abc culture-qualité Ann Biol Clin 2007 ; 65 (3) : 317-33 Propositions de commentaires interprétatifs pour les bilans biologiques thyroïdiens Propositions of interpretative comments for thyroid function tests Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. J. Watine1 A. Szymanowicz2 A. Perrin3 J.-C. Gilbert4 1 Laboratoire de biologie polyvalente, Hôpital général, Rodez <[email protected]> 2 Laboratoire de biochimie, Centre hospitalier, Roanne 3 Service d’endocrinologie, Centre hospitalier, Roanne 4 Médecine clinique, Hôpital général, Rodez Résumé. Dans le domaine de la pathologie thyroïdienne, un certain nombre d’organismes gouvernementaux ou d’associations professionnelles ont publié des recommandations de bonne pratique, par exemple la Haute autorité de la santé (HAS) ou the American thyroid association (ATA). Parmi les praticiens qui prescrivent des bilans thyroïdiens, tous n’ont pas lu et mémorisé toutes ces recommandations. Afin d’aider ces derniers à mieux intégrer ces bonnes pratiques, nous avons rédigé un thésaurus de commentaires interprétatifs prêts à l’emploi, en essayant d’adapter nos propositions de commentaires à chaque combinaison possible de résultats de TSH et/ou de T4 libre et/ou de T3 libre. Les biologistes qui préféreraient n’utiliser que des commentaires strictement basés sur des recommandations validées par l’HAS et/ou par l’ATA, pourront « piocher » dans nos commentaires ce qui est véritablement validé par ces deux organismes. Notre travail vise en outre à aider les patients qui le souhaitent à bénéficier d’une information écrite, complémentaire de l’information, plus volontiers verbale, fournie par les cliniciens. Mots clés : TSH, T4 libre, T3 libre, recommandation, bonne pratique, commentaire interprétatif, commentaire prêt à l’emploi, texte codé, SIL (système informatique de laboratoire) doi: 10.1684/abc.2007.0060 Abstract. In the field of thyroid disease, a number of governmental organisms or professional associations have published practice guidelines containing laboratory-related recommendations, eg the Haute autorité de la santé (HAS), or the American Thyroid Association (ATA). Among the physicians who prescribe thyroid function tests, all have not read and memorized all these recommendations. In order to help them to better integrate these recommendations in their practice, we have composed a thesaurus of ready-made interpretative comments, trying to adapt our proposed comments to each possible combination of results of TSH and/or free T4 and/or free T3. The laboratorians who would prefer to use only the comments based strictly on the recommendations of HAS and/or ATA, will be able to select among our comments what is really validated by these two organizations. In addition, our work aims at enabling the patients who want it, to benefit from written information, which may be complementary to the more often spoken information provided by the clinicians. Article reçu le 16 août 2006, accepté le 7 février 2007 Key words: TSH, free T4, free T3, recommendation, practice guideline, interpretative comment, ready-made comment, encoded text, LIS (laboratory information system) Tirés à part : J. Watine Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 317 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. culture-qualité La validité des recommandations de bonne pratique publiées par des agences gouvernementales ou apparentées, telles la Haute autorité de la santé (HAS), l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps), ou l’Institut du cancer (InCa), se fonde généralement sur des preuves obtenues grâce à des revues systématiques de la littérature ou, quand de telles preuves font défaut, sur des consensus professionnels de bonne qualité méthodologique [1, 2]. En France, les professionnels de santé qui souhaitent pratiquer une médecine fondée sur des niveaux de preuve doivent donc appliquer en priorité ce type de recommandations, quand ils le peuvent. Les recommandations des sociétés savantes ou celles d’agences gouvernementales étrangères peuvent être conseillées en deuxième intention, sous réserve que leur niveau de qualité méthodologique soit comparable à celui des recommandations publiées par les agences officielles françaises, et que leur contenu soit compatible avec la réglementation française. En pathologie thyroïdienne, les recommandations de bonne pratique ne manquent pas. Celles de la HAS concernent le diagnostic et la surveillance biologique de l’hypothyroïdie et de l’hyperthyroïdie, publiées en 1999 et en 2000, quand la HAS s’appelait encore l’Anaes (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé), ainsi que les explorations thyroïdiennes autres que biologiques, publiées en septembre 1997 [3], et les bonnes pratiques pour la prise en charge des nodules thyroïdiens, publiées en 1995, quand la HAS s’appelait encore l’Andem (Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale) [4]. Nous disposons aussi des guidelines de l’ATA (American thyroid association) [5] et de la NACB (National academy of clinical biochemistry) [6] sur le rôle du laboratoire dans la pathologie de la thyroïde, qui ont été traduits en français sous l’égide de la SFBC (Société française de biologie clinique), de la SFE (Société française d’endocrinologie) et du GRT (Groupe de recherche sur la thyroïde) [7], ou encore des SOR (Standards, options et recommandations) de la FNCLCC (Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer), affiliée à l’Institut du cancer (InCa) [8]. L’ATA a également publié des recommandations concernant l’insuffisance thyroïdienne maternelle [9] et l’hypothyroïdie congénitale, en collaboration avec l’American academy of pediatrics [10]. Les recommandations de l’AACE (American association of clinical endocrinologists) concernent les hyperthyroïdies et les hypothyroïdies ; les nodules thyroïdiens, en collaboration avec l’Associazione medici endocrinologi ; les carcinomes thyroïdiens, en collaboration avec l’ES (Endocrine society) et l’ACE (American college of endocrinology) ; et l’hypothyroïdie fruste (ou sub-clinique), en collaboration avec l’ATA, l’ES et l’ACE [11-15]. L’USPSTF (US preventive 318 services task force) a publié des recommandations concernant le dépistage des dysthyroïdies frustes [16]. Les guidelines de l’Acog (American college of obstetricians and gynecologists) concernent la pathologie thyroïdienne de la grossesse [17]. Tous les cliniciens n’ont pas le temps de prendre connaissance de toutes ces recommandations, sauf peut-être quand elles se situent au cœur de leurs spécialités ou centres d’intérêt, et encore moins de les mémoriser. Il en résulte que de nombreux praticiens qui prescrivent des bilans thyroïdiens risquent de ne pas intégrer ces bonnes pratiques. Le but du présent travail est d’aider les biologistes à commenter les bilans thyroïdiens, de manière à favoriser la prise en compte des recommandations de bonne pratique par les cliniciens, pour le bénéfice des patients. Le présent travail pourra aussi aider les biologistes à décider, en accord avec le prescripteur, de ne pas doser la TSH et/ou la T4 libre et/ou la T3 libre et/ou à ne pas effectuer de test à la TRH quand l’un ou l’autre de ces examens n’est pas susceptible d’apporter la moindre information, voire même être nuisible pour le patient (via des explorations inutiles et/ou des décisions inappropriées), ou au contraire à conseiller de prescrire ces examens quand ils sont susceptibles d’être utiles et qu’ils n’ont pas été prescrits, ainsi que divers autres examens auxquels le prescripteur n’aurait pas forcément pensé (bilan lipidique, CRP, NFS, iodurie de 24 heures, iodémie, thyroglobuline, anticorps anti-thyroglobuline, anticorps antiTPO, anticorps antirécepteurs de la TSH, etc.). Matériels et méthodes Pour rédiger nos commentaires, nous avons utilisé en priorité les travaux susceptibles de fournir les meilleurs niveaux de preuve, à savoir les revues systématiques et les guides de bonne pratique fondés sur des niveaux de preuves de bonne qualité méthodologique, en tentant d’identifier, de manière aussi exhaustive que possible, les différentes situations cliniques qui peuvent correspondre à toutes les combinaisons de résultats possibles de TSH, de T4 libre et de T3 libre. Nous avons notamment cherché à identifier les situations où, sur la base des seuls résultats de TSH et de T4 libre, il est possible d’affirmer ou de suspecter très fortement que le dosage de la T3 libre et/ou de la T4 libre et/ou de la TSH seront inutiles. Cette démarche rationnelle est rappelée dans les figures 1 à 5, respectivement dans le cas des recherches étiologiques des hyperthyroïdies fréquentes (figure 1), rares (figure 2), des hypothyroïdies fréquentes (figure 3), rares (figure 4), et des nodules thyroïdiens (figure 5). Nous avons également complété ces algorithmes diagnostiques par trois figures Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 Bilans biologiques thyroïdiens Stratégie d’exploration des hyperthyroïdies fréquentes. Suspicion clinique d’hyperthyroïdie : TSH (+ T4L en milieu hospitalier) Psychose aiguë ou traitement par glucocorticoïdes, amiodarone dopamine phénytoïne, carbamazépine, propranolol, furosémide, analogue somatostatine, Li, interféron. TSH e, basse et T4L élevée, hypermétabolisme T3L élevée (3 % des hyperthyroïdies) Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Hyperthyroïdie : l’anamnèse oriente vers les étiologies Si grossesse 1er trimestre TPOAb+ thyrotoxicose gravidique transitoire (2 % des grossesses) HCG élevée, TPOAb–, vomissements : syndrome d’hyperémèse du 1er trimestre TSH basse et T4L normale, clinique probante (hypermétabolisme) Dosage T3L Iodurie