LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE Le courant du Labrador Aperçu général Dans cette leçon, les élèves étudient les caractéristiques du courant du Labrador et : son importance pour les poissons et les autres espèces marines ses influences sur le climat des régions côtières l’influence des variations et changements climatiques dans l’Arctique son impact sur Terre-Neuve-et-Labrador Niveau ciblé 9e à 12e année Durée Deux périodes au maximum Liens avec le programme d’études (Province et cours) Programme de Sciences humaines de la Fondation d’éducation des provinces atlantiques Objectif général du programme « Gens, lieux et environnement » Les élèves doivent être capables de démontrer leur compréhension des interactions qui existent entre gens, lieux et environnement Programme de 10e à 12e année, Terre-Neuve-et-Labrador, Géographie du Canada 1202 OGP 2.1.1 : Répartition générale des masses terrestres et des étendues d’eau qui constituent le paysage canadien OGP 2.1.2 : Les éléments des conditions météorologiques et climatiques et les différents types de climat au Canada OGP 2.1.3 : Interrelations naturelles dans certains écosystèmes du Canada et les caractéristiques typiques d’un environnement nordique OGP 2.1.5 : Exploitation des ressources dans l’environnement marin au Canada et problèmes posés par cette exploitation OGP 2.2.1 : Recueillir des données d’une variété de sources d’information, comme les cartes, globes terrestres, banques de données, journaux, magazines, cassettes vidéo et graphiques OGP 2.2.3 : Raisonnement convergeant et divergeant dans l’étude spatiotemporelle de phénomènes géographiques OGP 2.2.6 : Organiser l’information dans un format approprié Liens avec les Normes nationales canadiennes en géographie Élément essentiel No 1 : Monde et spatialité L’étude du courant du Labrador comprend sa situation géographique et l’utilisation de cartes, globes terrestres et atlas. Les projections de type conique Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 1 LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE sont les plus appropriées pour cette étude. La leçon comprend également l’étude de la situation géographique des communautés côtières par rapport au courant du Labrador et l’affectation des ressources marines. Élément essentiel No 2 : Lieux et régions Le courant du Labrador constitue le facteur physique dominant sur la côte du Labrador et du nord-est de Terre-Neuve. Son interaction avec le Gulf-Stream au-dessus des Grands Bancs a constitué la base de l’industrie de la pêche qui a fait vivre la plus grande partie de Terre-Neuve et a exercé un impact sur les sociétés établies tout autour du littoral de l’Atlantique nord en interdépendance depuis plus de 500 ans. Le courant du Labrador façonne l’identité sociale et culturelle de toutes les communautés, d’Iqaluit à Fortune. Les changements intervenus dans les pêcheries dépendantes du courant du Labrador, dus aux activités humaines tout autant qu’aux variations climatiques, ont eu et continuent d’exercer un impact socio-économique considérable. L’étude du courant du Labrador implique des analyses à l’échelle locale (la communauté), régionale (le littoral de Terre-Neuve-et-Labrador), nationale et hémisphérique. Élément essentiel No 3 : Systèmes physiques Le courant du Labrador constitue un élément clé de l’environnement physique du nord-est du Canada. Il est lié au système global des courants marins qui, à son tour, est lié aux systèmes atmosphériques et climatiques. La mer du Labrador et les Grands Bancs constituent des régions biogéographiques importantes et distinctes, influencées par les Oscillations nord-atlantique et arctique, semblables à El Niño. Élément essentiel No 4 : Systèmes humains Le courant du Labrador a un impact sur les communautés de Terre-Neuve-etLabrador qui dépendent de la pêche. Son importance dans le commerce du poisson dans toute la région septentrionale de l’Atlantique nord constitue un exemple du concept d’interdépendance économique à l’échelle globale. Élément essentiel No 5 : Environnement et société L’impact des changements climatiques sur le courant du Labrador provoque des changements dans le climat des communautés littorales et dans l’habitat marin. Il offre ainsi un exemple de changements de l’environnement humain qui résultent de changements intervenus dans l’environnement physique. Ce qui débouche sur les concepts de durabilité et de gestion des ressources. Élément essentiel No 6 : Utilisations de la géographie L’étude du courant du Labrador représente un exemple de la valeur d’une analyse régionale dans le contexte de la région nord-atlantique dans son ensemble. Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 2 LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE Habiletés géographiques : Poser des questions géographiques L’étude du courant du Labrador implique la formulation de questions géographiques à plusieurs niveaux, du niveau purement descriptif et de situation géographique jusqu’aux processus marins, en passant par l’impact des activités humaines (par exemple la pêche), l’influence des changements climatiques naturels ou provoqués par l’activité des humains et l’adaptation du système, et la réponse des humains et de la communauté à l‘environnement naturel et leur interaction avec ce dernier. La réponse à ces questions exige des élèves qu’ils recueillent, organisent et évaluent l’information géographique contenue dans cette leçon, tout autant que l’information qu’ils auront recueillie dans d’autres sources. Ressources supplémentaires, matériel et équipement Photographies d’icebergs Atlas et cartes couramment utilisés en classe Carte détaillée du Labrador, carte topographique de Terre-Neuve, cartes bathymétriques Objectif général Comprendre les caractéristiques du courant du Labrador Comprendre les interactions qui existent entre le courant et d’autres éléments de l’environnement physique Comprendre l’impact socio-économique et culturel du courant du Labrador Objectifs spécifiques En plus d’atteindre les objectifs définis ci-dessus, les élèves peuvent utiliser les mêmes techniques analytiques pour comprendre les caractéristiques, l’impact, l’influence et l’importance d’un autre courant marin n’importe où dans le monde Comprendre l’interaction qui existe entre les concepts biophysiques et socio-économiques Comprendre que les concepts présentés dans le dépliant Oceans for Life peuvent s’appliquer à n’importe quel environnement marin Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 3 LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE Leçon Enseignant(e) Comme dans tous les bassins océaniques, l’eau du nordouest de l’Atlantique Nord circule à grande vitesse. Les eaux de surface subissent en effet principalement l’influence des vents et des gradients de pression sur la surface de la mer. Elève Repérer sur la carte : L’Atlantique Nord Introduction Dans l’Atlantique Nord, le Gulf-Stream est le courant le plus puissant et le mieux délimité. En progressant dans l’Atlantique Nord, le Gulf-Stream se divise en plusieurs courants. La branche principale, appelée courant de Norvège, se dirige vers le nord le long de la côte ouest de l’Irlande, de l’Écosse et de la Norvège. Dans son mouvement de déplacement vers le nord, le courant de Norvège est graduellement détourné vers l’ouest à travers la mer de Barents et le long de la côte du Kalaallit Nunaat (Groenland). Ce courant circule le long de la côte est du détroit de Davis et de la baie de Baffin jusqu’au 75°N (une région appelée « les eaux du Nord »). Alimentée par l’eau froide et douce provenant des glaciers du Kalaallit Nunaat, le courant vire vers le sud le long du Labrador et de la côte est de Terre-Neuve et prend le nom de courant du Labrador. Il continue vers le sud le long de la péninsule d’Avalon jusqu’aux Grands Bancs, où il se mélange au Gulf-Stream. Repérer sur la carte : La route du Gulf-Stream : au large de la Floride, de la Caroline du Nord, au sud de l’île de Sable, au sud des Grands Bancs. Calculer combien de temps une molécule d’eau partie de Miami mettrait pour se rendre aux Grands Bancs poussée par le Gulf-Stream. Repérer sur la carte : l’Irlande, l’Écosse, la Norvège, la mer de Barents, le Kalaallit Nunaat, le détroit de Davis, la baie de Baffin. Repérer sur la carte : La route du courant du Labrador du cap Chidley vers le sud jusqu’aux Grands Bancs. Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 4 Développement LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE Des courants marins de notre planète, le courant du Labrador n’est pas le plus puissant, le plus vaste ni le plus rapide. Il pousse vers le sud quelque 6 millions de m3/s, ce qui représente environ 10 % de son volume total. La largeur de la bande de courant la plus rapide varie de 10 à 20 km. Calculer combien de temps une molécule d’eau met pour se rendre de Nain au cap St. Francis, poussée par le courant du Labrador. La lenteur de déplacement du courant est due en partie à la zone de basse pression située au-dessus de la baie de Baffin et au sud du Kalaallit Nunaat (la dépression d’Islande). Comme le courant du Labrador se dirige vers le sud et s’éloigne de la zone de basse pression, il doit lutter contre le gradient de pression atmosphérique. Émettre des hypothèses sur les variations qui pourraient affecter le courant du Labrador d’une année à l’autre. Le système de dépression s’intensifie certaines années et s’affaiblit à d’autres. Ce processus cyclique est connu sous le nom d’Oscillation nord-atlantique, semblable au cycle de El Niño/La Niña). Une phase d’oscillation positive (gradient de pression élevé) entraîne des vents plus violents du nord-est qui soufflent vers le littoral, et un affaiblissement du courant du Labrador. Nous sommes dans la phase positive du cycle d’oscillation depuis la fin des années 1980. Le long du courant, la température de surface augmente du nord au sud. En août, la température de surface au large de Nain se situe aux alentours de 5-6ºC, s’élevant jusqu’à 12-13°C au large du cap Race. (La température de l’eau froide coulant du robinet se situe généralement entre 15°C et 20ºC.) La quantité de sel contenue dans l’eau de l’océan est fonction de la température. L’eau froide ne peut pas contenir autant de sel que l’eau chaude (tout comme le café froid ne peut pas contenir autant de sucre que le café chaud). D’une façon générale, le courant du Labrador a une teneur en sel (salinité) de 32 parties par millier (c’està-dire 32 g de sel par kg d’eau). La productivité biologique s’accroît dans les zones où un courant froid (comme le courant du Labrador) rencontre un courant chaud (comme le Gulf-Stream, dont la température normale au mois d’août est de 17°C sur les Grands Bancs). Cette rencontre des eaux chaudes et froides entraîne un brassage important (mouvement ascendant de l’eau chaude et descendant de l’eau froide), de sorte que les éléments nutritifs sont répartis de façon égale dans la colonne d’eau au-dessus des Grands Bancs peu profonds et du cap Flemish. C’est la principale raison pour laquelle ces deux zones comptent parmi les plus riches du monde pour la pêche. Ajouter du sel dans un litre d’eau jusqu’à ce que le sel n’arrive plus à se dissoudre. Comparer la quantité de sel qu’on peut dissoudre dans l’eau froide à celle qui peut être dissoute dans l’eau chaude. Repérer sur la carte : Le cap Chidley, Hebron, Nain, Hopedale, Makkovik. La glace de mer atteint sa plus vaste superficie et épaisseur au début février, où elle s’étend à plus de 1000 km au large de Nain de Hebron. Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 5 LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE Au printemps, dans le nord, la glace de mer se retire vers la côte, mais s’allonge au sud, de sorte qu’à la fin mars, elle s’étend sur plus de 800 km au large de Hopedale et Makkovik. Quelque 2000 icebergs doublent chaque année le cap Chidley. Leur nombre augmente lentement à cause de la fonte graduelle des glaciers de l’île de Baffin et du Kalaallit Nunaat. Développement (suite) Le changement graduel et continue des conditions climatiques résulte dans la fonte des glaciers du Kalaallit Nunaat ce qui augmente le nombre d’icebergs et la quantité d’eau froide dans le courant du Labrador, provoquant son refroidissement. C’est ainsi que l’une des conséquences du réchauffement de la planète est le refroidissement du courant du Labrador et l’abaissement de son niveau de salinité. Le réchauffement de la planète augmente également le nombre des icebergs et la formation de glace de mer temporaire le long des côtes du Labrador et du nord-est de Terre-Neuve. Les vents dominants le long des côtes du Labrador et de Terre-Neuve soufflent en direction ouest (du sud-ouest). Comme, au Labrador, les vents soufflent de la terre vers la mer, ils amènent des masses d’air sec de l’intérieur du continent nord-américain sur les côtes du Labrador. C’est pourquoi l’influence du courant du Labrador sur le climat de la côte du Labrador se limite à une étroite bande littorale. Le courant froid du Labrador qui se déplace le long des côtes refroidit les zones côtières exposées. On trouve des différences locales de « continentalité » entre les sites côtiers exposés (par exemple Battle Harbour) et les sites plus abrités (comme Port Hope Simpson). L’Oscillation nord-atlantique a