Marqueurs prédictifs de la sensibilité et de la résistance aux anti-HER dans le cancer du poumon Marqueurs prédictifs de la sensibilité et de la résistance aux anti-HER dans le cancer du poumon Predictive markers of susceptibility and resistance to anti-HER in lung cancer Jacques Cadranel1, 2, Michèle Beau-Faller3, 4, Anne-Marie Ruppert1, 2, Martine Antoine2, 5, Roger Lacave2, 6, Marie Wislez1, 2 devient un oncogène pulmonaire par acquisition d’une mutation activatrice. La présence d’une mutation activatrice de l’exon 19 ou 21 est associée à une sensibilité accrue aux inhibiteurs de l’activité tyrosine kinase (ITK) de l’EGFR, le géfitinib et l’erlotinib. La technique de référence pour la détection de ces mutations est le séquençage, mais des techniques ciblées plus sensibles ont été développées. Les patients dont la tumeur exprime une mutation de sensibilité aux ITK de l’EGFR peuvent bénéficier du géfitinib ou de l’erlotinib dès la première ligne de traitement. Vingt à 30 % des malades vont présenter une résistance primaire dans les premières semaines de traitement et les autres développer une résistance secondaire, survenant dans les 9 à 12 mois après le début du traitement dans 50 % des cas. À ce jour, les mécanismes de résistance primaire sont mal connus, et 4 grands mécanismes ont été décrits en cas de résistance secondaire : la sélection d’une mutation de résistance de l’EGFR ; l’amplification d’un récepteur transmembranaire pour un autre facteur de croissance ; l’apparition d’altérations moléculaires dans la signalisation d’aval ; le phénomène de transition épithéliomésenchymateux ou même une transformation histologique. La connaissance de ces mécanismes moléculaires est à la base de la bonne utilisation des anti-HER dans le cancer du poumon d’aujourd’hui et de demain. Mots-clés : Cancer bronchique – Pronostic – Prédictif – Biomarqueur – Récepteur tyrosine kinase – Inhibiteur de tyrosine kinase – Géfitinib – Erlotinib. A vec environ 35 000 nouveaux cas par an en France, le cancer du poumon est le quatrième cancer en termes de prévalence, mais le premier en termes de mortalité, avec moins de 15 % de malades encore vivants à 5 ans (1). Le principal facteur de risque est le tabac, mais environ 20 % des cancers du poumon surviennent chez des personnes non fumeuses. Summary RÉSUMÉ » Le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) After mutation, the epidermal growth factor receptor (EGFR) becomes oncogenic for the lung. The presence of an activating mutation in exon 19 or 21 is associated with increased sensitivity to inhibitors of the EGFR tyrosine kinase function (EGFR-TKI), gefitinib and erlotinib. The reference technique for the detection of these mutations is the sequencing, but more sensitive techniques are used. Patients whose tumor expresses an EGFR activating mutation may benefit from gefitinib or erlotinib as first-line treatment. About 20 to 30% of patients will nevertheless have a primary resistance during the first weeks of treatment and the others will develop secondary resistance occurring in 50% of cases after 9 to 12 months of treatment. To date, the mechanisms of primary resistance are poorly understood and 4 major mechanisms of secondary resistance are described: selection of a resistance mutation of EGFR gene; amplification of a trans-membrane receptor for another growth factor; occurrence of molecular alterations in the downstream signaling pathway; the epithelial mesenchymal transition phenomenon and even a histological transformation. Knowledge of these molecular mechanisms is the basis for the proper use of anti-HER therapy today and tomorrow in lung cancer. Keywords: Lung cancer – EGFR – Prognosis – Predictive – Biomarker – Tyrosine kinase receptor – Tyrosine kinase inhibitor – Gefitinib – Erlotinib. Service de pneumologie et réanimation, hôpital Tenon, Assistance publique-Hôpitaux de Paris. 2 Équipe de recherche 2 et GRC-UPMC 04 Theranoscan, université Pierre-et-Marie-Curie, université Paris-VI. 3 Laboratoire de biochimie et biologie moléculaire, hôpital de Hautepierre, hôpitaux universitaires de Strasbourg. 4 EA 4438, faculté de médecine, université de Strasbourg. 5 Service d’anatomie pathologique, hôpital Tenon, Assistance publique-Hôpitaux de Paris. 6 Service de cytologie et biologie tumorale, hôpital Tenon, Assistance publique-Hôpitaux de Paris. 