si doute Ac antithyroïdiens si besoin Pas de surcharge T3L normale ou basse Contrôle sur nouveau prélèvement dans 2 à 4 semaines et/ou test TRH éventuel si incertitude Scintigraphie si besoin Fixation hétérogène Fixation nulle Fixation homogène TPOAb+ TgAb+ TRAb+ TPOAb+/-,TgAb+/-, TRAb– Maladie de Basedow (1% de la population ; si grossesse, risque de dysthyroïdie fœtale ou néonatale), goitre basedowïfié, traitement par interféron Thyroïdite de Hashimoto (initiale) ou du post partum ; TPOAb+ (10 %) : traitement par Li Adénome toxique, goitre multinodulaire toxique TSH basse et T4L normale, clinique peu probante (pas d’hypermétabolisme) : hyperthyroïdie subclinique (2 %) Surcharge iodée : produits de contraste ou médicaments iodés TPOAb+ : amiodarone (T3L normale ou élevée) Résultat initial confirmé ou test au TRH- Tg si incertitude diagnostique Iodurie+ (Tg effondrée) : thyrotoxicose factice, ttt amaigrissant, ttt par T3 ou T4 Bilan normalisé ou test au TRH+ : surveiller à distance Clinique + syndrome inflammatoire : thyroïdite de De Quervain (phase initiale) (Tg augmentée) Figure 1. La clinique est probante quand elle réunit les principaux signes cliniques de l’hyper ou de l’hypothyroïdie (cf figures suivantes). TPO : thyroperoxydase ; Tg : thyroglobuline ; TPOAb : anticorps anti TPO ; TgAb : anticorps anti Tg ; TRAb : anticorps anti récepteur de la TSH. L’iodurie peut être remplacée par l’iodémie si le recueil est difficile chez les personnes âgées. Stratégie d’exploration des hyperthyroïdies rares. Suspicion clinique d’hyperthyroïdie rare après exclusion d’un problème technique sure le dosage de TSH + T4L TSH normale, T4L normale ou basse Hypermétabolisme TSH basse, T4L élevée Syndrome tumoral Syndrome d’hypersensibilité aux hormones thyroïdiennes (très rare) Métastases massives sécrétantes d’un cancer thyroïdien vésiculaire différencié (très rare) Tumeurs ovariennes (môle hydatiforme) secrétant de l’HCG (très rare) Mutation activatrice génomique du récepteur de la TSH (très rare) Variant d’albumine (fréquence 1/1 000 LatinoAméricains) Hyper thyroxinémie dysalbuminémie familiale (FDH) TSH normale ou élevée, T4L élevée (confirmées) +/hypermétabolisme Scintigraphie homogène TBG normale ou diminuée, test TRH+, freination T3–, T3L et T4L augmentées, goitre Syndrome de résistance globale aux hormones thyroïdiennes (mutation du récepteur bêta aux hormones thyroïdiennes, très rare 1/50 000) TSH normale à élevée, T4L normale ou basse, T3L élevée, retard psychomoteur lié à l’X : mutation du gène MCT8 (très rare syndrome de résistance partielle aux hormones thyroïdiennes) T3L normale, anticorps hétérophiles : T4L Ab ou T3L Ab (0,1 %) ou TSHAb (très rare) IRM, SUA augmentée, SUA/TSH augmenté, test au TRH- SSITSH (rare) Adénome hypophysaire thyréotrope (très rares 1 % des SSITSH) T3L augmentée Figure 2. Voir légende de la figure 1. TBG : thyroid-binding globulin ; T4L Ab : anticorps anti T4L ; T3L Ab : anticorps anti T3L ; TSH Ab : anticorps anti TSH ; MCT8 : transporteur de monocarboxylate 8 ; SUA : sous-unité alpha ; SSITSH : syndrome de sécrétion inappropiée de TSH. Les éléments clés du diagnostic sont sur fond bleu. Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 319 culture-qualité Stratégie d’exploration des hypothyroïdies d’étiologies fréquentes. Suspicion clinique d’hypothyroïdie : TSH (+ T4L en milieu hospitalier) TSH très élevée, T4L basse, hypométabolisme Anamnèse contributive ? Hypothyroïdie primaire (0,5 à 1,8 % de la population) ; anamnèse contributive ? Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Oui TPOAb ++ hypothyroïdie de la grossesse Ab antithyroïdiens Non Test au TRH court (si difficulté diagnostique) Réponse exagérée Non Traitement par RT, Chir, ATS, I131, amiodarone, Li TSH entre 4 et 10 mU/L, T4L modérément basse, clinique peu probante TSH normale, T4L modérément basse : situation fréquente aux 2e et 3e trimestres de grossesse (résultats à confirmer + TPOAb) Oui TPOAb+ Maladie intercurrente sévère aiguë (très fréquent ; la TSH peut être très basse patients en Réa) Réponse normale Traitement à l’amiodarone Traitement Li, (23 % des patients traités) TPOAb TPOAb ou TgAb +/- TPOAb ou TgAb+ TPOAb + Thyroïdite atrophique Hashimoto ? Thyroïdite de Hashimoto, amiodarone Hypothyroïdie fruste (fréquence 10 % de la population) Iodurie si difficulté diagnostique Si grossesse 1er T Risque élévé de TPP Carence iodée TPP (6 % des grossesses) Surcharge iodée : produits iodés (amiodarone…) TPO Ab- : surveillance Ab antithyroïdiens TPO Ab+ : traitement ou surveillance Figure 3. Voir légendes des figures précédentes. ATS : antithyroïdiens de synthèse ; RT : radiothérapie ; Chir : chirurgie ; I131 : iode 131 ; TPP : thyroïdite du post-partum. Adulte TSH entre 3 et 10 mU/L, T4L normale Stratégie d’exploration des hypothyroïdies rares et des rares étiologies des augmentations de TSH. Suspicion clinique d’hypothyroïdie : TSH (+ T4L en milieu hospitalier) TSH normale ou basse, T4L diminuée : hypothyroïdie hypophysaire ou hypothalamique Test au TRH long (dosage de TSH à 0, 30, 60, 90 et 120 min) Autres étiologies très rares d’HC Syndrome de Sheehan ou autre étiologie vasculaire, radiothérapie, chirurgie, traumatisme, causes inflammatoires ou infiltratives, médicaments (bexarotène) TSH > 20 mU/L Examen par un pédiatre référent endocrinologue Réponse nulle Réponse modérée et prolongée Insuffisance hypophysaire Insuffisance hypothalamique IRM, voire dosages hormonaux (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) Tumeur hypothalamique Adénome hypophysaire Nouveau né : Guthrie à 48 h : TSH (+) 1/3 500 TSH comprise entre 10 et 20 mU/L ou si préma TSH <10 mU/L Aucun suivi supplémentaire Nouveau prélèvement Bilan de la fonction thyroïdienne de la mère et de l’enfant TSH, T4L, TPOAb. Selon le contexte TBAb, TSAb. Enfant scintigraphie, captation I123, Tg, test au perchlorate, iodurie si suspicion de carence ou excès Traitement substitutif précoce et suivi régulier si agénésie ou hypoplasie ou thyroïde ectopique (85 % des HC) Réévaluation à 2 ans T4L + TSH basale et 2 et 3 semaines après arrêt du traitement TSH augmentée : HC confirmée et poursuite du traitement TSH normale : HC transitoire (arrêt du traitement) Figure 4. Voir légendes des figures précédentes. IGF1 : somatomédine C ; HC : hypothyroïdie congénitale. 320 Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 Bilans biologiques thyroïdiens Stratégie d’exploration des nodules thyroïdiens (fréquence : 4 à 7 % de la population dont 95 % sont des nodules bénins) TSH élevée TSH normale TSH basse ou normale basse Hypothyroïdie : T4L et TPOAb Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Hyperthyroïdie T4L + T3L (si nécessaire) Scintigraphie∗ (+ échographie∗ si nécessaire) [scintigraphie inutile si Basedow typique sauf si traitement par I131] Nodules chauds : I131 ou chirurgie Prise en charge des nodules Nodules froids et Basedow Si traitement contreindiqué, prise en charge spécifique de l’hyperthyroïdie Nodule unique ou quelques nodules prédominants : cytoponction par FNA selon les résultats de la palpation et de l’imagerie∗ Bénin Surveillance et traitement freinateur éventuel si nodule unique stable Malin ou douteux Nodules < 1 cm détectés par échographie ou si goitre multinodulaire non ponctionnable surveillance (6 à 24 mois) Si stable surveillance annuelle Exérèse chirurgicale Échographie∗ si nécessaire Prise en charge de l’hypothyroïdie Prise en charge des nodules Si volume augmente Figure 5. Voir légendes des figures précédentes. * La scannographie et l’IRM ne sont pas des examens de 1re intention en pathologie thyroïdienne. FNA : aspiration par l’aiguille fine. Prévalence des cancers thyroïdiens : 1,9/100 000 hommes et 3,1/100 000 femmes. illustrant la stratégie de la surveillance thérapeutique des hyperthyroïdies (figure 6), des hypothyroïdies (figure 7) et des cancers thyroïdiens (figure 8) à faible risque de récidive, et enfin par la figure 9 qui propose une stratégie de surveillance des situations à risque de dysthyroïdies. Afin de compléter les réponses, parfois incomplètes, apportées par les travaux de ce type, nous avons tenu compte de la littérature biomédicale publiée par les experts reconnus par la HAS et/ou par les principales sociétés savantes, en rédigeant nos commentaires de manière à ce que les avis parfois divergents des experts puissent éventuellement y être inclus, en privilégiant toutefois, chaque fois que possible, les avis étayés par des niveaux de preuve. Souvent, les biologistes qui valident et signent les résultats de bilans thyroïdiens, ne disposent que de peu de renseignements cliniques, voire d’aucun renseignement. Nous avons travaillé nos commentaires de manière à ce qu’ils soient utilisables avec ou sans renseignements et qu’ils favorisent un dialogue clinico-biologique efficace. De même, nous avons volontairement évité de mentionner explicitement comme telles les hypothèses diagnostiques correspondant à des pathologies cancéreuses ou de pronostics similaires, car l’annonce au patient d’une pathologie de ce type doit impérativement être verbale. Nous n’indiquons pas d’intervalles de référence dans nos comAnn Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 mentaires car ceux-ci peuvent varier selon les techniques utilisées dans chaque laboratoire. Dans deux de nos commentaires, nous indiquons toutefois deux seuils particuliers pour la TSH, correspondant aux zones clairement anormales selon Surks et al. [13], à savoir : < 0,1 mU/L et > 10 mU/L, sachant que pour ces mêmes auteurs les zones d’incertitude pour la TSH sont < 0,45 mU/L et > 4,5 mU/L. L’ATA confirme cette notion [7]. Le 1er co-auteur (J. Watine) a