Sous l'égide de la Revue de Presse d'Oncologie et Hématologie Clinique online Edité par www.rdv-lymphome-llc.fr LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC numéro 3 SOMMAIRE Editop 2 Que sont-ils devenus ? Le suivi des 3 projets de la 2nde édition p3 Projet SMS ONCO-HÉMATO, Brive-la-Gaillarde p 4 Lymphomes cérébraux : accompagner les soignants, les patients et les proches, Lyon p 8 Projet DIGI-LYMPH : la biopsie liquide, du concept à l’application clinique, Rouen p 10 Fatigue et lymphome, l’expérience Hollandaise, Utrecht p 12 La parole aux associations p 13 France Lymphome Espoir (FLE) p 13 Le magazine des « Rendez-Vous du Lymphome et de la LLC » Forts du succès de leurs deux précédentes éditions, « les Rendez-Vous du Lymphome » se sont intéressés cette année à une autre pathologie lymphoïde d’intérêt : la Leucémie Lymphoïde Chronique (LLC). Nous sommes heureux de vous présenter le nouveau numéro du magazine des « Rendez-Vous du Lymphome et de la LLC ». Dans ce numéro, vous découvrirez les 3 projets d’excellence élus par le Comité de Pilotage des « Rendez-Vous du Lymphome et de la LLC » parmi de nombreuses initiatives innovantes ainsi qu’un sujet proposé par les associations de patients : France Lymphome Espoir (FLE) et l’association de Soutien et d’Information à la Leucémie Lymphoïde Chronique et la Maladie de Waldenström (SILLC). Nous remercions pour leur aimable participation les équipes du Centre Hospitalier de Brive-la-Gaillarde, du Centre Léon Bérard de Lyon, du Centre Henri Becquerel de Rouen et de l’Helen Dowling Instituut d’Utrecht. Association de Soutien et d’Information à la Leucémie Lymphoïde Chronique et la Maladie de Waldenström (SILLC) p 13 Vous pouvez voir ou revoir l’émission 2015 sur rdv-lymphome-llc.fr en flashant ce QR code L’émission des « Rendez-Vous du Lymphome et de la LLC » diffusée en direct le 15 octobre 2015 est disponible sur www.rdv-lymphome-llc.fr Les intervenants de la 3ème édition de gauche à droite : Guillaume CARTRON, Philippe SOLAL- CÉLIGNY, Guy BOUGUET, Julie HENRY, Vincent CAMUS, Véronique LEBLOND, Annie ALLONCLE, Christian PUPPINCK et Cédric ROSSI (absent sur la photo) LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC Édito « On a tous à gagner à partager nos expériences » « Les Rendez-Vous du Lymphome » ont été imaginés dans le but de mettre en lumière des expertises régionales d’excellence dans la prise en charge des pathologies lymphoïdes manquant encore parfois de visibilité. De par la réussite des deux précédentes éditions, « Les Rendez-Vous du Lymphome » ont cette année évolué en intégrant la Leucémie Lymphoïde Chronique pour devenir « Les Rendez-Vous du Lymphome et de la LLC ». Nous sommes allés, pour la 3ème année consécutive à la rencontre de ces équipes en région pour vous présenter leur projet innovant au cours d’une émission diffusée en direct le 15 octobre 2015 sur www.rdv-lymphome-llc.fr. Nous avons également sollicité les lauréats de l’édition 2014 afin d’apprécier l’évolution et les perspectives d’avenir de leur projet. Les projets de l’édition 2015 sont répartis en trois catégories distinctes à savoir, organisation des soins, initiative au service des patients et recherche médicale. Parmi 17 projets régionaux candidats, trois ont ainsi été sélectionnés par le Comité de Pilotage des « Rendez-Vous du Lymphome et de la LLC ». Chacun d’entre eux ayant fait l’objet d’un reportage vidéo en région, commenté en direct par un représentant de l’équipe participant à l’émission. Pour cette 3ème édition, les internautes ont été invités à voter en direct durant l’émission pour le projet de leur choix afin de permettre au lauréat de remporter une bourse d’un montant de 5 000 euros. Le sujet patient « la fatigue en Hématologie » a quant à lui été illustré par l’expérience Hollandaise d’un centre psychothérapeutique