Métier infirmier
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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.9-n°4-octobre-novembre-décembre 2009
Depuis quelques années, grand nombre de trai-
tements par chimiothérapie sont réalisés en
hôpital de jour, ceci afin d’améliorer la qualité
de vie des patients mais aussi pour des raisons écono-
miques.
Ce développement entraîne donc une prise en charge
différente. La durée d’hospitalisation étant plus courte,
les malades ont le sentiment de ne pas avoir assimilé
toutes les informations reçues, notamment par rapport
aux effets indésirables, ce qui génère un stress supplé-
mentaire lors du retour au domicile. Celui-ci se mani-
feste par un grand nombre d’appels téléphoniques pro-
venant du patient et/ou de ses proches. Afin de remédier
à cela, nous avons mis en place des actions infirmières
et de là est né le suivi téléphonique.
Cet entretien est une procédure qui permet le suivi
du traitement. C’est une approche éducative qui rend
les patients acteurs dans leur prise en charge. Cet appel
est une manière d’évaluer l’état physique et psycholo-
gique du malade afin d’affiner notre prise en charge.
Il en existe deux types. Tout d’abord, le suivi télé-
phonique à l’initiative de l’infirmier après une première
cure de chimiothérapie en ambulatoire, puis le suivi télé-
phonique à l’initiative du patient et/ou de son entou-
rage, qui correspond à des appels spontanés.
Les objectifs de cet entretien sont, avant tout, d’aug-
menter le bien-être et la sécurité des patients pour les
rassurer lors du retour au domicile grâce au lien de
confiance qu’on aura établi de par cet appel télépho-
nique. C’est aussi recueillir les informations sur d’éven-
tuels problèmes depuis le traitement, évaluer leur degré
d’urgence et mettre en place des actions appropriées
pour y remédier, si nécessaire. C’est aussi renforcer l’édu-
cation du patient en évaluant ce qu’il a retenu et en se
renseignant sur les moyens qu’il a mis en place pour pal-
lier aux difficultés rencontrées, savoir si lui, ou un de
ses proches, est capable de les gérer. Cet appel va nous
permettre de mettre en évidence les besoins psycho-
sociaux du malade et de détecter les symptômes et les
risques de complications.
En fonction des informations recueillies on pourra
orienter le patient vers d’autres professionnels de santé
si nous le jugeons utile.
Pour permettre la mise en place de ce projet, l’ac-
cord du département des soins a été nécessaire. Il a
fallu ensuite former des infirmières de terrain à travers
des journées de formation sur le sujet avec définition
des concepts, mise en situation et jeux de rôle. Ces
infirmières ont créé des groupes de travail dans le but
d’élaborer d’une part des documents de suivi par rap-
port à chaque spécialité (chirurgie, chimiothérapie,
radiothérapie), et d’autre part, des arbres décisionnels
permettant d’apporter des réponses uniformes et adap-
tés en fonction des problèmes rencontrés par les
patients.
Au-delà de tous les documents créés, le suivi télé-
phonique nous permet une récolte d’informations utiles
que nous allons analyser pour nous permettre d’amé-
liorer la prise en charge du patient.
Le suivi est systématique, c’est-à-dire initié par le soi-
gnant lors d’une première cure de chimiothérapie en
ambulatoire. Nous allons programmer, avec le patient,
Le suivi
téléphonique
Céline Barbu
Infirmière en oncologie, Institut Gustave-Roussy, Villejuif
adhérente Afic
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un rendez-vous téléphonique dans les 48-72 heures,
voire une semaine après le traitement, en fonction de
ses disponibilités mais aussi des nôtres.
En général, c’est l’infirmière qui a éduqué le malade
par rapport au traitement et à ses effets secondaires qui
va réaliser le suivi téléphonique. Celui-ci dure en
moyenne 6 minutes.
Lors de cet appel, nous allons recueillir des données
sur une feuille qui va nous permettre de répertorier et
quantifier les effets indésirables présentés par le patient.
On s’intéresse ensuite à leurs traitements (anti-émétiques,
bains de bouche…) et leur observance. À partir de ces
informations, on va pouvoir leur donner des conseils en
utilisant, dans la majorité des cas, les arbres décision-
nels qui sont des schémas qui orientent nos actions en
fonction des renseignements que le patient nous aura
transmis.
On terminera le suivi par des questions plus géné-
rales sur leur forme physique et psychologique.
Ce recueil sera ensuite rangé dans le dossier infir-
mier afin d’être exploité lors de la deuxième cure de chi-
miothérapie.
En ce qui concerne le suivi provenant des patients,
il n’existe pas de fiche de suivi mais ceci ne nous
empêche pas de récolter des informations pour dépis-
ter les problèmes et mettre en place des actions en se
référant aux arbres décisionnels.
Le suivi téléphonique a beaucoup d’avantages pour
les patients car ils ont une réponse immédiate à leur
question, qu’il s’agisse du suivi systématique ou de celui
provenant du malade. En sachant que, si lors de cet
entretien le patient nous signale un problème d’ordre
médical, nous allons passer le relais à l’interne de l’hô-
pital de jour.
Cet appel assure la continuité des soins au domicile
avec une diminution des retours à l’hôpital (urgences,
hospitalisation) et des consultations médicales dites
inutiles, notamment lors des problèmes de constipation
ou nausées pour lesquels nous sommes capables de les
conseiller et de les orienter. Cela accentue le sentiment
de sécurité au domicile et en leur montrant notre dis-
ponibilité cela renforce notre relation soignant-soigné.
De plus, nous avons constaté une très nette diminu-
tion des appels émanant des patients et/ou de leurs
proches depuis la mise en place du suivi téléphonique
et par conséquent un gain de temps pour les infirmiers.
Des analyses nous ont montré que les effets secon-
daires avaient tendance à diminuer, ce qui prouve une
meilleure prise en charge. Les problèmes principaux qui
ressortent sont surtout la fatigue, les troubles de l’ali-
mentation et les perturbations digestives, des points sur
lesquels nous insistons lors de notre éducation.
En résumé le suivi téléphonique augmente la sécu-
rité et le bien être des patients au domicile, il permet
d’améliorer la qualité et la continuité des soins. C’est un
outil de valorisation pour notre profession.
Il faut savoir que le suivi téléphonique peut être
adapté pour différentes spécialités et au vu des résul-
tats que nous avons eus depuis sa mise en place, tout
le monde devrait se motiver pour l’instituer dans son
service afin d’améliorer la prise en charge des
patients.
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