rédigé les tableaux de commentaires, le 2e co-auteur (A. Szymanowicz) a rédigé les figures. Les quatre co-auteurs ont validé l’ensemble de l’article. Résultats En nous limitant aux travaux publiés en français ou en anglais et à la pathologie thyroïdienne primitive, nous avons retrouvé 15 guides de bonne pratique fondés sur des consensus professionnels et/ou sur des niveaux de preuve [3-17] et deux revues systématiques [18, 19]. D’autres guidelines traitant de pathologies non primitivement thyroïdiennes, formulent également des recommandations concernant les dosages d’hormones thyroïdiennes, par exemple, dans la prise en charge des hypercholestérolémies [20], de la stérilité [21], des saignements utérins [22], 321 culture-qualité Traitements et suivi par les dosages des hormones thyroïdiennes : TSH ou TSH +T4L ou TSH+T3L Hyperthyroïdie avérée Adulte Hyperthyroïdie fruste Grossesse Grossesse Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. ATS Néomercazole Propylthiouracyle Benzylthiouracyle Chirurgie, Radiothérapie, I131 Propylthiouracyle (le moins iatrogène) réévaluer le traitement si bonne tolérance en fonction de TSH+T4L+TRAb Vérification NFS chaque semaine pendant 6 semaines si néomercazole. T4L ou T3L à la 4e semaine. Si euthyroïdie obtenue : dosage T4L et TSH tous les 3 à 4 mois. TRAb à l’arrêt du traitement dans la maladie de Basedow et si désir de grossesse Patente : T4L augmentée T4L ou T3L à la 4e semaine du traitement. Si euthyroïdie obtenue dosage T4L et TSH tous les 3 à 4 mois à adapter Surveillance écho de la thyroïde fœtale + croissance et maturation du fœtus TRAb au 3e trimestre + évaluation clinique et biochimique du nouveau-né (2 à 10 % de risque d’hyperthyroïdie) et recherche des exceptionnels TBAb (1/180 000) car risque d’hypothyroïdie Adulte Latente : TSH diminuée Surveillance à chaque trimestre : TSH, T4L ou T3L, TPOAb, TRAb au 1er et 3e trimestres Nouveau-né : TSH, T4L, RAb et TBAb si nécessaire (hypothyroïdie) Grossesse 1er trimestre : TSH diminuée, T4L augmentée transitoire TSH et T4L ou T3L : évolution vers l’hyperthyroïdie TSH et T4L ou T3L tous les 3 à 6 mois en fonction de la clinique TSH et T4L ou T3L stable : continuer la surveillance à distance Traitement Figure 6. Stratégie de surveillance des traitements et de l’évolution des hyperthyroïdies. Voir légendes des figures précédentes. TRAb : anticorps anti récepteur de la TSH ; TSAb : anticorps anti récepteur de la TSH stimulants ; TBAb : anticorps anti récepteur de la TSH bloquants. Traitements et suivi par les dosages des hormones thyroïdiennes : T4L ou TSH ou T4L+TSH ou T3L +TSH TSH, T4L à 3 mois puis tous les 6 mois si TPOAb+ Si TPOAb+ et signes patents d’hypothyroïdie : traitement substitutif Hypothyroïdie de la grossesse (carence en iode fréquente) Supplémentation en iode (besoin 200 µg/j), surveillance par T4L au début (si vérification de la posologie ou de la compliance nécessaire) ou TSH après 6 à 8 semaines. Cibles : TSH 0,5-2 mU/L, T4L : limite normale haute Hypothyroïdie fruste Hypothyroïdie avérée : TSH augmentée, T4L diminuée TSH, T4L à 3 mois puis tous les 2-3 ans si TPOAb- Hypothyroïdie centrale T4L dans le tiers supérieur de la valeur de référence à contrôler avant la prise matinale de L-T4) ; TSH inutile Traitement subtitutif par L-T4 : compenser la carence en hormones quelle que soit l’étiologie : restaurer l’euthyroïdie clinico-biologique à adapter selon l’âge et le risque cardiaque Hyperthyroïdie périphérique adulte Surveillance par T4L au début et après 6 à 8 semaines par TSH (cible 0,5-2) Après normalisation de la T4L et équilibre, dosage de la TSH tous les 612 mois. Si changement de posologie, nouvelle TSH pas avant 2 mois : cible TSH normale Dose L-T4 : 1,6 g/kg/j (adulte), 4 µg/kg/j (enfant), 1 µg/kg/j senior). Ajustement progressif par paliers Hypothyroïdie néonatale Cible T4L : 18 à 30 pmol/L . Surveillance mensuelle 1re année, bimestrielle de 2 à 3 ans, puis trimestrielle pendant la croissance. Réévaluation du diagnostic à 2 ans Cancers thyroïdiens bien différenciés Traitement par L-T4 ou L-T4+LT3 si freinage insuffisant : freiner la sécrétion de TSH pour diminuer son action trophique sans induire de thyrotoxicose TSH basse mise au repos. Cible 0,05-0,1 si faible risque, < 0,01 si risque élevé. La T3L doit rester normale (éviter l’hyperthyroïdie iatrogène). Cible normale basse si Tg indétectable Figure 7. Stratégie schématisée pour la surveillance des traitements de substitution et de l’évolution des hypothyroïdies. Voir légendes des figures précédentes. 322 Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 Bilans biologiques thyroïdiens Thyroïdectomie totale + totalisation isotopique : mise au repos par L-T4 (cible : T3L normale) Surveillance à 3 mois : TSH, Tg, TgAb, Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Si absence d’anomalie, surveillance à 6-12 mois Si anomalie, bilan immédiat RhTSH (thyrogène), Tg, TgAb, écho, scintigraphie éventuelle et/ou PET SCAN Tg détectable mais < 2 µg/L, écho normale Tg indétectable, écho normale Diminuer le freinage (objectif TSH : 0,1–0,5 mU/L). Surveillance annuelle sous L-T4 (TSH, Tg, TgAb, écho) Surveillance sous RhTSH et scintigraphie (6 mois à 1 an après) Tg détectable > 2 µg/L ou écho anormale Sevrage en L-T4, traitement par I131 et/ou chirurgie Figure 8. Algorithme de surveillance des cancers thyroïdiens à « faible risque de récidive ». Voir légendes des figures précédentes. L-T4 : lévothyroxine ; RhTSH : TSH humaine recombinante. Stratégie de surveillance des situations les plus fréquentes à risque de dysthyroïdies Grossesse Dépistage des dysthyroïdies : TSH + TPOAb et des carences iodées. Surveillance du fœtus Si TPOAb+, risque de thyroïdite pendant la grossesse ou du post partum Diagnostic étiologique des hypofertilités féminines Suivi des grossesses euthyroïdiennes après traitement par l’iode radiocatif ou Basedow traité : TRAb au 1er trimestre risque d’hyperthyroïdie pour le fœtus (210 %, croissance à surveiller) et 3e trimestre : risque pour le nouveau-né Suivi des grossesses avec hyperthyroïdie traitée par ATS : TRAb (TBII élevé) au 3e trimestre : risque d’hyperthyroïdie ou d’hypothyroïdie pour le nouveau-né. Recherche TSAb et TBAb chez la mère et l’enfant Fausses couches répétitives et/ou difficulté à procréer TPOAb Si TPOAb+, mauvais pronostic à procréer y compris par AMP TRAb très élevés chez la mère : risque d’hyperthyroïdie chez le nouveau-né TBAb + TSH+T4L si hypothyroïdie chez le nouveau-né Pronostic des dysthyroïdies en cas de trisomie 21 Surveillance de certains traitements et diagnostics étiologiques orientés TSH + TPOAb annuel Risque accru de dysfonctionnement thyroïdien Tg peut être utile pour : *Diagnostic d’une thyrotoxicose factice *Étiologie d’une hypothyroïdie congénitale (athyréose) *Évaluer l’activité d’une thyroïdite inflammatoire subaiguë ou à l’amiodarone (normalisation lente en 1 à 2 ans) *Reflet du statut iodé *Surveillance des cancers thyroïdiens Traitement amiodarone : TSH + TPO avant traitement. Surveillance par TSH tous les 6 mois Traitement par interféron alpha, interleukine 2, Li Si TPOAb+, risque accru de dysfonctionnement thyroïdien Figure 9. Voir légendes des figures précédentes. TBII : immunoglobulines inhibant la fixation de la TSH. Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 323 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. culture-qualité de la fibromyalgie [23], des hépatites virales C [24], des infections par le virus VIH [25], de l’ostéoporose [26], du diabète [27], de l’obésité infantile [28], etc. Nous n’avons pas tenté de rechercher de manière exhaustive ces multiples autres guides de bonne pratique, que l’on peut retrouver en bonne partie sur http://www.guideline.gov/. À notre connaissance, les seules recommandations qui ont clairement été validées par des instances françaises sont celles de l’Anaes (maintenant appelée HAS) et celles de l’ATA. C’est pourquoi nous avons choisi de faire reposer nos commentaires essentiellement sur les recommandations de ces deux organismes. Quelques références complémentaires ont également été utilisées pour tenter de combler certaines lacunes des ces divers guides de bonne pratique par rapport à nos pratiques personnelles [29-52]. Quand seule une TSH est prescrite, trois types de commentaires sont possibles, comme indiqué dans le tableau 1. Il existe quatre situations où la T3 libre a de fortes probabilités d’être inutile, à savoir : 1) en cas de TSH et de T4L normales ; 2) en cas de TSH basse et de T4 libre élevée ; 3 et 4) en cas de TSH élevée et de T4 libre normale ou basse. Dans ces quatre situations, le biologiste peut différer l’exécution de la prescription de T3 libre jusqu’à obtention de renseignements complémentaires de la part du prescripteur. Il peut éventuellement accompagner sa décision d’un commentaire inspiré d’un des trois commentaires indiqués dans le tableau 2. Les commentaires correspondants aux cas où seuls les dosages de TSH et de T4 libre ont été effectués, mais où celui de la T3 libre pourrait éventuellement être utile figurent dans le tableau 3. Le commentaire correspondant au cas où les dosages de TSH, de T4 libre et de T3 libre ont été effectués, mais où la T3 libre a de fortes chances de ne pas être contributive, figure dans le tableau 4. Tableau 1. Commentaires pouvant accompagner les résultats des dosages de TSH isolés. Résultats Commentaires (Anaes/HAS et ATA/SFBC/SFE) TSH normale (voir autres commentaires pour TSH normale dans les tableaux 2, 3, 4 et 5B) - Si la TSH a été prescrite pour rechercher une hyperthyroïdie, le diagnostic est éliminé compte tenu de la spécificité de ce dosage, sauf s’il existe une