prenant en charge des patients atteints de cancer. Ces quatre initiatives innovantes vous seront détaillées dans ce magazine. Comité de pilotage de la 3e édition C’est à la fois en tant que patients et représentants des associations de patients que Guy BOUGUET (président de France Lymphome Espoir) et Christian PUPPINCK (président de l’Association de Coordinateurs Soutien et d’Information à la Leucémie Lymphoïde Chronique et la Maladie de Waldenström) nous ont fait le plaisir d’apporter leur regard respectif sur le sujet. Guillaume CARTRON (Hématologue, CHU Montpellier) Coordinateurs Philippe SOLAL-CÉLIGNY (Hématologue, Institut de Cancérologie de l’Ouest, Nantes/Angers) Guillaume CARTRON (Hématologue, CHU Montpellier) Philippe SOLAL-CÉLIGNY (Hématologue, Institut de Cancérologie de l’Ouest, Nantes/Angers) Membres Fabrice JARDIN (Hématologue, Centre Henri Becquerel, Rouen) Membres Hervé GHESQUIÈRES (Hématologue, CHU Lyon) Anne-Sophie MICHALLET (Hématologue, Centre Léon Bérard, Lyon) Fabrice JARDIN (Hématologue, Centre Henri Becquerel, Rouen) Cédric ROSSI (Représentant de l’Association des Internes en Hématologie : AIH) Hervé GHESQUIÈRES (Hématologue, CHU Lyon) ® www.RDVlymphome.com Guy BOUGUET (Président de France Lymphome Espoir : FLE) Anne-Sophie MICHALLET (Hématologue, Centre Léon Bérard, Lyon) Christian PUPPINCK (Président de l’Association de Soutien et d’Information Cédric ROSSI (Représentant de l’Association des Internes en Hématologie : AIH) à la Leucémie Lymphoïde Chronique et la Maladie de Waldenström : SILLC) Guy BOUGUET (Président de France Lymphome Espoir : FLE) 2 Christian PUPPINCK (Président de l’Association de Soutien et d’Information à la Leucémie Lymphoïde Chronique et la Maladie de Waldenström : SILLC) www.rdv-lymphome-llc.fr Que sont-ils devenus ? Projet CAMELEON, Caractérisation moléculaire des lymphomes diffus à grandes cellules en routine « Une dimension régionale » Au centre Henri Becquerel de Rouen, le projet CAMELEON a donné lieu à la mise en place d’onze réunions pluridisciplinaires (cliniciens, biologistes Fabrice JARDIN, moléculaires, anatomopathologistes, etc). Par la mise Hématologue (Rouen) en commun de toutes les techniques innovantes de biologie moléculaire, une quarantaine de dossiers a été évaluée afin de caractériser au mieux les patients atteints de lymphome diffus à grandes cellules et d’influencer éventuellement le choix thérapeutique. Plusieurs demandes d’analyses proviennent à ce jour d’autres centres hospitaliers que celui de Rouen. Création d’un poste infirmier pour la coordination des autogreffes « Le patient au centre de la démarche » Le poste infirmier créé précédemment au CHU de Lyon Sud s’est aujourd’hui imposé comme la pierre angulaire de la prise en charge du patient greffé. L’année dernière, 103 patients ont ainsi pu bénéficier d’un accompagnement par une infirmière Marlène VERCASSON, coordinatrice de greffe. Infirmière coordinatrice d’autogreffe (Lyon) Fort de la collaboration entre les équipes d’autogreffe et d’allogreffe, le service d’hématologie du CHU de Lyon a pour projet de développer un nouveau programme d’éducation thérapeutique destiné au suivi post-greffe. Le personnel paramédical ainsi que les acteurs des soins de support (psychologues, diététiciennes, etc.) seront associés à cette démarche centrée autour du patient. Depuis quelques semaines, l’infirmière coordinatrice de greffe a initié un suivi formalisé matérialisé par un appel téléphonique systématique des patients greffés à leur sortie d’hospitalisation afin d’assurer une continuité du suivi jusqu’à la prochaine consultation post-greffe. L’objectif fixé pour 2016 est d’augmenter la capacité de séquençage et de donner une dimension régionale au projet. La technique RT-MLPA (Reverse TranscriptaseMultiplex Ligation-dependant Probe Amplification) a