Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012
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une rechute rapide. Des résultats similaires sont obser-
vés chez l’homme au cours des essais thérapeutiques
évaluant les ITK de l’EGFR dans des populations de
CBNPC mutés pour l’EGFR. Une réponse majeure et
prolongée de la tumeur est observée chez plus de 60 %
des malades, mais l’arrêt du traitement peut entraîner
une explosion tumorale (“fl are-up”) dans environ 25 %
des cas et un décès rapide dans de rares cas (17).
Mutations activatrices de l’EGFR
et sensibilité aux ITK de l’EGFR
Plus de 90 % des mutations activatrices conférant une
sensibilité accrue des CBNPC aux ITK de l’EGFR sont
des délétions dans l’exon 19 et la mutation ponctuelle
L858R, située dans l’exon 21 (fi gure 2) [8]. Ces mutations
sont également associées à un meilleur pronostic dans
3 essais de phase III comparant un ITK de l’EGFR à un
placebo (3, 4). Les délétions de l’exon 19 semblent plus
fréquentes que les mutations L858R et sont peut-être
associées à une effi cacité plus prolongée des ITK de
l’EGFR (3, 4).
L’impact thérapeutique de ces mutations a été évalué
dans 5 essais de phase III (tableau II). Ces essais, réalisés
en première ligne de traitement, ont comparé le géfi ti-
nib (18-20) ou l’erlotinib (21, 22) à plusieurs doublets
à base de platine dans des populations de malades
asiatiques (18-21) et caucasiens (22) porteurs d’une
mutation activatrice. Dans les bras ITK de l’EGFR, le
taux de réponse est supérieur à 60 %, la probabilité de
progression de la maladie est réduite de plus de 50 %
et la qualité de vie est améliorée. Aucun des essais n’a
démontré de bénéfi ce sur la survie globale dans le bras
ITK de l’EGFR. Cette absence de bénéfi ce pourrait être
expliquée par un meilleur pronostic des CBNPC mutés
pour l’EGFR, par la possibilité d’utiliser un ITK de l’EGFR
en deuxième ligne dans le bras chimiothérapie, par
l’absence de résistance croisée entre ITK de l’EGFR et
chimiothérapie permettant de conserver l’effi cacité de
l’ITK de l’EGFR en deuxième ligne ou par la meilleure
sensibilité à la chimiothérapie de cette population.
La liste des autres mutations faux-sens décrites dans les
exons 18 (G719X), 19, 20 (V765A, T787A) et 21 (L861Q)
s’allonge tous les jours (fi gure 2). Cependant, leur lien
avec la réponse aux ITK de l’EGFR est mal connue. Dans
certains cas, il peut y avoir 2 mutations, soit dans le
même exon, soit dans 2 exons diff érents.
Mécanismes de résistance sous ITK
de l’EGFR en situation d’addiction
oncogénique
Dans 20 à 30 % des cas, la progression est précoce, sug-
gérant la présence, associée à une mutation de sensi-
bilité, soit d’une mutation de résistance, soit d’autres
anomalies moléculaires en aval ou en parallèle de la voie
de signalisation de l’EGFR. Dans plus de 2 cas sur 3, la
résistance apparaît secondairement, et, dans 50 % des
cas, on observe une progression tumorale 9 à 12 mois
après la réponse initiale (18-22).
Résistance thérapeutique primaire
La présence d’une mutation de résistance de l’EGFR
devrait être détectée lors de l’analyse moléculaire ini-
tiale et ne pas conduire à la prescription d’un ITK de
l’EGFR. Dans environ 5 % des cas mutés, il s’agit d’une
insertion/duplication de l’exon 20 (fi gure 2) [14, 23, 24].
Des résistances primaires ont été associées encore plus
rarement à des mutations ponctuelles dans l’exon 18,
à la mutation D761Y dans l’exon 19 et dans l’exon 21.
De manière exceptionnelle, une mutation germinale
T790M sur l’exon 20 de l’EGFR peut être responsable de
cas familiaux de CBNPC résistants aux ITK de l’EGFR (4).
La présence d’une mutation activatrice et d’une muta-
tion T790M conduit quant à elle à une diminution de
l’effi cacité des ITK de l’EGFR plutôt qu’à une résistance
totale d’emblée (24).
Les autres mécanismes de résistance primaire retrou-
vés sont de très rares cas d’association d’une mutation
activatrice de l’EGFR et d’une mutation de KRAS ou de
Tableau II. Études de phase III du géfi tinib versus chimiothérapie en première ligne dans les CBNPC mutés pour l’EGFR.
Auteur n Population ITK CT Réponse (%) SSP (mois) HR (IC95) SG (mois) HR (IC95)
Mok (18) 261 Asie G CaP 71/47 9,5/6,3 0,48 (0,36-0,64) 20/20 0,78 (0,5-1,20)
Mitsudomi (20) 172 Asie G CD 62/32 9,2/6,3 0,49 (0,34-0,71) 30,9/NA 1,64 (0,75-3,6)
Maemondo (19) 228 Asie G CaP 74/31 10,4/5,5 0,36 (0,25-0,61) 30,5/23,6 NR
Zhou (21) 154 Asie E CaG 83/36 13,1/4,6 0,16 (0,10-0,26) NR NR
Rosell (22) 173 Europe E C/Ca 58/15 9,7/5,2 0,37 (0,25-0,57) 19,5/19,3 1,07 (0,65-1,68)
ITK : inhibiteur de tyrosine kinase ; G : géfi tinib ; E : erlotinib ; CT : chimiothérapie ; Ca : carboplatine ; C : cisplatine ; P : paclitaxel ; D : docétaxel ; G : gemcitabine ; C/Ca : doublet à base de sel de
platine ; SSP : survie sans progression ; HR : hazard-ratio ; IC95 : intervalle de confi ance à 95 % ; SG : survie globale ; NA : non atteinte ; NR : non rapporté.
Marqueurs prédictifs de la sensibilité et de la résistance aux anti-HER
dans le cancer du poumon