Prise en charge d`un patient victime d`un arrêt cardiaque

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Procédure ACR - Groupe ACR Nov 2015
Prise en charge d’un patient
victime d’un arrêt cardiaque
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Généralités
La prise en charge d’un patient victime d’un ACR revient à considérer deux
problématiques principales :
• la prise en charge de la pathologie responsable de l’arrêt cardiaque,
• la prise en charge des conséquences physiopathologiques de l’arrêt de
la circulation
Ces deux problématiques sont traitées de façon synchrone et rapide afin
de limiter au maximum les répercussions d’une mauvaise perfusion (et donc
oxygénation) des organes.
La recherche de la cause de l’ACR est effectuée selon la stratégie cidessous, selon les symptômes précédant l’ACR :
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Procédure ACR - Groupe ACR Nov 2015
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Préparation du matériel requis
Les besoins matériels et thérapeutiques minimums constants sont détaillés
ci-dessous mais seront adaptés selon les informations données par le médecin
(notamment type de catécholamines en cours de perfusion et doses perfusées,
besoin d’une épuration extra-rénale rapide, etc).
2.1
Matériel
Le matériel suivant doit être préparé :
• un respirateur vérifié, muni d’un capnomètre fonctionnel, d’un filtre
et d’un système clos d’aspiration trachéale, le matériel de fixation de
la sonde d’intubation ainsi qu’un manomètre pour la vérification du
ballonnet
• un câble de monitorage ECG dix brins (douze dérivations) permettant
une surveillance continue (et notamment l’impression d’ECG directement via le scope en cas d’urgence)
• suffisamment de pousse-seringues électriques pour la sédation et les
relais de catécholamines : 5 si un seul type de catécholamine est perfusé,
7 si deux catécholamines différentes sont utilisées
• le protocole de sédation du service propre à la prise en charge des ACR
• la matériel nécessaire à la mise en place des voies centrales et le système
de monitorage cardiaque adapté (si voie veineuse centrale, Vigiléo ou
Picco selon les informations que vous aura données le médecin)
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!
Choix
de l’accès veineux
– pas de voie veineuse centrale systématique si le
patient est stable sans catécholamine et avec un capital
veineux permettant la pose des 2 VVP nécessaires
#
– cathéter veineux central à 3 voies en cas de perfusion d’une catécholamine ou en cas d’instabilité hémodynamique et la conservation d’une des VVP utilisées
avant la pose de la voie centrale.
– cathéter veineux central à 4 voies si un Picco est
nécessaire ou si de la dobutamine doit être perfusée
"
$
• le matériel nécessaire au monitorage de la pression artérielle sanglante
!
Monitorage
de la pression artérielle et du débit cardiaque
– utilisation du désilet de coronarographie uniquement les 24 premières heures comme cathéter artériel de
pression sanglante
– pose d’un cathéter artériel dans le cas où le patient
n’a pas eu de coronarographie ou dans le cas d’un monitorage du débit cardiaque par Picco (dans ce cas un
cathéter particulier à capteur thermique est utilisé)
"
#
$
• le système de contrôle thermique : la console Articsun vérifiée (niveau
d’eau notamment) et les pads (consommables non ouverts mais à disposition) (photos articsun)
• un système de monitorage continu de la température par sonde vésicale
thermique en priorité (ou, si rupture, sonde oesophagienne)
• selon les directives du médecin, un système d’épuration extra-rénale
dont vous pourrez avancer le montage et l’amorçage afin de permettre
un branchement rapide, et dans ce cas le matériel nécessaire à la pose
d’un cathéter de dialyse
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2.2
Médicaments
Les médicaments les plus couramment utilisés en post-ACR sont les suivants:
• noradrénaline diluée à 0,5mg/mL, 1mg/mL ou 2mg/ml
• adrénaline diluée à 0,5mg/mL ou 1mg/mL
• dobutamine diluée à 250mg/50ml (si débit de perfusion < 10µg/kg/min)
ou 500mg/50ml (si débit de perfusion > 10µg/kg/min)
• propofol dilué à 10mg/mL
• rémifentanyl dilué à 5mg/mL (soit 100µg/mL)
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Accueil dans le service
Les différents éléments de prise en charge à l’accueil d’un patient réanimé
d’un ACR dans le service sont :
1. recueil de données enregistrées dans Clinisoft, nécessitant le monitorage du patient et son admission rapide dans Clinisoft. Cela permet
également l’enregistrement des prescriptions immédiatement.
2. vérification des abords veineux disponibles et/ou la pose de voie veineuse
si nécessaire
3. branchement du désilet de coronarographie de façon stérile à un système
adapté de mesure de la pression artérielle
4. prélevement du bilan ACR, complété selon prescription médicale
5. mesure de la glycémie veineuse (compte tenu de l’hypoperfusion périphérique pouvant fausser la mesure de la glycémie capillaire)
6. fixation de la sonde d’intubation et réalisation d’une aspiration trachéale
7. mise en place d’une sonde oro-gastrique. Celle-ci ne doit pas être différée car il s’agit de la voie d’administration obligatoire de certains
médicaments (notamment les antiaggrégants plaquettaires) nécessaires
dans l’urgence
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8. mise en place d’une voie veineuse centrale si nécessaire
9. mise en place d’une sonde vésicale
!
Matériel nécessaire à la mise en place de cathéters veineux
• champs collants
#
• compresses stériles et antiseptique
• cathéter central
• seringues et sérum salé isotonique
• matériel de fixation du cathéter (fil, porte-aiguille,
coupe-fil)
• voies de perfusion
• échographe vasculaire et capote de protection de la
sonde
4
"
Contrôle thermique et sédation
$
L’objectif thermique est fixé par le médecin. Il est habituellement de 33˚C,
mais peut être revu à 36 ˚C en fonction des situations. Le contrôle thermique
doit être instauré dès que possible. Dans le service, il est pratiqué par la mise
en place d’un dispositif externe : ArcticSun.
Dans certaines situations, le refroidissement peut se faire par remplissage
à l’aide de solutés à 4˚C, mais uniquement su prescription médicale.
Cette phase de contrôle thermique se fait sous sédation selon le protocole
ci-dessous. La curarisation n’est pas systématique.
4.1
Protocole de sédation
Le protocole de sédation fait appel à deux médicaments : le propofol et le
rémifentanyl. Le protocole est indiqué ci-dessous.
La posologie initiale et l’ajustement des doses se fait selon le poids du
patient.
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Poids
50
55
60
65
70
75
80
85
90
95
100
105
110
115
120
4.2
Vitesse initiale
propofol
(mL/h)
5
5.5
6
6.5
7
7.5
8
8.5
9
9.5
10
10.5
11
11.5
12
Vitesse initiale
rémifentanyl
(mL/h)
5
5.5
6
6.5
7
7.5
8
8.5
9
9.5
10
10.5
11
11.5
12
Paliers
(mL/h)
0.5
0.55
0.6
0.65
0.7
0.75
0.8
0.85
0.9
0.95
1
1.05
1.1
1.15
1.2
Vitesse max
propofol
(mL/h)
20
22
24
26
28
30
32
34
36
38
40
42
44
46
48
Vitesse max
rémifentanyl
(mL/h)
9
9.9
10.8
11.7
12.6
13.5
14.4
15.3
16.2
17.1
18
18.9
19.8
20.7
21.6
Protocole de curarisation
Le curare utilisé est l’atracurium (Tracrium), selon le protocole ci-dessous.
La nécessité d’une curarisation est surveillée toutes les 3 heures par l’échelle
BSAS.
BSAS=0
BSAS=1
BSAS=2
BSAS=3
5
absence de frisson
frissons au niveau du cou et/ou du thorax
frissons des membres supérieurs
frissons des 4 membres
Surveillance des 24 premières heures
La surveillance des 24 premières heures repose sur la surveillance hémodynamique comme les autres de patients de réanimation, avec une attention
particulière sur les "agressions cérébrale secondaires d’origine systémique"
(ACSOS).
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5.1
Surveillance respiratoire
Plusieurs éléments doivent être gardés en mémoire :
• la surveillance de la saturation en O2 peut être rendue difficile par la
vasoconstriction périphérique, parfois intense. La seule valeur fiable est
alors la saturation artérielle mesurée sur le gaz du sang.
• la PaCO2 doit être également surveillée de manière attentive. Un moyen
non invasif de la surveiller est de monitorer l’EtCO2 , qui correspond
à la quantité de CO2 exhalé. Cependant, il existe un gradient entre
ces deux valeurs qui varie selon la température et l’hémodynamique.
Une surveillance de la valeur observée sur le gaz du sang est donc
indispensable.
5.2
Surveillance hémodynamique
Sauf prescription contraire, l’objectif de pression artérielle moyenne est celui
habituellement utilisé : 65-75mmHg.
5.3
Surveillance glycémique
Les variations glycémiques importantes sont associées à un plus mauvais
pronostic neurologique. La glycémie doit donc être contrôlée régulièrement.
La glycémie capillaire ne doit pas être utilisée chez les patients très instables
sur le plan hémodynamique compte tenu de la vasoconstriction périphérique
intense rendant inexploitable cette donnée.
5.4
Autres surveillances
Les médicaments administrés en coronarographie, l’hypothermie et l’arrêt
circulatoire en lui-même peuvent favoriser les troubles hémorragiques.
6
Phase de réchauffement
Après 24 heures d’hypothermie, le réchauffement contrôlé du patient est mis
en place permettant, en dehors d’une prescription médicale explicite, l’arrêt
des sédations.
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6.1
Réchauffement contrôlé
Les recommandations préconisent un réchauffement contrôlé d’environ 0,5˚C/heure
jusqu’à 37˚C. Ensuite, il est recommandé de réaliser dans la mesure du possible un contrôle thermique pour éviter toute fièvre, délétère sur le plan
neurologique, pendant 72 heures.
Le système ArcticSun permet ce réchauffement réglé et ce contrôle thermique.
Les éléments à ne pas négliger pour aborder cette phase en sécurité sont
:
• vider les pads du système ArcticSun
• réinstaller le patient et effectuer les soins de nursing peu de temps avant
l’arrêt des sédations afin d’optimiser le comfort du patient au réveil
• mettre le patient en sécurité en mettant en place des contentions
Dès que la température corporelle du patient dépasse 36˚C, les sédatifs
doivent être diminués de moitié pendant 30 minutes puis arrêtés. En cas de
réveil agité ou inadapté et en cas de nécessité de’un bolus de sédatif, ce bolus
ne doit pas être effectué sur la voie de la sédation car le rémifentanyl restant
dans la tubulure ne doit pas être injecté en IVD. En cas de constatation d’un
patient conscient pendant la phase d’hypothermie (c’est à dire répondant
aux ordres simples), après avoir averti le médecin responsable, le patient doit
être réchauffé précocément afin d’arrêter dès que possible les sédatifs.
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