Vincent Trybou Centre des Troubles Anxieux et de l’Humeur 117 rue de Rennes 75006 Paris 01 43 25 08 07 Paris, le 30 août 2010 Copie à : Annie Labbé, Présidente d’ARGOS 2001 1-3 rue de la Durance 75012 Paris Monsieur Spire, J‘ai rencontré avec Annie Labbé, présidente d’Argos 2001, association de 4 000 membres atteints de troubles psychiatriques, Béatrice Calis, vice présidente, et le Docteur Hantouche, secrétaire du Forum Européen sur les Troubles Bipolaires, Monsieur Arnaud Simon le 08 Février 2010. Nous lui avons demandé qu’Aides reconnaisse les personnes souffrant de troubles bipolaires comme population à risque, et lui avons fourni les nombreuses études mondiales sur la forte prévalence de ces patients dans le sida. Durant 7 mois, nos appels téléphoniques ont souvent été sans suite et le peu de fois où nous avons pu avoir Monsieur Simon au téléphone, il nous a confirmé « étudier ce projet et nous tenir au courant prochainement ». Aujourd’hui est sorti dans le magazine Les Inrockuptibles un article dans lequel Monsieur Jean Marie Le Gall dit que la contamination des bipolaires n’est pas attestée, qu’aucune étude scientifique solide n’existe, et que les bipolaires ne sont pas touchés. Plusieurs faits me scandalisent, et j’espère qu’Argos et moi-même aurons une réponse de votre part : - Comment Monsieur Jean Marie Le Gall peut-il faire de telles déclarations dans la presse alors que Monsieur Simon ne nous a toujours communiqué l’état d’avancement des choses ? N’est-ce pas cavalier d’apprendre la position d’Aides par la presse et non par Monsieur Simon lui-même ? - Comment Monsieur Le Gall peut-il à la fois dire qu’aucune étude n’existe et en même temps dire que les bipolaires ne sont pas touchés ? D’où tire t’il cette donnée péremptoire si aucune étude ne porte sur ce point ? Ce paradoxe n’a échappé à personne lors de la lecture de l’article dans les Inrockuptibles, d’autant plus que le journaliste mentionne le rapport de l’OMS sur sida et maladies mentales et souligne donc que des études existent bel et bien. Ce paradoxe semble soit montrer que Monsieur Le Gall donne son avis sans avoir lu les études ou alors qu’il fait de la négation pure et simple d’informations existantes. Dans un cas comme l’autre, cela me parait grave pour un organisme comme AIDES. - Comment Monsieur Le Gall peut-il résumer les études que nous lui avons fournies (et qui donc existent !) en disant qu ‘ « une corrélation n’est pas une causalité » ? Il devrait savoir qu’en science, à par un accident ou un virus qui sont en effet des causalités directes, tout est corrélation. Et une corrélation est un lien statistique entre deux éléments, deux dimensions ou deux scores. Les études que nous avons avancées ont montré une augmentation significative du risque de co-occurrence entre troubles bipolaires et infection sida. Les résultats sont validés d’une part par les odd ratios (risque relatif) élevés et d’autre part par des explications cliniques et phénoménologiques. Monsieur Le Gall n’a l’air de comprendre ni les données de base (ce qu’est un trouble bipolaire et le risque qu’il provoque) ni la notion de odd ratio et de variables dues au hasard. - Monsieur Le Gall a t’il les connaissances psychiatriques nécessaires pour estimer que des experts internationaux seraient à ce point incompétents pour croire que « tout comportement irrationnel devient un trouble » ? Pour rappel, un diagnostic porte sur un ensemble de symptômes, qui tous ensemble forment un trouble. Il n’est donc nullement question d’un comportement irrationnel qui serait le seul critère diagnostique retenu par les études, mais d’une maladie reconnue par tous les organismes de santé dans le monde et de la prévalence de cette maladie bipolaire dans le sida en comparaison à la population générale. Il y a, dans cette histoire, autant de mépris que de parti pris, et cela ne me paraît pas acceptable de la part d’un organisme de lutte contre le sida appelé à l‘aide par une association de malades psychiatriques. Aides a tranché sans avoir apporté d’études contradictoires à nos études scientifiques, avec des arguments méthodologiques faux, et par voie de presse plutôt que directement auprès d‘Argos et moi-même. Aides a décrété que la maladie bipolaire ne présentait pas de risque vis à vis du sida C’est une légitimité dangereuse envers les malades psychiatriques de notre pays, et l’exact inverse de votre mission et de l’action de Michel Foucault dont vous vous revendiquez. Veuillez croire, Monsieur Spire, en ma très haute considération. Vincent Trybou, Centre des Troubles Anxieux et de l’Humeur.