4
Section 1: Construire une union des marchés des capitaux
Le principe de libre circulation des capitaux a été inscrit dans le traité de Rome il y a plus de
cinquante ans. Faisant partie des libertés fondamentales de l’Union européenne, il devrait être
au cœur du marché unique. Or, malgré les progrès accomplis, les marchés des capitaux
demeurent aujourd'hui fragmentés et généralement organisés selon des contours nationaux.
Après une phase d’approfondissement, le degré d'intégration des marchés financiers dans
l’Union européenne a diminué depuis la crise, banques et investisseurs se repliant sur leurs
marchés d'origine.
Par rapport à d’autres régions, le financement sur les marchés des capitaux est relativement
peu développé en Europe. Nos marchés des actions, de la dette et autres jouent un rôle plus
restreint dans le financement de la croissance, les entreprises européennes restant très
dépendantes des banques, ce qui rend nos économies vulnérables en cas de resserrement du
crédit bancaire. En outre, le niveau de confiance des investisseurs est insuffisant et l’épargne
européenne n'est peut-être pas toujours utilisée de la manière la plus productive qui soit. Les
investissements européens sont très en dessous des normes historiques et les marchés de
capitaux européens sont moins compétitifs au niveau mondial.
Pour permettre un retour durable à la croissance et à la création d’emplois, il faut,
parallèlement à d'autres réformes visant à améliorer l’environnement des entreprises, que les
marchés des capitaux jouent un rôle plus important dans l'apport de financements à
l’économie. En pratique, cela suppose de recenser et de lever les obstacles à la circulation des
capitaux entre investisseurs et demandeurs de financements, qu'il s'agisse d'obstacles internes
aux États membres ou d'obstacles transnationaux.
La mise en place d’une union des marchés des capitaux fait partie des initiatives clés du
programme de travail de la Commission. Elle assurerait une diversification des modes de
financement de l’économie et réduirait le coût du capital, surtout pour les PME. Des marchés
des capitaux plus intégrés, surtout en ce qui concerne les titres de capital, augmenteraient la
capacité d’absorption des chocs de l’économie européenne et permettraient de développer
l’investissement sans accroître les niveaux d’endettement. Grâce à une infrastructure de
marché et à des intermédiaires performants, l'union des marchés des capitaux devrait avoir
pour effet d'accroître les flux financiers entre investisseurs et projets d’investissement
européens, ce qui améliorera l'allocation des risques et des capitaux au niveau de l’UE et, en
définitive, permettra à l’Europe de mieux résister à de futurs chocs.
C'est pourquoi la Commission s’est engagée à mettre en place, d’ici à 2019, les composantes
d’une union des marchés des capitaux bien réglementée et intégrée, dont feraient partie tous
les États membres, afin que toute l'économie puisse profiter au maximum des avantages que
peuvent offrir les marchés de capitaux et les établissements financiers non bancaires.
L'union des marchés des capitaux devrait permettre à l’Union européenne de progresser vers
une situation dans laquelle, entre autres exemples, les PME pourront obtenir des financements
aussi facilement que les grandes entreprises; il y aura convergence, au niveau de l’UE, des
coûts d’investissement et des possibilités d’accès aux produits d’investissement; il sera de
plus en plus simple d'obtenir des financements sur les marchés de capitaux; et ceux qui
voudront se financer dans d'autres États membres ne se heurteront plus à des obstacles
juridiques ou prudentiels injustifiés. Ces changements contribueront à réduire la dépendance à
l’égard des financements bancaires, mais les banques, en tant que prêteurs à une bonne partie
de l’économie et en tant qu'intermédiaires sur les marchés, resteront un acteur central au sein