie sociale et solidaire s'articule autour de trois attentes: développer la proximité sur le
territoire, générer la performance économique et fortifier la solidarité. Et, il est applicable à tous les
secteurs d'économie. En somme, l'ESS est une "manière fondamentale de voir l'économie", selon
Michèle Trégan, conseillère régionale Provence-Alpes-Côte d'Azur, déléguée à l'emploi et à
l'économie sociale et solidaire.
Encadrer les jeunes et renforcer le rôle des femmes
Les pays méditerranéens connaissent un chômage important, plus particulièrement chez les jeunes.
"Nous ciblons les moins de trente ans sans diplôme", explique Ahmed Aït Haddout, président du
réseau marocain d'économie sociale et solidaire. Même avis chez Abdelkader Zoukh, wali d'Alger
(l'équivalent du gouverneur), pour qui l'ESS doit "accompagner les jeunes dans leurs projets
productifs de micro-entreprises."
Le Maroc, l’Égypte, l’Algérie ont su, au cours de ces dernières années, s’interroger sur leur identité
en remettant en question la place de la religion dans leur société ainsi que la nécessité de séparer les
pouvoirs. Mourad Ezzine, directeur du Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI), propose pour
sortir le Sud de la crise la mise en place d'une économie de la connaissance. "Les problèmes
d'éducation ont creusé le fossé entre le Nord et le Sud " affirme-t-il. Il milite pour la mise en réseau
des universités, pour la mobilité des jeunes. L'analyse du cas de la Tunisie, désignée comme « success
story » par les orateurs, incite à l'optimisme.
Au Maroc, plus de 50% des femmes sont analphabètes. Pour lutter contre cela, une centaine de
coopératives, dont la première fut créée en 1995, s'échine à travailler sur la couverture sociale de
cette frange de la population. Ada Bazan, coordinatrice internationale du réseau Quartiers du monde
au Maroc, le clame haut et fort: "Les femmes doivent être capables de prendre des décisions et de
saisir leur place dans la société. Pour cela, il faut travailler sur les droits et l'alphabétisation". Mais
cela a un coût.