conviction clinique très forte de thyrotoxicose. Dans ce cas, prescrire un dosage de T4-libre. - Si la TSH a été prescrite pour rechercher une hypothyroïdie, le diagnostic d’hypothyroïdie périphérique (primaire) peut être éliminé. Cependant, en présence d’une symptomatologie, et notamment si la valeur est proche de la borne inférieure de référence, une hypothyroïdie centrale (secondaire ou tertiaire) peut être suspectée ; dans ce cas rare, il faut prescrire un dosage de T4-libre (dont le taux sera bas), et un test long à la TRH (réponse faible ou nulle en cas d’hypothyroïdie secondaire, retardée en cas d’hypothyroïdie tertiaire). TSH élevée (voir autres commentaires pour TSH élevée dans les tableaux 2, 3 et 5A) Si TSH > 20 mU/L, hypothyroïdie très probable (T4-libre inutile si patient(e) symptomatique). Sinon : - Si la TSH a été prescrite pour rechercher une hyperthyroïdie et si la conviction clinique persiste, le dosage de la T4-libre doit être réalisé. - Si la TSH a été prescrite pour rechercher une hypothyroïdie, il peut être nécessaire de prescrire un dosage de T4-libre si cela semble utile à la décision thérapeutique, et de contrôler en même temps la TSH si sa valeur est proche de la borne supérieure de référence, voire éventuellement les anti-TPO pour préciser l’étiologie de l’hypothyroïdie et comme élément pronostique en cas d’hypothyroïdie infra-clinique. En cas d’hypothyroïdie infra-clinique non traitée, prévoir un contrôle à 3 mois de la TSH avec T4-libre et/ou anti-TPO si cela n’a pas été fait antérieurement. Les contrôles ultérieurs de la TSH seront faits tous les 6 mois si la recherche d’anti-TPO était positive initialement ou tous les 2 ou 3 ans si elle était négative. Toutefois, en cas d’élévation régulière du taux de TSH, cette fréquence peut être ramenée à tous les 3 mois si nécessaire. En cas d’hypothyroïdie primaire traitée, le premier contrôle du dosage de la TSH pourra être proposé 6 à 8 semaines après avoir atteint la dose thérapeutique supposée efficace. Lors de l’ajustement des doses thérapeutiques, le contrôle de la TSH doit attendre au moins 8 à 12 semaines, voire plus après tout changement de posologie. Chez un patient traité par hormonothérapie substitutive et correctement équilibré, un contrôle de la TSH est justifié tous les 6 à 12 mois, ou, tous les 3 mois chez la femme enceinte. En cas de doute sur la compliance du patient, ou de traitement par amiodarone, ou d’instabilité inexpliquée de l’hypothyroïdie, un dosage complémentaire de T4-libre peut être nécessaire, ceci tous les 6 mois en cas de traitement par amiodarone. En cas d’hypothyroïdie secondaire ou tertiaire substituée, le suivi thérapeutique se fait par dosages de T4-libre en cas de traitement par L-thyroxine ou de T3-libre en cas de traitement par triiodothyronine (la cible thérapeutique de la L-thyroxine se situant normalement aux deux tiers supérieurs de l’intervalle de référence si le médicament a été administré depuis plus de 9 heures) ; la TSH est inutile dans ce cas. TSH basse (voir autres commentaires pour TSH basse dans les tableaux 2, 3 et 5C) - En cas de suspicion d’hyperthyroïdie, il est recommandé de doser la T4-libre pour confirmer le diagnostic et préciser l’intensité de l’hyperthyroïdie avant l’instauration d’une thérapeutique. Si la TSH est basse mais voisine de l’intervalle de référence, il est impératif, si la conviction clinique persiste, d’effectuer un nouveau dosage de la TSH avec une méthode de 3e génération connue pour sa bonne spécificité et un dosage de la T4-libre. - En cas de suspicion d’hypothyroïdie, en présence d’une symptomatologie et si la valeur est proche de la borne inférieure de référence, une hypothyroïdie centrale (secondaire ou tertiaire) peut être suspectée ; dans ce cas rare, il faut prescrire un dosage de T4-libre (dont le taux sera bas), et un test long à la TRH (réponse faible ou nulle en cas d’hypothyroïdie secondaire, retardée en cas d’hypothyroïdie tertiaire). Anaes/HAS : Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé/Haute autorité de la santé ; ATA/SFBC/SFE : The American thyroid association/Société française de biologie clinique/ Société française d’endocrinologie ; anti-TPO : anticorps anti-thyroperoxydase. 324 Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 Bilans biologiques thyroïdiens Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Tableau 2. Situations où le biologiste peut différer l’exécution de la prescription de T3-libre jusqu’à obtention de renseignements complémentaires de la part du prescripteur, avec les commentaires pouvant accompagner sa décision. Résultats Commentaires TSH et T4-libre normales TSH et T4-libre normales : euthyroïdie biologique. Garder à l’esprit que la prise de certains médicaments peut normaliser le bilan biologique thyroïdien d’un patient dysthyroïdien (par exemple, la prise de dopamine ou d’agonistes dopaminergiques peut normaliser la TSH d’un hypothyroïdien (ATA/SFBC/SFE), de même la corticothérapie). Le dosage de la T3-libre est le plus souvent inutile dans ce contexte (coût T3-libre : B55 soit 15 euros) ; de même un test au TRH (coût test TRH : B165 soit 45 euros). Principales exceptions : forte suspicion de thryrotoxicose, surtout si grossesse, où la T3-libre peut alors être utile. TSH élevée et T4-libre basse TSH élevée et T4-libre basse : hypothyroïdie périphérique (primaire). Euthyroïdie possible si affection extra-thyroïdienne récente et résultats proches des valeurs de référence. Si TSH < 10 mU/L, possibilité d’hypothyroïdie centrale hypothalamique à confirmer sur deux échantillons sanguins (ATA/SFBC/SFE) et, si nécessaire, par un test long à la TRH (Anaes/HAS), puis éventuellement en 2e intention par dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie. Le dosage de la T3-libre est inutile dans ces contextes (coût T3-libre : B55 soit 15 euros), car, bien que capable de quantifier le degré de l’hypo-fonctionnement thyroïdien, il ne peut pas influencer rationnellement la décision médicale initiale ; l’iodurie est inutile également (Anaes/HAS). Les auto-anticorps (anti-TPO) sont nécessaires pour rechercher l’étiologie de l’hypothyroïdie (Anaes/HAS). Un bilan lipidique peut être utile en cas d’évaluation des facteurs de risque cardiovasculaire (Anaes/HAS). En cas d’hypothyroïdie infra-clinique non traitée, prévoir un contrôle à 3 mois de la TSH avec T4-libre et/ou anti-TPO si cela n’a pas été fait antérieurement. Les contrôles ultérieurs de la TSH seront faits tous les 6 mois si la recherche d’anti-TPO était positive initialement ou tous les 2 ou 3 ans si elle était négative. Toutefois, en cas d’élévation régulière du taux de TSH cette fréquence peut être ramenée à tous les 3 mois si nécessaire. En cas d’hypothyroïdie primaire traitée, le premier contrôle du dosage de la TSH pourra être proposé 6 à 8 semaines après avoir atteint la dose thérapeutique supposée efficace. Lors de l’ajustement des doses thérapeutiques, le contrôle de la TSH doit attendre au moins 8 à 12 semaines, voire plus après tout changement de posologie. Chez un patient traité par hormonothérapie substitutive et correctement équilibré, un contrôle de la TSH est justifié tous les 6 à 12 mois (Anaes/HAS), ou, tous les 3 mois chez la femme enceinte (ATA/SFBC/SFE). En cas de doute sur la compliance du patient, ou de traitement par amiodarone, ou d’instabilité inexpliquée de l’hypothyroïdie, un dosage complémentaire de T4-libre peut être nécessaire (Anaes/HAS), ceci tous les 6 mois en cas de traitement par amiodarone (ATA/SFBC/SFE). En cas d’hypothyroïdie secondaire ou tertiaire substituée, le suivi thérapeutique se fait par dosages de T4-libre en cas de traitement par L-thyroxine ou de T3-libre en cas de traitement par triiodothyronine (Anaes/HAS), la cible thérapeutique de la L-thyroxine se situant normalement aux deux tiers supérieurs de l’intervalle de référence si le médicament a été administré depuis plus de 9 heures (ATA/SFBC/SFE) ; la TSH est inutile dans ce cas (Anaes/HAS). TSH basse et T4-libre élevée TSH basse et T4-libre élevée : hyperthyroïdie périphérique franche. Il convient d’envisager une enquête étiologique de l’hyperthyroïdie (Anaes/HAS). Le bilan est donc à compléter, en fonction de la scintigraphie éventuelle, par les dosages des auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH pour recherche de maladie de Basedow, ou des anti-TPO (les anti-thyroglobuline étant moins utiles en dehors des régions de carences iodées), surtout si TSH < 0,1 mU/L et/ou traitement par IFN/IL2, amiodarone, lithium et/ou grossesse ou fausse couche (ATA/SFBC/SFE), ou de la CRP et de la thyroglobuline (pour recherche de thyroïdite de De Quervain ou de thyroïdite induite par l’amiodarone), ou, selon l’interrogatoire, par l’iodurie des 24 heures. Le dosage de la T3-libre est rarement nécessaire dans ce contexte (coût T3-libre : B55 soit 15 euros) ; notamment, la signification pronostique de la T3-libre dans ce contexte ne peut pas influencer rationnellement la décision médicale. Principale exception : certains patients sous amiodarone avec incertitude clinique quant à la réalité de l’hyperthyroïdie. NB : il pourrait aussi s’agir d’une hypothyroïdie substituée avec anticorps anti-T4L majorant faussement le dosage. TSH élevée et T4 L normale Une TSH élevée avec une T4-libre normale peut correspondre à l’une des situations suivantes : - affection extra-thyroïdienne sévère : dosages à contrôler plus tard (la probabilité d’une dysthyroïdie associée augmente si TSH > 10 mU/L) (ATA/SFBC/SFE) ; en cas de doute, le dosage des anti-TPO peut aider à trancher entre dysthyroïdie auto-immune et affection extra-thyroïdienne (ATA/SFBC/SFE) ; - hypothyroïdie