L’évolution à travers la critique de la théorie déterministe du programme génétique André GILLES Maître de Conférences UMR 6116 IMEP équipe persistance et évolution de la biodiversité case 36 Université de Provence, 3 place Victor Hugo13331 Marseille, FRANCE I- Rappels 1 Le caractère et l’homologie 1.1 Le caractère Le caractère se définie comme un attribut observable d’un organisme. Il peut être morphologique, moléculaire, physiologique, comportementale etc… Un caractère peut se coder de différente façon, cependant il ne peut être que sous deux états: Plésiomorphe: état ancestral du caractère (primitif). Apomorphe: état dérivé du caractère (nouveau). Attention: un caractère apomorphe pour définir un genre sera forcément plésiomorphe à l’intérieur de chacune des espèces le constituant. 1.2 L’homologie Ce sont des caractères ou des structures hérités d’un ancêtre commun. Nous ne pouvons visualiser cet héritage au cours du temps, nous ne pouvons que le supposer (émettre une hypothèse d’homologie). Nous définissons par conséquence une homologie primaire (l’hypothèse) et une homologie secondaire (qui est la démonstration de son héritage à partir de l’ancêtre commun). Comment formuler notre hypothèse? - En étudiant les structures et les fonctions de différents caractères. - En utilisant les données ontogénétiques (développement). - En utilisant les données paléontologiques. 2 L’homoplasie Nous opposons à l’homologie l’homoplasie qui est un caractère qui n’est pas hérité de l’ancêtre commun mais dont la forme ou la fonction est semblable. Nous distinguons 3 types d’homoplasie: - L’analogie: ce sont des caractères non homologues qui remplissent les mêmes fonctions. - La réversion: c’est un retour à un état d’un stade antérieur (plésiomorphe) - La convergence (= parallélisme pour des espèces proches): Ressemblance apparue indépendamment dans différents taxa mais portant sur un caractère homologue. 3 Clade et Grade 4 La méthode cladistique Codage de la matrice de caractères. Repérer les caractères homologues à priori. Taxon A Taxon B Taxon C Taxon D 1 2 3 4 5 6 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1 1 0 Nous avons trois topologies (non enracinées) pour quatre taxa. A B A C Topo I D B Topo II C D A C Topo III D B Arbre I Arbre II A 0 0 C A 0 B 0 0 D A 0 1 C 0 / 1 0 B 0 0 0 Arbre III 0 C 0 A 0 1 1 B C 1 1D D 1 A 0 1 C A 0 0 B A 0 B 0 A 0 0 / 1 B 1 0 / 1 1 D C 1 1 C A 0 0 / 1 0 / 1 0 D C 1 1 B 0 / 1 1 D 1 0 C A 0 1 Caractère 2 1 1C 0 / 1 Caractère 4 1D D 1 1 C 1 B A 0 1 B 0 / 1 0 0D D 0 Caractère 3 0 B 0 / 1 0 / 1 Caractère 1 0 D 0 B 1 0 0 B 0 0D 0 / 1 A 0 Caractère 5 Caractère 6 1 1 C Arbre I Arbre II Arbre III Caractère 1 Caractère 2 Caractère 3 1 2 2 Caractère 4 1 2 2 2 2 1 Caractère 5 4 6 5 des pas A B C D Caractère 6 Topo I Le critère de groupe extérieur Il n ’existe pas de méthode universelle pour choisir « à coup sûr » un groupe extérieur valide. Cependant les données fossiles ainsi que les données ontogénétiques permettent de définir les caractères plésiomorphes et de choisir « à priori » le groupe qui se différencie le plus des autres. La polarisation des changements morphologiques A 0 0 C 0 Caractère 1 0 B 0 0 D 0 C 0 D 0 B 0 A Arbre enraciné sur A Caractère 2 A 0 1 C 0 / 1 B 1 1 C 1 1 D 1 B 0 A 1 D Arbre enraciné sur A Arbre non enraciné le changement se fait de 0 1 Caractère 3 A 0 0 C 0 / 1 0 C 0 B 1 0 D 1 B 0 A 0 D Arbre enraciné sur A Arbre non enraciné le changement se fait de 0 1 Caractère 4 et 5 A 0 1 C 0 B 0 1 D 1 1 C 0 B 0 A 1 D Arbre enraciné sur A Arbre non enraciné le changement se fait de 0 1 Caractère 6 A 0 1 C 1 / 0 1 / 0 B 1 0 D 0 D 1 C 1 B 0 A Arbre enraciné sur A, explication par convergence A 0 1 C 0 / 1 B 1 0 / 1 0 D 0 D 1 C 1 B 0 A Arbre enraciné sur A, explication par réversion Le Cladogramme le plus parcimonieux mais deux interprétations biologiques C’est une hypothèse testable 5 La méthode phénétique: l’exemple de l’UPGMA (Unweighted Pair Group Method using Arithmetic Average) • Nous allons effectuer une matrice de distance en comparant deux à deux les différents taxa (ou unités évolutives). Taxon A Taxon B Taxon C Taxon D 1 2 3 4 5 6 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1 1 0 D = nombre de différences p = nombre de différences/nombre total de comparaisons pAB = 3/6 1 r s d xy = rs d ij i =1 j =1 x = unité évolutive (UE) ou unité évolutive hypothétique (UEH) résultant de la fusion de r UE. y = unité évolutive (UE) ou une unité évolutive hypothétique (UEH) différente de x, résultant de la fusion de s UE. r = nombre d’UE qui sont comprises dans x. s = nombre d’UE qui sont comprises dans y. i = UE de r. j = UE de s. Taxa A Taxa B Taxa C Taxa D A B 0 3 0 4 3 C 3 0 4 1 D 0 Nous agglomérons les deux taxa ayant la plus petite distance, c’est-à-dire D et C 0,5 D 0,5 C Taxa A Taxa B Taxa C-D A B C-D 0 3 0 3,5 3,5 0 Nous agglomérons les deux taxa ayant la plus petite distance, c’est-à-dire A et B 0,5 D 0,5 C B A 1,5 1,5 A-B Taxa A-B 0 Taxa C-D 3,5 C-D 0 Nous agglomérons les deux derniers groupes 0,5 D 1,25 0,5 C B A 1,5 1,5 0,25 6 La ressemblance ne traduit pas toujours les liens de parentés. II- L’évolution de l’œil : une convergence évolutive ? 1-Structure de l’œil: lignée ciliaire et rhabdomérique Répartition chez les Bilatériens Et les cnidaires … avec Urmétazoa 2-La phototransduction: homologie ou convergence ? Vertébrés Drosophile 3- Bases génétiques de l’organogenèse de l’oeil Un gène maître: Pax 6 Un gène maître: eyeless Mutants ectopiques 4-Phylogénie des gènes Pax: le problème des duplications géniques Alignement… l’homologie primaire Des facteurs de transcription Phylogénies… l’homologie secondaire Homologue par Spéciations(Orthologues) ou par Duplications(Paralogues) Vrai Paralogues mais phylogénétiquement orthologues !!! 5-Phylogénie des gènes impliqués dans la phototransduction Opsine Transducine C R C Outgroup R 6-La théorie du sablier Pax6 ? Pax4 C Pax8,5,2 Autres Pax R R C Outgroup PDE versus PLC Analogie fonctionnelle Œil une homologie? MERCI