Metier infirm n4 vol9 bis 16/12/09 18:14 Page 128 Métier infirmier Copyright © 2016 John Libbey Eurotext. Téléchargé par UNIVERSITE DE FRANCHE COMTE BU SANTE le 27/06/2016. Le suivi téléphonique Céline Barbu Infirmière en oncologie, Institut Gustave-Roussy, Villejuif adhérente Afic D d’urgence et mettre en place des actions appropriées pour y remédier, si nécessaire. C’est aussi renforcer l’éducation du patient en évaluant ce qu’il a retenu et en se renseignant sur les moyens qu’il a mis en place pour pallier aux difficultés rencontrées, savoir si lui, ou un de ses proches, est capable de les gérer. Cet appel va nous permettre de mettre en évidence les besoins psychosociaux du malade et de détecter les symptômes et les risques de complications. En fonction des informations recueillies on pourra orienter le patient vers d’autres professionnels de santé si nous le jugeons utile. Pour permettre la mise en place de ce projet, l’accord du département des soins a été nécessaire. Il a fallu ensuite former des infirmières de terrain à travers des journées de formation sur le sujet avec définition des concepts, mise en situation et jeux de rôle. Ces infirmières ont créé des groupes de travail dans le but d’élaborer d’une part des documents de suivi par rapport à chaque spécialité (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie), et d’autre part, des arbres décisionnels permettant d’apporter des réponses uniformes et adaptés en fonction des problèmes rencontrés par les patients. Au-delà de tous les documents créés, le suivi téléphonique nous permet une récolte d’informations utiles que nous allons analyser pour nous permettre d’améliorer la prise en charge du patient. Le suivi est systématique, c’est-à-dire initié par le soignant lors d’une première cure de chimiothérapie en ambulatoire. Nous allons programmer, avec le patient, epuis quelques années, grand nombre de traitements par chimiothérapie sont réalisés en hôpital de jour, ceci afin d’améliorer la qualité de vie des patients mais aussi pour des raisons économiques. Ce développement entraîne donc une prise en charge différente. La durée d’hospitalisation étant plus courte, les malades ont le sentiment de ne pas avoir assimilé toutes les informations reçues, notamment par rapport aux effets indésirables, ce qui génère un stress supplémentaire lors du retour au domicile. Celui-ci se manifeste par un grand nombre d’appels téléphoniques provenant du patient et/ou de ses proches. Afin de remédier à cela, nous avons mis en place des actions infirmières et de là est né le suivi téléphonique. Cet entretien est une procédure qui permet le suivi du traitement. C’est une approche éducative qui rend les patients acteurs dans leur prise en charge. Cet appel est une manière d’évaluer l’état physique et psychologique du malade afin d’affiner notre prise en charge. Il en existe deux types. Tout d’abord, le suivi téléphonique à l’initiative de l’infirmier après une première cure de chimiothérapie en ambulatoire, puis le suivi téléphonique à l’initiative du patient et/ou de son entourage, qui correspond à des appels spontanés. Les objectifs de cet entretien sont, avant tout, d’augmenter le bien-être et la sécurité des patients pour les rassurer lors du retour au domicile grâce au lien de confiance qu’on aura établi de par cet appel téléphonique. C’est aussi recueillir les informations sur d’éventuels problèmes depuis le traitement, évaluer leur degré Bulletin Infirmier du Cancer 128 Vol.9-n°4-octobre-novembre-décembre 2009 Metier infirm n4 vol9 bis 16/12/09 18:14 Page 129 Copyright © 2016 John Libbey Eurotext. Téléchargé par UNIVERSITE DE FRANCHE COMTE BU SANTE le 27/06/2016. Métier infirmier entretien le patient nous signale un problème d’ordre médical, nous allons passer le relais à l’interne de l’hôpital de jour. Cet appel assure la continuité des soins au domicile avec une diminution des retours à l’hôpital (urgences, hospitalisation) et des consultations médicales dites inutiles, notamment lors des problèmes de constipation ou nausées pour lesquels nous sommes capables de les conseiller et de les orienter. Cela accentue le sentiment de sécurité au domicile et en leur montrant notre disponibilité cela renforce notre relation soignant-soigné. De plus, nous avons constaté une très nette diminution des appels émanant des patients et/ou de leurs proches depuis la mise en place du suivi téléphonique et par conséquent un gain de temps pour les infirmiers. Des analyses nous ont montré que les effets secondaires avaient tendance à diminuer, ce qui prouve une meilleure prise en charge. Les problèmes principaux qui ressortent sont surtout la fatigue, les troubles de l’alimentation et les perturbations digestives, des points sur lesquels nous insistons lors de notre éducation. En résumé le suivi téléphonique augmente la sécurité et le bien être des patients au domicile, il permet d’améliorer la qualité et la continuité des soins. C’est un outil de valorisation pour notre profession. Il faut savoir que le suivi téléphonique peut être adapté pour différentes spécialités et au vu des résultats que nous avons eus depuis sa mise en place, tout le monde devrait se motiver pour l’instituer dans son service afin d’améliorer la prise en charge des patients. un rendez-vous téléphonique dans les 48-72 heures, voire une semaine après le traitement, en fonction de ses disponibilités mais aussi des nôtres. En général, c’est l’infirmière qui a éduqué le malade par rapport au traitement et à ses effets secondaires qui va réaliser le suivi téléphonique. Celui-ci dure en moyenne 6 minutes. Lors de cet appel, nous allons recueillir des données sur une feuille qui va nous permettre de répertorier et quantifier les effets indésirables présentés par le patient. On s’intéresse ensuite à leurs traitements (anti-émétiques, bains de bouche…) et leur observance. À partir de ces informations, on va pouvoir leur donner des conseils en utilisant, dans la majorité des cas, les arbres décisionnels qui sont des schémas qui orientent nos actions en fonction des renseignements que le patient nous aura transmis. On terminera le suivi par des questions plus générales sur leur forme physique et psychologique. Ce recueil sera ensuite rangé dans le dossier infirmier afin d’être exploité lors de la deuxième cure de chimiothérapie. En ce qui concerne le suivi provenant des patients, il n’existe pas de fiche de suivi mais ceci ne nous empêche pas de récolter des informations pour dépister les problèmes et mettre en place des actions en se référant aux arbres décisionnels. Le suivi téléphonique a beaucoup d’avantages pour les patients car ils ont une réponse immédiate à leur question, qu’il s’agisse du suivi systématique ou de celui provenant du malade. En sachant que, si lors de cet Bulletin Infirmier du Cancer 129 Vol.9-n°4-octobre-novembre-décembre 2009