1 Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 73 dossier thématique On distingue 2 grands types histologiques : les cancers bronchiques à petites cellules (CBPC) [environ 15 % des cas], développés aux dépens des cellules du système neuroendocrine associé aux muqueuses, et les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) [85 % des cas], développés, quant à eux, aux dépens de l’épithélium de revêtement des bronches, des glandes bronchiques et des cellules bronchioloalvéolaires (2). Les CBNPC se divisent à leur tour en 3 grands types histologiques : les adénocarcinomes, les carcinomes A B C D Marqueurs prédictifs de sensibilité et de résistance aux anti-HER épidermoïdes et les carcinomes à grandes cellules, mais des histologies composites ne sont pas rares. Les adénocarcinomes sont un groupe hétérogène au sein duquel on distingue plusieurs sous-types histologiques qui peuvent coexister dans la même tumeur (2). Jusqu’à présent, le traitement des CBNPC métastatiques reposait sur l’administration d’une chimiothérapie par un doublet à base de sels de platine, mais il a été révolutionné par le développement récent de molécules (inhibiteurs “-ib” ou anticorps “-mab”) ciblant la famille HER et en particulier HER1, ou récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) [3, 4]. En effet, 2 inhiteurs spécifiques de l’activité tyrosine kinase de l’EGFR (ITK de l’EGFR), le géfitinib (Iressa®) et l’erlotinib (Tarceva®), disposent d’une Autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement des CBNPC métastatiques. Tous deux ont une AMM en première ligne de traitement, restreinte exclusivement aux malades dont la tumeur porte une mutation de sensibilité aux ITK de l’EGFR ; seul l’erlotinib dispose d’une AMM en deuxième ligne de traitement ou plus, quels que soient le type histologique de CBNPC et le statut mutationnel de l’EGFR. L’EGFR et la famille HER dans le cancer du poumon E F Figure 1. Les outils d’analyse d’EGFR. A et B. L’immunohistochimie étudie l’expression protéique par un anticorps marqué dirigé contre la protéine EGFR totale ou contre la forme phosphorylée active de l’EGFR (Dr Martine Antoine, service d’anatomie pathologique, hôpital Tenon). C et D. L’hybridation in situ évalue le nombre de copies du gène (ADN) sur des cellules isolées ou des coupes de tissus. Différentes techniques sont disponibles, soit des sondes fluorescentes FISH (hybridation in situ en fluorescence), soit des sondes chromogéniques CISH (hybridation in situ par sonde chromogène) [Dr Martine Antoine, service d’anatomie pathologique, hôpital Tenon]. E et F. Le séquençage analyse les altérations de la séquence des bases codant le gène de l’EGFR (Virginie Poulot, ER-2 université Paris-VI) : • délétion de l’exon 19 ; • mutation ponctuelle : un nucléotide T est remplacé par un nucléotide G en position 2573 au niveau de l’exon 21. 74 Au niveau de l’appareil respiratoire normal, l’expression de l’EGFR est forte dans les cellules épithéliales bronchiques et modérée dans les cellules épithéliales alvéolaires (4). HER2, 3 et 4 sont également exprimés au niveau des cellules épithéliales du poumon normal. Expression de HER2 L’expression de HER2 étudiée par immunohistochimie (IHC) a été évaluée dans le cancer du poumon rapidement après l’utilisation du trastuzumab dans le cancer du sein. Cette expression est retrouvée dans 10 à 15 % des CBNPC et jusqu’à 30 % des adénocarcinomes. Elle serait associée à un mauvais pronostic. En revanche, une surexpression (3+) associée à une amplification du gène en hybridation in situ n’est retrouvée que dans environ 2 % des cas (5). Des mutations de HER2 (exon 20) ont également été décrites, dans moins de 2 % des CBNPC. Elles semblent plus fréquentes dans les adénocarcinomes, chez les non-fumeurs, les femmes et les personnes d’origine asiatique (6). Ces tumeurs semblent sensibles aux thérapies ciblant HER2, telles que le trastuzumab, le lapatinib ou l’afatinib, mais peut-être de manière différente en fonction du type d’anomalies moléculaires. Différentes études sont en cours dans cette indication. Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 Marqueurs prédictifs de la sensibilité et de la résistance aux anti-HER dans le cancer du poumon Site de fixation de l’EGF Exon 2 5 7 Présence de mutations de l’EGFR La présence de mutations de l’EGFR a été décrite par séquençage (figure 2) dès les premières années de l’utilisation des ITK de l’EGFR dans 10 à 30 % des populations non sélectionnées de CBNPC (9, 10). Ces mutations ont été retrouvées chez des malades présentant une réponse majeure aux ITK de l’EGFR. Les malades traités par ITK de l’EGFR présentent 2 profils évolutifs : soit une résistance primaire, soit une réponse majeure et prolongée suggérant un phénomène d’addiction oncogénique. Dans ce dernier cas, on observe, après Site de fixation de l’EGF TM 13 Tyrosine kinase 16 17 18-21 Mutations de résistance (5 %) Mutations de sensibilité 761 762 728 729 688 G719C G719S G719A V689M N700D E709K/Q S720P (< 1 %) 22-24 28 T790M (50 %)* D770_N771 (ins NPG) D770_N771 (ins SVQ) D770_N771 (ins G), N77IT V769L S7681 D761Y Exon 18 (région de fixation de l’ATP) Autophosphorylation Exon 19 ΔE746-A750 ΔE746-T751 ΔE746-A750 (ins RP) ΔE746-T751 (ins A/I) ΔE746-T751 (ins VA) ΔE746-S752 (ins A/V) ΔL747-E749 (A750P) ΔL747-A750 (ins P) ΔL747-T751 ΔL747-T751 (ins P/S) ΔL747-S752 ΔL747-752 (E746V) ΔL747-752 (P753S) ΔL747-S752 (ins Q) ΔL747-P753 ΔL747-P753 (ins S) ΔS752-I759 (5 %) Exon 20 V765A T783A (< 1 %) 875 Amplification du gène de l’EGFR L’amplification du gène de l’EGFR analysée par hybrida- tion in situ (figure 1) a été initialement associée à une augmentation de la sensibilité aux ITK de l’EGFR (3, 4). Aujourd’hui, il semble que cette amplification soit, dans la plupart des cas, un phénomène associé à la présence d’une mutation activatrice de l’EGFR, l’allèle amplifié étant le plus souvent l’allèle muté (3, 4). Ce test n’est donc pas utilisé en pratique pour guider le traitement par anti-EGFR. Il est néanmoins probable que, dans certains cas, la surexpression de l’EGFR résulte d’un phénomène exclusif d’amplification génique, dont l’impact thérapeutique reste imprécis. 823 824 Expression de l’EGFR L’expression de l’EGFR par IHC (figure 1) a été évaluée dans les années 2000 parallèlement à l’apparition des anti-EGFR. Elle est retrouvée dans environ 60 % des carcinomes épidermoïdes et 40 % des adénocarcinomes et des carcinomes à grandes cellules (4). En revanche, aucune expression de l’EGFR n’est notée dans le CBPC. La valeur pronostique de cette expression dans le CBNPC n’est pas clairement démontrée (3, 4). La surexpression de l’EGFR évaluée par IHC n’a pas d’impact sur la décision thérapeutique à ce jour (3, 4). En effet, l’intensité de l’expression n’est pas reliée à la réponse au traitement par ITK de l’EGFR. Cependant, dans une analyse a posteriori de l’étude FLEX, ayant évalué l’efficacité de l’adjonction du cétuximab à une chimiothérapie de première ligne par cisplatine et vinorelbine chez des malades atteints d’un CBNPC avancé, une forte expression d’EGFR (score ≥ 200) est associée à une meilleure survie globale chez les malades traités par cétuximab (7). Exon 21 (région activatrice) L858R (40-45 %) N826S A839T K846R L861Q G863D (40-45 %) * Résistance secondaire (45 %) Figure 2. Les mutations oncogéniques de l’EGFR dans le cancer bronchique (8). Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 75 dossier thématique une efficacité initiale, une résistance secondaire, dont les mécanismes moléculaires sont multiples. Chez les malades dont les tumeurs ne présentent pas de mutation de l’EGFR, on observe une efficacité modeste de l’erlotinib : environ 45 % de malades contrôlés, pour une durée médiane de l’ordre de 2 mois (11, 12). Les déterminants moléculaires de cette efficacité n’ont pas beaucoup été étudiés. Il semble que la présence d’une mutation de KRAS dans la tumeur de ces malades explique pour environ 20 % le phénomène de résistances observé et que les malades dont la tumeur présente une mutation de KRAS progressent en général sous ITK de l’EGFR (3, 4). Fréquence et caractéristiques épidémiologiques des CBNPC mutés pour l’EGFR La recherche de mutations du gène de l’EGFR a initialement été réalisée par des techniques de séquençage, ce qui a permis de décrire une épidémiologie moléculaire relativement précise (3, 13). Aujourd’hui, des techniques spécifiques ciblées et plus sensibles sont développées, pour permettre un diagnostic plus rapide, y compris sur des prélèvements peu cellulaires et moins bien préservés. Les mutations de l’EGFR concernent les exons 18 à 21 du gène de l’EGFR, qui codent pour le domaine tyrosine kinase du récepteur (figure 2) [8, 14] et en particulier pour le site de fixation de l’ATP, mais aussi des ITK de l’EGFR. Elles seraient quasi exclusives de la présence d’autres altérations moléculaires oncogéniques observées au cours des CBNPC, telles que les mutations de KRAS et de HER2 ou les réarrangements du gène ALK (3, 4). Des mutations de l’EGFR sont observées dans environ 10 % des CBNPC dans les populations caucasiennes, et 40 % pour les populations asiatiques. En 2010, en France, la prévalence des mutations de l’EGFR était de 10,5 % sur plus de 15 000 analyses faites sur les 28 plateformes de l’INCa. Elles concernent, dans plus de 85 % des cas, des délétions dans l’exon 19 et la mutation Marqueurs prédictifs de sensibilité et de résistance aux anti-HER ponctuelle L858R, située dans l’exon 21 (8, 14-15). Elles ne sont retrouvées presque que dans des CBNPC non épidermoïdes (en particulier, des adénocarcinomes papillaires et lépidiques non mucineux), et leur description dans d’autres types histologiques (épidermoïde, carcinome neuroendocrine) est probablement le témoin de tumeurs composites (tableau I) [2]. Leur prévalence est plus importante chez les non-fumeurs (40 %) que chez les fumeurs (7 %) [tableau I] ; elle est encore plus importante chez ceux qui ne sont pas exposés à un tabagisme passif. Les fumeurs représentent néanmoins près de 50 % des malades chez qui une mutation de l’EGFR est retrouvée, même s’il s’agit dans 90 % des cas d’anciens fumeurs (16). Enfin, la probabilité d’observer une mutation de l’EGFR augmente avec la durée du sevrage tabagique. Les mutations de