été brevetée et a fait l’objet d’une publication scientifique par l’équipe du Centre Henri Becquerel. Par sa valorisation constante à Rouen et à sa diffusion aux autres centres hospitaliers, la RT-MLPA devrait devenir à terme un test compagnon. CELAC, Le réseau national des lymphomes digestifs « Deux essais cliniques en 2016 » La deuxième édition des « Rendez-Vous du Lymphome » a permis de promouvoir et de développer le réseau CELAC (Centres Experts des Lymphomes Associés à la maladie Cœliaque) au niveau national. Grâce Olivier HERMINE, notamment à sa réunion de concertation Hématologue (Paris) pluridisciplinaire (RCP) nationale, le réseau reçoit de plus en plus de sollicitations d’avis sur des dossiers extérieurs émanant de toute la France. L’équipe d’hématologie de l’hôpital Necker va, en collaboration avec l’équipe de gastro-entérologie de l’hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) piloter deux essais cliniques qui débuteront en 2016. Le premier concernera les lymphomes associés aux entéropathies et le second, les maladies cœliaques réfractaires au régime sans gluten. A ce jour, 873 patients sont enregistrés dans la base de données du réseau CELAC. Les rendezLes reportages sur ces projets sont toujours disponibles sur le site internet : www.rdv-lymphome-llc.fr vous du lymphome LA PAROLE AUX RÉGIONS 3 LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC SMS ONCO-HÉMATO Organisation des soins Rappel automatique, LAURÉAT par SMS aux patients, des bilans biologiques et/ou des prises médicamenteuses, avant chimiothérapie 2015 Centre Hospitalier de Brive-la-Gaillarde Suite au vote des internautes Le concept « Éviter les retards de prise en charge » Le service d’hospitalisation d’Onco-Hématologie du Centre Hospitalier de Brive-la-Gaillarde prend en charge des patients pour l’administration de chimiothérapies et de transfusions sanguines. À l’occasion des Comités de Retour d’EXpériences (CREX) et du suivi qualité, l’équipe de l’Hôpital de Jour (HDJ) d’Onco-Hématologie a identifié que certaines chimiothérapies avaient été reportées du fait de la non-réalisation du bilan sanguin préalable à l’hospitalisation. En moyenne, dans ce service, un patient par jour arrive en HDJ pour une chimiothérapie sans avoir réalisé de bilan biologique préalable, indispensable à l’administration du traitement. Pour lutter contre les oublis et ainsi éviter les retards de prise en charge, l’équipe de l’HDJ a mis en place un rappel par SMS au patient, 48 heures avant son hospitalisation, pour lui rappeler d’effectuer son bilan biologique. Exemple de SMS envoyé au patient, 48 heures avant son hospitalisation en HDJ Le constat A l’HDJ d’Onco-Hématologie de Brive-la-Gaillarde, neuf évènements En parallèle, la secrétaire de l’HDJ comptabilise le nombre de indésirables dus à des retards de traitement pour absence de bilans patients arrivant sans avoir effectué de bilan sanguin préalable et biologiques ont été déclarés entre le 1er janvier et le 20 juin 2014. la raison de sa non-réalisation. Ce recensement a mis en évidence Ils ont fait l’objet d’une analyse en Comité dewww.RDVlymphome.com Retour d’EXpérience qu’en® moyenne un patient par jour arrive en HDJ sans bilan sanguin (CREX) dont une des actions retenues a été le rappel aux patients pour l’administration de traitements le nécessitant. Les causes les de la date de réalisation de leur bilan biologique et/ou de prise plus fréquemment rapportées sont un défaut d’ordonnance ou un médicamenteuse via l’envoi de SMS. oubli du patient. 