Rencontre annuelle
IRSC - ULAVAL
24 novembre 2011
L’INSOMNIE ET SON IMPACT CHEZ
LES PERSONNES ATTEINTES DE CANCER
La problématique
Depuis 1997, l’équipe de Josée Savard mène des recherches épidémiologiques et cliniques sur les difficultés de
sommeil associées au cancer. Ces travaux ont établi que les symptômes d’insomnie sont deux à trois fois plus
fréquents chez les personnes atteintes de cancer que dans la population en général (30 à 60 %), notamment
dans les semaines suivant le diagnostic de cancer. Contrairement à une croyance répandue, ces symptômes
ne diminuent que très peu avec le temps, surtout si la personne rencontre les critères diagnostiques d’un
syndrome d’insomnie.
Ainsi, si aucun traitement nest offert, ce qui est souvent le cas en clinique, la personne subira ces symptômes
dérangeants pendant des mois, voire des années, ainsi que leurs conséquences néfastes multiples (augmen-
tation du risque de développer d’autres troubles psychologiques, fatigue, détérioration du fonctionnement
cognitif, diminution de la qualité de vie, etc.), entraînant des coûts importants pour la société (augmentation
des consultations médicales, retour au travail retardé, par exemple). De plus, de nombreuses études en psy-
choneuroimmunologie ont montré un lien entre certains facteurs psychologiques (ex. : dépression, stress) et un
fonctionnement immunitaire altéré. Les perturbations du sommeil influenceraient aussi le système immunitaire,
mais les impacts de ces changements sur la santé n’ont jamais été évalués.
Le projet
Cette étude évaluera la relation entre la qualité du sommeil, le fonctionnement immunitaire et l’occurrence
d’infections chez des femmes traitées en chimiothérapie pour un cancer gynécologique. Il est attendu que
les patientes souffrant d’insomnie auront plus d’altérations du fonctionnement immunitaire et présenteront
davantage d’épisodes d’infections durant et après la chimiothérapie.
Cent patientes traitées pour un cancer de l’ovaire seront évaluées avant le début de la chimiothérapie, à deux
reprises durant les deux premiers cycles de chimiothérapie, ainsi quà la toute fin de leur chimiothérapie, et trois
et six mois plus tard. Leur sommeil sera évalué par questionnaire, auto-enregistrement, actigraphie (appareil
ressemblant à une montre mesurant les cycles éveil-sommeil) et entrevue téléphonique (qui évaluera aussi les
épisodes d’infection). Différents paramètres immunitaires seront mesurés par prélèvements sanguins.
Les symptômes d’insomnie
sont deux à trois fois
plus fréquents chez
les personnes atteintes
de cancer que dans
la population en général.
Les collaborateurs
La Dre Josée Savard sera assistée de Charles M. Morin et Célyne H. Bastien,
également professeurs à l’École de psychologie et experts des aspects
psychologiques et de la mesure du sommeil, de Jean-Philippe Gouin,
professeur adjoint de psychologie à l’Université Concordia et spécialiste
de la psychoneuroimmunologie, et de Félix Couture, hémato-oncologue
à L’Hôtel-Dieu de Québec (CHUQ). De plus, la thèse doctorale de Sophie
Ruel, effectuée sous la direction de Josée Savard, sera réalisée dans le
cadre de ce projet de recherche.
Les retombées scientifiques
Des centaines d’études ont démontré que des facteurs tels le stress, la
dépression et le sommeil sont associés à des changements sur le plan
immunitaire. Malheureusement, la grande majorité de ces études n’ont
pas vérifié si ces altérations étaient d’une nature ou d’une amplitude suf-
fisantes pour avoir un impact réel sur la santé des gens ou sur l’évolution
de maladies comme le cancer.
Parce que cette étude mesurera tant le fonctionnement immunitaire que
l’occurrence d’infections durant une période où les patientes sont plus
vulnérables durant et après la chimiothérapie, cette étude fournira un
éclairage sur les effets possibles des difficultés de sommeil sur la santé.
Les retombées sociales
Les difficultés de sommeil sont généralement banalisées en contexte
d’oncologie, et donc sous-diagnostiquées et sous-traitées. Elles peuvent
entraîner de nombreuses conséquences négatives tant pour la personne qui
en souffre que pour la société. En effet, l’insomnie représente un fardeau
économique considérable. Pourtant, des études ont prouvé l’efcacité
des traitements psychologiques (thérapie cognitivo-comportementale)
de l’insomnie.
En démontrant que l’insomnie peut avoir des conséquences négatives sur
le fonctionnement immunitaire et sur l’occurrence d’infections durant et
après la chimiothérapie, cette étude fournira un argument additionnel de
taille pour inciter les instances à implanter plus largement des programmes
de dépistage et de traitement de l’insomnie dans les cliniques d’oncologie.
La chercheuse principale
Josée Savard est professeure titulaire à l’École de psychologie de l’Université Laval. Elle a obtenu son
doctorat en psychologie (Ph. D.) de l’Université Laval en 1996. Puis elle a réalisé un stage postdoctoral en
psycho-oncologie au Fox Chase Cancer Center à Philadelphie.
Grâce à une première subvention obtenue par les IRSC (1997-2000, alors le Conseil de recherches médicales
du Canada), elle a intégré en 1997 le Centre de recherche de L’Hôtel-Dieu de Québec à titre de chercheuse
régulière. En 1999, elle a été nommée professeure subventionnelle, en 2000, elle a obtenu un poste de pro-
fesseure adjointe à l’École de psychologie de l’Université Laval où elle est professeure titulaire depuis 2008.
DRE JOSÉE SAVARD
Faculté des sciences sociales
100 % Imprimé au Canada, DC11-2011
1 / 2 100%
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