l’EGFR sont également plus fréquentes chez les femmes (17 %) que chez les hommes (6 %) [tableau I]. La prescription d’un ITK de l’EGFR en première ligne de traitement ne peut se faire que sur la base de la recherche d’une mutation activatrice de l’EGFR dans un prélèvement tumoral du malade. En effet, en l’absence de mutation de l’EGFR, la prescription d’un ITK de l’EGFR en première ligne de traitement a un effet délétère sur la survie des malades (3, 4). Addiction oncogénique, mutations activatrices de l’EGFR et sensibilité aux ITK de l’EGFR Le concept d’addiction oncogénique Le concept d’addiction oncogénique a été bien illustré par des modèles animaux dans lesquels l’expression conditionnelle d’une mutation activatrice de l’EGFR a été induite dans les pneumocytes de type II. Ces animaux développent successivement une hyperplasie alvéolaire atypique, un adénome et finalement un adénocarcinome pulmonaire (4). L’arrêt de l’expression conditionnelle du gène de l’EGFR entraîne une régression tumorale complète, et son rétablissement, Tableau I. Caractéristiques cliniques associées aux mutations de l’EGFR chez les Caucasiens, selon le dépôt de dossier d’AMM du géfitinib à l’EMA. p Probabilité d’être EGFR muté Fumeurs versus non-fumeurs < 0,0001 × 6,5 Une mutation de l’EGFR est retrouvée dans la tumeur de 28/70 (40 %) malades non fumeurs et 47/716 (7 %) des malades fumeurs Adénocarcinomes versus non-adénocarcinomes < 0,0001 × 4,4 Une mutation de l’EGFR est retrouvée dans 63/396 (16 %) des adénocarcimones et 12/390 (3 %) des non-adénocarcimones Femmes versus hommes 0,0397 × 1,7 Une mutation de l’EGFR est retrouvée dans la tumeur de 40/235 (17 %) femmes et 12/390 (3 %) hommes 76 Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 Marqueurs prédictifs de la sensibilité et de la résistance aux anti-HER dans le cancer du poumon une rechute rapide. Des résultats similaires sont observés chez l’homme au cours des essais thérapeutiques évaluant les ITK de l’EGFR dans des populations de CBNPC mutés pour l’EGFR. Une réponse majeure et prolongée de la tumeur est observée chez plus de 60 % des malades, mais l’arrêt du traitement peut entraîner une explosion tumorale (“flare-up”) dans environ 25 % des cas et un décès rapide dans de rares cas (17). Mutations activatrices de l’EGFR et sensibilité aux ITK de l’EGFR Plus de 90 % des mutations activatrices conférant une sensibilité accrue des CBNPC aux ITK de l’EGFR sont des délétions dans l’exon 19 et la mutation ponctuelle L858R, située dans l’exon 21 (figure 2) [8]. Ces mutations sont également associées à un meilleur pronostic dans 3 essais de phase III comparant un ITK de l’EGFR à un placebo (3, 4). Les délétions de l’exon 19 semblent plus fréquentes que les mutations L858R et sont peut-être associées à une efficacité plus prolongée des ITK de l’EGFR (3, 4). L’impact thérapeutique de ces mutations a été évalué dans 5 essais de phase III (tableau II). Ces essais, réalisés en première ligne de traitement, ont comparé le géfitinib (18-20) ou l’erlotinib (21, 22) à plusieurs doublets à base de platine dans des populations de malades asiatiques (18-21) et caucasiens (22) porteurs d’une mutation activatrice. Dans les bras ITK de l’EGFR, le taux de réponse est supérieur à 60 %, la probabilité de progression de la maladie est réduite de plus de 50 % et la qualité de vie est améliorée. Aucun des essais n’a démontré de bénéfice sur la survie globale dans le bras ITK de l’EGFR. Cette absence de bénéfice pourrait être expliquée par un meilleur pronostic des CBNPC mutés pour l’EGFR, par la possibilité d’utiliser un ITK de l’EGFR en deuxième ligne dans le bras chimiothérapie, par l’absence de résistance croisée entre ITK de l’EGFR et chimiothérapie permettant de conserver l’efficacité de l’ITK de l’EGFR en deuxième ligne ou par la meilleure sensibilité à la chimiothérapie de cette population. La liste des autres mutations faux-sens décrites dans les exons 18 (G719X), 19, 20 (V765A, T787A) et 21 (L861Q) s’allonge tous les jours (figure 2). Cependant, leur lien avec la réponse aux ITK de l’EGFR est mal connue. Dans certains cas, il peut y avoir 2 mutations, soit dans le même exon, soit dans 2 exons différents. Mécanismes de résistance sous ITK de l’EGFR en situation d’addiction oncogénique Dans 20 à 30 % des cas, la progression est précoce, suggérant la présence, associée à une mutation de sensibilité, soit d’une mutation de résistance, soit d’autres anomalies moléculaires en aval ou en parallèle de la voie de signalisation de l’EGFR. Dans plus de 2 cas sur 3, la résistance apparaît secondairement, et, dans 50 % des cas, on observe une progression tumorale 9 à 12 mois après la réponse initiale (18-22). Résistance thérapeutique primaire La présence d’une mutation de résistance de l’EGFR devrait être détectée lors de l’analyse moléculaire initiale et ne pas conduire à la prescription d’un