4 www.rdv-lymphome-llc.fr Brive-la-Gaillarde Parcours patient en HDJ Tout d’abord, le patient est vu en consultation d’annonce auprès de l’hématologue ou l’oncologue référent. Le praticien lui explique alors son traitement et si besoin, les analyses biologiques à effectuer. Ensuite, l’infirmière rappelle au patient le protocole de chimiothérapie qu’il va recevoir, le déroulement de son traitement, les effets secondaires possibles et lui propose une visite de l’HDJ où se déroulera la suite de sa prise en charge. Si son traitement le requiert, l’infirmière sensibilise le patient sur l’importance de réaliser un bilan biologique 24 h ou 48 h avant l’administration de sa chimiothérapie et lui remet un carnet de suivi (livret d’information, ordonnances, compte-rendu de RCP, agenda prévisionnel, etc.). Le jour du traitement, le patient présente son livret de suivi au secrétariat qui, à la fin de la consultation, y ajoute les ordonnances rédigées par le médecin, dont celle prescrivant le bilan biologique, ainsi que les deux ou trois prochains rendezvous pour l’administration du traitement. Utilisation du téléphone portable En mai 2015, une étude a été réalisée dans le service afin d’apprécier l’utilisation du téléphone portable auprès des patients. L’âge moyen de ces patients était de 64 ans. Parmi eux, 90 % étaient équipés d’un téléphone portable parmi lesquels 86 % en capacité de lire un SMS. Parmi les patients en incapacité de lire un SMS, 77 % expliquent qu’ils peuvent facilement apprendre ou essayer avec l’aide de leurs proches. EVOLUTION ATTENDUE Le projet vise à mettre en œuvre à compter de janvier 2016, une fonctionnalité spécifique du logiciel CROSSWAY® paramétré en fonction de la nécessité ou non de réaliser un bilan biologique. Après signature d’un consentement éclairé du patient, il enverra de façon automatique et systématique un SMS aux patients, 48 h avant le jour de l’hospitalisation en HDJ, leur rappelant de faire une prise de sang. PAROLE D’EXPERT Laure VAYRE, Oncologue, Chef de pôle « Nous disposons d’un agenda d’Hôpital de Jour, mis en place en fonction des durées de traitement des patients. Le turnover étant important à l’Hôpital de Jour où un box peut être occupé par 2 ou 3 patients, nous avons besoin de ne pas trop perdre de temps dans le management des patients. » L’équipe de l’Hôpital de Jour d’Onco-Hématologie espère un déploiement rapide de ce système sur l’Hôpital de Semaine avec un ajout d’autres fonctionnalités comme la programmation ou l’annulation de rendez-vous et/ou d’examens associés. LA PAROLE AUX PATIENTS Marie-Dahlia S, Patiente « J’ai 85 ans, je me dis que dans les années qui viennent, je risque d’avoir des problèmes de mémoire. A ce moment-là et pour bien des personnes, ce système peut être intéressant. » LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome 5 LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC SMS ONCO-HÉMATO LAURÉAT 2015 1 Secrétariat médical Suite au vote des internautes • Prise de renseignements (personne de confiance, numéro de téléphone, …), • Signature du consentement. 2 Consultation médicale • Explications détaillées du traitement et, si besoin, des examens biologiques à réaliser. 3 Entretien infirmier • Rappels des traitements, • Remise des documents au patient et brief relatif au système des SMS de rappels. www.RDVlymphome.com® 6 www.rdv-lymphome-llc.fr Brive-la-Gaillarde 5 Secrétariat HDJ Jour du traitement • Le secrétariat est en possession des résultats des bilans biologiques envoyés par le laboratoire d’analyses médicales. 4 Secrétariat HDJ 48h avant traitement • Le logiciel CROSSWAY® envoie un SMS au patient pour lui rappeler d’effectuer son bilan biologique et/ou sa prise médicamenteuse. • Pas de retard dans la prise en charge • Traitement administré à l’heure • Pas de retards pour les traitements suivants • Pas de venue inutile pour le patient LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome 7 LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC Lymphome cérébral Initiative au service des patients Accompagner ensemble les soignants, les patients et les proches Centre Léon Bérard, Lyon