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Groupe cible
Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent
au Canada, après le cancer de la peau autre que le
mélanome, et la deuxième cause de mortalité féminine
par cancer. Les estimations veulent qu’en 2014,
24 400 cas de cancer du sein soient diagnostiqués, ce
qui représente 26 % de tous les nouveaux cas de cancer
féminin, et que 5 000 femmes en meurent (14 % des
décès féminins par cancer)18. Les défis que pose le
cancer du sein ne tiennent pas seulement à son
incidence, mais également à l’absence de stratégies de
prévention éprouvées — la détection et le traitement au
stade précoce demeurent les piliers de la
démarche actuelle19.
Beaucoup attribuent la baisse notable du nombre de
décès dus au cancer du sein à la mammographie de
dépistage20. La Fondation canadienne du cancer du sein
affirme que la mammographie a contribué à la
réduction de plus de 35 % des décès par cancer du sein
dans les 30 dernières années21. Toutefois, les avis sont
partagés quant aux avantages du dépistage, à ses effets
néfastes, à ses lacunes et à ses indications2,22-24.
Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé
préventifs recommande la mammographie de dépistage
tous les deux ou trois ans chez les femmes âgées de
50 à 74 ans présentant un risque moyen, mais pas de
dépistage systématique chez les femmes âgées de
40 à 49 ans25. De son côté, le Groupe de travail sur les
services de santé préventifs aux États-Unis
recommande le dépistage tous les deux ans chez les
femmes à risque moyen âgées de 50 à 74 ans et la prise
de décisions individualisée en fonction du contexte et
des valeurs de la patiente pour ce qui est du dépistage
chez les femmes de moins de 50 ans26.
Pratique courante
La M2D représente le principal outil de dépistage du
cancer du sein, mais sa sensibilité de 75 % à 80 % n’est
pas optimale4,27. Autrement dit, la mammographie ne
détectera le cancer que chez 75 à 80 femmes de 100 qui
en sont atteintes. Lorsque les seins sont denses, la
sensibilité baisse à 50 % 27 parce que les lésions,
dissimulées dans le tissu mammaire, passent
inaperçues, de sorte que l’examen de dépistage ne
détecte pas un certain nombre de cancers4,28. Le résultat
faux positif occasionne un rappel dans une proportion
de 12 % à 16 % des femmes à la première
mammographie de dépistage et de 4 % à 6 % des
femmes aux examens de dépistage subséquents29. Ces
femmes seront soumises à une dose de rayonnement
plus grande et à des biopsies6. Dernièrement, un certain
nombre de questions à propos de la mammographie ont
été soulevées, notamment le taux de faux positifs (dû au
fait, entre autres, que le tissu mammaire normal, s’il est
superposé, peut apparaitre anormal à l’imagerie 2D), les
rappels en cas de faux positif et les biopsies inutiles après
dépistage, plus précisément celles qui se révèlent
négatives pour ce qui est du cancer28,30,31.
Le suivi de la mammographie de dépistage, le cas
échéant, peut emprunter diverses voies. Les plus
courantes sont la mammographie diagnostique et
l’échographie. Ce dernier examen permet de préciser la
nature liquide (kyste) ou solide du nodule palpé ou
découvert à la mammographie et peut augmenter
l’exactitude dans la détection du cancer dans une mesure
de 50 % s’il est jumelé à la mammographie,
particulièrement chez les femmes à haut risque et les
femmes aux seins denses6. Cependant, les faux négatifs et
les faux positifs sont possibles, qui s’avèrent bénins dans
70 % à 90 % des cas6. L’imagerie par résonance
magnétique (IRM) est plus sensible que la M2D, mais elle
a ses limites. Ainsi, sa valeur prédictive positive et sa
spécificité sont faibles, elle peut surestimer le diamètre
tumoral, son cout est élevé, et elle est impensable pour
certains, notamment les porteurs d’un implant métallique
et les claustrophobes6,27.
À la fin de 2013, l’Association canadienne des
radiologistes a publié des lignes directrices de pratique sur
l’imagerie du sein et l’intervention32,qui décrivent la
TMN et énumèrent ses applications et ses limites. La
TMN était alors en mise à l’épreuve et à ses débuts en
pratique clinique; les lignes directrices de l’Association
notent que la place de la TMN dans le dépistage
populationnel, dans le dépistage sélectif et dans le
diagnostic est encore incertaine.
Méthode
Stratégie de recherche documentaire
La recherche documentaire selon une stratégie revue par
des pairs s’étend aux bases de données bibliographiques
que voici : MEDLINE, PubMed, Embase et The
Cochrane Library (2015, numéro 1). Pour recenser la
littérature grise, les auteurs de la recherche ont consulté
les sections pertinentes de Matière Grise. Aucun filtre n’a
été appliqué. La recherche se limite aux documents de
langue anglaise publiés dans la période allant du 1er
janvier 2012 au 21 janvier 2015. Les auteurs ont établi un
mécanisme de mise à jour périodique pour actualiser la
recherche jusqu’au 1er avril 2015. Ils ont exclu les
résumés de conférences.