Collecte et transport des prélèvements pour la recherche d`une

Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1987, 6 (1), 251-261.
Collecte et transport des prélèvements pour
la recherche d'une infection vésiculeuse virale
R.P. KITCHING et A.I. DONALDSON*
Résumé : Les auteurs décrivent les méthodes recommandées pour l'expédition
de prélèvements au Laboratoire mondial de Référence de Pirbright en vue de
la recherche d'une infection vésiculeuse virale. L'isolement d'un virus peut
être réalisé sur des échantillons d'épithélium, de liquide vésiculeux, de sang
total additionné d'anticoagulant, de sperme ou sur des prélèvements par
curette pharyngienne (probang). Des prélèvements de sérum peuvent être
expédiés pour l'évaluation des titres d'anticorps vis-à-vis d'un virus agent de
maladie vésiculeuse. L'accent est mis sur la sécurité de l'emballage des prélève-
ments et les conditions dans lesquelles ils doivent être conservés de manière à
garantir l'obtention d'un résultat satisfaisant.
MOTS-CLÉS : Aphthovirus - Instituts de recherche - Maladies virales -
Manipulation des prélèvements - Standardisation - Techniques de diagnostic -
Virus de la maladie vésiculeuse du porc - Virus de la stomatite vésiculeuse.
INTRODUCTION
En 1958, à la suite de négociations entre le Gouvernement du Royaume-Uni et
l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), l'Ins-
titut de recherches sur les Maladies animales virales de Pirbright, dont le nom a été
changé en 1963 en celui d'Institut de recherches sur les Virus animaux, a été désigné
comme le Laboratoire mondial de Référence pour la Fièvre aphteuse. Par la suite,
en 1960, l'Office International des Epizooties l'a également reconnu comme Labo-
ratoire mondial de Référence pour la Fièvre aphteuse.
Le Laboratoire mondial de Référence a pour tâche primordiale l'analyse des
prélèvements recueillis dans des foyers de maladies vésiculeuses pour déterminer si
leur agent est le virus aphteux ou un virus responsable d'une des autres maladies
vésiculeuses (maladie vésiculeuse du porc, stomatite vésiculeuse). De ce fait, le
Laboratoire possède et entretient actuellement la collection la plus complète de
virus responsables d'infections vésiculeuses, et notamment de souches du virus aph-
teux, en provenance du monde entier. Des antisérums de référence vis-à-vis d'un
grand nombre de ces souches virales sont disponibles et peuvent être fournis à
d'autres laboratoires pour leur permettre d'identifier les souches virales isolées dans
leur pays. Depuis sa création en 1958, le Laboratoire mondial de Référence a reçu
plus de 14 200 prélèvements envoyés pour diagnostic par plus de 98 pays.
Ce service de diagnostic des maladies vésiculeuses des animaux est assuré gratui-
tement pour les Pays Membres de la FAO. Les résultats des examens leur sont noti-
* Laboratoire mondial de Référence pour la Fièvre aphteuse, Institut de recherches sur les maladies
animales. Laboratoire de Pirbright, Ash Road, Pirbirght, Woking, Surrey GU24 ONF, Royaume-Uni.
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fiés rapidement, en général par télex. La FAO en est également informée de façon
régulière. Ces informations sont aussi transmises à l'OIE qui les diffuse à ses Pays
Membres.
Les souches de virus aphteux rassemblées au Laboratoire mondial de Référence
représentent une collection précieuse des différentes souches, passées et présentes,
de ce virus, permettant d'identifier rapidement les souches vaccinales appropriées
pour combattre les foyers de la maladie. Le Laboratoire fournit aussi des données
épidémiologiques sur le risque de diffusion de la maladie dans une région et peut
avertir les pays qui vaccinent contre la fièvre aphteuse de l'émergence à leur voisi-
nage de souches nouvelles contre lesquelles leurs programmes de vaccinations systé-
matiques ne procurent pas une protection adéquate. Il peut aussi avertir les pays qui
ne pratiquent pas normalement la vaccination de toute menace visant directement
leur cheptel.
En outre, le Laboratoire mondial de Référence peut rechercher dans les sérums
la présence d'anticorps vis-à-vis de la fièvre aphteuse, de la maladie vésiculeuse du
porc et de la stomatite vésiculeuse, pour déterminer si des animaux destinés aux
échanges internationaux sont ou non indemnes d'une de ces infections. Des prélève-
ments par curette pharyngienne (probang) ainsi que des prélèvements de semence
peuvent être analysés pour la recherche du virus aphteux. Toutefois, l'analyse des
sérums, de la semence et des prélèvements par probang se fait à titre payant.