Isabelle CHAZOT, Médecin de l’équipe mobile de soins palliatifs Angélique PÉPIN, Infirmière Véronique JOUVEL, Assistante sociale Le concept « Un accompagnement permanent » Lors du diagnostic d’un lymphome cérébral primitif, plus de 40 % des patients ont des troubles neurocognitifs et 70 % des patients présentent des déficits moteurs. Compte-tenu des troubles neuropsychiatriques, d’une possible opposition aux soins et des impératifs de traitement à engager, la prise en charge des patients par le personnel soignant est complexe. En fonction de l’évolution clinique, certains patients garderont des séquelles cognitives avec un impact social important : un retour à l’emploi difficile voire impossible, une famille épuisée et l’absence de structure spécialisée susceptible de les accueillir. L’équipe du centre Léon Bérard de Lyon a engagé une réflexion globale sur la démarche de soins depuis la phase initiale de prise en charge jusqu’à la phase de post-traitement des patients. Pour cela, un soutien des soignants pendant la phase de traitement, un suivi des patients en rémission après les traitements, un accompagnement des proches pendant la période de rémission et un accompagnement du service social tout au long de la prise en charge sont proposés. Accompagnement des soignants Julie Henry, chercheur assistante en éthique et philosophie au Centre Léon Bérard en collaboration avec des membres de l’équipe mobile de soins palliatifs formés à l’éthique, anime de façon mensuelle un groupe de réflexion pluridisciplinaire au sein du service d’Hématologie du centre Léon Bérard. La méthode employée lors de ces réunions est participative, permettant à chacun des soignants de s’exprimer sur plusieurs sujets comme : l’accompagnement au quotidien des patients atteints de lymphomes cérébraux, la relation thérapeutique avec ces personnes qui ne sont pas toujours en mesure de communiquer, le vécu de la maladie et l’accompagnement de l’entourage souvent désemparé face aux atteintes cognitives et comportementales de leur proche. Pour Angélique Pépin, infirmière, la présence de la philosophe libère la parole, « nous pouvons alors mettre des mots sur ce que l’on vit ® www.RDVlymphome.com au quotidien. Par ses questions, elle va nous amener à avoir une réflexion sur nous-même et à trouver l’attitude qu’on devrait avoir ». 8 PAROLE D’EXPERT Julie HENRY, Chercheur assistante en éthique et philosophie « Ce groupe de réflexion permet d’apporter la possibilité de comprendre pourquoi, en tant que soignant, on peut être à ce point désemparé face à un patient atteint de lymphome cérébral. Cela donne également la possibilité de comprendre à quoi cela fait écho en nous. » Lyon Accompagnement des patients Les patients atteints de lymphome cérébral présentent fréquemment des troubles tels qu’un manque d’initiative, une asthénie chronique, un tableau d’apathie sollicitant énormément proches et conjoint(e). L’équipe du centre Léon Bérard associée à des psychologues indépendants a alors structuré des ateliers à destination des patients mais aussi de leurs proches afin de les aider à préparer un projet de vie d’après maladie. De par les séquelles spécifiques à cette maladie et aux traitements mis en œuvre, deux sortes d’ateliers sont proposés : • Les ateliers de photo-langage permettent aux patients en rémission de communiquer sur leur vécu, de diminuer la gêne et la honte que leur évoque leur maladie et de stimuler leurs fonctions cognitives. Différents thèmes peuvent être abordés tels que l’isolement, la question de la perte, la place de chacun et chacune, les angoisses de mort mais aussi des thèmes touchant aux liens avec leurs proches et les réaménagements possibles en fonction de leurs capacités. • Un groupe de parole destiné aux familles permet à chacun d’exposer les angoisses autour de la maladie et de