ITK de l’EGFR. Dans environ 5 % des cas mutés, il s’agit d’une insertion/duplication de l’exon 20 (figure 2) [14, 23, 24]. Des résistances primaires ont été associées encore plus rarement à des mutations ponctuelles dans l’exon 18, à la mutation D761Y dans l’exon 19 et dans l’exon 21. De manière exceptionnelle, une mutation germinale T790M sur l’exon 20 de l’EGFR peut être responsable de cas familiaux de CBNPC résistants aux ITK de l’EGFR (4). La présence d’une mutation activatrice et d’une mutation T790M conduit quant à elle à une diminution de l’efficacité des ITK de l’EGFR plutôt qu’à une résistance totale d’emblée (24). Les autres mécanismes de résistance primaire retrouvés sont de très rares cas d’association d’une mutation activatrice de l’EGFR et d’une mutation de KRAS ou de Tableau II. Études de phase III du géfitinib versus chimiothérapie en première ligne dans les CBNPC mutés pour l’EGFR. Auteur n Population ITK CT Réponse (%) SSP (mois) HR (IC95) SG (mois) HR (IC95) Mok (18) 261 Asie G CaP 71/47 9,5/6,3 0,48 (0,36-0,64) 20/20 0,78 (0,5-1,20) Mitsudomi (20) 172 Asie G CD 62/32 9,2/6,3 0,49 (0,34-0,71) 30,9/NA 1,64 (0,75-3,6) Maemondo (19) 228 Asie G CaP 74/31 10,4/5,5 0,36 (0,25-0,61) 30,5/23,6 NR Zhou (21) 154 Asie E CaG 83/36 13,1/4,6 0,16 (0,10-0,26) NR NR Rosell (22) 173 Europe E C/Ca 58/15 9,7/5,2 0,37 (0,25-0,57) 19,5/19,3 1,07 (0,65-1,68) ITK : inhibiteur de tyrosine kinase ; G : géfitinib ; E : erlotinib ; CT : chimiothérapie ; Ca : carboplatine ; C : cisplatine ; P : paclitaxel ; D : docétaxel ; G : gemcitabine ; C/Ca : doublet à base de sel de platine ; SSP : survie sans progression ; HR : hazard-ratio ; IC95 : intervalle de confiance à 95 % ; SG : survie globale ; NA : non atteinte ; NR : non rapporté. Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 77 dossier thématique PI3K, d’un réarrangement d’ALK ou d’une perte de PTEN. Des histologies composites comportant une proportion de CBPC on également été décrites (23, 24). Résistance thérapeutique secondaire La sélection d’une mutation de résistance de type T790M dans l’exon 20 est la situation la plus fréquente et constitue une anomalie irréversible (25-27). Un grand nombre d’autres mécanismes ont été décrits (amplification de MET, de HER3 ou de HER2, phénomène de transition épithéliomésenchymateuse, transdifférenciation en CBPC, altérations moléculaires dans la voie de signalisation de l’EGFR), qui semblent pour certains réversibles à l’arrêt de l’ITK de l’EGFR, ce qui explique en partie que la réponse réapparaisse à la reprise d’un ITK de l’EGFR chez certains malades (23, 24). Pour finir, plusieurs mécanismes peuvent être associés chez un même malade, ce qui peut justifier une nouvelle biopsie pour guider la stratégie thérapeutique et permettre l’inclusion des malades dans des essais thérapeutiques (28). Sélection secondaire d’une mutation de résistance : l’exemple de la mutation T790M L’apparition, ou plutôt la sélection, d’un clone doublement muté, en particulier en T790M, de l’exon 20 est le mécanisme le mieux connu de résistance secondaire (25-27). Il est impliqué dans plus de 50 % des cas, mais semble rarement décrit au niveau du système nerveux central (25-27). Sur le plan clinique, les malades semblent progresser lentement et plutôt dans les sites initialement atteints par rapport aux malades présentant d’autres mécanismes de résistance (25). Le mécanisme moléculaire est une modification de conformation de l’accès à la poche ATP du récepteur qui empêche la fixation de l’ITK de l’EGFR. Finalement, il semble que les malades porteurs de ce type de résistance aient également un meilleur pronostic que les autres et conservent une sensibilité pour cette voie de signalisation (25). Des molécules ont été développées pour répondre à cette situation (afatinib, nératinib, dacomitinib, XL647). Il s’agit d’ITK de l’EGFR dits irréversibles, ayant une activité in vitro sur les lignées mutées en T790M et également une activité vis-à-vis de HER2 et HER4. L’essai Lux-Lung 1, réalisé dans ce contexte, a montré la supériorité de l’afatinib sur un placebo quant à la réduction du risque de progression, mais pas quant à l’amélioration de la survie globale (29). D’autres études sont en attente avec d’autres ITK de l’EGFR ou associant l’afatinib au cétuximab (28). Rappelons néanmoins que, si la progression survient chez un malade recevant un ITK de l’EGFR en première ligne, la recommandation est de prescrire une chimiothérapie par un doublet de platine avec ou sans 78 Marqueurs prédictifs de sensibilité et de résistance aux anti-HER bévacizumab. Dans les autres cas, le choix thérapeutique est complexe et devra privilégier l’inclusion du malade dans un essai thérapeutique. D’autres mutations secondaires de résistance ont été décrites, comme les mutations D747S et D761Y dans l’exon 19 et T854A dans l’exon 21 (23, 24). Amplification secondaire