COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Paris, le 22 mars 2016
Dépistage du cancer de la prostate :
Deux nouveaux outils destinés aux médecins et à leurs patients
pour faciliter une décision éclairée et partagée
La question du dépistage du cancer de la prostate et de ses modalités se pose fréquemment en
médecine générale. Selon la dernière étude de la Cnamts publiée aujourd’hui dans le BEH, entre
2012 et 2014, 62 % des hommes âgés de 50 à 69 ans et 68 % des hommes
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de plus de 75 ans ont
réalisé au moins un dosage de lantigène spécifique prostatique (PSA). La quasi-totalité (88 %) des
dosages de PSA est prescrite par un médecin généraliste, qui dans 95 % des cas les associe à
d’autres examens (9 en moyenne dont glycémie, dosage de lipides, créatininémie) dans le cadre
d'un « bilan de santé ».
Une pratique de « dépistage individuel » du cancer de la prostate par le dosage du PSA sérique s’est
donc pandue en France. Pourtant, à l’heure actuelle, les études ne permettent pas de conclure
clairement sur les bénéfices du dosage du PSA sur la mortalité par cancer de la prostate.
En France, la Haute Autorité de Santé précise qu’il n’a pas été retrouvé d’éléments scientifiques
permettant de justifier ce dépistage par dosage du PSA, y compris dans des populations considérées
comme étant plus à risque. Aucune autorité sanitaire dans le monde n’a rendu d’avis favorable au
déploiement d’un programme de dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA.
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Sans cancer de la prostate repéré dans les bases de l’Assurance Maladie
Les chiffres clés du cancer de la prostate
Avec près de 57 000 nouveaux cas par an, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent
chez l’homme (28 % des cas de cancers).
Son évolution est le plus souvent très lente, d’une durée de 10 à 15 ans en moyenne avant que
n'apparaissent des symptômes.
Il se place au troisième rang en termes de mortalité par cancer chez l’homme (à l’origine de 8 900
décès), soit 10 % des décès par cancer et 3 % des décès masculins.
Enfin, trois quarts des décès ont lieu après 75 ans.
La nécessité d’une information préalable des hommes afin de permettre une décision éclairée
L’ensemble des évaluations publiées en France sur ce dépistage
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concluent qu’une information
éclairée des hommes par le médecin est nécessaire, afin que ceux-ci soient au fait des limites de la
démarche et prennent une décision en toute connaissance de cause. Or, les résultats d’une enquête
BVA
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montrent que seuls 47 % des hommes ayant fait un dosage du PSA disent avoir été informés
des bénéfices potentiels et des limites de ce dépistage.
Une information vers les médecins
Dans ce contexte, l’Institut National du Cancer et l’Assurance Maladie, en lien
avec le Collège de Médecine Générale, mettent en place une information sur la
prescription du premier dosage du PSA.
Afin de donner tous les outils nécessaires à une prise de décision partagée entre
le médecin et son patient, deux outils d’information sont mis à disposition, l’un
pour les professionnels de santé et l’autre pour le grand public.
Le premier délivre aux médecins généralistes toutes les données objectives et
utiles ainsi que des éléments de contexte sur les bénéfices et risques du
dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA et de son traitement, afin
de les aider dans leur pratique et dans l’information à apporter à leurs patients.
Le second outil est destiné aux patients. Il vise à informer les hommes qui
souhaitent s’engager dans une démarche de dépistage afin de leur permettre de
mettre en balance les bénéfices attendus par rapport aux risques encourus et
ainsi faciliter le dialogue.
Des outils qui visent à rappeler les informations suivantes :
Un cancer d’évolution lente
Avec 57 000 nouveaux cas estimés, le cancer de la prostate est responsable de 9 000 décès chaque
année. Fortement lié à l’âge (c’est autour de 70 ans qu’il est le plus fréquent), il évolue le plus souvent
lentement, sur 10 à 15 ans avant que n’apparaissent des symptômes. A noter que plus des trois
quarts de ces décès surviennent après 75 ans, avec un âge médian au décès de 83 ans
4
.
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Haute Autorité de Santé, Dépistage du cancer de la prostate Analyse critique des articles issus des études ERSPC et PLCO
publiés en mars 2009, Saint Denis : HAS, juin 2010, ainsi que Haute Autorité de Santé, Cancer de la prostate : identification des
facteurs de risque et pertinence d’un dépistage par dosage de l’antigène spécifique prostatique (PSA) de populations d’hommes
à haut risque ? - Rapport d’orientation, Saint Denis : HAS, février 2012.