infra-clinique, débutante, compensée ou transitoire, à explorer si nécessaire, notamment à l’aide des anticorps anti-TPO, surtout si goitre et/ou post-partum et/ou surcharge iodée et/ou traitement par amiodarone, lithium, interféron ou autres immuno-modulateurs ; un bilan lipidique peut aussi être utile en cas d’évaluation des facteurs de risque cardiovasculaire (Anaes/HAS). En cas d’hypothyroïdie infra-clinique non traitée, prévoir un contrôle à 3 mois de la TSH avec T4-libre et/ou anti-TPO si cela n’a pas été fait antérieurement. Les contrôles ultérieurs de la TSH seront faits tous les 6 mois si la recherche d’anti-TPO était positive initialement ou tous les 2 ou 3 ans si elle était négative. Toutefois, en cas d’élévation régulière du taux de TSH cette fréquence peut être ramenée à tous les 3 mois si nécessaire. En cas d’hypothyroïdie secondaire ou tertiaire substituée, le suivi thérapeutique se fait par dosages de T4-libre en cas de traitement par L-thyroxine ou de T3-libre en cas de traitement par triiodothyronine (Anaes/HAS), la cible thérapeutique de la L-thyroxine se situant normalement aux deux tiers supérieurs de l’intervalle de référence si le médicament a été administré depuis plus de 9 heures (ATA/SFBC/SFE) ; la TSH est inutile dans ce cas (Anaes/HAS) ; - traitement T4 sous-dosé, ou mauvaise compliance, ou non respect des conditions d’absorption (le matin à jeun impérativement) ou contrôlé trop vite. En cas d’hypothyroïdie primaire traitée, le premier contrôle du dosage de la TSH pourra être proposé 6 à 8 semaines après avoir atteint la dose thérapeutique supposée efficace. Lors de l’ajustement des doses thérapeutiques, le contrôle de la TSH doit attendre au moins 8 à 12 semaines, voire plus après tout changement de posologie. Chez un patient traité par hormonothérapie substitutive et correctement équilibré, un contrôle de la TSH est justifié tous les 6 à 12 mois (Anaes/HAS), ou, tous les 3 mois chez la femme enceinte (ATA/SFBC/SFE). En cas de doute sur la compliance du patient, ou de traitement par amiodarone, ou d’instabilité inexpliquée de l’hypothyroïdie, un dosage complémentaire de T4-libre peut être nécessaire (Anaes/HAS), ceci tous les 6 mois en cas de traitement par amiodarone (ATA/SFBC/SFE) ; - beaucoup plus rarement : sécrétion inappropriée de TSH (adénome d’origine hypothalamo-hypophysaire ou syndrome de résistance hypophysaire). À contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et, si nécessaire, par un test au TRH et/ou un test de suppression (qui peut être utile pour confirmer une résistance périphérique) et/ou des dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie ; - traitement par anti-thyroïdien de synthèse, ou par fortes doses de glucocorticoïdes, métoclopramide ou dompéridone, ou par amiodarone (surtout si associée à LT4 ; penser aux anti-TPO dans ce cas) ; - insuffisance surrénale ; - surcharge iodée à contrôler ultérieurement et à confirmer, si nécessaire, par l’iodurie des 24 heures (une liste assez complète des médicaments contenant de l’iode est disponible au laboratoire) ; - présence d’anticorps hétérophiles (HAMA, anti-T3L, anti-T4L ou anti-TSH) ou autoanticorps anti-phase solide (antiavidine) (à confirmer par une demande de recherche spécifique). Ces deux étiologies sont rares : moins de 0,1 % des patients ont des anticorps anti-T4L ou anti-T3L, et extrêmement rares pour les anticorps anti-TSH. Dans tous les cas (sauf celui où le patient serait traité par triiodothyronine), le dosage de la T3-libre sera inutile (coût T3-libre : B55 soit 15 euros). Voir légende tableau 1 ; anti-T4L : anticorps anti-T4-libre ; anti-T3L : anticorps anti-T3-libre. Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 325 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. culture-qualité Les commentaires correspondants aux situations où les dosages de TSH, de T4 libre et de T3 libre ont été effectués et où ils sont tous susceptibles d’être utiles figurent dans le tableau 5. Les commentaires correspondants aux situations les plus facilement identifiables de surveillance d’une pathologie thyroïdienne (c’est-à-dire quand seuls les dosages de T4 libre ou de T3 libre ou du couple T3 libre-TSH ont été effectués) figurent dans le tableau 6. Les autres commentaires appropriés pour les surveillances des pathologies thyroïdiennes sont prévus dans les autres tableaux susmentionnés. Les commentaires pour résultats d’anticorps anti-TPO et d’anticorps anti-thyroglobuline figurent dans le tableau 7. Tous les commentaires des tableaux 1, 3, 4, 6 et 7 sont intégralement basés sur les recommandations de l’Anaes/HAS et/ou de l’ATA (voir la fin de la première ligne de ces tableaux), tandis que seules certaines parties des commentaires des tableaux 2 et 5 sont basées sur ces recommandations (voir dans ces tableaux). Discussion Les renseignements cliniques dont dispose le biologiste sont souvent trop insuffisants, et les résultats générés par un laboratoire sont généralement en nombre trop élevé pour qu’il soit possible de commenter tous les résultats fournis par un laboratoire de manière parfaitement adaptée à chacun des patients. En pratique, les biologistes font donc souvent appel à des commentaires généraux, volontiers générés par le système informatique du laboratoire ; les commentaires personnalisés sont moins souvent utilisés, et les résultats sans aucun commentaire sont monnaie courante, notamment en matière de bilan thyroïdien. Pourtant, avec toute la littérature disponible, il est possible de commenter, comme nous le proposons, chaque combinaison possible de résultats d’un bilan thyroïdien comprenant une, deux ou trois variables parmi le trio TSH-T4 libre-T3 libre, y compris quand on ne dispose pour tout renseignement clinique que de l’âge et du sexe du patient. Certaines combinaisons de résultats ne peuvent correspondre qu’à un nombre très limité de possibilités cliniques. D’autres combinaisons sont de nature à générer des commentaires beaucoup plus longs en absence de renseignements cliniques. De trop longs commentaires risquant de ne pas être lus par des cliniciens très occupés, rien n’empêche de raccourcir les commentaires que nous proposons si l’on dispose d’un minimum de renseignements, ou si l’on souhaite ne pas évoquer d’emblée les situations les plus rares (figures 2 et 4), ou encore si l’on désire n’utiliser que les commentaires ou les parties de commentaires basés sur les recommandations de l’Anaes/HAS ou de l’ATA. Dans cet exercice, il faut garder à l’esprit qu’un clinicien à l’emploi du temps surchargé qui ne lit pas un commentaire qu’il juge trop long peut avoir des patients qui souhaitent bénéficier de l’information. De même : Tableau 3. Autres commentaires utilisables quand seules TSH et T4-libre ont été dosées. Résultats TSH TSH TSH TSH TSH normale et T4-libre basse normale et T4-libre élevée et T4-libre élevées basse, T4-libre basse basse, T4-libre normale Commentaires (Anaes/HAS, ATA/SFBC/SFE) il peut ou ne pas être nécessaire (selon le contexte clinique), de poursuivre le bilan par la T3-libre, soit sur le même prélèvement (qui sera conservé une semaine au laboratoire), soit sur un autre prélèvement effectué le matin avec contrôle concomitant ou préalable de la T4-libre et de la TSH. Voir légendes tableaux précédents ; voir autres commentaires dans les tableaux 5A, 5B et 5C. Tableau 4. Commentaire utilisable quand la T3-libre a été dosée mais qu’elle a de fortes chances de ne pas être informative. Résultats TSH et T4-libre normales et T3-libre basse Commentaires (ATA/SFBC/SFE) TSH et T4-libre normales : euthyroïdie biologique. Le dosage de la T3-libre est le plus souvent inutile dans ce contexte (coût T3-libre : B55, soit 15 euros). Les principaux paramètres qui entraînent une diminution de la T3-libre en dépit d’une TSH et d’une T4-libre normales sont d’ordre général (traumatisme, affection entraînant une altération sévère de l’état général, chirurgie) ou médicamenteux (amiodarone, thiouraciles, dexaméthasone et glucocorticoïdes à fortes doses, D et L propranolol, acide iopanoïque et iodopate ou autres produits iodés...). Leur effet, rapidement réversible après disparition de la cause, s’exerce sur l’activité de la désiodase et n’a pas de conséquences avérées sur le statut thyroïdien. Garder à l’esprit que la prise de certains médicaments peut normaliser le bilan biologique thyroïdien d’un patient dysthyroïdien (par exemple, la prise de dopamine ou d’agonistes dopaminergiques ou de corticoïdes peut normaliser la TSH d’un hypothyroïdien). Chez les personnes âgées, une T3-libre isolément basse peut aussi être due à un intervalle de référence inadapté ce qui est le cas le plus fréquent, les normales diminuant de 10 % par décennie après 60 ans. Voir légendes tableaux précédents. 