décharger les mouvements agressifs que peut susciter le conjoint malade. Cet espace permet d’apaiser le sentiment de solitude et de comprendre les symptômes et séquelles de la maladie. Atelier patients de photo-langage Soutien des accompagnants La Chercheur assistante en éthique et philosophie collabore de façon étroite avec les assistantes sociales et coordinatrices de soins de suite afin d’effectuer un soutien dédié aux équipes ayant un rôle d’accompagnement. Les missions d’analyse, de relecture et d’amélioration des pratiques, effectuées avec la philosophe assurent la cohérence globale du projet. ÉVOLUTION ATTENDUE Les résultats attendus du projet du centre Léon Bérard sont à la fois une amélioration de la qualité de vie des patients et des proches, une amélioration de l’humeur générale (évaluées par des outils d’évaluation spécifiques), une adhésion des professionnels paramédicaux et sociaux aux actions mises en place, avec une communication interne efficiente permettant une amélioration globale de la qualité de vie au travail ainsi qu’une prévention de l’épuisement professionnel. PAROLE D’EXPERT Gisèle CHVETZOFF, Médecin coordonnateur du département des soins de support «Notre objectif commun est d’essayer de changer le regard des proches sur le patient, du patient sur les proches, des soignants sur les proches. Réinstaurer un peu d’humanité dans les processus de suivi en se souvenant qu’il y a l’humanité des patients mais celle des professionnels également » LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome 9 LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC Projet DIGI-LYMPH ????? Recherche médicale La biopsie liquide, du concept à l’application clinique Centre Henri Becquerel, Rouen Le concept « Établir un diagnostic de rechute ou de rémission plus précocement » Les Lymphomes Diffus à Grandes Cellules de phénotype B (LDGCB) représentent environ un tiers des Lymphomes Non-Hodgkiniens (LNH). Ces tumeurs, agressives sur le plan clinique, sont très hétérogènes sur le plan moléculaire. Depuis 2009, les techniques de Next Generation Sequencing (NGS) ont permis d’identifier les mutations récurrentes et fréquentes dans les LDGCB touchant des gènes impliqués dans des voies biologiques fondamentales telles que la signalisation du récepteur du lymphocyte B (CD79A/ CD79B), la voie NF-kB (CARD11), la voie des Toll-like récepteurs (MYD88), l’immunité (CD58, TNFSRF14, B2M), le cycle cellulaire (TP53, BCL2) ou la régulation épigénétique (EZH2, CREBBP, MLL2). L’équipe du centre Henri Becquerel de Rouen est impliquée depuis plusieurs années dans des travaux visant à mieux analyser sur le plan phénotypique et génétique les LDGCB. A l’heure actuelle, elle a caractérisé environ 215 LDGCB et établi un lymphopanel permettant le séquençage de 34 gènes d’intérêt. ADN tumoral plasmatique Dans les tumeurs solides, l’ADN libre circulant (ADNc) libéré par les cellules tumorales apoptotiques ou nécrotiques dans le plasma est considéré comme un biomarqueur reflétant les caractéristiques génétiques de la tumeur primitive et, est de ce fait à l’origine du concept de « biopsie liquide ». séquencer et de voir s’il existe des particularités qui permettent de caractériser la tumeur. L’analyse de l’ADN tumoral plasmatique pourrait donc constituer un outil de surveillance très utile, à la fois pour apprécier la réponse au traitement et guider le choix thérapeutique en cas de rechute. L’idée de l’équipe de Rouen est d’évaluer cet ADN tumoral plasmatique chez des patients atteints de lymphome, de le PCR digitale La PCR (Polymerase Chain Reaction) digitale constitue une technique prometteuse pour la détection et la quantification des mutations dans l’ADN tumoral circulant. Cette méthode est basée sur la répartition de l’ADN en milliers de compartiments distincts, chaque compartiment étant