Maladie cardiaque coronarienne

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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE
MÉDECINE
Maladie cardiaque
­coronarienne
De nouvelles directives donnent plus de
poids aux tests d’effort non invasifs. Un
simple ­calculateur de risque permet au médecin de ­définir sa stratégie thérapeutique.
Texte: Felicitas Witte, journaliste scientifique et médecin
Illustration: Emanuele Fucecchi
Plus de 1,7 million de personnes décèdent chaque année en
­Europe d’une maladie cardiaque coronarienne (MCC), dont
plus de 700 000 ont moins de 75 ans et plus de 330 000 ont
moins de 65 ans. Un décès sur cinq en Europe est causé par
une MCC. Chacun doit en connaître les risques: hypertension,
diabète, troubles du métabolisme des lipides et, surtout, tabagisme. Ils provoquent tôt ou tard l’artériosclérose qui, au cœur,
se manifeste sous forme de MCC. L’angine de poitrine se déclare
à l’effort ou au repos: douleurs pectorales pouvant irradier dans
le bras gauche, voire jusqu’au maxillaire inférieur donnant au
malade la sensation qu’un cercle de tonneau lui écrase la poitrine. La Société européenne de cardiologie (SEC) a récemment
émis de nouvelles directives sur la MCC. «L’examen diagnostique n’a que peu changé», précise Franz Eberli, cardiologue
en chef au Triemlispital de Zurich. Ce qui est nouveau cependant, c’est que le médecin évalue désormais la probabilité que
le patient souffre réellement d’une MCC, après anamnèse,
ECG et éventuel examen radiologique. «Si cette probabilité
est inférieure à 15%, on peut admettre que les douleurs ont une
autre cause», souligne Franz Eberli. Les nouvelles directives
­recommandent de procéder à une angiographie avec possibilité
d’angioplastie par dilatation par cathéter à ballonnet ou par la
pose d’un stent si la probabilité est de plus de 85% et que les
symptômes sont typiques et prononcés. Si la probabilité se situe
entre 15% et 85%, il faut d’abord procéder à des examens non
invasifs afin de déterminer l’ampleur de l’ischémie sous épreuve
d’effort.
La tomographie CT n’est pas une bonne méthode de screening
«Le recours à la bicyclette ergométrique a perdu de son importance car elle ne reflète pas suffisamment bien l’ischémie», informe Franz Eberli. «En lieu et place, la SEC recommande plutôt
une scintigraphie du myocarde, une échocardiographie sous
­effort ou une tomographie à résonance magnétique nucléaire.»
La tomographie CT assistée par ordinateur a également et visiblement pris de l’importance. «Je l’utilise volontiers pour les
­patients jeunes qui ne présentent qu’un risque faible à moyen de
MCC», ajoute-t-il. «Les personnes plus âgées qui présentent un
risque élevé ont souvent des calcifications étendues des artères
coronaires qui laissent la MCC en tomographie CT paraître plus
grave qu’elle ne l’est en réalité. La coronographie CT ne convient
certainement pas comme examen étendu de screening.»
Une angiographie est indiquée lorsque les examens non invasifs
révèlent une ischémie cardiaque. En fonction de l’étendue de la
sténose, le patient se verra prescrire des médicaments, la pose
d’un stent ou un pontage coronarien. Lorsqu’un ou deux vaisseaux sont concernés, la norme prescrit la pose d’un stent à élu-
La maladie cardiaque coronarienne se manifeste typiquement par l’angine de
poitrine. Les symptômes sont une forte douleur dans la poitrine derrière le
sternum, parfois irradiante, comme si un cercle de tonneau écrasait la poitrine.
tion médicamenteuse de la troisième génération. «Ce n’est pas
seulement meilleur, mais aussi plus sûr que les stents sans élution médicamenteuse», précise Franz Eberli.
Il est indispensable d’arrêter de fumer
Après l’intervention, le patient devra prendre divers inhibiteurs
de l’agrégation des thrombocytes pendant plusieurs mois, voire
jusqu’à une année. «Des études s’interrogent actuellement sur
cette durée», dit Franz Eberli. «Mais la longue durée de l’inhibition de l’agrégation des thrombocytes reste la norme jusqu’à
que nous ayons des résultats.» Les cardiologues recommandent
un pontage coronarien si trois vaisseaux sont rétrécis, surtout
si le patient est diabétique.
Il n’est pas certain que la pratique d’un sport ou la perte de
poids soient susceptibles d’améliorer une MCC. Dans le cadre
de la grande étude Look AHEAD, des diabétiques de type 2
n’ont pas plus souvent eu des infarctus du myocarde que des
passionnés de sport. «Ce qui apporte certainement une amé­
lioration, c’est l’arrêt du tabagisme», ajoute Franz Eberli. «Il est
indispensable d’arrêter de fumer si l’on veut faire quelque chose
pour son cœur et ses vaisseaux!»
Bibliographie
Eur Heart J 2013; 34(38): 2949–3003 – Eur Heart J (2014), en ligne le 29.8.2014
SWISS DENTAL JOURNAL VOL 124 10/2014
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