326 Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Bilans biologiques thyroïdiens – commenter les résultats d’analyses biologiques fait partie des obligations des biologistes définies par le GBEA (Guide de bonne pratique des analyses de biologie médicales) ; cela fait aussi partie des critères accréditation des établissements de santé par l’HAS [53, 54] ; – les biologistes peuvent être amenés à interpréter 20 fois plus de bilans thyroïdiens que la plupart des cliniciens, ce qui peut leur donner une compétence en la matière au moins complémentaire, voire synergique de la majorité d’entre eux. Cependant, le biologiste doit rester prudent car il existe des situations cliniques exceptionnelles et rares qui nécessitent une documentation approfondie des connaissances (par exemple, mutation du monocarbohydrate transporteur 8 (MCT8) induisant une augmentation de la T3L et une baisse de la T4L [38, 48]) ; – il est démontré que de tels commentaires peuvent permettre aux prescripteurs de mieux exploiter les résultats issus des laboratoires d’analyses et d’affiner leurs prescriptions subséquentes [50, 53-57], voire même éviter de rendre des résultats erronés [58] ; – on sait aussi, par le canal de leurs représentants, que les patients souhaitent pouvoir bénéficier, aussi souvent que nécessaire, de plusieurs avis les concernant, ceci afin de disposer d’informations médicales plus objectives et que leurs libres choix puissent être véritablement éclairés et autonomes. De ce point de vue, l’avis écrit du biologiste, complémentaire de celui, plus volontiers verbal, du clini- cien, va dans le sens du respect des droits des patients en tant que citoyens libres et uniques propriétaires de leurs corps [59-64] ; – à l’appui de ce dernier argument, on sait également que de nombreux résultats d’analyse, qui devraient appeler telle ou telle décision médicale, ne sont pas pris en compte par des cliniciens souvent surchargés de travail, jusqu’à plus de 60 % des résultats pathologiques dans certaines séries [65]. Des associations de patients ont démontré que dans ce type de situation, les patients peuvent se substituer aux cliniciens « défaillants » (en allant éventuellement se renseigner sur internet ou ailleurs avant de consulter des cliniciens moins surchargés de travail) et s’éviter des nonprises en charge aux conséquences trop souvent dramatiques [61, 62]. Les commentaires du type de ceux que nous proposons sont bien évidemment de nature à favoriser de telles démarches, pour le plus grand bénéfice des patients ; – il n’en demeure pas moins que devant tout bilan discordant le biologiste doit en priorité s’attacher à trouver, avec l’aide des renseignements cliniques fournis par le prescripteur et éventuellement le patient lui-même une explication rationnelle. Cela afin d’éviter une défaillance dans la prise en charge du patient ou des errements diagnostiques préjudiciables. En effet, le nombre des causes des discordances augmente avec la sensibilité des méthodes de dosage et la diversité des thérapeutiques utilisées dans une population gagnant régulièrement en âge ; Tableau 5. Commentaires correspondant aux situations où les dosages de TSH, de T4-libre et de T3-libre ont été effectués et sont tous susceptibles d’être contributifs. Tableau 5A. TSH et T4-libre élevées. Résultats Commentaires TSH, T4-libre et T3-libre élevées Des TSH, T4-libre et T3-libre élevées peuvent correspondre à l’une des situations suivantes : - sécrétion inappropriée de TSH (étiologies rares : hyperthyroïdie hypothalamo-hypophysaire ou syndrome de résistance hypophysaire) (ATA/SFBC/SFE). À contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et, si nécessaire, par un test long à la TRH et/ou un test de suppression (qui peut être utile pour confirmer une résistance périphérique) (ATA/SFBC/SFE) et/ou des dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie, - présence de facteurs rhumatoïdes (à confirmer par une demande de recherche spécifique), - présence rare (0,1 % des cas) d’anticorps hétérophiles ou d’anticorps anti-TSH ou anti-T3 ou anti-T4 (à confirmer par une demande de recherche spécifique et de dosage des hormones thyroïdiennes insensibles à ces anticorps). TSH et T4-libre élevées et T3-libre normale Des TSH et T4-libre élevées avec une T3-libre normale peuvent correspondre à l’une des situations suivantes : - traitement substitutif avec mauvaise compliance, ou non respect des conditions d’absorption (le matin à jeun impérativement), ou contrôlé trop vite. En cas d’hypothyroïdie primaire traitée, le premier contrôle du dosage de la TSH pourra être proposé 6 à 8 semaines après avoir atteint la dose thérapeutique supposée efficace. Lors de l’ajustement des doses thérapeutiques, le contrôle de la TSH doit attendre au moins 8 à 12 semaines, voire plus après tout changement de posologie. Chez un patient traité par hormonothérapie substitutive et correctement équilibré, un contrôle de la TSH est justifié tous les 6 à 12 mois (Anaes/HAS), ou, tous les 3 mois chez la femme enceinte (ATA/SFBC/SFE). En cas de doute sur la compliance du patient, ou de traitement par amiodarone, ou d’instabilité inexpliquée de l’hypothyroïdie, un dosage complémentaire de T4-libre peut être nécessaire (Anaes/HAS), ceci tous les 6 mois en cas de traitement par amiodarone (ATA/SFBC/SFE). En cas d’hypothyroïdie secondaire ou tertiaire substituée, le suivi thérapeutique se fait par dosages de T4-libre en cas de traitement par L-thyroxine ou de T3-libre en cas de traitement par triiodothyronine (Anaes/HAS), la cible thérapeutique de la L-thyroxine se situant normalement aux deux tiers supérieurs de l’intervalle de référence si le médicament a été administré depuis plus de 9 heures (ATA/SFBC/SFE) ; la TSH est inutile dans ce cas (Anaes/HAS) ; - hypothyroïdie fruste avec surcharge iodée à contrôler ultérieurement et à confirmer, si nécessaire, par l’iodurie des 24 heures (une liste assez complète des médicaments contenant de l’iode est disponible au laboratoire) ; - hypothyroïdie avec anticorps anti-T4 ou avec anticorps anti-phase solide (i.e. HAMA) (à confirmer par une demande de recherche spécifique) ou avec dysalbuminémie congénitale (à confirmer par une demande d’électrophorèse des protéines sériques). Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 327 culture-qualité Tableau 5B. TSH normale Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Résultats Commentaires TSH et T4-libre normales et T3-libre élevée TSH et T4-libre normales et T3-libre élevée : possibilité de thyrotoxicose à T3 (3 % des hyperthyroïdies) ; dans ce cas, il convient d’envisager une enquête étiologique de l’hyperthyroïdie (Anaes/HAS) ; le bilan sera donc à compléter, en fonction de la scintigraphie éventuelle, par les dosages des auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH pour recherche de maladie de Basedow, ou des anti-TPO (les anti-thyroglobuline étant moins utiles en dehors des régions de carences iodées), surtout si TSH < 0,1 mU/L et/ou traitement par IFN/IL2, amiodarone (ATA/SFBC/SFE), lithium et/ou grossesse ou fausse couche (ATA/SFBC/SFE), ou de la CRP et de la thyroglobuline (pour recherche de thyroïdite de De Quervain ou de thyroïdite induite par l’amiodarone), ou, selon l’interrogatoire, par l’iodurie des 24 heures. Il pourrait aussi s’agir d’un traitement par T3 ou TRIAC, ou encore de présence d’anticorps anti-phase solide (i.e. HAMA) ou anti-T3 (à confirmer par une recherche spécifique au laboratoire), voire même d’un intervalle de référence inadapté (chez l’enfant) ou encore de sécrétion inappropriée de TSH (hyperthyroïdie hypothalamo-hypophysaire ou syndrome de résistance hypophysaire) ; à contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et, si nécessaire, par un test au TRH et/ou un test de suppression (qui peut être utile pour confirmer une résistance périphérique) (ATA/SFBC/SFE) et/ou des dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie. Avant de conclure à une euthyroïdie biologique, garder à l’esprit que la prise de certains médicaments peut normaliser le bilan biologique thyroïdien d’un patient dysthyroïdien. Par exemple, la prise de metoclopramide ou de médicaments contenant de l’iode peut normaliser la TSH d’un patient hyperthyroïdien. De même, de tels résultats peuvent se voir dans l’exceptionnelle mutation MCT8 (hypothyroïdie ciblée sur le déficit du développement neurologique sans signes périphériques d’hypothyroïdie congénitale). TSH normale, T4-libre et T3-libre élevées Une TSH normale, avec des T4 et T3-libres élevées, peut correspondre à l’une des situations suivantes : - sécrétion inappropriée de TSH (étiologies rares : hyperthyroïdie hypothalamo-hypophysaire ou syndrome de résistance hypophysaire). À contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et, si nécessaire, par un test au TRH et/ou un test de suppression (qui peut être utile pour confirmer une résistance périphérique) (ATA/SFBC/SFE) et/ou des dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie ; - prise de médicaments : AINS, furosémide (baisse d’affinité pour les protéines porteuses) ; phénomène majoré en cas d’hypo-albuminémie ou d’altération importante de l’état général (ATA/SFBC/SFE) ; - présence d’anticorps anti-phase solide (i.e. HAMA) ou anti-T3 ou anti-T4 (à confirmer par une demande de recherche spécifique). Résultats à contrôler si suspicion d’interférence médicamenteuse ou si période néonatale. TSH normale, T4-libre élevée et T3-libre normale Une TSH normale, avec une T4-libre élevée et une T3-libre normale, peut correspondre à l’une des situations suivantes : - traitement substitutif équilibré ; - sécrétion inappropriée de TSH (étiologies rares : hyperthyroïdie hypothalamo-hypophysaire ou syndrome de résistance hypophysaire) (ATA/SFBC/SFE). Á contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et, si nécessaire, par un test au TRH et/ou un test de suppression (qui peut être utile pour confirmer une résistance périphérique) (ATA/SFBC/SFE) et/ou des dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie ; - affections extra-thyroïdiennes sévères : dosages à contrôler plus tard ; en cas de doute, le dosage des anti-TPO peut aider à trancher entre dysthyroïdie auto-immune et affection extra-thyroïdienne (ATA/SFBC/SFE) ; - prise de certains médicaments : amiodarone, thiouraciles, dexaméthasone et glucocorticoïdes à fortes doses, D et L propranolol, acide iopanoïque et iodopate ou autres produits iodés (une surcharge iodée peut être confirmée, si nécessaire, par l’iodurie des 24 heures ; si nécessaire, une liste assez complète des médicaments contenant