considéré comme autant de réacteurs pour PCR indépendants. Cette procédure quantitative permet un comptage direct du nombre de copies d’ADN. Suite au diagnostic d’un LDGCB, une biopsie de la tumeur est effectuée par prélèvement chez le patient. Puis une extraction de l’ADN circulant du patient est réalisée, suivie d’un séquençage ciblé afin de quantifier les variants récurrents les plus fréquents dans le plasma des patients atteints de LDGCB (ciblant les gènes EZH2, MYD88, B2M, STAT6, XPO1, PIM1, CD79B et CARD11). Afin www.RDVlymphome.com® de suivre l’évolution de la maladie et la réponse au traitement, cette technique est répétée 3 fois : à mi-traitement, à la fin du traitement et un an après le début du traitement 10 PAROLE D’EXPERT Vincent CAMUS, Interne en Hématologie « Le NGS (séquençage de nouvelle génération) et la PCR digitale sont deux techniques complémentaires. La PCR digitale est plus simple, moins coûteuse, avec une très grande sensibilité et est utile en complément du NGS. Par exemple pour la maladie résiduelle, en fonction des mutations qui ont été identifiées au départ dans la tumeur par NGS, on peut les suivre ensuite dans le plasma par PCR digitale. » www.rdv-lymphome-llc.fr Rouen Principe de la PCR Digitale. D’après Caen et al. médecine/sciences 2015 Biopsie de tumeur (diagnostic) Séquençage ciblé (Lymphopanel incluant 34 gènes) ADN Panel « plasma » (sous-panel spécifique du patient) Plasma (diagnostic) Plasma (mi-traitement) Plasma (fin de traitement) Plasma (1 an) Séquençage ciblé (panel « plasma ») ADN Profil mutationnel Fréquences alléliques des variants EVOLUTION ATTENDUE Dans le cas où l’analyse génétique de l’ADN ne peut être réalisée à partir de la tumeur, la détection d’un variant récurrent dans les pathologies lymphomateuses offre la possibilité d’obtenir un génotype à partir de fluides biologiques (plasma, LCR, etc.). L’analyse de l’ADN plasmatique par cette technique permettra aux patients de bénéficier d’une thérapie ciblée s’ils sont porteurs de la mutation spécifique. La quantification et le suivi de la mutation dans le plasma permettra d’établir les diagnostics de rechute ou de rémission de la maladie plus précocement. LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome 11 LA PAROLE AUX RÉGIONS Fatigue et lymphome, ????? Les rendezvous du lymphome et de la LLC l’expérience Hollandaise Sujet patient Helen Dowling Instituut, Utrecht « Un regard vers l’avenir » Le concept Des études ont été conduites en partenariat avec l’EORTC (European Organisation for Research and Treatment of Cancer) chez des patients atteints de cancer, notamment de lymphome de Hodgkin (LH). De par le suivi prolongé des patients, il a été mis en avant qu’environ 35 % des patients guéris de leur lymphome Hodgkinien souffraient de fatigue sévère, les empêchant de travailler, de s’occuper de leur famille ou d’être actif en société. L’Helen Dowling Instituut, situé à Utrecht en Hollande est un centre dédié à la prise en charge psycho-thérapeutique des patients souffrant de cancer. Confronté à la fréquence et à l’importance de la fatigue des patients, l’institut a développé une expertise spécifique dans sa prise en charge. Le programme Depuis 15 ans, le centre propose une thérapie de groupe pour la fatigue. Les résultats sont si bons que depuis 2009, une thérapie en ligne a été mise en place. Elle permet ainsi à chaque personne vivant en Hollande de pouvoir suivre à distance cette thérapie sans se déplacer jusqu’à l’institut. Ces deux programmes reposent sur la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience, que ce soit au cours de sessions de thérapie de groupe avec des exercices individuels quotidiens ou en ligne avec un suivi personnalisé par un psychothérapeute. Durant 9 semaines, plusieurs thématiques sont abordées. Le programme débute par des