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que la stratégie géoéconomique s’appuie sur des instruments moins « offensifs », tels que les
pratiques anti-concurrentielles, les obstacles non-tarifaires, l’espionnage industriel,….
De son côté E.Luttwak précise bien que les objectifs de la géoéconomie ne relèvent plus de la
conquête de territoires ou de l’influence diplomatique, mais il s’agit surtout de « maximiser
l’emploi hautement qualifié dans les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée ».
Le rôle croissant de la technologie et de l’innovation dans la compétitivité moderne, fait des
territoires capables de les générer les territoires de prédilection des firmes, quels que soient les
surcoûts que cela comporte. D’où ce paradoxe apparent selon lequel « ce sont les territoires chers
(communes, villes, régions, pays) qui attirent le développement » (P.Beckouche). Alors que les
bas coûts de main d’œuvre ont, pendant longtemps, assuré les avantages comparatifs des PVD, le
nouveau système productif et la compétition par la qualité ont promu les territoires les mieux
dotés, qui deviennent les territoires les plus attractifs.
(ii) Ainsi se met en place «l’économie mondiale en réseaux» (J.Guellec, Revue Géoéconomie,
2002) dont l’un des enjeux majeurs est l’accès à la technologie, les deux principaux acteurs étant :
1- Les entreprises : leur développement passe de plus en plus par l’internationalisation. Il est vrai
que les marchés sont mondiaux, les lieux de production sur plusieurs continents, le capital
internationalisé et côté sur plusieurs places financières,…Cependant, le champ technologique
présente un paradoxe : alors que les scientifiques forment une communauté fortement mondialisée,
les activités stratégiques et de Recherche/Développement R/D des entreprises restent en grande
partie à proximité des centres de décision et des principaux marchés..
De plus, l’entreprise globale « se substitue » aux Etats en tant qu’acteur dominant. D’où le
concept de Globalisation qui, selon E.Cohen, « a été forgé pour rendre compte d’une double
réalité : l’internationalisation des marchés des biens et des facteurs de production, en même temps
que l’apparition de firmes industrielles capables de penser d’emblée leur développement à
l’échelle du monde et de déployer à cet effet des stratégies mondiales intégrées.». Dans ce schéma,
la marge de manœuvre de l’Etat se réduit, « leur ambition se heurte aux exigences de rentabilité
qui conditionnent la survie des entreprises aux prises avec la concurrence mondiale » (E.Cohen ).
2- Les Etats : leur rôle reste cependant assez sensible voire considérable par l’effet de :
- l’apport de biens publics (institutions, sécurité, infrastructures, formation, R/D, appui financier,.).
- la mise en œuvre de stabilisateurs en cas de crise économique globale ou localisée.
- l’encadrement de l’action des territoires sub-nationaux (régions).