des excipients iodés est disponible au laboratoire), AINS, furosémide, héparines, acides gras libres, nutrition lipidique parentérale (baisse d’affinité pour les protéines porteuses par compétition pour les mêmes sites de transport ; phénomène majoré en cas d’hypo-albuminémie ou d’altération importante de l’état général) (ATA/SFBC/SFE) ; - présence de facteur rhumatoïde ou d’anticorps anti-phase solide (HAMA) ou anti-T4 (à confirmer si nécessaire par une demande de recherche spécifique) ; - dysalbuminémie congénitale (à confirmer par une demande d’électrophorèse des protéines sériques) ; - hyperthyroïdie avec anticorps hétérophiles ou anti-TSH (à confirmer par une demande de recherche spécifique) ; si confirmation, il conviendra d’envisager une enquête étiologique de l’hyperthyroïdie (Anaes/HAS). Résultats à contrôler si suspicion d’interférence médicamenteuse ou si période néonatale. TSH normale, Une TSH normale, avec T4-libre élevée et T3-libre basse, correspond en général à une inhibition de la 5′désiodase périphérique, liée le plus souvent à T4-libre élevée une prise médicamenteuse (amiodarone, thiouraciles, dexaméthasone et glucocorticoïdes à fortes doses, D et L propranolol, acide iopanoïque et et T3-libre basse iodopate ou autres produits iodés...). Une surcharge iodée peut être confirmée, si nécessaire, par l’iodurie des 24 heures. Si nécessaire, une liste assez complète des médicaments contenant des excipients iodés est disponible au laboratoire. Bilan thyroïdien à contrôler ultérieurement si nécessaire. TSH normale, L’association d’une TSH normale, d’une T4-libre basse et d’une T3-libre élevée suggère essentiellement une prise de LT3 (Cynomel) ou d’acide T4-libre basse et tri-iodothyroacétique (TRIAC), voire une exceptionnelle mutation MCT8 (hypothyroïdie ciblée sur le déficit du développement neurologique sans signes T3-libre élevée périphériques d’hypothyroïdie congénitale). TSH normale, T4-libre basse et T3-libre normale ou basse 328 L’association d’une TSH normale, d’une T4-libre basse et d’une T3-libre normale ou basse suggère l’existence d’une ou plusieurs des situations suivantes : - affections extra-thyroïdiennes sévères : dosages à contrôler plus tard (ATA/SFBC/SFE) ; en cas d’affections prolongées, la T4-libre et la T3-libre peuvent demeurer longtemps basses, ce qui peut refléter une hypothyroïdie centrale ; la nécessité de traiter une telle hypothyroïdie fait l’objet de controverses (ATA/SFBC/SFE) ; - traitement médicamenteux : estrogènes, inducteurs enzymatiques (barbituriques, phénytoïnes, carbamazépine, rifampicine...) (ATA/SFBC/SFE), sulfamides, lithium (penser aux anti-TPO) ; - grossesse euthyroïdienne (diminution physiologique de la T4-libre au 2e-3e trimestre) : bilan thyroïdien à contrôler ultérieurement avec dosage des anti-TPO en cas de doute ; - hypothyroïdie d’origine centrale à contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et à confirmer par un test long à la TRH (réponse faible ou nulle en cas d’hypothyroïdie secondaire, retardée en cas d’hypothyroïdie tertiaire) (Anaes/HAS), puis éventuellement en 2e intention par dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie ; Si la T3-libre est normale, il peut aussi s’agir d’un début de surdosage des anti-thyroïdiens de synthèse (état instable à contrôler ultérieurement : la T4-libre se normalise en 4 semaines environ. Le traitement doit être poursuivi en général 18 à 24 mois). Se souvenir également que chez 2,5 % des sujets normaux, le résultat de T4-libre peut être légèrement abaissé, ce qui pourrait d’ailleurs constituer un facteur de risque cardiovasculaire chez les patients hyperlipémiques. Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 Bilans biologiques thyroïdiens Tableau 5C. TSH basse Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Résultats Commentaires TSH basse, T4-libre normale et T3-libre élevée Une TSH basse associée à une T4-libre normale et à une T3-libre augmentée peut correspondre à une des situations suivantes : - hyperthyroïdie à T3 (adénome toxique) ; dans ce cas il convient d’envisager une enquête étiologique de l’hyperthyroïdie (Anaes/HAS) ; le bilan sera donc à compléter, en fonction de la scintigraphie éventuelle, par les dosages des auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH pour recherche de maladie de Basedow, ou des anti-TPO (les anti-thyroglobuline étant moins utiles en dehors des régions de carences iodées), surtout si TSH < 0,1 mU/L et/ou traitement par IFN/IL2, amiodarone, lithium et/ou grossesse ou fausse couche (ATA/SFBC/SFE), ou de la CRP et de la thyroglobuline (pour recherche de thyroïdite de De Quervain ou de thyroïdite induite par l’amiodarone), ou, selon l’interrogatoire, par l’iodurie des 24 heures ; - début de traitement par anti-thyroïdien de synthèse. Bilan thyroïdien à contrôler ultérieurement : la TSH peut ne pas se normaliser avant 6 semaines au moins et ceci peut prendre jusqu’à 3 mois ; en attendant se fier à la T4-libre qui se normalise en 4 semaines environ, ou à la T3-libre si hyperthyroïdie à T3. Le traitement doit être poursuivi en général 18 à 24 mois ; - traitement par L-T3 (Cynomel*) ou par acide tri-iodothyroacétique (TRIAC) ; - traitement freinateur efficace par lévothyrox dans le cadre du suivi post thyroïdectomie pour carcinome papillaire ; vérifier SVP la thyroglobuline et l’absence d’anticorps anti-thyroglobuline. TSH basse, T4-libre normale et T3-libre normale ou basse Une TSH basse associée à une T4-libre normale et une T3-libre normale ou basse peut correspondre à une des situations suivantes : - d’origine thyroïdienne, surtout si TSH < 0,1 mU/L : hyperthyroïdie ou thyroïdite infra-clinique ou du post-partum, ou auto-immune, ou instable ou iatrogène (ATA/SFBC/SFE) ; en cas de suspicion clinique d’hyperthyroïdie il convient d’envisager une enquête étiologique (Anaes/HAS) ; le bilan sera donc à compléter, en fonction de la scintigraphie éventuelle, par les dosages des auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH pour recherche de maladie de Basedow, ou des anti-TPO (les anti-thyroglobuline étant moins utiles en dehors des régions de carences iodées), surtout si TSH < 0,1 mU/L et/ou traitement par IFN/IL2, amiodarone, lithium et/ou grossesse ou fausse couche (ATA/SFBC/SFE), ou de la CRP et de la thyroglobuline (pour recherche de thyroïdite de De Quervain ou de thyroïdite induite par l’amiodarone), ou, selon l’interrogatoire, par l’iodurie des 24 heures. Ceci peut aussi s’observer en présence d’anticorps anti-récepteurs de la TSH (à surveiller, surtout en cas de Basedow, et surtout durant une grossesse, à la fois chez la mère et chez son enfant, et TSH et T4-libre également à surveiller en post-partum dans ce cas), en cas d’hyperthyroïdie traitée, de préférence par anti-thyroïdiens de synthèse car passent moins la barrière placentaire, possibilité de diminuer le traitement au dernier trimestre car meilleure tolérance immunitaire au dernier trimestre (Basedow notamment : même remarque), en cas de début de traitement par anti-thyroïdien de synthèse (bilan thyroïdien à contrôler ultérieurement : la TSH peut ne pas se normaliser avant 6 semaines au moins et ceci peut prendre jusqu’à 3 mois ; en attendant se fier à la T4-libre qui se normalise en 4 semaines environ, ou à la T3-libre si hyperthyroïdie à T3 ; le traitement doit être poursuivi en général 18 à 24 mois), en cas de grossesse euthyroïdienne (10-15e semaine, par activité TSH-like de la sous-unité alpha de l’HCG), en cas de freinage de l’axe hypophyso-thyroïdien par hormonothérapie thyroïdienne, en cas d’administration de TRIAC, T3, T4 (la normalité de la T3-libre exclut un surdosage important), en cas d’hypothyroïdie centrale substituée, ou d’insuffisance hypophysaire, ou de tissu autonome : nodule, goitre multinodulaire, adénome pré-toxique chez un patient âgé (prévoir une scintigraphie thyroïdienne) ; - d’origine non thyroïdienne, surtout si TSH > 0,1 mU/L : affection entraînant une altération sévère de l’état général, traumatisme, chirurgie... (bilan thyroïdien à contrôler après amélioration de l’état général ; en cas de doute, le dosage des anti-TPO peut aider à trancher entre dysthyroïdie auto-immune et affection extra-thyroïdienne (ATA/SFBC/SFE)), prise de certains médicaments (dopamine et ses agonistes, glucocorticoïdes à fortes doses, amiodarone, somatostatine, sérotoninergiques...), acromégalie, maladie de Cushing, maladie psychiatrique aiguë... - d’origine analytique : les anticorps hétérophiles peuvent être à l’origine d’interférences analytiques le plus souvent par surestimation (à confirmer par une demande spécifique). TSH basse, T4-libre basse et T3-libre élevée Des TSH et T4-libre basses avec une T3-libre élevée suggèrent essentiellement une prise de LT3 (Cynomel) ou d’acide tri-iodothyroacétique (TRIAC) ou de tiratricol (qui croise avec le dosage de T3). TSH basse, T4-libre basse et T3-libre normale Des TSH et T4-libre basses avec une T3-libre normale peuvent suggérer l’existence d’une des situations suivantes : - début de surdosage des anti-thyroïdiens de synthèse (état instable à contrôler ultérieurement : la TSH peut ne pas se normaliser avant 6 semaines au moins et ceci peut prendre jusqu’à 3 mois ; en attendant se fier à la T4-libre qui se normalise en 4 semaines environ, ou à la T3-libre si hyperthyroïdie à T3 ; le traitement doit être poursuivi en général 18 à 24 mois) ; - traitement suppresseur arrêté (état instable à contrôler ultérieurement) ; - hypothyroïdie d’origine centrale à contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et à confirmer par un test long à la TRH (réponse faible ou nulle en cas d’hypothyroïdie secondaire, retardée