L'art de la propagande nazie n'a aucune volonté d'invention et de création esthétique. Il se réfère à divers
canons artistiques connus et reconnus par les populations. Les œuvres se veulent avant tout
monumentales, symboles de la grandeur du nazisme.
Bien que s'étendant à toutes les catégories des pratiques artistiques, l'art de la propagande nazie s'est
particulièrement illustré dans le domaine de l'architecture et de la sculpture. Visibles de tous, relevant de
dimensions monumentales et s'inscrivant dans la mise en place d'une atmosphère ambiante d'un pouvoir
totalitaire, ces deux domaines artistiques avaient les faveurs de la politique culturelle du troisième Reich.
Dans le domaine de la sculpture, Arno Breker (1900-1991) fait office de référence. La sculpture nazie est
conduite par les conventions esthétiques de l'art antique. Il s'agit ainsi de reprendre à son compte la
question de l'idéal du beau de l'art antique. Parfaite symétrie des figures, juste proportions des formes,
postures nobles et expressions souveraines constituent de fait les critères premiers de cet art.
Albert Speer (1905-1981) fut quant à lui le chef de file de l'architecture nazie. Nommé architecte en chef du
parti, il réalisa et supervisa la construction de bâtiments tels que la chancellerie du Reich et le
Reichsparteitagsgelände, complexe architectural dédié aux congrès du parti du Reich. Son art est lui aussi
d'inspiration antique. Son style confine au dépouillement du dorique. L'ensemble donne à l'observateur un
fort sentiment de simplicité, de force et de majesté. Le critère du gigantisme est là aussi de la plus haute
importance. Le Reichsparteitagsgelände atteint par exemple une superficie de près de 11 km².
Autre outil de propagande nazie, le cinéma. La réalisatrice Leni Riefenstahl (1902-2003) en fut la figure de
proue, et Le Triomphe de la volonté (1935) son œuvre la plus notable. Ce film décrit le déroulement des
congrès du parti nazi au sein du Reichsparteitagsgelände. Sa mise en scène célèbre la grandeur et le respect
supposément suscités par les dignitaires du parti. Par le procédé de la contre-plongée, les silhouettes
semblent plus imposantes, les dignitaires filmés se parent de la majesté des héros. Sa technique récurrente
du champ/contre-champ doit quant à elle créer un sentiment de cohésion des dignitaires avec leur
assemblée et les foules. L'impression de cohésion est également soutenue par de nombreux plans larges
montrant des foules défilant en ordre de marche.
L'art de la propagande allemande s'est ainsi fondé sur le principe du culte du corps, soutenant par là la
théorie d'une perfection de la race aryenne, sur la notion de grandeur relative aux dignitaires du parti, et
tout particulièrement de son führer Adolf Hitler, et au mouvement nazi en général, et enfin sur les
préceptes de l'ordre et du devoir inhérents à la constitution d'un grand empire.