Cet article a pour objet d'actualiser les procédures antérieurement décrites par
Brooksby, Davie et Hedger (1) pour l'envoi de prélèvements soupçonnés de conte-
nir le virus d'une infection vésiculeuse et de prélèvements de sérum au Laboratoire
mondial de Référence, ainsi que d'apporter une réponse aux nombreuses personnes
qui ont demandé au Laboratoire une description détaillée de la meilleure façon
d'expédier les prélèvements, à la fois pour garantir un résultat satisfaisant et pour
minimiser les risques associés au transport de matériel infectieux.
CONDITIONS REQUISES ESSENTIELLES
POUR TOUS LES PRÉLÈVEMENTS
L'envoi de produits pathologiques et de produits biologiques au Laboratoire
mondial de Référence, qu'il soit fait en provenance du Royaume-Uni ou d'un autre
pays,
doit respecter les règles spéciales de conditionnement stipulées pour les matiè-
res biologiques périssables par la Convention Postale Universelle établie par
l'Union Postale Universelle (Article 1.3.6.3. Mesures concernant le transport inter-
national des produits pathologiques et des produits biologiques). Les compagnies
aériennes qui transportent des produits pathologiques et des produits biologiques
peuvent avoir elles aussi leurs propres exigences qui doivent être consultées avant
l'expédition.
Ces réglementations sont destinées à prévenir les fuites de produits ainsi expé-
diés et la contamination qui pourrait en résulter, mais elles ne sont pas moins
importantes pour aider à faire en sorte que les prélèvements arrivent dans un état
satisfaisant au laboratoire qui doit les analyser. Un prélèvement mal conditionné ou
identifié n'est pas seulement contraire à la loi ; il peut aussi entraîner des désagré-
ments et une perte de temps considérables à la fois pour les personnes chargées de
leur collecte et expédition, et pour le personnel du Laboratoire mondial de Réfé-
rence.
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Les principes de base sont les suivants : un prélèvement doit être frais, placé
dans un récipient approprié (contenant un milieu de transport, si nécessaire) et
enfermé de façon sûre dans un emballage résistant comportant au moins deux réci-
pients étanches superposés. Le récipient intérieur doit porter une étiquette décrivant
le prélèvement et indiquant son origine (Fig. 1). L'emballage extérieur doit porter
l'adresse du Laboratoire mondial de Référence, indiquer que le paquet contient des
produits pathologiques, qu'il est fragile, et comporter des instructions sur la tempé-
rature à laquelle il doit être maintenu.
INSTRUCTIONS POUR LA COLLECTE ET LE CONDITIONNEMENT
DES PRÉLÈVEMENTS
Les prélèvements appropriés pour l'isolement du virus sont l'épithélium et le
liquide provenant des vésicules rupturées ou non (par exemple, un minimum de
2 cm2 de tissu frais d'un animal provenant de zones récemment atteintes), le sang
total avec anticoagulant, la semence et les prélèvements recueillis par probang. Les
sérums ne devraient être expédiés que pour l'évaluation des taux d'anticorps vis-à-
vis de ces virus. Des tissus tels que les muscles et les ganglions lymphatiques d'ani-
maux infectés peuvent contenir du virus, mais le pouvoir infectant de celui-ci peut
être insuffisant pour isoler le virus et identifier l'antigène par les méthodes in vitro
et, les résultats négatifs pouvant être trompeurs, ces prélèvements ne sont pas
acceptés pour l'analyse.
ÉPITHÉLIUM OU LIQUIDE VÉSICULEUX
Collecte
Les prélèvements doivent être mis en suspension dans un mélange à parties éga-
les de glycérine et de tampon phosphate 0,04 M de pH 7,2-7,6 (Annexe 1), de préfé-
rence avec addition d'antibiotiques (Annexe 2). Il peut y avoir une perte considéra-
ble de pouvoir infectant si les prélèvements sont expédiés dans un tampon dont le
pH n'est pas compris dans ces limites.
Conditionnement (Fig. 1)
En commençant par le récipient intérieur, la procédure recommandée pour con-
ditionner les prélèvements est décrite ci-dessous. D'autres méthodes d'emballage
sont acceptables si elles procurent une sécurité égale contre le bris et/ou les fuites.
1.
Il faut utiliser un récipient en verre solide avec un couvercle en métal à vis,
muni d'une rondelle ou d'un bouchon robuste en caoutchouc. Le meilleur récipient
de ce type est le flacon Universal de 20 ml. Il faut entourer le couvercle de ruban
adhésif pour prévenir les fuites de liquide.
2.
Des indications suffisantes pour l'identification du produit doivent être por-
tées sur un adhésif imperméable à l'eau, fixé sur le flacon. L'extérieur de celui-ci
doit ensuite être désinfecté avant de poursuivre les opérations.
3.
Le flacon doit être enveloppé dans une matière absorbante, coton hydrophile,
flanelle de coton ou papier gaufré, disposée de façon à en protéger le haut, le bas et
les côtés. L'empaquetage du flacon dans les différents récipients doit être réalisé
dans un environnement propre.