en cas d’hypothyroïdie tertiaire) (Anaes/HAS), puis éventuellement en 2e intention par dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie ; - maladie générale sévère (anomalies adaptatives à vérifier à distance) ; en cas d’affections prolongées, la T4-libre (et la T3-libre) peuvent demeurer longtemps basses, ce qui peut refléter une hypothyroïdie centrale ; la nécessité de traiter une telle hypothyroïdie fait l’objet de controverses (ATA/SFBC/SFE) ; en cas de doute, le dosage des anti-TPO peut aider à trancher entre dysthyroïdie auto-immune et affection extra-thyroïdienne (ATA/SFBC/SFE) ; - prise de glucocorticoïdes à fortes doses, de dopamine (ou agonistes). TSH basse, T4-libre basse et T3-libre basse Des TSH, T4-libre et T3-libre basses peuvent suggérer l’existence d’une des situations suivantes : - hypothyroïdie d’origine centrale à contrôler sur un nouvel échantillon sanguin et à confirmer par un test long à la TRH (réponse faible ou nulle en cas d’hypothyroïdie secondaire, retardée en cas d’hypothyroïdie tertiaire) (Anaes/HAS), puis éventuellement en 2e intention par dosages d’autres hormones hypophysaires (PRL, IGF1, LH, FSH, estradiol, testostérone, cortisol) et l’imagerie ; - maladie générale sévère (anomalies adaptatives à vérifier à distance) (ATA/SFBC/SFE) ; en cas de maladie sévère prolongée, la TSH, la T4-libre et la T3-libre peuvent demeurer longtemps basses, ce qui peut refléter une hypothyroïdie centrale ; la nécessité de traiter une telle hypothyroïdie faisant l’objet de controverses (ATA/SFBC/SFE) ; - début de surdosage des anti-thyroïdiens de synthèse (état instable à contrôler ultérieurement : la TSH peut ne pas se normaliser avant 6 semaines au moins et ceci peut prendre jusqu’à 3 mois ; en attendant se fier à la T4-libre qui se normalise en 4 semaines environ, ou à la T3-libre si hyperthyroïdie à T3 ; le traitement doit être poursuivi en général 18 à 24 mois) ; - traitement suppresseur arrêté (état instable à contrôler ultérieurement). Voir légendes tableaux précédents. Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 329 culture-qualité Tableau 6. Commentaires correspondant aux situations où seuls les dosages de T4-libre ou de T3-libre ou du couple T3-libre-TSH ont été prescrits. Tableau 6A. Seul le dosage de T4-libre a été prescrit. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Commentaire (Anaes/HAS) Une prescription de T4-libre (sans dosage associé de TSH) correspond généralement soit au suivi d’une hypothyroïdie centrale (secondaire ou tertiaire) traitée par L-thyroxine, soit au suivi d’une hyperthyroïdie à T4 traitée par iode radioactif ou par anti-thyroïdien de synthèse depuis au moins 4 ou 3 semaines respectivement. En cas d’hypothyroïdie secondaire ou tertiaire traitée par L-thyroxine, le dosage de la TSH est inutile (coût TSH : B55, soit 15 euros) ; le suivi thérapeutique se faisant par dosages de T4-libre (Anaes/HAS), la cible thérapeutique se situant normalement aux deux tiers supérieurs de l’intervalle de référence si le médicament a été administré depuis plus de 9 heures (ATA/SFBC/SFE). En cas de traitement par iode radioactif, il est recommandé de : - répéter le dosage toutes les 4 à 6 semaines durant les 3 premiers mois de traitement, puis de le répéter éventuellement selon les données cliniques, - doser la TSH et le T4-libre dans les 3 à 6 mois qui suivent l’arrêt du traitement, puis la TSH seule annuellement. En cas de traitement par anti-thyroïdien de synthèse, il est recommandé de : - répéter le dosage de T4-libre, jusqu’à obtention de l’euthyroïdie, puis selon les données cliniques, - en cas de grossesse, doser la T4-libre toutes les 2 semaines jusqu’à obtention de l’euthyroïdie, puis de doser TSH et T4-libre tous les mois, - associer le dosage de TSH à celui de la T4-libre, en fonction des données cliniques, si des hormones thyroïdiennes sont administrées en plus des anti-thyroïdiens de synthèse en phase d’entretien, - effectuer une surveillance de la NFS, compte tenu de la toxicité hématologique des anti-thyroïdiens de synthèse, tous les 7 jours pendant les 6 premières semaines puis à chaque bilan thyroïdien ou lors d’une infection fébrile, notamment ORL ; arrêt du traitement si polynucléaires neutrophiles < 1 200 G/L, - doser les anti-récepteurs de la TSH à la fin du traitement par anti-thyroïdien de synthèse pour prédire une rechute si leur taux persiste. Tableau 6B. Seul le dosage de T3-libre a été prescrit. Commentaire (Anaes/HAS) Une prescription de T3-libre (sans dosage associé de TSH et de T4-libre) correspond généralement soit au suivi d’une hypothyroïdie centrale (secondaire ou tertiaire) traitée par triiodothyronine (le dosage de la TSH est inutile dans ce cas ; coût TSH : B55 soit 15 euros), soit au suivi d’une hyperthyroïdie à T3 traitée par anti-thyroïdien de synthèse depuis au moins 3 semaines. Dans ce dernier cas, il est recommandé de : - répéter le dosage de T3-libre, jusqu’à obtention de l’euthyroïdie, puis selon les données cliniques, - en cas de grossesse, doser la T3-libre toutes les 2 semaines jusqu’à obtention de l’euthyroïdie, puis de doser TSH et T3-libre tous les mois, - associer le dosage de TSH à celui de la T3-libre, en fonction des données cliniques si des hormones thyroïdiennes sont administrées en plus des anti-thyroïdiens de synthèse en phase d’entretien, - compte tenu de la toxicité hématologique des anti-thyroïdiens de synthèse, effectuer une surveillance de la NFS-tous les 7 jours pendant les 8 premières semaines, puis à chaque bilan thyroïdien ou lors d’une infection fébrile, notamment ORL ; arrêt du traitement si polynucléaires neutrophiles < 1 200 G/L, - doser les anti-récepteurs de la TSH à la fin du traitement par anti-thyroïdien de synthèse pour prédire une rechute si leur taux persiste. Tableau 6C. Seul le couple T3-libre-TSH a été prescrit. Commentaire (Anaes/HAS) Une prescription de T3-libre et de TSH (sans dosage de T4-libre) correspond généralement au suivi d’une hyperthyroïdie à T3 traitée par anti-thyroïdien de synthèse depuis au moins 3 semaines. Dans ce cas, il est recommandé de : - répéter le dosage de T3-libre seule, jusqu’à obtention de l’euthyroïdie, puis selon les données cliniques, - en cas de grossesse, doser la T3-libre seule toutes les 2 semaines jusqu’à obtention de l’euthyroïdie, puis de doser TSH et T3-libre tous les mois, - associer le dosage de TSH à celui de la T3-libre, en fonction des données cliniques, si des hormones thyroïdiennes sont administrées en plus des anti-thyroïdiens de synthèse en phase d’entretien, - effectuer une surveillance de la NFS tous les 7 jours pendant les 8 premières semaines, puis à chaque bilan thyroïdien ou lors d’une infection fébrile, notamment ORL ; arrêt du traitement si polynucléaires neutrophiles < 1 200 G/L, - doser les anti-récepteurs de la TSH à la fin du traitement par anti-thyroïdien de synthèse pour prédire une rechute si leur taux persiste. Voir légendes tableaux précédents. – il va de soi que les commentaires que nous proposons seront probablement les plus utiles quand ils seront adressés à des prescripteurs généralistes ou exerçant une spécialité éloignée de la thyroïdologie. Nos commentaires ne prétendent pas être exhaustifs et certains problèmes n’y sont sans doute pas abordés comme il conviendrait, par exemple la problématique du fœtus y est assez peu abordée. Nous espérons que les figures 1 à 9 330 ainsi que l’éventuelle correspondance que suscitera le présent article, suppléeront les probables carences de nos commentaires interprétatifs. Nous espérons que la qualité et la quantité des commentaires des résultats de bilans biologiques thyroïdiens vont augmenter suite à la publication du présent article, ce qui légitimerait notre travail qui devra de toute façon être régulièrement actualisé compte tenu de l’évolution rapide des connaissances. Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007 Bilans biologiques thyroïdiens Tableau 7. Commentaire pour résultats d’anticorps anti-TPO et d’anticorps anti-thyroglobuline. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Résultats Commentaires (ATA/SFBC/SFE) Anti-TPO positifs faibles La signification clinique d’une faible positivité des anti-TPO n’est pas bien établie. Anti-TPO positifs Outre leur capacité à diagnostiquer une dysthyroïdie auto-immune, la présence d’anti-TPO constitue un facteur de risque de développer une telle pathologie ou de développer : - une hypothyroïdie sous IFN/IL2 ou lithium, - une dysthyroïdie sous amiodarone ou pendant la grossesse, - une thyroïdite du post-partum, - une fausse couche ou un échec d’insémination artificielle, - une hypothyroïdie néonatale. Anti-thyroglobuline De nombreuses pathologies peuvent induire la présence d’anticorps anti-thyroglobuline, par exemple maladie de Basedow, positifs thyroïdite de Hashimoto, lupus, polyarthrite rhumatoïde ou autres maladies auto-immunes... La répétition dans le temps des dosages d’anticorps anti-thyroglobuline peut évaluer la réponse thérapeutique des cancers différenciés de la thyroïde positifs pour les anti-thyroglobuline sériques. Voir légendes tableaux précédents. Références 1. Oosterhuis WP, Bruns DE, Watine J, Sandberg S, Horvath AR. Evidence-Based Guidelines in laboratory medicine : principles and methods. Clin Chem 2004 ; 50 : 806-18. 2. Watine J. Revues systématiques et méta-analyses en biologie clinique : principes et méthodes. Ann Biol Clin (Paris) 2004 ; 62 : 611-27. 11. Thyroid carcinoma task force. AACE/AAES medical/surgical guidelines for clinical practice : management of thyroid carcinoma. American association of clinical endocrinologists. 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