pour effet d’intensifier les différences saisonnières lorsqu’elle est en phase positive. Ce qui veut dire que les vents du nord-est (qui soufflent de la mer vers la terre) sont plus forts, augmentant ainsi la hauteur des vagues et la violence des tempêtes côtières. Les changements climatiques et de la température des eaux ont un impact sur les poissons et mammifères marins surtout parce qu’ils provoquent des changements dans la répartition des espèces dont ils se nourrissent. Les phoques sont moins touchés que les baleines et les morses. Si, dans le nord du Labrador, la glace de mer se retirait plus tôt en été, quelles en seraient les conséquences sur le littoral ? Quels changements les populations locales remarqueraient-elles ? Comment leur vie en serait-elle changée ? Étudier des photographies d’icebergs. À quoi les icebergs peuvent-ils servir? Devrait-on exploiter les icebergs pour en retirer des bénéfices économiques ou devrait-on les laisser tranquilles pour que les touristes puissent venir les admirer ? Combien de temps un glaçon met-il pour fondre sous l’eau du robinet ? Étudier une carte de Terre-Neuve-etLabrador. Expliquer les effets combinés des vents dominants, des monts Torngat et du courant du Labrador sur le climat de la côte du Labrador. Sur l’île de Terre-Neuve, on ne trouve pas de vastes montagnes pour bloquer les vents dominants du sudouest. Mais les vents du nord-est y sont plus fréquents. Cette situation permet-elle au courant du Labrador d’exercer une influence plus grande sur le littoral de Terre-Neuve que sur les côtes du Labrador ? Quel impact les changements dans les espèces de poissons ont-ils sur la population ? Quelles options restent à la disposition des communautés qui vivent de la pêche, des pêcheurs, des pêcheries et des gestionnaires gouvernementaux des pêcheries ? Quelles espèces seront favorisées par les changements climatiques ? Sur quelles espèces auront-ils des conséquences négatives ? Étudier les profondeurs indiquées sur une carte bathymétrique. Quelles pourraient être les conséquences sur des espèces particulières de baleines ou sur les morses ? Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 6 LE COURANT DU LABRADOR Conclusion Résumer les points les plus importants. Amorcer une discussion sur l’importance des ressources marines pour les communautés et pour la région (et les régions plus étendues.) TERRE-NEUVE – SECONDAIRE Participer à une discussion sur tous les sujets ci-dessus ou sur ceux soulevés dans la Conclusion. Amorcer une discussion sur l’importance relative du climat et des activités humaines sur les pêcheries du courant du Labrador. Enrichissement Chacun des concepts présentés dans cette leçon peut faire l’objet d’une étude plus approfondie, en ciblant la situation locale ou en poussant les recherches plus avant. Effectuer des recherches sur Battle Harbour, Black Tickle, Mary’s Harbour, St. Lewis ou d’autres communautés littorales du Labrador qui ont vécu la « transhumance ». Pouvez-vous penser à d’autres types de communautés qui ont vécu la « transhumance » au cours de leur histoire ? Les ramifications à l’échelle de l’hémisphère peuvent faire l’objet d’une étude plus poussée (par exemple quel impact la réduction du nombre de poissons d’eau salée du courant du Labrador a-t-elle en Jamaïque ou en République dominicaine ? Quel rôle les fluctuations de la force du courant du Labrador ont-elles joué dans l’importance de Terre-Neuve et de la région atlantique dans l’Atlantique Nord ?) Analyser un autre courant marin dans une autre partie du monde dans une étude similaire ou comparée. Les élèves créent des affiches, montent une exposition ou rédigent des essais. Partir de la leçon pour se livrer à des recherches historiques. Évaluation Présentation d’affiches, expositions ou essais. Cartes documentaires en réponse aux sujets de discussion énumérés plus haut. Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 7 LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE Le courant du Labrador Fiche de l’enseignant(e) Le courant du Labrador pousse chaque seconde 55 à 60 millions de mètres cubes d’eau à travers l’océan Atlantique, d’ouest en est. (Une baignoire ordinaire contient environ 0,25 m3 d’eau.) La largeur du GulfStream varie de 50 à 75 km, et sa vitesse maximale atteint 15 km/h. Le courant du Labrador se déplace à 0,4 km/h à Nain, à 1 km/h au détroit de Belle Isle, et à 2-3 km/h au cap Race. Il compte parmi les courants mains les plus lents. (Les homards se déplacent plus vite que le courant du Labrador. 