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LES TOTALITARISMES ET LA
PROPAGANDE : ANALYSE
THEMATIQUE
Dans la volonté d’assoir son idéologie des pleins pouvoirs, le totalitarisme fait de la propagande le levier de
sa démagogie. Dans cette perspective, les arts sont un atout majeur. En effet, l’art est une manière idoine
de s’adresser aux masses. Loin des discours élitistes, l’art figure, met en scène, et élabore les symboles de
la teneur d’une idéologie. Il est à cet effet un puissant outil de manipulation en ce qu’il magnifie et
vulgarise les propos et les actes les plus abjectes.
Les plus grands pouvoirs totalitaires de l’histoire ont tous mis en place un dispositif de l’art de la
propagande des plus élaborés. De nombreux artistes, partisans ou contraints, ont mis leur connaissance
esthétique et pratique au service d’une vision du pouvoir qui ne tolère pas l’équivoque. Art généralement
figuratif, en raison du fait de sa compréhension plus aisée pour les masses, l’art de la propagande a pour
dessein d’unir et de soumettre un peuple à ceux qui s’en prétendent souverains.
Cette fiche de révision propose une succincte rétrospective des œuvres et des mouvements artistiques qui
se sont particulièrement illustrés à des fins de propagande. Il s’agira d’en considérer les voies et moyens
ainsi que son ampleur. Par souci de concision, le programme de cette fiche concentrera son analyse sur
l'hégémonie de l'idéologie nazie et sur celle du parti soviétique sous le règne de Joseph Staline.
I. L'ART DE LA PROPAGANDE DU PARTI NAZI
Le pouvoir nazi tendait à avoir une main mise totale sur la production artistique de ses territoires. Toute
œuvre ne répondant pas à ses volontés se voyait considérée comme relevant d'un art dégénéré. Les
auteurs de ces œuvres furent bien souvent emprisonnés ou contraints en secret à l'exil.
L'art de la propagande nazie n'a aucune volonté d'invention et de création esthétique. Il se réfère à divers
canons artistiques connus et reconnus par les populations. Les œuvres se veulent avant tout
monumentales, symboles de la grandeur du nazisme.
Bien que s'étendant à toutes les catégories des pratiques artistiques, l'art de la propagande nazie s'est
particulièrement illustré dans le domaine de l'architecture et de la sculpture. Visibles de tous, relevant de
dimensions monumentales et s'inscrivant dans la mise en place d'une atmosphère ambiante d'un pouvoir
totalitaire, ces deux domaines artistiques avaient les faveurs de la politique culturelle du troisième Reich.
Dans le domaine de la sculpture, Arno Breker (1900-1991) fait office de référence. La sculpture nazie est
conduite par les conventions esthétiques de l'art antique. Il s'agit ainsi de reprendre à son compte la
question de l'idéal du beau de l'art antique. Parfaite symétrie des figures, juste proportions des formes,
postures nobles et expressions souveraines constituent de fait les critères premiers de cet art.
Albert Speer (1905-1981) fut quant à lui le chef de file de l'architecture nazie. Nommé architecte en chef du
parti, il réalisa et supervisa la construction de bâtiments tels que la chancellerie du Reich et le
Reichsparteitagsgelände, complexe architectural dédié aux congrès du parti du Reich. Son art est lui aussi
d'inspiration antique. Son style confine au dépouillement du dorique. L'ensemble donne à l'observateur un
fort sentiment de simplicité, de force et de majesté. Le critère du gigantisme est là aussi de la plus haute
importance. Le Reichsparteitagsgelände atteint par exemple une superficie de près de 11 km².
Autre outil de propagande nazie, le cinéma. La réalisatrice Leni Riefenstahl (1902-2003) en fut la figure de
proue, et Le Triomphe de la volonté (1935) son œuvre la plus notable. Ce film décrit le déroulement des
congrès du parti nazi au sein du Reichsparteitagsgelände. Sa mise en scène célèbre la grandeur et le respect
supposément suscités par les dignitaires du parti. Par le procédé de la contre-plongée, les silhouettes
semblent plus imposantes, les dignitaires filmés se parent de la majesté des héros. Sa technique récurrente
du champ/contre-champ doit quant à elle créer un sentiment de cohésion des dignitaires avec leur
assemblée et les foules. L'impression de cohésion est également soutenue par de nombreux plans larges
montrant des foules défilant en ordre de marche.
L'art de la propagande allemande s'est ainsi fondé sur le principe du culte du corps, soutenant par là la
théorie d'une perfection de la race aryenne, sur la notion de grandeur relative aux dignitaires du parti, et
tout particulièrement de son führer Adolf Hitler, et au mouvement nazi en général, et enfin sur les
préceptes de l'ordre et du devoir inhérents à la constitution d'un grand empire.
II. L'ART DE LA PROPAGANDE DU PARTI SOVIETIQUE DE
JOSEPH STALINE
Depuis 1924, et la mort de Vladimir Lénine, la propagande du parti soviétique s’est essentiellement
organisée autour de la personne même de son nouveau leader, Joseph Staline. Tous les médiums de l'art,
du tableau ou de la statue à son effigie aux chansons qui font ses louanges, sont portés à le constituer en
légende.
Le ''petit père des peuples'', comme il se fait appeler, astreint artistes et médias à une représentation
codifiée de manière à apparaître comme un homme d'une haute stature qui demeure pourtant proche des
couches les plus populaires de ses territoires.
Ce culte de la personne donne lieu à une véritable appropriation du courant artistique dénommé le
réalisme socialiste. Débuté autour des années 1910, le réalisme socialiste se veut d'abord anti-bourgeois et
répondant, de manière plus ou moins affirmée, à l'idéologie marxiste, en rompant avec les conventions
esthétiques de l'art dit classique. Soumis à des querelles intestines, le réalisme socialiste souffre d'un
manque d'homogénéité et son alliance avec le pouvoir demeure des plus fragiles. Déjà mis à mal sous
Lénine, il finira sous Staline par être récupéré au nom de la cause nationale. En 1932, avec la création de la
Nouvelle Union des Artistes, il prend la forme d'un art officiel dévoué à l'idéologie du parti soviétique.
Dans le prolongement des représentations dédiées à Staline, l'art soviétique dans son ensemble se réclame
du prolétariat et du patriotisme. Sous le contrôle drastique des instances du parti, les artistes participent à
l'émergence et à la consolidation des symboles du socialisme national sous Staline.
L'Ouvrier et la kolkhozienne (1937), sculpture réalisée par Vera Moukhina (1889-1953) est l'une des œuvres
les plus représentatives de la démarche de l'art officiel soviétique. L'homme et la femme représentés
portent respectivement un marteau et une faucille, soit les symboles prolétaires et patriotiques de la
paysannerie et de l'industrie. Les symboles sont ici brandis avec fierté et à l'unisson par les deux
personnages.
Nourris par une genèse qui prend sa source dans les mouvements artistiques de l'avant-garde russe, mais
peu à peu pris en charge par les discours et codes officiels du parti soviétique, le réalisme socialiste
comporte de nombreux paradoxes. Il est ainsi riche d'innovations et de diversité esthétiques dont la teneur
demeure toutefois assujettie aux impératifs de l'idéologie voulue par Staline. L'œuvre d'un cinéaste tel que
Sergueï Eisenstein (1898- 1948) fut ainsi tour à tour portée aux nues par Staline, puis censurée.
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