d’un autre récepteur transmembranaire de facteur de croissance : l’exemple de MET L’amplification de MET constitue le deuxième mécanisme le mieux décrit de résistance secondaire aux ITK de l’EGFR (26, 27). Sa fréquence est comprise entre 5 et 22 % des cas, cette variabilité reflétant peut-être la diversité des techniques de détection utilisées pour la rechercher (ISH, QPCR ou CGH) [26, 27]. Elle semble dans 50 % des cas associée à la sélection d’une mutation T790M (26, 27). Plusieurs hypothèses peuvent expliquer l’induction d’une résistance aux ITK de l’EGFR par amplification de MET (25, 26, 30). Le récepteur MET pourrait s’hétérodimériser avec un récepteur HER3 et permettre la transphosphorylation de ce dernier indépendamment de l’EGFR. Il pourrait aussi s’homodimériser après fixation de son ligand HGF, sécrété par la cellule tumorale ellemême, la cellule tumorale devenant alors dépendante de la voie de l’HGF/MET et activant préférentiellement la voie d’échappement de l’apoptose dépendant de la voie PI3 kinase. Dans ce contexte, une forte expression d’HGF a été retrouvée dans plus de 60 % des tumeurs de malades présentant une résistance secondaire à l’ITK de l’EGFR (31). L’amplification d’autres récepteurs transmembranaires de facteurs de croissance a également été observée en cas de résistance secondaire (23, 24). Il peut s’agir d’une amplification de l’allèle sauvage de HER1 ou de HER2 rendant la cellule moins sensible aux ITK de l’EGFR de première génération ou d’une amplification d’IGFR rendant les cellules insensibles. Il est enfin probable que plusieurs de ces mécanismes s’associent, rendant la stratégie thérapeutique plus complexe (23, 24). Altérations moléculaires en aval de la voie de signalisation de l’EGFR La pression de sélection induite par l’ITK de l’EGFR sur la cellule tumorale va théoriquement conduire à des mécanismes de résistance rendant la cellule indépendante des signaux extracellulaires de prolifération (23, 24). Dans ce contexte, plusieurs anomalies moléculaires ont été décrites dans la voie de PI3K, comme la perte de PTEN, qui régule négativement l’activité de la PI3K, des mutations de la PI3K elle-même ou une surexpres- Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 Marqueurs prédictifs de la sensibilité et de la résistance aux anti-HER dans le cancer du poumon sion d’AKT. Des traitements visant ces différentes cibles moléculaires ont également été développés. Phénotype TEM et transdifférenciation histologique La transition épithéliomésenchymateuse est induite par l’exposition de la cellule épithéliale tumorale aux facteurs de croissance et de motilité que sont, par exemple, l’EGF, l’HGF et l’IGF. Ce phénotype est effectivement observé dans environ 15 % des biopsies de malades présentant une résistance secondaire aux ITK de l’EGFR (26, 27). Il se caractérise par l’association, à côté des cellules tumorales d’aspect morphologique épithélial, de cellules tumorales d’aspect mésenchymateux ayant perdu l’expression de l’E-cadhérine et surexprimant la vimentine. Il semblerait que ce phénotype soit en partie réversible à l’arrêt du traitement par ITK de l’EGFR. La transdifférenciation d’un adénocarcinome en CBPC a également été observée dans 6 à 14 % des biopsies de malades présentant une résistance secondaire aux ITK de l’EGFR (26, 27). Dans ces cas, la mutation activatrice persiste dans la composante CBPC et les malades semblent sensibles à une chimiothérapie de type platineétoposide. Néanmoins, le pronostic apparaît très sombre. Conclusion La prescription d’un ITK de l’EGFR en première ligne de traitement d’un CBNPC nécessite la recherche d’une mutation activatrice de l’EGFR. Bien que ces mutations ne soient retrouvées que dans environ 10 % des CBNPC en France, l’INCa recommande actuellement leur recherche chez tous les CBNPC non épidermoïdes prédominants de stade localement avancé ou métastatique. Dans 90 % des cas, les mutations activatrices sont des délétions de l’exon 19 ou la mutation ponctuelle L858R de l’exon 21. Une recherche ciblée de ces mutations peut être faite par des méthodes spécifiques et sensibles permettant d’obtenir un résultat en moins de 8 jours. Néanmoins, ne pas réaliser d’emblée ou ultérieurement une recherche exhaustive des mutations des exons 18, 19, 20 et 21 de l’EGFR expose à plusieurs écueils : ✓ l’absence de suivi épidémiologique moléculaire dans le temps ; ✓ la non-reconnaissance de mutations rares de sensibilités ne permettant pas aux malades de recevoir d’emblée un ITK de l’EGFR ; ✓ la non-reconnaissance des mutations de résistance primaire conduisant à priver le malade d’un traitement par ITK de l’EGFR ou à le surveiller de manière plus rapprochée, comme en cas de mutation T790M ; de ce fait, d’ailleurs, l’INCa recommande également la recherche systématique de cette mutation au diagnostic ; ✓ la méconnaissance de l’histoire naturelle des