Un dépistage dont les bénéfices sont insuffisamment prouvés au regard des
inconvénients
Le bénéfice n’est pas clairement démontré : les deux plus importantes études scientifiques
disponibles
sur ce sujet présentent des résultats contradictoires. Elles ne permettent pas de conclure
sur les bénéfices du dosage du PSA, ni sur l’impact d’un dépistage ponctuel ou régulier en terme de
mortalité. Cependant, à titre individuel, pour un homme dont le cancer serait ou deviendrait agressif, le
dépistage peut être bénéfique. Pour un cancer détecté à un stade précoce, il n’existe cependant pas
aujourd’hui de marqueur ou d’examen qui permette d’identifier précisément les cancers qui ont un
risque d’évoluer de manière défavorable. En revanche, les limites et risques de ce dépistage sont non
négligeables et nécessitent que chaque homme décide en connaissance de cause.
Une fiabilité limitée :
L’association du dosage du PSA et du toucher rectal est insuffisamment fiable dans le cadre d’un
dépistage. Le toucher rectal normal n’exclut pas un cancer car cet examen ne permet de détecter que
des tumeurs palpables, tandis que :
- Le test PSA peut être faussement négatif et rassurer à tort, la valeur prédictive négative (VPN) est
de 90% ce qui signifie que parmi les hommes qui ont un PSA < 4ng/ml, 9 sur 10 n’ont pas de cancer
et 1 sur 10 en a un.
- La valeur prédictive positive (VPP) est de 30 %, ce qui signifie que parmi les hommes qui ont un
PSA > 4 ng/ml, 3 sur 10 ont un cancer et 7 sur 10 n’en ont pas.
Des risques de surdiagnostic et de surtraitement :
Le cancer de la prostate étant souvent d’évolution lente, le dépistage par dosage du PSA entraîne un
risque de surdiagnostic et de surtraitement. Ce surdiagnostic varie de 30 % à 50 % des cancers de la
prostate dépistés selon les études. Ces cancers auraient pu ne pas être traités sans que cela porte
préjudice aux hommes. Les personnes concernées n’auront donc pas tiré bénéfice du dépistage ; en
revanche, elles sont exposées à un surtraitement et aux effets indésirables et inconvénients potentiels
liés à la prise en charge diagnostique et thérapeutique.
Des effets indésirables :
Chez les hommes traités pour un cancer de la prostate en 2012 en France, 50 % ont présenté une ou
plusieurs complications nécessitant un traitement dans les deux ans suivant le diagnostic, avec
notamment des troubles de l’érection traités pour 35 % des hommes et une incontinence urinaire
traitée pour 21 % d’entre eux.
Schroder, F. H., J. Hugosson, et al., « Prostate-cancer mortality at 11 years of follow-up. », 2012, N. Engl. J. Med., 366(11),
p.981-90, et Andriole, G. L., Crawford, E. D., et al., « Prostate cancer screening in the randomized prostate, lung, colorectal,
and ovarian cancer screeningtrial: Mortality results after 13 years of follow-up », 2012, Journal of the National Cancer Institute,
104(2), p.125-132.