avril 2006
page 227
FAUSSE ROUTE
Médecine
& enfance
BILAN
L’examen cytobactériologique des
urines met en évidence une petite leu-
cocyturie que l’on attribue à la contami-
nation des urines par les selles. Aucun
germe n’est retrouvé. L’ionogramme
sanguin est normal. La protidémie est à
61 g/l. La numération formule sanguine
donne 20000 globules blancs, un taux
d’hémoglobine à 10 g/dl et des pla-
quettes à 200000/mm
3
. Il existe un syn-
drome inflammatoire, avec une CRP à
70 mg/l, et une élévation des transami-
nases à 110 UI pour les SGOT et 80 UI
pour les SGPT.
ROTAVIRUS ?
Le premier diagnostic évoqué dans ces
circonstances est celui de diarrhée à ro-
tavirus. Dans ce type de diarrhée, il
peut en effet exister une atteinte hépa-
tique modérée, comme le fait remar-
quer une équipe de Cleveland
[1]
. Celle-
ci rapporte le cas d’un nourrisson de
cinq mois vu aux urgences après quatre
jours de diarrhée, nausées et vomisse-
ments dus à une infection à rotavirus et
chez lequel l’échographie abdominale a
objectivé de l’air périportal : hyperclarté
évidente
(figure 1 en haut)
. Une fois l’infec-
tion terminée, cette image disparaît
(fi-
gure 1 en bas)
.
Rappelons qu’il n’y a habituellement au-
cune indication d’un examen échogra-
phique chez les enfants ayant une diar-
rhée à rotavirus, sauf lorsque l’associa-
tion diarrhée et douleurs abdominales
fait craindre une invagination, ce qui
était le cas pour ce bébé. Certaines inva-
ginations démarrent, en effet, par une
débâcle en aval du côlon et, donc, par
une diarrhée.
En ce qui concerne les transaminases,
leur dosage chez des nourrissons hospi-
talisés pour diarrhée et déshydratation
a montré que, lors de l’admission, elles
étaient élevées chez 72 % de ceux pré-
sentant une infection à rotavirus contre
19 % dans les autres cas
[2]
.
LA SUITE…
Nicolas a eu une coproculture qui s’est
révélée négative. Sa fièvre s’élève à
39 °C malgré le traitement symptoma-
tique institué la veille. Il est alors mis
Nicolas, âgé de quatre mois, présente une diarrhée fébrile depuis quatre jours.
C’est une diarrhée non invasive. Il n’y a pas de déshydratation clinique. Devant
la persistance des signes, un bilan est prescrit.
rubrique dirigée par M. Bellaïche
Une diarrhée fébrile
Cas clinique de M. Bellaïche, hôpital Robert-
Debré, Paris
O. Charara, hôpital André-Mignot, Versailles
Rédaction : C. Faber
Figure 1
Echographie abdominale
92090 227-8 19/04/06 12:37 Page 227
sous Rocéphine
®
IM, là encore sans suc-
cès. En raison de l’apparition d’une tu-
méfaction rétroauriculaire rouge, chau-
de et bien limitée ressemblant à une
adénite
(figure 2)
, un ORL est appelé, qui
élargit l’antibiothérapie.
Le nourrisson est de plus en plus « gro-
gnon », et le lendemain on constate l’ap-
parition d’une éruption morbilliforme
avec hyperhémie conjonctivale
(figure 3)
.
Nicolas avait en fait un syndrome de Ka-
wasaki avec des anévrismes coronariens
et un hydrocholécyste
(figures 4 et 5)
.
UNE DIARRHÉE FÉBRILE
DANS 30 % DES CAS
Si l’on reprend tous les éléments du syn-
drome de Kawasaki, il existait bien une
hyperthermie supérieure à cinq jours,
une éruption, une adénite et une hyper-
hémie conjonctivale. Il manquait donc
l’énanthème et les modifications des ex-
trémités pour compléter le tableau ty-
pique.
Il existe d’autres manifestations plus
atypiques du syndrome, que l’on retrou-
ve dans cette observation : une urétrite
aseptique (leucocyturie sans germes) et
une diarrhée.
En ce qui concerne les manifestations
digestives au cours de cette maladie, la
littérature rapporte une hépatomégalie
et/ou une cytolyse hépatique dans 14 à
30 % des cas
[3]
et une diarrhée fébrile
dans 30 % des cas, ainsi que la possibili-
té de développement de complications
sévères de type obstruction intestinale
[4]
ou colite ischémique
[5]
.
Références
[1] MORRISON S.C., CZINN S.J. : « Portal vein gas associated wi-
th rotavirus infection », J. Pediatr. Gastroenterol. Nutr., 2001 ;
33 : 626-8.
[2] KOVACS A., CHAN L., HOTRAKITYA C., OVERTURF G.,
PORTNOY B. : « Serum transaminase elevations in infants with
rotavirus gastroenteritis », J. Pediatr. Gastroenterol. Nutr., 1986 ;
5:873-7.
[3] BADER-MEUNIER B., HADCHOUEL M., FABRE M., ARNOUD
M.D., DOMMERGUES J.P. : « Intrahepatic bile duct damage in
children with Kawasaki disease », J. Pediatr., 1992 ; 120 : 750-2.
[4] MELE T., EVANS M. : « Intestinal obstruction as a complica-
tion of Kawasaki disease », J. Pediatr. Surg., 1996 ; 31 : 985-6.
[5] THABET F., BELLARA I., TABARKI B., KCHAOU H., SELMI H.,
YACOUB M., ESSOUSSI A.S. : « Colite ischémique et syndrome
d’hémophagocytose compliquant une maladie de Kawasaki »,
Arch. Pédiatr., 2004 ; 11 : 226-8.
Médecine
& enfance
avril 2006
page 228
Figure 2
Tuméfaction rétroauriculaire
Figure 3
Eruption morbilliforme
Figure 4
Anévrismes coronariens
Figure 5
Hydrocholécyste
medecine-et-enfance.net
Le site de Médecine et enfance est libre d’accès. Tous les articles parus depuis 1999 sont
consultables en ligne à l’exception de ceux des quatre derniers numéros.
92090 227-8 19/04/06 12:37 Page 228
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !