FMC
LES 10 POINTS
CLÉS NEUROLOGIE
24 / N° 99 30 mai > 5 juin 2016
DR MARIELLE AMMOUCHE*,
SAINT-CLOUD (92)
1.L’insomnie est un trouble fréquent, trop
souvent banalisé. Environ 20 à 30 %
de la population se plaint de troubles du
sommeil, dont 15-20 % d’insomnie modé-
rée et 9-10 % d’insomnie sévère.
2.L’insomnie correspond à diérentes
situations :
– des troubles de l’endormissement ;
– des troubles de maintien du sommeil ;
– un réveil trop précoce ;
– un sommeil non récupérateur ou de
mauvaise qualité.
Cela entraîne des conséquences dans
la journée : fatigue, malaises, troubles
de l’attention, de la concentration, de
la mémoire, irritabilité, troubles de
l’humeur… Un décès sur la route sur
trois est lié à un endormissement
au volant.
3.Les insomnies peuvent être primaires
lorsqu’on ne retrouve aucune des
causes telle qu’anxiété, dépression, pa-
thologie organique, apnées du sommeil
ou jambes sans repos. Elle est secondaire
si l’une de ces causes est retrouvée.
4. Le médecin traitant prend en charge
le patient insomniaque la plupart du
temps. La consultation est obligatoire-
ment longue, car il s’agit de comprendre
le mode et le rythme de vie du patient,
ses attentes et ses besoins en matière de
sommeil. Est-il long (plus de neuf heures)
ou court dormeur (moins de six heures) ?
Régulier dans ses horaires, etc. ?
5. Des erreurs d’hygiène de vie doivent
être recherchées : stimulants excessifs
dans la journée, café ou équivalent en trop
grande quantité, activité sportive intense
et tardive, consultation d’ordinateur,
tablette ou smartphone avant le coucher
6. Deux outils sont utiles : un agenda du
sommeil, et un questionnaire détaillé,
téléchargeable sur reseau.morphee.fr,
qui explore les habitudes du sommeil :
horaires de coucher et de lever, éveils
éventuels, régularité des horaires ; ainsi
que les symptômes associés et les antécé-
dents. Il évalue l’anxiété, la dépression et
la somnolence diurne.
7.Devant une insomnie chronique, il
faut toujours évoquer un stress, un
syndrome anxiodépressif et rechercher
une comorbidité.
8.Lapproche thérapeutique peut
être pharmacologique ou non. Elle
dépend du type d’insomnie, de sa nature,
primaire ou secondaire, de l’étiologie,
de l’intensité, de la durée, du retentis-
sement du trouble, et de la demande du
patient.
9. La prise en charge doit d’abord com-
porter des mesures d’hygiène du som-
meil : horaires de lever réguliers ; pas de
sieste après 16 h, pas de café après 16 h ;
éviter l’exercice physique intensif le soir ;
repas léger et peu d’alcool le soir ; tempé-
rature fraîche de la chambre à coucher ;
nécessité du silence ; conserver le même
cadre environnemental.
10.Les psychothérapies, en particulier
cognitivo-comportementales, et la
relaxation sont ecaces.
Les traitements pharmacologiques
classiques doivent répondre à certaines
règles. Les hypnotiques benzodiazépi-
niques peuvent être utilisés, mais sur
une période courte, ou de manière occa-
sionnelle. Les anxiolytiques non benzo-
diazépiniques (type étifoxine) ont toute
leur place, du fait de l’absence d’accou-
tumance. Il n’est pas recommandé
d’associer deux molécules hypnotiques.
Ces agents ont un rapport bénéfices/
risques défavorable chez les sujets âgés.
Dans cette population, la mélatonine à
action prolongée est ecace, en mainte-
nant l’architecture du sommeil.
La phytothérapie (comme la mélisse ou
la valériane) est intéressante dans les
troubles mineurs du sommeil. Elle évite
d’avoir recours à des traitements médica-
menteux plus lourds.
RÉFÉRENCES
Léger D, Ogrizek P.
Rev Prat
2007;57:1545-54.
Royant-Parola S.
Rev Prat Med Gen
2015;951(29):824-5.
* Le Dr Marielle Ammouche déclare n’avoir
aucun lien d’intérêts concernant les données
présentées dans cet article.
L’insomnie
La prise en charge de l’insomnie est déterminée par
lenquête étiologique. Le bilan recherche une cause psychogène,
organique, iatrogène ou une pathologie spécifique.
QUAND DEMANDER
UN AVIS SPÉCIALI
Dans l’insomnie, le recours à
une consultation spécialisée du
sommeil et à une exploration
éventuelle ne se justifie que dans
certains cas particuliers :
insomnie rebelle au traitement
bien conduit ;
suspicion d’une cause organique
pouvant justifier d’un enregistrement
du sommeil : syndrome des jambes
sans repos, mouvements périodiques
nocturnes, troubles respiratoires
ou du rythme cardiaque au cours du
sommeil ;
insomnie chronique inexpliquée,
atypique ou particulièrement
complexe, avec d’importants
retentissements sur la journée.
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