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Enquête BVA pour l’Institut National du Cancer Dépistage du cancer de la prostate : connaissances pratiques des médecins
généralistes et informations transmises aux patients Août 2015 : sondage réalisé sur un échantillon représentatif de la
population française de 607 hommes de 40 ans et plus ayant réalisé un dosage du PSA.
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Les cancers en France, « Les Données », Boulogne-Billancourt : INCa, janvier 2014.
Un dépistage dont les bénéfices sont insuffisamment prouvés au regard des
inconvénients
Le bénéfice n’est pas clairement démontré : les deux plus importantes études scientifiques
disponibles
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sur ce sujet présentent des résultats contradictoires. Elles ne permettent pas de conclure
sur les bénéfices du dosage du PSA, ni sur l’impact d’un dépistage ponctuel ou régulier en terme de
mortalité. Cependant, à titre individuel, pour un homme dont le cancer serait ou deviendrait agressif, le
dépistage peut être bénéfique. Pour un cancer détecté à un stade précoce, il n’existe cependant pas
aujourd’hui de marqueur ou d’examen qui permette d’identifier précisément les cancers qui ont un
risque d’évoluer de manière défavorable. En revanche, les limites et risques de ce dépistage sont non
négligeables et nécessitent que chaque homme décide en connaissance de cause.
Une fiabilité limitée :
L’association du dosage du PSA et du toucher rectal est insuffisamment fiable dans le cadre d’un
dépistage. Le toucher rectal normal n’exclut pas un cancer car cet examen ne permet de détecter que
des tumeurs palpables, tandis que :
- Le test PSA peut être faussement négatif et rassurer à tort, la valeur prédictive négative (VPN) est
de 90% ce qui signifie que parmi les hommes qui ont un PSA < 4ng/ml, 9 sur 10 n’ont pas de cancer
et 1 sur 10 en a un.
- La valeur prédictive positive (VPP) est de 30 %, ce qui signifie que parmi les hommes qui ont un
PSA > 4 ng/ml, 3 sur 10 ont un cancer et 7 sur 10 n’en ont pas.
Des risques de surdiagnostic et de surtraitement :
Le cancer de la prostate étant souvent d’évolution lente, le dépistage par dosage du PSA entraîne un
risque de surdiagnostic et de surtraitement. Ce surdiagnostic varie de 30 % à 50 % des cancers de la
prostate dépistés selon les études. Ces cancers auraient pu ne pas être traités sans que cela porte
préjudice aux hommes. Les personnes concernées n’auront donc pas tiré bénéfice du dépistage ; en
revanche, elles sont exposées à un surtraitement et aux effets indésirables et inconvénients potentiels
liés à la prise en charge diagnostique et thérapeutique.
Des effets indésirables :
Chez les hommes traités pour un cancer de la prostate en 2012 en France, 50 % ont présenté une ou
plusieurs complications nécessitant un traitement dans les deux ans suivant le diagnostic, avec
notamment des troubles de l’érection traités pour 35 % des hommes et une incontinence urinaire
traitée pour 21 % d’entre eux.
5
Schroder, F. H., J. Hugosson, et al., « Prostate-cancer mortality at 11 years of follow-up. », 2012, N. Engl. J. Med., 366(11),
p.981-90, et Andriole, G. L., Crawford, E. D., et al., « Prostate cancer screening in the randomized prostate, lung, colorectal,
and ovarian cancer screeningtrial: Mortality results after 13 years of follow-up », 2012, Journal of the National Cancer Institute,
104(2), p.125-132.
Retrouvez le dossier complet concernant le dépistage du cancer de la prostate sur e-cancer.fr, le site de
l’Institut national du cancer et sur Ameli.fr.
Accéder au dossier pour les professionnels de santé et pour le grand public
Consulter la brochure sur « la première prescription du PSA chez l’homme asymptomatique » et la
brochure à remettre aux hommes « Le dépistage du cancer de la prostate : s’informer avant de
cider »
Contacts Presse :
Institut national du cancer : Julie Decoutère : 01 41 10 14 44 - press[email protected]r
Assurance Maladie : Céline Robert Tissot : 01 72 60 13 37 - presse@cnamts.fr
Collège de la Médecine Générale : Pierre-Louis Druais : 01 47 45 13 55 pl.druais@lecmg.fr
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