http://www.lafinancepourtous.com/Outils/Mediatheque/Videotheque/Les-interviews-de-l-IEFP/Epargnants-La-crise-est-elle-finie
puissance pour entrainer un redémarrage de la production industrielle et de l’investissement susceptible de
tirer vers le haut les indices boursiers.
De plus la volatilité reste forte, ce qui constitue une source d’incertitude supplémentaire pour les
épargnants. Les politiques monétaires ont été des politiques « quantitatives ». Elles ont consisté en un
déversement massif de liquidités dans le monde. Mais les banques centrales n’ont pas le tableau de bord
leur permettant de savoir quand opérer des retraits de ces liquidités. Leur action peut tomber « juste »,
mais il y a autant de probabilité pour que ces retraits interviennent trop tôt ou trop tard. Cette incertitude
invite à la prudence.
Risque de croissance molle… dans le meilleur des cas de figure
Comme on le sait, souligne Mathilde Lemoine, on sort vraiment d’une crise lorsque d’une part le système
financier a pu « passer ses pertes » et ses dépréciations d’actifs et peut à nouveau prêter, et d’autre part
lorsque l’investissement des entreprises repart. C’est ce qui a pu être observé pour toutes les crises
financières du 20ème siècle. Pour qu’une telle reprise des investissements s’opère, les taux d’utilisation
des capacités de production doivent redémarrer. Les entreprises doivent avoir confiance dans la
progression de la demande future. Du fait notamment de la remontée du chômage dans le monde, cela
parait difficilement envisageable à court terme. Les facteurs dépressifs sur le potentiel d’activité restent
significatifs. On devrait donc connaitre une croissance molle, et ce « dans le meilleur des cas, c'est-à-dire
dans le cas ou les stratégies de « sorties » des politiques monétaires et budgétaires de crises s’opèrent
» .correctement, sans forte augmentation des rendements obligataires
Leçons de la crise pour les épargnants
Pour Mathilde Lemoine, les épargnants avaient un peu oublié le lien entre le rendement et le risque : « on
avait le sentiment, explique-t-elle, d’être dans une période un peu merveilleuse où on pouvait avoir
beaucoup de rendement de son épargne sans beaucoup de risque ». La crise a montré que les choses
sont plus compliquées que cela. Elle a aussi mis en relief le risque de liquidité qui, lui, avait eu tendance à
être totalement oublié. « Certains titres n’étaient pas si liquides que cela et quand « la mer s’est retirée »,
».on a pu se rendre compte qu’on ne pouvait plus vendre ses titres
L’important est maintenant que « ces leçons servent ». « La vraie leçon, souligne–t-elle, serait d’accepter
collectivement un rendement un peu inférieur de notre épargne et qu’il soit mieux en lien avec la réalité de
». Il s’agirait d’inciter les entreprises àla croissance de l’économie et de la distribution des richesses
investir dans leurs moyens de production, la productivité et la recherche & développement et « pas
seulement de donner l’illusion d’une croissance très rapide des cours boursiers ».
Mais, s’inquiète Mathilde Lemoine il n’est pas sûr que « l’on soit encore mûr » pour trouver le bon équilibre
et « accepter de renoncer à un rendement très élevé de l’épargne». Il n’est que de voir ce qui se passe
dans l’immobilier. Les investisseurs ont toujours très envie que les prix de l’immobilier augmentent une fois
qu’ils ont acheté, mais ils ont tendance à oublier que d’autres doivent « entrer » sur le marché et que l’on a
besoin d’un équilibre pour que l’économie fonctionne correctement.
Interview réalisée le 2 septembre 2009