mécanismes de résistance secondaire en cas de nouvelles biopsies au moment de la progression. Pour toutes ces raisons, l’INCa finance le projet Biomarqueurs France coordonné par l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique afin d’obtenir une analyse moléculaire (mutations activatrices et de résistance de l’EGFR, mutations de HER2, de PI3K, de KRAS et BRAF, ainsi que réarrangements d’ALK) et les données cliniques et évolutives pour les malades atteints de CBNPC chez qui une recherche moléculaire sera réalisée. Pour finir, la meilleure compréhension moléculaire des mécanismes de sensibilité et de résistance primaire ou secondaire aux anti-HER dans le CBNPC permettra de mieux guider le traitement et de développer des molécules et des stratégies thérapeutiques pour traiter les résistances ou retarder leur apparition. ■ Références 1. La situation du cancer en France en 2011. Collection 6. Shigematsu H, Takahashi T, Nomura M et al. Somatic muta- Rapports & Synthèses. Boulogne-Billancourt : INCa, 2011. 2. Travis WD, Brambilla E, Noguchi M et al. International tions of the HER2 kinase domain in lung adenocarcinomas. Cancer Res 2005;65:1642-6. Association for the Study of Lung Cancer/American Thoracic Society/European Respiratory Society international multidisciplinary classification of lung adenocarcinoma. J Thorac Oncol 2011;6:244-85. 7. O’Byrne KJ, Gatzemeier U, Bondarenko C et al. Molecular biomarkers in non-small-cell lung cancer: a retrospective analysis of data from the phase 3 FLEX study. Lancet Oncol 2011;12:795-805. 3. Cadranel J, Zalcman G, Sequist L. Genetic profiling and 8. Sharma SV, Bell DW, Settleman J et al. Epidermal growth epidermal growth factor receptor-directed therapy in nonsmall-cell lung cancer. Eur Resp J 2011;37:183-93. factor receptor mutations in lung cancer. Nat Rev Cancer 2007;7:169-81. 4. Ruppert AM, Wislez M, Poulot V et al. Un regard simple 9. Lynch TJ, Bell DW, Sordella R et al. Activating mutations in sur la biologie du cancer bronchique : EGFR. Rev Mal Resp 2011;28:565-77. 5. Heinmöller P, Gross C, Beyser K et al. HER2 status in non-small the epidermal growth factor receptor underlying responsiveness of non-small-cell lung cancer to gefitinib. N Engl J Med 2004;350:2129-39. cell lung cancer: results from patients screening for enrollment to a phase II study of herceptin. Clin Cancer Res 2003;9:5238-43. tions are common in lung cancers from “never smokers” and are 10. Pao W, Miller V, Zakowski M et al. EGF receptor gene muta- Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 associated with sensitivity of tumors to gefitinib and erlotinib. Proc Natl Acad Sci USA 2004;101:13306-11. 11. Shepherd FA, Rodrigues Pereira J et al. Erlotinib in previously treated non-small-cell lung cancer. N Engl J Med 2005;353:123-32. 12. Cappuzzo F, Ciuleanu T, Stelmakh L et al. Erlotinib as maintenance treatment in advanced non-small-cell lung cancer: a multicentre, randomised, placebo-controlled phase 3 study. Lancet Oncol 2010;11:521-9. 13. Beau-Faller M, Degorges A, Rolland E et al. Crossvalidation study for epidermal growth factor receptor and KRAS mutation detection in 74 blinded non-small cell lung carcinoma samples: a total of 5550 exons sequenced by 15 molecular French laboratories (evaluation of the EGFR mutation status for the administration of EGFR-TKIs in non-small cell lung carcinoma [ERMETIC] project—part 1). J Thorac Oncol 2011;6:1006-15. 79 dossier thématique Marqueurs prédictifs de sensibilité et de résistance aux anti-HER Références 14. Mitsudomi T, Yatabe Y. Mutations of the epidermal growth factor receptor gene and related genes as determinants of epidermal growth factor receptor tyrosine kinase inhibitors sensitivity in lung cancer. Cancer Sci 2007;98:1817-24. 15. Cadranel J, Mauguen A, Beau-Faller M et al. Impact of 20. Mitsudomi T, Morita S, Yatabe Y et al. Gefitinib versus cisplatin plus docetaxel in patients with non-small-cell lung cancer harbouring mutations of the epidermal growth factor receptor (WJTOG3405): an open label, randomised phase 3 trial. Lancet Oncol 2010;11:121-8. systematic EGFR and KRAS mutation evaluation on progression-free survival and overall survival in patients with advanced non-small-cell lung cancer treated by erlotinib in a French prospective cohort (ERMETIC project – part 2). J Thorac Oncol 2012;in press. 21. Zhou C, Wu YL, Chen G et al. Erlotinib versus chemotherapy 16. D’Angello SP, Pietanza MC, Johnson ML et al. Incidence of 22. Rosell R, Carcereny E, Gervais R et al. Erlotinib versus che- EGFR exon 19 deletions and L858R in tumor specimens from men and cigarette smokers with lung adenocarcinomas. J Clin Oncol 2011;29:2066-70. 17. Chaft JE, Oxnard GR, Sima CS et al. Disease flare after tyrosine kinase inhibitor discontinuation in patients with EGFRmutant lung cancer and acquired resistance to erlotinib or gefitinib: implications for clinical trial design. Clin Cancer Res 2011;17:6298-303. 