« LE SENTIMENT MEME DE SOI : EMOTIONS, REFLEXIVITE ET
APPRENTISSAGE »
Simon MALLARD
La fonction des ressources humaines est en pleine évolution. Elle éclate, se complexifie pour se
déplacer, en partie, sur les managers en les responsabilisant de plus en plus. Les managers de
proximité doivent désormais développer les compétences de leurs collaborateurs sans échapper à
leur propre développement. Pour faire face à ces tensions accrues, de nombreuses grandes
entreprises se sont dotées « d’Universités d’Entreprise ». De nombreuses études abordent le
fonctionnement de ces Universités mais peu de travaux nous renseignent sur la manière dont la
formation est vécue par les apprenants et notamment les managers de proximité. Notre étude
s'intéressera à un plan qualitatif, en cherchant à mieux comprendre la façon dont ces managers
vivent, « de l’intérieur », ces injonctions, ces changements de rôles ou la complexification de leurs
fonctions, qui leur est proposée à travers les formations et les parcours de professionnalisation
dispensés par ces universités. Cette recherche vise à répondre à différents objectifs. Dans le cas
particulier d'une grande entreprise française, il s’agit de répondre à un objectif stratégique qui est
d’améliorer qualitativement la formation des managers, dont le rôle est aujourd’hui crucial pour
l’organisation. Au-delà, cette recherche vise aussi à mieux comprendre le rôle, la place et la fonction
des dimensions socio-affectives et des émotions dans le processus de formation de cette population
spécifique, aujourd’hui centrale dans le pilotage du changement pour de nombreuses entreprises,
publiques et privées, qui fait l’objet d’injonctions paradoxales et dont la question de la
professionnalité est loin d’être stabilisée. Enfin, et à un niveau plus général encore, cette étude
prétend contribuer à une meilleure connaissance de dimensions encore méconnues de
l’apprentissage des adultes, pour la formation professionnelle en particulier, à travers la
confrontation de travaux issus de champs complémentaires et qui souvent s’ignorent (psychologie,
gestion, théories de l’apprentissage, théories de l’activité), alors qu’ils constituent autant de
disciplines contributives des sciences de l’éducation et de la formation.