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FICHE D’INFORMATION SITE LFCE
SAVOIR TRAITER LES EPILEPSIES
Epilepsie à paroxysmes rolandiques et
Encéphalopathie avec Pointes-Ondes Continues du Sommeil
Anne de Saint-Martin, Gaëtan Lesca
Epilepsie à paroxysmes rolandiques et encéphalopathie avec pointes-ondes
continues du sommeil représentent deux entités pathologiques de fréquence et de
sévérité différentes mais présentant quelques caractéristiques électrocliniques
communes.
EPILEPSIE A PAROXYSMES ROLANDIQUES, OU A POINTES CENTRO-
TEMPORALES
Forme typique, simple
L’abstention thérapeutique est proposée dans les formes simples, avec crises rares.
Une surveillance développementale et des apprentissages est recommandée en
raison de l’association possible à des difficultés d’apprentissage portant sur le
langage oral, la coordination motrice, avec des difficultés graphiques, parfois une
certaine lenteur, ou un déficit attentionnel (17 à 40%) (1).
Forme active, et forme atypique
Cette forme nécessite un traitement et un suivi plus rapproché.
Le traitement doit alors éviter toute molécule aggravante : carbamazépine,
oxcarbazépine, lamotrigine, phénobarbital, phénytoine. Il fait plutôt appel aux
benzodiazépines (clobazam ou clonazepam), à l’éthosuccimide, au lévétiracetam ou
au sulthiame. Des rééducations et aménagements sont parfois nécessaires en raison
des difficultés cognitives ou comportementales associées (2).
Quel que soit le degré de sévérité de cette épilepsie, la guérison survient toujours
avec arrêt des crises avant la fin de l’adolescence, parfois même avant l’âge de 10
ans. Des troubles cognitifs peuvent persister, notamment lorsqu’ils préexistaient à
l’épilepsie (comorbidité).
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La durée du traitement, lorsqu’il est prescrit, sera conditionnée par l’évolution
clinique, et par l’appréciation du neurologue ou du neuropédiatre. Le traitement peut
être interrompu avant la normalisation de l’EEG.
ENCEPHALOPATHIE EPILEPTIQUE AVEC POINTE-ONDES CONTINUES DU
SOMMEIL LENT (EPOCS) (y compris le SYNDROME DE LANDAU-KLEFFNER)
L’enjeu thérapeutique est majeur chez ces enfants dans la mesure le contrôle de
l’épilepsie et des anomalies épileptiques au sommeil est accompagné d’une
réversibilité partielle des troubles cognitifs et comportementaux. Le but du traitement
est donc de contrôler les crises, mais également de supprimer ou réduire les
anomalies EEG au sommeil (notamment la suppression des pointes-ondes
bilatérales et synchrones au sommeil).
Parmi les agents antiépileptiques conventionnels, plusieurs ont été reconnus comme
aggravants, et leur utilisation est contre-indiquée dans ce syndrome: carbamazépine
(Tégrétol*), phénytoïne (Dihydan*), phénobarbital (Gardénal*), oxcarbazépine
(Trileptal*), lamotrigine (Lamictal*).
Les benzodiazépines (Urbanyl*, Rivotril*) et l’éthosuximide (Zarontin*) ont prouvé
leur efficacité, mais souvent de courte durée. Des questions restent ouvertes sur
l’utilité du sulthiame (Ospolot*) du lévétiracetam (Keppra*), du topiramate
(Epitomax*) et du valproate (Dépakine*).
Le bénéfice des corticoïdes est reconnu, tant sur le plan de l’épilepsie et des
anomalies EEG, que sur le plan cognitif. L’hydrocortisone ou la prednisone sont
utilisées à fortes doses durant plusieurs mois avec une décroissance très lente,
parfois sur plusieurs années, pour éviter les rechutes. Des mesures diététiques
strictes et un traitement vitamino-calcique, sont destinés à corriger les complications
métaboliques, et permettent de limiter la prise de poids. Ce traitement nécessite une
surveillance clinique et biologique rapprochée (3).
Enfin, plus rarement, le traitement chirurgical peut être proposé en cas de résistance
au traitement pharmacologique, et de lésion sous-jacente, accessible à la chirurgie,
avec une bonne corrélation anatomo-clinique. Des transsections subpiales ont pu
être proposées de façon occasionnelle.
Traitement des troubles attentionnels
Lorsque le déficit attentionnel est majeur et entrave la vie quotidienne, le
méthylphénidate (Ritaline*) peut être utilisé sans aggravation de l’épilepsie. Son
introduction nécessite une évaluation de la tolérance régulière.
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Prises en charge non médicamenteuses
Une prise en charge éducative et environnementale adaptée aux difficultés de
l’enfant est fondamentale, au même titre que les rééducations individuelles
orthophonique et psychomotrice. L’organisation de cette prise en charge est difficile
en raison du caractère variable dans le temps des troubles cognitifs et
comportementaux de l’enfant, et la nécessité de réévaluations régulières.
Le maintien en milieu scolaire ordinaire avec adaptations pédagogiques et présence
d’un auxiliaire de vie scolaire peut être proposé lorsque l’enfant est disponible pour
les apprentissages. Dans le cas contraire, une prise en charge en milieu éducatif
spécialisé, voire en CATTP ou en hôpital de jour peut être nécessaire
temporairement.
Les rééducations doivent être réévaluées régulièrement en fonction de l’évolution de
l’enfant. Ainsi, dans le syndrome de Landau-Kleffner, l’orthophoniste va mettre
initialement en place une communication gestuelle et par pictogrammes, former
l’entourage, jusqu’à la réapparition d’une compréhension verbale suffisante, pour une
rééducation plus classique.
Une guidance parentale est nécessaire pour comprendre et accompagner au mieux
l’enfant dans ses difficultés, notamment comportementales. Un soutien
psychologique familial peut être proposé.
Suivi thérapeutique
Le suivi de ces patients est triple : clinique, neuropsychologique, et
neurophysiologique. Le suivi clinique et développemental ainsi que l’évaluation de la
tolérance et de l’efficacité des traitements sont essentiels. Le suivi
neuropsychologique, lorsqu’il est possible, permet d’optimiser les remédiations et le
projet d’orientation de l’enfant, mais aussi de guider les adaptations thérapeutiques,
en fonction de l’évolution de l’enfant. Le suivi EEG de sommeil, dans l’idéal doit être
concomitant et comportera un EEG de nuit initial, puis des EEG de sieste.
En pratique ce suivi conjoint doit être trimestriel initialement, puis semestriel, en
fonction de l’évolution de l’enfant.
BIBLIOGRAPHIE
(1) Pinton F, Ducot B, Motte J,et al . Cognitive function in children with Benign childhood Epilepsy with
Centro-Temporal Spikes. Epileptic Disord 2006;8:11-23.
(2) Massa R, de Saint-Martin A, Carcangiu R, et al. EEG Criteria predictive of complicated evolution in
idiopathic rolandic epilepsy. Neurology. 2001;57:1071-1079.
(3) Veggiotti P, Pera MC,Teutonico F,Brazzo D, Balottin U,Tassinari CA.Therapy of encephalopathy
with status epilepticus duringsleep (ESES/CSWS syndrome): an update. Epileptic Disord 2012;14:1-
11.
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