18. Mok TS, Wu Y, Thongprasert S et al. Gefitinib or carbo- platin-paclitaxel in pulmonary adenocarcinoma. N Engl J Med 2009;361:947-57. 19. Maemondo M, Inoue A, Kobayashi K et al. Gefitinib or chemotherapy for non-small-cell lung cancer with mutated EGFR. N Engl J Med 2010;362:2380-8. R ev u e as first-line treatment for patients with advanced EGFR mutation-positive non-small-cell lung cancer (OPTIMAL, CTONG0802): a multicentre, open label, randomised phase 3 study. Lancet Oncol 2011;12: 735-42. motherapy as first-line treatment for European patients with advanced EGFR-mutation non-small-cell lung cancer (EURTAC): a multicentre, open-label, randomised phase 3 trial. Lancet Oncol 2012;13:239-46. 23. Pao W, Girard N. New driver mutations in non-small-cell lung cancer. Lancet Oncol 2011;12:175-80. 24. Pallis A, Briasoulis E, Linardou H et al. Mechanisms of resistance to epidermal growth factor receptor tyrosine kinase inhibitors in patients with advanced non-small-cell lung cancer: clinical and molecular considerations. Curr Med Chem 2011;18:1613-28. 25. Oxnard GR, Arcila ME, Sima CS et al. Acquired resistance to EGFR tyrosine kinase inhibitors in EGFR-mutant lung cancer: distinct natural history of patients with tumors harboring the T790M mutation. Clin Cancer Res 2011;17:1616-22. de 26. Sequist LV, Waltman BA, Dias-Santagata D et al. Genotypic and histological evolution of lung cancers acquiring resistance to EGFR inhibitors. Sci Transl Med 2011;3:75ra26. 27. Arcila ME, Oxnard GR, Nafa K et al. Rebiopsy of lung cancer patients with acquired resistance to EGFR inhibitors and enhanced detection of the T790M mutation using a locked nucleic acid-based assay. Clin Cancer Res 2011;17:1169-80. 28. Oxnard GR, Arcila ME, Chmielecki J, et al. New strategies in overcoming acquired resistance to epidermal growth factor receptor tyrosine kinase inhibitors in lung cancer. Clin Cancer Res 2011;17:5530-7. 29. Miller VA, Hirsh V, Cadranel J et al. Afatinib versus placebo for patients with advanced, metastatic non-small-cell lung cancer after failure of erlotinib, gefitinib, or both, and one or two lines of chemotherapy (LUX-Lung 1): a phase 2b/3 randomised trial. Lancet Oncol 2012;13(5):528-38. 30. Ruppert AM, Beau-Faller AM, Belmont L et al. Un regard simple sur la biologie du cancer bronchique : met. Rev Mal Resp 2011;28:1241-9. 31. Yano S, Yamada T, Takeuchi S et al. Hepatocyte growth factor expression in EGFR mutant lung cancer with intrinsic and acquired resistance to tyrosine kinase inhibitors in a Japanese cohort. J Thorac Oncol 2011;6:2011-7. presse Coordination : Anne Vincent-Salomon (Paris) L’encyclopédie du XXIe siècle, ou comment jamais plus aucun essai clinique de phase I/II ne sera conçu comme avant ! L’encyclopédie du XXIe siècle, ou comment jamais plus aucun essai clinique de phase I/II ne sera conçu comme avant ! 80 mis de montrer la sensibilité étonnante des lignées de tumeurs d’Ewing avec translocation t(EWS;Fli1) aux inhibiteurs de PARP. J. Barretina et al. (1) ont analysé de façon systématique les profils d’expression (puces Affymetrix U133 + 2.0) et les altérations génomiques de 947 lignées cellulaires représentant presque tous les types de cancer (puces SNP 6.0 Affymetrix et séquençage massif de gènes liés au cancer). Les auteurs ont ensuite réalisé une analyse à haut débit par séquençage massif systématique de la sensibilité à 24 drogues d’un sous-ensemble de 479 lignées cellulaires. Ainsi, ils ont pu identifier des sensibilités insoupçonnées telles que celles des lignées de myélomes aux inhibiteurs des IGFR ou des marqueurs insoupçonnés de sensibilité tels que l’expression du gène AHR pour la sensibilité aux inhibiteurs de MEK dans des lignées NRAS mutantes. M.J. Garnett et al. (2) ont eu une approche équivalente (avec 639 lignées cellulaires et 130 drogues), qui a per- Commentaire. La puissance de ces analyses à haut débit par séquençage massif, systématiques et en grande partie robotisées, associées aux méthodes d’analyse pangénomique, ouvrent la porte à de nouvelles stratégies de traitements ciblés ou élargissent le champ d’utilisation de drogues prescrites jusqu’alors dans d’autres pathologies. Ces données changeront rapidement nos pratiques, en particulier pour les schémas des essais cliniques à venir ! A. Vincent-Salomon (Paris) 1. Barretina J, Caponigro G, Stransky N et al. The Cancer Cell Line Encyclopedia enables predictive modelling of anticancer drug sensitivity. Nature 2012;483(7391):603-7. 2. Garnett MJ, Edelman EJ, Heidorn SJ et al. Systematic identification of genomic markers of drug sensitivity in cancer cells. Nature 2012;483(7391):570-5. Liens d’intérêts. L’auteur déclare avoir perçu des honoraires de Roche pour des cours et des participations à des boards. Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012 PUB A4