fié par un spécialiste et prescrit
par un médecin. Tous les adep-
tes du fitness (1,3 million, selon
l'Office fédéral du sport) ne bé-
néficieront donc pas automati-
quement de la gratuité.
Concrètement, qui pourrait
se rendre au fitness sur le dos
des assurés? Membre du comité
de direction de la Fédération
suisse des centres de fitness, Ca-
role Bilat précise que le texte (li-
re ci-contre) vise les personnes
connaissant déjà des problèmes
de santé. «Si un individu ayant
un diabète de type 2, des problè-
mes de dos, d'articulations, a
une activité physique régulière
et qu'il est bien suivi, il pourra
réduire sa consommation de
médicaments. L'activité physi-
que remplacera la prise de médi-
caments chers. Les coûts de la
santé diminueraient.»
Un surcoût de 1 milliard
Une proposition qui ferait bais-
ser les primes maladie, faut-il
donc signer les yeux fermés? Pas
si simple. SantéSuisse, associa-
tion faîtière des assurances-ma-
ladie, estime que l'initiative fe-
rait... exploser les coûts. «Envi-
ron 1,3 million de personnes pos-
sèdent un abonnement de fit-
ness à 800 francs. Cela provo-
querait un surcoût de 1 milliard
de francs à charge de l'assuran-
ce de base. Et donc une augmen-
tation des primes de 4 %», affir-
me Christophe Kaempf, porte-
parole pour la Suisse romande.
François Héritier, président
de la Société suisse de médecine
générale, n'est pas non plus em-
ballé par ce projet. «Le patient-
client ne sera pas très motivé à
aller au fitness s'il sait que son
abonnement est remboursé. Je
trouve que cette initiative sent la
promotion des intérêts particu-
liers des fitness.» Historien du
sport et entraîneur de course à
pied, Pierre Morath abonde dans
ce sens. «Par quel tour de passe-
passe les fitness auraient-ils le
monopole de la capacité à amé-
liorer la santé des gens et de faire
baisser les coûts de la santé?»
Que pensent les médecins du
sport? Ils sont partagés sur la
pertinence de cette initiative po-
pulaire. Pour Gérald Gremion,
médecin adjoint du Centre de
médecine du sport du CHUV,
«dans le cas d'un patient atteint
d'une maladie chronique (pro-
blèmes cardio-vasculaires, obési-
té), ça vaut la peine de prendre
en charge son abonnement.
Mais un coach, reconnu par les
assurances, doit contrôler son
activité physique.»
Comme François Héritier,
Finn Mahler, directeur médical
du Swiss Olympic Medical Cen-
ter de l'Hôpital de la Tour (GE).,
affirme que, si l'abonnement est
offert, «il n'est pas sûr du tout
que les gens seront assidus».
Sa proposition? «Le principe
de subventionner un patient
«Si un individu
ayant du diabète
a une activité
physique régulière
et qu'il est bien suivi,
il pourra réduire
sa consommation
de médicaments»
Carole Bilat, membre de la
Fédération des centres de fitness
pour qu'il soit plus actif est bon.
L'assurance obligatoire pourrait
rembourser des consultations
d'activités physiques. Le méde-
cin examine les capacités physi-
ques de la personne et regarde
ce qui est le mieux pour elle.
Vous savez, parfois, il est bien
plus utile d'inciter le patient à
marcher régulièrement que de
l'envoyer dans un fitness.»
Directeur de la Médecine du
sport du Swiss Olympic Medical
Center de Macolin, Boris Goja-
novic dit un oui, avec énormé-
ment de mais, à l'initiative. Se-
lon lui, pour que le but recherché
soit atteint, il faut responsabili-
ser les fitness, les patients et les
médecins. «Les fitness doivent
prouver qu'ils vont tout mettre
en oeuvre pour améliorer la santé
du patient-client et non pas seu-
lement leurs rentrées financiè-
res. Les universités forment des
spécialistes en activité physique
adaptée. On pourrait exiger des
fitness que leurs entraîneurs sui-
vent une telle formation.»
Carole Bilat rétorque que de
nombreux fitness emploient dé-
jà des formateurs qui possèdent
un brevet fédéral. «Il est fini le
temps où vous deveniez profes-
seur de fitness après deux jours
de formation. C'était il y a dix
ans», sourit-elle.
Remboursé. Ou pas
Boris Gojanovic entend aussi
responsabiliser les patients-
clients et les médecins. «On
pourrait imaginer que le client
paie son abonnement et qu'en
fonction de ses résultats il soit
remboursé. S'il se rend au fit-
ness une fois par semaine, c'est
bien, mais pas suffisant. Quant
au médecin prescripteur, on
pourrait lui demander des
comptes. Il serait en contact
avec le fitness pour s'assurer du
travail accompli et des résultats
obtenus par le patient.»
Cette suggestion fait bondir
François Héritier. «Les méde-
cins n'ont pas à avoir ce rôle de