L`insomnie

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FMC
LES 10 POINTS
CLÉS
NEUROLOGIE
L’insomnie
La prise en charge de l’insomnie est déterminée par
l’enquête étiologique. Le bilan ­recherche une cause psychogène,
organique, iatrogène ou une pathologie spécifique.
et tardive, consultation d’ordinateur,
t­ ablette ou smartphone avant le coucher…
DR MARIELLE AMMOUCHE*,
SAINT-CLOUD (92)
1.
L’insomnie est un trouble fréquent, trop
souvent banalisé. Environ 20 à 30 %
de la population se plaint de troubles du
sommeil, dont 15-20 % d’insomnie modérée et 9-10 % d’insomnie sévère.
2.
L’insomnie correspond à différentes
situations :
– des troubles de l’endormissement ;
– des troubles de maintien du sommeil ;
– un réveil trop précoce ;
– un sommeil non récupérateur ou de
mauvaise qualité.
Cela entraîne des conséquences dans
la journée : fatigue, malaises, troubles
de l’attention, de la concentration, de
la mémoire, irritabilité, troubles de
l’humeur… Un décès sur la route sur
trois est lié à un endormissement
au volant.
3.
Les insomnies peuvent être primaires
lorsqu’on ne retrouve aucune des
causes telle qu’anxiété, dépression, pathologie organique, apnées du sommeil
ou jambes sans repos. Elle est secondaire
si l’une de ces causes est retrouvée.
4.
Le médecin traitant prend en charge
le patient insomniaque la plupart du
temps. La consultation est obligatoirement longue, car il s’agit de comprendre
le mode et le rythme de vie du patient,
ses attentes et ses besoins en matière de
sommeil. Est-il long (plus de neuf heures)
ou court dormeur (moins de six heures) ?
Régulier dans ses horaires, etc. ?
5.
Des erreurs d’hygiène de vie doivent
être recherchées : stimulants excessifs
dans la journée, café ou équivalent en trop
grande quantité, activité sportive ­intense
24 /
6.
Deux outils sont utiles : un agenda du
sommeil, et un questionnaire d
­ étaillé,
téléchargeable sur reseau.morphee.fr,
qui explore les habitudes du sommeil :
horaires de coucher et de lever, éveils
éventuels, régularité des horaires ; ainsi
que les symptômes associés et les antécédents. Il évalue l’anxiété, la dépression et
la somnolence diurne.
QUAND DEMANDER
UN AVIS SPÉCIALISÉ
Dans l’insomnie, le recours à
une consultation spécialisée du
­sommeil et à une exploration
­éventuelle ne se justifie que dans
certains cas particuliers :
– insomnie rebelle au traitement
bien conduit ;
– suspicion d’une cause organique
pouvant justifier d’un enregistrement
du sommeil : syndrome des jambes
sans repos, mouvements périodiques
nocturnes, troubles respiratoires
ou du rythme cardiaque au cours du
sommeil ;
– insomnie chronique inexpliquée,
atypique ou particulièrement
complexe, avec d’importants
­retentissements sur la journée.
7.
Devant une insomnie chronique, il
faut toujours évoquer un stress, un
syndrome anxiodépressif et rechercher
une comorbidité.
8.
L’approche thérapeutique peut
être pharmacologique ou non. Elle­
dépend du type d’insomnie, de sa nature,
primaire ou secondaire, de l’étiologie,
de l­ ’intensité, de la durée, du retentissement du trouble, et de la demande du
patient.
9.
La prise en charge doit d’abord comporter des mesures d’hygiène du sommeil : horaires de lever réguliers ; pas de
sieste après 16 h, pas de café après 16 h ;
éviter l’exercice physique intensif le soir ;
­repas léger et peu d’alcool le soir ; température fraîche de la chambre à coucher ;
­nécessité du silence ; conserver le même
cadre environnemental.
10.
Les psychothérapies, en particulier
cognitivo-comportementales, et la
relaxation sont efficaces.
Les traitements pharmacologiques
classiques doivent répondre à certaines
règles. Les hypnotiques benzodiazépiniques peuvent être utilisés, mais sur
une période courte, ou de manière occasionnelle. Les anxiolytiques non benzodiazépiniques (type étifoxine) ont toute
leur place, du fait de l’absence d’accoutumance. Il n’est pas recommandé
d’associer deux molécules hypnotiques.
Ces agents ont un rapport ­bénéfices/
risques défavorable chez les sujets âgés.
Dans cette population, la mélatonine à
action prolongée est efficace, en maintenant l’architecture du sommeil.
La phytothérapie (comme la mélisse ou
la valériane) est intéressante dans les
troubles mineurs du sommeil. Elle évite
d’avoir recours à des traitements médicamenteux plus lourds.
RÉFÉRENCES
Léger D, Ogrizek P. Rev Prat 2007;57:1545-54.
Royant-Parola S. Rev Prat Med Gen 2015;951(29):824-5.
* Le Dr Marielle Ammouche déclare n’avoir
aucun lien d’intérêts concernant les données
présentées dans cet article.
30 mai > 5 juin 2016
N° 99
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