informations générales sur la fatigue pour ensuite évoquer les craintes, les limites, les peurs et l’impact de la fatigue sur l’activité physique. Résultats Le programme proposé par l’Helen Dowling Instituut fait l’objet d’une évaluation continue menée par une équipe de recherche du centre. Actuellement, 300 personnes ont ainsi été évaluées entre la pré et la post-intervention par thérapie. Environ 80 % des patients ressentent beaucoup moins de fatigue après le programme et environ un tiers sont normalisés concernant ce symptôme. Même si divers facteurs peuvent entraîner une fatigue, la cause médicale de la fatigue n’est pas connue. L’Helen Dowling Instituut a pour vocation de changer la façon dont les patients pensent et se comportent face à leur fatigue. Pour le Pr Ton Hagenbeek, Hématologue « beaucoup de patients ne vont pas parler spontanément de leurs symptômes comme la fatigue. Le patient n’en parle pas et le médecin ne demande pas. C’est là que les deux peuvent passer www.RDVlymphome.com® à côté de ce problème très important car, il est possible que le problème le plus important pour le patient soit la fatigue. » 12 LA PAROLE AUX PATIENTS Pascal, patient atteint de lymphome, diagnostiqué il y a un an « Je pense que je n’ai actuellement que 20 % de l’énergie dont je disposais avant. Quand vous venez ici, il se crée un espace pour regarder en avant. Dans mon esprit, j’ai plus d’espace pour penser au futur. Quand vous n’avez pas cela, vous ne pouvez pas rendre votre corps plus fort. » www.rdv-lymphome-llc.fr LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC La Parole aux Associations de Patients « La fatigue est le symptôme le plus récurrent chez les patients atteints de lymphome et de leucémie lymphoïde chronique, qu’ils aient été traités ou pas » La SILLC a mené une enquête nationale sur les symptômes ressentis par les patients. De nombreux symptômes ont été rapportés mais celui qui revient le plus fréquemment est la fatigue. Paradoxalement, les patients déclarent peu de symptômes aux soignants. Selon l’étude menée par la SILLC, près de 70 % déclarent ne pas en avoir parlé à un professionnel de santé. Selon Christian Puppinck, c’est « un symptôme qui prend, soit des allures de fatigue au long cours, soit de fatigue sous forme de « coups de pompe » et qui concerne aussi bien des gens traités que des personnes naïves de traitement ». Christian PUPPINCK Président de la SILLC (Association de Soutien et d’Information à la Leucémie Lymphoïde Chronique et la Maladie de Waldenström) Pour Guy Bouguet, il est important de distinguer les deux types de fatigue. « La fatigue qu’on a tous qui se résout par un peu de sommeil et la fatigue post-thérapeutique, ce sentiment de handicap où le patient a des « coups de pompe » considérables qui l’empêchent de fonctionner ». Le patient peut éprouver des difficultés à réfléchir, à se concentrer, c’est la fatigue cognitive. « C’est quelque chose qui est très présent, difficile à quantifier ». Des études sont en cours, l’EORTC conduit une étude multicentrique européenne pour valider des outils qui pourraient être utilisés afin d’essayer d’évaluer et de quantifier la fatigue. Il est primordial de détecter le plus précocement possible ce symptôme et de prendre en charge ces patients au sein de structures adaptées qui n’existent pas à l’heure actuelle. Guy BOUGUET Président de FLE (France Lymphome Espoir) LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome 13 LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC ????? NOTES 14 www.RDVlymphome.com® LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome et de la LLC ????? NOTES LA PAROLE AUX RÉGIONS Les rendezvous du lymphome 15 Roche 30 cours de l’Île Seguin 92650 Boulogne-­Billancourt Cedex Tél. : 01 47 61 40 00 Fax : 01 47 61 77 00 www.roche.fr D-15/0645 - Établi le 18/01/2016