CoeurPoumon FoieReinPancréas
Les critères spécifiques du donneur cardiaque
Pour que la transplantation cardiaque puisse fonction-
ner, il est nécessaire que le donneur respecte plusieurs
critères spécifiques. Le Pr Olivier Gurné, du Service de
pathologie cardiovasculaire, nous parle de ces critères
de sécurité qui, s’ils ne sont pas remplis, peuvent faire
annuler la transplantation.
¬ La localisation : comme le délai entre le prélèvement et la
transplantation ne peut excéder quatre heures, Eurotransplant
référencera prioritairement des centres hospitaliers à proximité
géographique. Comme la Belgique est un pays relativement petit,
cinq des sept centres belges se sont regroupés pour former un
centre unique, avec la même liste d’attente afin de pouvoir bénéfi-
cier de cette priorité locale.
¬ Le groupe sanguin
¬ La compatibilité immunologique : dans le cas où le receveur
aurait déjà été immunisé suite à une opération ou encore une
transfusion.
¬ L’ âge: plus le donneur est âgé, plus les risques cardiovascu-
laires, d’hypertension, de diabète, etc. seront élevés.
¬ La qualité de l’organe : pour déterminer la qualité d’un cœur,
les médecins se basent sur les résultats d’échographies car-
diaques ou de l’électrocardiogramme. Au besoin, une coronaro-
graphie sera réalisée afin de vérifier l’état des coronaires. Autre
point à prendre compte : si une trop grande quantité de médica-
ments intraveineux stimulant le cœur est nécessaire pour que le
cœur fonctionne normalement, cela signifie que l’organe est déjà
en souffrance et ne pourra dès lors faire l’objet d’une transplanta-
tion.
¬ L’ environnement du cœur : il y a des précautions à prendre afin
de préserver l’organe des donneurs en état de mort cérébrale. Par
exemple, après la mort cérébrale, le taux de sodium dans le corps
du patient a parfois tendance à augmenter, ce qui pourrait endom-
mager le cœur.
« Si ces critères de contrôle ne sont pas remplis, ils peuvent annuler
la transplantation et ce, à n’importe quel moment du déroulement »,
explique le Pr Gurné.
QU’EN EST-IL DE L’ASSISTANCE AU LONG TERME ?
C’est plus complexe car cela nécessite une intervention chirurgi-
cale à thorax ouvert. Les chirurgiens connectent une pompe à la
pointe du ventricule gauche pour drainer le sang et le renvoyer
dans l’aorte ascendante. La pompe est elle-même connectée
vers l’extérieur via un câble percutané, de manière à rendre ac-
cessibles les informations liées au fonctionnement de l’appareil
et à transmettre l’énergie nécessaire. Il s’agit d’une intervention
particulièrement lourde qui s’adresse surtout aux patients en
attente d’une transplantation et dont on estime qu’ils pourraient
ne pas survivre jusqu’à la greffe.
SELON VOUS, L’ASSISTANCE EST-ELLE UN PASSAGE VERS LA TRANSPLANTATION OU
UNE ALTERNATIVE À CETTE DERNIÈRE ?
Pour le moment, l’assistance est clairement un passage vers
la transplantation. Chez le patient transplantable, la greffe est
indétrônable. Cela dit, pour les patients ne rassemblant pas les
critères pour être transplantés (un âge trop élevé par exemple),
elle peut aussi être envisagée comme une véritable alternative.
POUR LES PATIENTS TRANSPLANTABLES, L’ASSISTANCE POURRAIT-ELLE DEVENIR
UN JOUR UNE ALTERNATIVE À LA TRANSPLANTATION ?
Oui, plusieurs recherches visent à améliorer les techniques et
ce, en vue d’arriver à des résultats aussi bons que la transplan-
tation.
Ce serait une manière de contourner la pénurie des organes. Les
études explorent trois voies :
1. au niveau du matériel : le but est de rendre l’intervention
moins lourde et moins invasive, soit en élaborant des machines
plus petites et plus faciles à implanter, soit en concevant d’autres
techniques.
2. au niveau du câble percutané : cause d’infections liées au
passage cutané, il reste un problème. Les chercheurs se penchent
sur des alternatives transcutanées par induction électrique.
3. au niveau de la biocompatibilité : pour éviter la formation
de caillot dans les pompes constituées de matériel principalement
étranger, les patients doivent prendre des anticoagulants, ce qui
risque aussi de provoquer des saignements. Ces deux risques
sont toujours en balance et il serait bienvenu de pouvoir les éviter.
DES CHIFFRES INQUIÉTANTS…
Dans le monde, près de quatre mille transplantations cardiaques sont réalisées tous
les ans ; or, le nombre de personnes qui en auraient besoin oscille entre 6.000 et 8.000.
Aux USA, sans tenir compte des critères de limite d’âge et autres, on considère que
10 millions de personnes se trouveraient en état d’insuffisance cardiaque et nécessite-
raient dès lors d’être transplantées ou assistées.
Les critères spécifiques du donneur cardiaque
DES CRITÈRES POUR LE RECEVEUR ÉGALEMENT
Le receveur doit également remplir des critères spécifiques pour être inscrit sur la
liste d’attente. « Si le nombre de cœurs à disposition reste relativement constant, la
liste de personnes en attente de transplantation ne cesse d’augmenter, insiste le Pr Gur-
né. Dès lors, il convient de faire le meilleur usage possible de l’organe que l’on reçoit. »
Aussi, chaque inscription de patient à la liste d’attente constitue une décision difficile.
« Chaque cas est discuté lors de réunions pluridisciplinaires rassemblant des médecins, des
assistants sociaux, des psychiatres, des infirmiers, etc. De cette manière, nous nous par-
tageons la responsabilité – morale notamment – d’une telle décision. » L’équipe tiendra
compte de critères objectifs (critères vitaux, limite d’âge, surcharge pondérale, hygiène
de vie, etc.) mais également subjectifs. « Nous devons considérer l’aspect psychologique
du receveur; la transplantation peut s’avérer être une véritable épreuve tant pour le patient
que pour sa famille. » Autre élément à estimer, le comportement du patient par rapport à
son traitement : « Va-t-il le suivre correctement, se rendre régulièrement aux consultations
et avoir une bonne hygiène de vie? Pour toutes ces raisons, la décision finale sera prise en
équipe multidisciplinaire », conclut le Pr Gurné.
victor-master-4-Corr-Tilt.indd 2 20/05/14 10:47