1 km/h = 1000 m/h = 16.7 m/minute. C’est-à-dire 30 secondes environ pour traverser une salle de classe ordinaire). En juillet, la glace s’est éloignée suffisamment du cap Chidley pour laisser passer les navires chargés de céréales en provenance de Churchill (Manitoba). La glace dans la mer du Labrador et le détroit d’Hudson pose davantage de problèmes aux opérations portuaires de Churchill que la glace dans la baie d’Hudson. Presque chaque année, la glace rend la navigation impossible autour du cap Chidley à partir de la mi-septembre. Un iceberg de 40 m de haut au-dessus de la surface de la mer et de 100 m de longueur (ce qui représente un volume de 2 millions de m3, une masse de 10 millions de tonnes, ou quelque 9 millions d’automobiles) fond complètement en 15 jours dans des eaux à 4°C. Les gros icebergs de cette taille comptent pour environ 20 % du nombre d’icebergs au large du cap Chidley, 10 % de ceux situés au large de Makkovik, 5% de ceux situés au large du détroit de Belle Isle et moins d’un sur 2000 icebergs qui passent devant Twillingate. Un bourguignon moyen fond en moins de 5 jours dans des eaux à 4°C. Moins de 10 % des icebergs qui doublent le cap Chidley atteignent le détroit de Belle Isle, et moins d’un sur 1000 se rend jusqu’à Bonavista. Jusque dans les années 1960, une bonne partie de la population passait l’été dans les communautés littorales libres de glaces pour vivre de la pêche, puis se retirait à l’intérieur des terres en hiver, pour se protéger et avoir sous la main de plus abondantes ressources de bois et d’eau potable. Ce phénomène s’appelle la « transhumance ». Toutes les espèces doivent pouvoir survivre dans des eaux froides et à relativement faible taux de salinité. Le hareng de l’Atlantique, par exemple, peut survivre dans des zones aussi septentrionales que le cap Chidley, mais se retire vers le sud durant les années froides (par exemple 1989-1992). Le refroidissement attendu du courant du Labrador, causé par la fonte progressive des glaciers du Kalaallit Nunaat entraînera une diminution des stocks de hareng. Pour se reproduire, le capelan demande des eaux dont la température se situe entre 5ºC et 8ºC. Le capelan de la mer du Labrador et des Grands Bancs constitue une population biologique unique et ne se mélange pas Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 8 LE COURANT DU LABRADOR TERRE-NEUVE – SECONDAIRE avec les autres espèces qui vivent le long de la côte ouest du Kalaallit Nunaat. Le refroidissement attendu des eaux pourrait également réduire les stocks de capelan. Les pêcheries de morue, situées à terre ou près des côtes, qui exploitaient les populations du courant du Labrador (morue nordique) pêchaient des poissons adultes qui se dirigeaient vers le sud en suivant le courant du Labrador et ne revenaient pas avant d’avoir atteint leur maturité (8 à 12 ans). Limiter la pêche aux spécimens adultes assurait la conservation des stocks. Cependant, l’introduction du chalutage et du dragage a permis d’attraper des morues de tous âges pendant toute l’année, provoquant une chute abrupte des stocks. L’églefin, la goberge, la plie grise, la limande à queue jaune et le thon ne se trouvent que dans la partie sud du courant du Labrador. Un refroidissement des eaux repoussera toutes ces espèces plus au sud. La plie et le flétan vivent à des profondeurs de 70 à 90 brasses (140 à 180 m) au sud de Nain et de Cartwright, respectivement. Le turbot se retrouve dans toute la région. Cette espèce vit dans des eaux à température sensiblement constante, de sorte qu’elle sera moins touchée par les changements climatiques. On trouve à Terre-Neuve-et-Labrador une population de quelque 2 millions de phoques du Groenland. D’autres espèces de phoques comptent environ 600 000 spécimens, selon les estimations des scientifiques. Le morse peut descendre vers le sud jusqu’à Nain. Un mâle adulte peut atteindre 3 m de long, peser 900 kg et vivre jusqu’à 25 ans. Il consomme jusqu’à 3000 palourdes par jour. Dans les régions touchées par le courant du Labrador, on trouve de nombreuses espèces de baleines, comme la baleine à bec commune, le cachalot, le béluga, l’épaulard, le narval, le dauphin pilote, le petit rorqual et les rorquals boréal, bleu et à bosse. Le Conseil canadien de l’enseignement de la géographie (www.ccge.org) La Société canadienne de météorologie et d’océanographie 9