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FIG. 1
Récipients dont l'emploi est recommandé pour le conditionnement
des prélèvements d'épithélium, de liquide vésiculeux, de sang total ou de sérum
4.
Le flacon ainsi enveloppé doit être placé dans un récipient en métal dont il
occupera toute la capacité. Si la collecte est faite loin du lieu d'expédition par air, le
prélèvement doit être maintenu réfrigéré. Ce récipient doit lui aussi être étiqueté.
5.
Le récipient en métal doit être étanche et muni, de préférence, d'un couvercle
à vis et d'une rondelle de caoutchouc. Si on ne dispose pas d'un tel récipient, on
doit utiliser une boîte en fer-blanc avec un couvercle très ajusté pouvant être soudé.
6. Le récipient en métal doit être placé dans un emballage extérieur solide pour
éviter les déformations. Un tube en carton fort fermé par un couvercle en métal à
chaque extrémité est préférable, mais une boîte en bois avec un couvercle en métal
est également satisfaisante.
7.
Le papier d'emballage doit être robuste, maintenu par un ruban adhésif ou
ficelé et les étiquettes doivent être claires et conformes aux Réglementations des
Transports Internationaux.
8. Renseignements à porter sur l'étiquette :
PRODUITS PATHOLOGIQUES SANS VALEUR COMMERCIALE
World Reference Laboratory for Foot-and-Mouth Disease, Institute for Animal Disease
Research, Pirbright Laboratory, Ash Road, Pirbright, Woking, Surrey GU24 ONF
GRANDE-BRETAGNE.
PÉRISSABLE FRAGILE
DOIT ÊTRE RÉCEPTIONNÉ A L'AÉROPORT PAR LE DESTINATAIRE
CONSERVER AC
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SANG TOTAL
Collecte
Les prélèvements de sang doivent être recueillis de façon stérile et mélangéss
que possible à l'anticoagulant héparine, à raison de 0,1-0,2 mg par ml de sang total.
On peut aussi utiliser comme anticoagulant le Séquestrène EDTA, à raison de 30 mg de
Séquestrène EDTA dans 1 ml d'une solution aqueuse de chlorure de sodium à
0,7 %, par 20 ml de sang total. Le prélèvement doit être conservé àC jusqu'à son
expédition au Laboratoire mondial de Référence.
Conditionnement
Mêmes opérations que celles décrites pour les prélèvements d'épithélium ou de
liquide vésiculeux.
PRÉLÈVEMENTS RECUEILLIS PAR PROBANG
Collecte
Avant le prélèvement, 2 ml de tampon phosphate 0,08 M* contenant 0,01%
d'albumine sérique bovine, 0,002% de rouge de phénol et des antibiotiques ajustés
à un pH de 7,2 (Annexe 3) doivent être versés dans un flacon « bijou » ou un réci-
pient similaire pour chacun des animaux devant faire l'objet du prélèvement. Cha-
que flacon « bijou » doit être identifié par une étiquette imperméable à l'eau.
Une fois recueilli, le prélèvement doit être versé directement de la cupule « pro-
bang » dans un flacon à large goulot, par exemple un flacon Universal de 20 ml, et
examiné à l'œil nu pour juger de sa qualité. Deux ml, qui doivent contenir un cer-
tain nombre de cellules visibles, seront alors versés dans le flacon « bijou » préparé
à l'avance et contenant un volume égal de tampon, auquel ils seront soigneusement
mélangés en les agitant doucement. Le pH final d'un prélèvement normal ainsi
traité doit être de ± pH 7,6.
Les prélèvements recueillis sur certains animaux peuvent être fortement conta-
minés par le contenu du rumen. Ces prélèvements doivent être rejetés et la bouche
de l'animal rincée avec de l'eau ou du sérum physiologique avant de procéder à un
nouveau prélèvement.
Les prélèvements recueillis sur les moutons ont tendance à être peu abondants,
mucoïdes, et difficiles à détacher de la curette. La méthode la plus simple consiste à
placer directement la cupule « probang » dans un flacon Universal jetable de 20 ml
ou un récipient similaire dans lequel on aura versé trois ml de la solution tampon.
On agite alors la curette dans la solution tampon pour détacher le prélèvement de la
cupule, après quoi on versera le prélèvement et le tampon dans un flacon « bijou »
étiqueté à l'avance en vue du transport.
Entre les prélèvements sur chaque animal, les curettes doivent être désinfectées
dans un seau contenant une solution de Na2 CO3 à 4% ou d'acide citrique à 0,2%.
* A la place du tampon phosphate, un milieu pour culture de tissu (par exemple le MEM de Eagle
ou le LYH de Earle) contenant 0,04 M de tampon HEPES, a été également reconnu satisfaisant.
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